Barrage de principe pour certains, refus d'une attitude de "castors" chez d'autres: les responsables de gauche étalent leurs divergences sur un potentiel duel de second tour à la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Les remous suscités chez LREM le week-end dernier après la Une du journal Libération sur le refus croissant du "front républicain" chez les électeurs de gauche ont ricoché sur les oppositions cette semaine, sommées de se positionner.
Le chef des députés marcheurs Christophe Castaner leur a mis la pression mercredi en assurant qu'il participerait "sans aucun état d'âme" à un front républicain, estimant que ceux qui s'en détournent "font le lit" du Rassemblement national.
En réponse, Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, a juré dans le journal Le Parisien qu'elle ferait "toujours barrage à l'extrême droite, quoi qu'il arrive", insistant sur le fait qu'elle souhaite proposer "un autre chemin" en vue de l'élection présidentielle de 2022.
Une position partagée par Fabien Roussel, le numéro un communiste: "Jamais je ne ferai en sorte que l'extrême droite gouverne et prenne la main sur la République", a déclaré le secrétaire national du PCF.
De son côté, Olivier Faure a préféré se concentrer sur ce que doit faire son camp pour éviter un tel second tour: "C'est au bloc social-écologique de se montrer à la hauteur de ses responsabilités et de bousculer ce scénario", avait dit le Premier secrétaire du Parti Socialiste dans Libération la semaine dernière, en accusant l'exécutif d'avoir "choisi Marine Le Pen comme faire-valoir".
LREM a aussi beaucoup visé Jean-Luc Mélenchon qui, selon son délégué général Stanislas Guerini, a "fait exploser au bazooka le front républicain" dans l'entre-deux tours en 2017 en ne "faisant pas de choix".
- De "rempart" à "passerelle" -Le chef des insoumis n'avait pas appelé à voter Emmanuel Macron lors de l'entre deux tours en 2017, expliquant ne pas vouloir fracturer son camp. Mais il avait tout de même lancé: "Pas une voix à l'extrême droite !".
Dimanche sur son blog, M. Mélenchon a moqué "un affolement qui en dit long" chez LREM, usant de son concept satirique de "castors" pour décrire les partisans du "barrage".
"La macronie avait ouvert l'année avec un grand projet de drague de l'électorat d'extrême droite", a ajouté le député des Bouches-du-Rhône, se référant à une interview du Président donnée à l'hebdomadaire L'Express qui faisait selon lui "l'apologie de Pétain et Maurras". Il a dénoncé une "macronie" qui "gémit et pleurniche devant l'ampleur des dégâts qu'elle a déclenchés".
Même son de cloche chez la députée insoumise de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, qui a pointé du doigt les accointances idéologiques entre le Rassemblement national et LREM sur franceinfo mardi.
Elle a assuré avoir voté pour M. Macron, issu de la gauche, au second tour en 2017, mais en 2022 ? Ce serait "probablement non", a-t-elle répondu avant d'expliquer: "Je ne vois pas comment je remets un bulletin dans l'urne pour l'homme qui était censé être un rempart à l'extrême droite et qui est devenu une passerelle".
A droite, le numéro 2 de LR Guillaume Peltier a tenu un discours similaire sur France 2 en clamant qu'il ne s'était "pas engagé en politique pour faire barrage", rappelant qu'il avait voté blanc au second tour en 2017. Cet ancien du Front national a dénoncé un "duel mortifère qu'on tente de nous imposer" entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
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