Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est dit mardi "scandalisé" par les opérations anti-migrants du groupuscule d'extrême droite, Génération identitaire (GI), actif dans les Alpes et les Pyrénées, et envisage sa dissolution.
Une enquête préliminaire pour "provocation publique à la haine raciale" a été ouverte après une opération anti-migrants de ce groupe la semaine dernière, a indiqué à l'AFP le procureur de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), dans le sud-ouest du pays.
"Si les éléments sont réunis, je n'hésiterai pas à proposer la dissolution", a expliqué, de son côté, le ministre, "scandalisé par le travail de sape de la République des militants de Génération identitaire".
C'est la première fois que M. Darmanin condamne publiquement les agissements de ce groupuscule et évoque sa possible dissolution.
Ces dernières semaines, son ministère a obtenu la dissolution d'associations soupçonnées d'accointances avec l'islamisme (CCIF, BarakaCity, collectif Cheikh Yassine).
Le numéro deux du parti d'extrême droite Rassemblement national, Jordan Bardella, a indirectement défendu GI mardi, en appelant M. Darmanin à interdire l'association pro-migrants Utopia 56. "Et cette association qui promeut l'illégalité et défie l'Etat, on la dissout quand Gérald Darmanin?", a-t-il dit sur Twitter.
Plusieurs élus du sud-ouest, dont la présidente socialiste de région, Carole Delga, ont demandé au ministère de l'Intérieur la dissolution de "ce groupuscule d'extrême droite violent et dangereux" après une action coup de poing dans les Pyrénées.
Le 19 janvier, une trentaine de militants de GI "dans des voitures sérigraphiées +Défend Europe+" se sont installées au Col du Portillon, entre Luchon (sud-ouest) et l'Espagne, et ont utilisé un drone pour surveiller la frontière.
L'enquête ouverte par le parquet est justifiée par "des propos tenus sur cette banderole très clairement anti-immigration et surtout la raison pour laquelle cette banderole a été déployée", a précisé le procureur Christophe Amunzateguy.
Selon un message de Génération identitaire, posté sur les réseaux sociaux, sa campagne entendait lutter contre le "risque terroriste et migratoire dans les Pyrénées".
"II y a déjà beaucoup d'études qui ont été lancées pour nous dissoudre mais on n'a rien à nous reprocher, la justice approuve toutes nos actions", a réagi auprès de l'AFP Clément Gandelin dit "Galant", président de Génération identitaire (GI), association créée en 2012 qui revendique quelque 2.800 adhérents.
"Gérald Darmanin n'arrivera pas à nous dissoudre facilement. On n'a jamais été condamné", a-t-il assuré.
Le groupuscule, qui dénonce "l'immigration-invasion" et fustige la société multiculturelle, a fait également parler de lui dans les Alpes, en multipliant les démonstrations d'hostilité aux migrants à la frontière franco-italienne. Ils avaient notamment organisé en 2018 des patrouilles de nuit et le déploiement d'une chaîne humaine sous la bannière "Défend Europe".
Mais en décembre, Génération identitaire et trois de ses cadres ont été relaxés par la cour d'appel de Grenoble, qui a estimé notamment que la chaîne humaine était une action "purement de progagande politique".
En 2019, les dissolutions de plusieurs autres groupuscules d'ultradroite ont été prononcées à la demande du président Emmanuel Macron, mais pas celle de Génération identitaire. "Ils sont plus malins que les autres, essaient autant que possible de ne pas franchir les lignes jaunes, mais poussent le bouchon à chaque fois un peu plus loin", souligne auprès de l'AFP le ministère de l'Intérieur.
alh/jt/cf-fka/sg
TWITTER