Le Premier ministre Jean Castex s'est rendu vendredi à Marmande (Lot-et-Garonne), touchée par des inondations d'un ampleur inégalée depuis 40 ans mais où la décrue est bien amorcée, comme sur les autres cours d'eau du grand sud-ouest à l'exception du fleuve Charente.
La situation exceptionnelle qui avait justifié un placement mercredi en vigilance rouge sur la Garonne marmandaise s'est considérablement améliorée vendredi, au point que la préfecture s'attendait à ce qu'elle passe en vigilance jaune en fin de journée.
La cote de la Garonne est montée à 10,20 m dans la nuit de mercredi à jeudi à Marmande mais n'a pas dépassé les niveaux de la grande crue de 1981 (10,56 m). Jeudi, la Garonne avait déjà nettement baissé (7,60 m à 09H00 et 6,84 à 16h00).
Lors d'une visite où il a "voulu manifester (s)a solidarité et la solidarité de l'État" envers les sinistrés, le Premier ministre a plaidé pour que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré "dans les meilleurs délais".
Après un survol en hélicoptère des terres inondées, M. Castex a rendu visite aux pompiers et élus locaux et a discuté avec une habitante, chez laquelle subsistait encore un mètre de boue.
"Ce week-end, il y en a qui devront prendre le bateau pour sortir de chez eux. Beaucoup de maisons restent inaccessibles, et des routes ne sont pas encore praticables", a déclaré le maire de Marmande Joël Hocquelet. Mais "en 36 heures, le niveau a beaucoup baissé".
"Quand (la Garonne) sortait, elle venait juste effleurer ici (mon) portail, mais elle n'est jamais rentrée comme ça, jamais!", a expliqué Martine, devant sa maison.
En marge du déplacement de M. Castex, une trentaine d'agriculteurs s'étaient rassemblés avec des tracteurs à une entrée de Marmande, à l'appel de la Coordination rurale (majoritaire) pour réclamer un meilleur entretien des cours d'eau afin d'éviter que leurs champs soient inondés.
Selon la préfecture, près d'une trentaine de routes sont encore coupées en Lot-et-Garonne et six écoles toujours fermées. La montée des eaux a entraîné quelque 360 évacuations, gérées par les communes et pompiers. Ces derniers ont effectué plus de 300 interventions, liées à l'événement météorologique Justine et aux crues qui l'ont suivi, depuis le week-end dernier.
Plus en aval sur le fleuve, le secteur de la Garonne girondine restait en vigilance orange après des inondations majeures, non loin du record de 1981 à La Réole (pic à 9,70 m jeudi) et Langon (11,69 m jeudi), où la décrue semblait plus lente que dans le Marmandais.
Entre Bordeaux et La Réole, sur environ 70 km, la Garonne n'était franchissable qu'en un seul point vendredi matin. Au total, une trentaine de routes sont fermées en Gironde, la majorité dans le Libournais.
Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Charente et Charente-Maritime restent placés en vigilance orange crues par Météo France.
Dans ces deux derniers départements, le niveau de la Charente continue de monter sur des tronçons du fleuve, notamment entre Angoulême et Saintes, où l'eau s'est invitée dans les maisons, alors que des précipitations sont attendues ce week-end.
"Une perturbation devrait se généraliser samedi avec des cumuls parfois conséquents" et les niveaux d'eau devraient "entamer une remontée dimanche", selon Vigicrues.
D'après la préfecture de la Charente, les inondations ont entraîné des problèmes sur les systèmes de captation d'eau dans plusieurs communes, empêchant la distribution d'eau potable par le réseau à environ 2.200 foyers.
Selon la direction Enedis Aquitaine-nord, jusqu'à 2.000 foyers, pour les trois-quarts situés en Lot-et-Garonne, ont été privés de courant à cause des inondations dans le sud-ouest. Une cinquantaine de foyers l'étaient toujours vendredi après-midi dans le Marmandais, selon la préfecture.
Sur le réseau SNCF, la voie ferrée est toujours partiellement inondée au niveau de Rion-des-Landes, sur les axes Bordeaux-Hendaye et Bordeaux-Tarbes et la circulation des trains limitée à 10 km/h dans le secteur.
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