Bruxelles va mettre sur pied un mécanisme pour contrôler les acheminements hors de l'UE des vaccins contre le Covid qui y sont produits et interdire les exportations non "légitimes", ont indiqué jeudi des responsables européens, sur fond de controverse avec le laboratoire AstraZeneca.
Ce "mécanisme de transparence et d'autorisation pour l'exportation", qui doit être adopté vendredi par la Commission européenne, est une "mesure d'urgence", ont expliqué ces responsables devant la presse.
Il permettra d'obtenir des informations sur l'exportation hors du bloc des vaccins contre le Covid-19 produits dans des usines localisées dans l'UE, l'une des principales régions productrices de vaccins dans le monde.
En pratique, les entreprises voulant acheminer des vaccins hors de l'UE devront contacter les autorités de l'Etat membre où est située l'usine afin d'obtenir un feu vert, qui devrait en principe être accordé "en l'espace de quelques heures", soutient un haut responsable européen.
Des exceptions, notamment pour les acheminements à visée humanitaire, sont prévues.
"Il sera possible, dans certaines circonstances, de ne pas donner d'autorisation", et ce "dans de rares cas", mais "le principe de base est que les exportations prévues auront bien lieu", selon un autre responsable.
Et d'insister: "Il ne s'agit pas d'une interdiction des exportations. Ce n'est pas notre intention (...) L'idée est que tout le monde, dans un contexte possible de tensions, soit assuré que ces exportations sont légitimes", et ne se font pas au détriment des contrats signés avec l'UE.
Dans une lettre envoyée à quatre des Vingt-Sept, le président du Conseil européen Charles Michel a salué l'initiative, "un instrument garantissant que les doses destinées aux Etats membres ne seront pas indûment exportées ailleurs".
Le dispositif est fondé sur une réglementation européenne à laquelle l'UE avait déjà recouru l'an dernier pour réguler les exportations de matériel médical. Bruxelles assure se conformer aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Après que la Commission a massivement investi pour aider les laboratoires à développer des vaccins et accroître leurs capacités, ce contrôle est "quelque chose que nous devons aux citoyens (...) aux contribuables", souligne un responsable, jugeant qu'"aucune entreprise en particulier" n'est visée.
L'annonce intervient cependant à l'heure où le torchon brûle entre l'UE et le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca, qui a annoncé réduire drastiquement ses livraisons de vaccins aux Vingt-Sept en raison d'un problème de "rendement" sur un site de production européen.
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