Une personne a été tuée mardi lorsque des soldats éthiopiens ont ouvert le feu sur des manifestants antigouvernementaux à Mekele, capitale de la région du Tigré (Nord), a-t-on appris de source médicale.
Cette manifestation coïncidait avec une visite de chefs religieux de la capitale fédérale, Addis Abeba, destinée à montrer un retour à la normale trois mois après le lancement d'une offensive du pouvoir central contre les autorités dissidentes issues du du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Des groupes des jeunes hommes ont barré des rues du centre de Mekele au moyen de pierres et de pneus enflammés et des soldats ont tiré à balles réelles en au moins un endroit, ont affirmé à l'AFP plusieurs témoins.
"Un mort est arrivé" avec des blessures par balles, a déclaré sous le couvert de l'anonymat un médecin à l'hôpital Ayder, précisant qu'il s'agissait d'un jeune homme.
"Le chef de notre service de transport a été blessé. Il a été battu par des soldats avec son fils et il se fait soigner à l'hôpital", a-t-il ajouté.
"Il a dit aux médecins qu'il y avait beaucoup de blessés dans la rue mais que personne ne les amenait à l'hôpital", selon la même source.
Les responsables de l'administration intérimaire du Tigré n'ont pas répondu aux demandes de réaction de l'AFP.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé la fin des hostilités avec la prise par l'armée fédérale de Mekele le 28 novembre, mais des combats sont toujours signalés dans la région, où les agences humanitaires mettent en garde contre les risques de malnutrition à grande échelle.
Les habitants de Mekele dénoncent également leurs conditions de vie, accusant les militaires de recourir à la force létale pour imposer le couvre-feu.
La présidente éthiopienne Sahle-Work, en visite à Mekele la semaine dernière, a affirmé à la population que le gouvernement "s'employait à rétablir complètement la paix et à ramener l'activité à la normale".
Les chefs religieux venus d'Addis Abeba devaient passer trois jours au Tigré et y rencontrer des responsables régionaux et des forces de sécurité.
Beaucoup d'habitants du Tigré ont indiqué à l'AFP que de nombreux commerces étaient fermés mardi, en signe de protestation contre le gouvernement fédéral.
"Le gouvernement tente de monter à la communauté internationale que tout va bien au Tigré et que la stabilisation est complète", a déclaré l'un d'entre eux, qui a requis l'anonymat.
"La protestation était une manière d'empêcher cette désinformation", a-t-il estimé.
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