Des centaines de manifestants ont organisé lundi une quatrième journée d'action au Bangladesh après la mort d'un écrivain en détention, alors que la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet a appelé à une enquête transparente et à la révision d'une loi sur la sécurité numérique.
Des étudiants ont tenté de marcher jusqu'au ministère de l'Intérieur à Dacca pour exiger des actions après le décès de Mushtaq Ahmed dans une prison de haute sécurité, qu'ils qualifient de "meurtre", ainsi que l'abrogation de la loi sur la sécurité numérique.
La police anti-émeute a bloqué la marche à cent mètres du complexe gouvernemental qui abrite tous les principaux ministères.
Mushtaq Ahmed, l'une des centaines de personnes détenues en vertu de la loi sur la sécurité numérique depuis sa promulgation en 2018, est mort jeudi dernier dans une prison où il était détenu depuis le mois de mai.
Les manifestants ont également exigé la libération de plus d'une douzaine de militants arrêtés lors des affrontements avec la police depuis l'annonce du décès.
A la tête des étudiants, Masud Rana a averti qu'il pourrait y avoir une "révolte" contre le gouvernement.
D'autres groupes, dont des journalistes, ont également prévu de manifester en réaction à la mort de Mushtaq Ahmed et en faveur de la libération du caricaturiste Ahmed Kabir Kishore, arrêté en même temps que l'écrivain.
Parallèlement, la Haute-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a exhorté lundi le Bangladesh à garantir une enquête transparente sur la mort de l'écrivain.
"Il faut une révision de la loi sur la sécurité numérique en vertu de laquelle Ahmed a été accusé - et toutes les personnes détenues en vertu de cette loi pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression et d'opinion doivent être libérées", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Mushtaq Ahmed avait été arrêté pour avoir publié un article et des messages sur Facebook critiquant la manière dont la Première ministre Sheikh Hasina avait géré la pandémie de Covid-19.
Mme Bachelet a aussi exprimé sa "grave préoccupation" concernant le sort du caricaturiste Ahmed Kabir Kishore qui, selon des accusations, aurait été soumis "à la torture ou à d'autres mauvais traitements".
"Le gouvernement doit veiller à ce que son enquête sur la mort d'Ahmed soit rapide, transparente et indépendante, et que toute accusation de mauvais traitement d'autres détenus fasse également l'objet d'une enquête immédiate", a souligné Mme Bachelet.
La haute cour du pays a reporté à mercredi sa décision sur la mise en liberté sous caution de M. Kishore, ont indiqué ses représentants.
sam-sa/tw/lth/slb