Haut fonctionnaire, grand patron, spécialiste du monde culturel, défenseur des droits de l'homme et des animaux: à 78 ans, l'éclectique Louis Schweitzer est désormais appelé à la rescousse pour un intérim à la tête de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP).
Le président d'honneur de Renault va y remplacer Olivier Duhamel, qui a démissionné face à des accusations d'inceste. M. Schweitzer connaît bien les murs de la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume, où il fut étudiant et où il était jusqu'à présent membre du conseil d'administration de la FNSP, rattachée à Sciences Po.
Petit-neveu du docteur Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix 1952, fils d'un directeur général du Fonds monétaire international et cousin de Jean-Paul Sartre, ce protestant de famille alsacienne, né à Genève (Suisse) le 8 juillet 1942, était taillé pour la haute fonction publique.
Après une licence en droit, un diplôme de l'IEP de Paris et l'ENA, cet ancien inspecteur des finances courtois et réservé, au visage mangé de grosses lunettes d'écaille, s'est d'abord retrouvé sous-directeur à la direction du Budget en 1979.
- Années Renault - Longiligne, d'humeur égale, c'est un homme de dossiers qui a finalement su s'imposer tant en politique que dans le monde des affaires.
Sa vie a été parcourue de grandes réussites, mais aussi de vicissitudes, notamment lorsqu'il a fermé l'usine Renault de Vilvorde, en Belgique, où lorsqu'il fut, comme directeur de cabinet de Laurent Fabius, cité dans les affaires du sang contaminé et des écoutes de l'Elysée.
"C'est par hasard", a-t-il confié plus tard, qu'il a été amené, en 1981, et pour cinq ans, à travailler auprès de Laurent Fabius comme directeur de cabinet au Budget, puis à l'Industrie et enfin à l'Hôtel Matignon.
Un peu "par hasard" encore qu'il est arrivé, en mai 1986, au lendemain de législatives perdues par la gauche, aux côtés de Georges Besse - qui sera assassiné - chez Renault. Un monde où cet opiniâtre a rapidement conquis une place, au point de devenir le dauphin de Raymond Lévy puis son successeur à partir de mai 1992.
Les années Schweitzer sont marquées par le mariage raté avec le suédois Volvo en 1993, la privatisation du groupe en 1996, les 3.000 licenciements de Vilvorde en 1997, mais aussi la conquête de marchés en Europe de l'est, en Amérique latine ou en Asie.
- Conviction "depuis tout enfant" -Après son départ de Renault, où Carlos Ghosn lui a succédé, cet amateur d'art contemporain, père de deux filles, reste très actif dans le domaine économique, en intégrant les conseils d'administration de nombreuses sociétés comme Volvo, BNP, L'Oréal ou Veolia Environnement. "Ma femme n'aime pas que je dise que je serai retraité", dit-il.
Propriétaire d'une collection de plusieurs milliers de bandes dessinées, il fonde la Société des amis du musée du Quai Branly, et préside le conseil d'administration du festival d'Avignon et du Musée du Louvre.
En 2005, son parcours prend une nouvelle dimension quand il est nommé à la tête de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), aujourd'hui absorbée dans le Défenseur des droits. Une présidence néanmoins éreintée par la Cour des comptes, qui lui a reproché une "opacité dans les comptes" ou encore des "marchés à la limite de la légalité".
Toujours assoiffé de curiosité, Louis Schweitzer fait trois ans plus tard son entrée dans les médias, en devenant président du conseil de surveillance du Monde.
De 2011 à 2020, il a également assuré la présidence d'Initiative France, un réseau d'aide à la création d'entreprises, en particulier dans les quartiers défavorisés.
Engagé en faveur du bien-être animal, le haut fonctionnaire et homme d'affaires prend la tête en 2012 de La Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA). "Quand on s'engage à la tête d'une fondation comme la LFDA, c'est sur la base de convictions et c'est une conviction que j'ai depuis tout enfant", racontait-il en 2018.
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