L'Insee publie vendredi sa première estimation de l'ampleur de la récession subie par l'économie française en 2020, un plongeon qui sera historique, l'épidémie de Covid-19 ayant totalement bouleversé l'activité économique du pays.
La France ne devrait toutefois pas atteindre les 11% de chute du PIB prévus par le gouvernement. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a reconnu la semaine dernière que "de toute évidence nous ferions mieux", car le deuxième confinement en novembre a été moins pénalisant que celui du printemps.
Dans sa dernière note de conjoncture publiée mi-décembre, l'Insee tablait sur une récession de 9%, un chiffre jamais vu au moins depuis la Deuxième Guerre mondiale.
La Banque de France affiche la même prévision, tout comme l'OCDE qui anticipe une baisse de 9,1%. La conséquence d'une année en dents de scie, durant laquelle les Français comme l'économie ont été ballotés au gré de l'évolution de l'épidémie.
"C'est un choc récessif, massif, avec ce profil en W (de la courbe du PIB NDLR) très particulier et très caractéristique d'une économie qui a suivi les vagues de l'épidémie", souligne Hélène Baudchon, économiste à BNP Paribas.
La propagation du Covid-19 s'est fait sentir dès le premier trimestre, avec la mise en place d'un confinement strict à la mi-mars. Prolongé jusqu'à la mi-mai, il a plombé l'économie, qui n'a alors plus tourné qu'au deux tiers de son niveau d'avant-crise.
Commerces non-alimentaires et écoles fermés, entreprises à l'arrêt ou très ralenties ont entraîné une chute de la production et une dégringolade de la consommation des ménages, qui gonflent leur épargne, une tendance maintenue tout au long de l'année dernière.
Le PIB français a ainsi chuté de 5,9% au premier trimestre 2020, puis plongé de 13,8% au deuxième.
La levée des restrictions ont permis un rebond vigoureux au troisième trimestre (+18,7%), supérieur à celui de nos voisins européens dont certains avaient toutefois moins reculé les mois précédents.
Mais la rentrée a sonné le glas de la reprise, avec l'accélération de l'épidémie et un nouveau confinement de six semaines à partir de novembre. Même s'il est moins strict que le précédent, l'activité a reculé ce mois-là de 12% par rapport à son niveau d'avant-crise.
Selon l'Insee, le PIB pourrait ainsi avoir de nouveau baissé de 4% au dernier trimestre.
- Incertitude persistante -Cela ne s'est pas encore traduit par une envolée des faillites, de nombreuses entreprises restant sous perfusion des aides publiques massives mobilisées, soit plus de 300 milliards d'euros en dépenses et garanties de prêts.
De manière assez inédite, on observe "le caractère très hétérogène selon les secteurs de l'impact de la crise, à la fois dans le choc et le rebond", remarque Hélène Baudchon.
L'industrie, hors aéronautique, résiste mieux que les services, dans une épidémie qui pénalise les activités de contacts humains.
La crise est aussi terrible sur le front de l'emploi, avec 691.000 destructions d'emplois attendues par l'Insee cette année, même si c'est moins que sa précédente prévision.
Les perspectives restent très incertaines pour cette année. L'éventualité d'un troisième confinement pourrait faire s'envoler les espoirs du gouvernement d'une croissance de 6%. Un "défi" a reconnu Bruno Le Maire, quand la Banque de France table sur 5%.
Si l'Insee n'a pas encore publié de prévision pour l'ensemble de l'année 2021, elle prévoyait mi-décembre une hausse du PIB de 3% au premier trimestre, puis de 2% au second. Mais c'était à la condition d'une "stabilisation progressive de la situation sanitaire".
Le gouvernement compte, lui, sur le plan de relance pour porter les secteurs qui ont le mieux résisté à la crise, tandis que les aides seront maintenues pour tous ceux qui souffrent encore durement, comme le tourisme, l'événementiel, la culture ou le sport.
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