La limitation par le gouvernement britannique de l'aide internationale jusqu'à la désignation du successeur de Boris Johnson, à l'approche d'un plafond de dépense que le pays s'est fixé, faisait redouter lundi aux ONG l'arrêt d'importants programmes internationaux.
Le ministère des Finances britannique a bloqué les nouveaux paiements "non-essentiels", alors que l'aide envoyée dans le cadre de la guerre en Ukraine fait s'approcher le pays du plafond de 0,5% de la richesse nationale dédié à l'aide au développement, selon des informations du Financial Times.
Downing street a simplement confirmé lundi "donner actuellement la priorité au financement de l'aide internationale essentielle, comme le soutien humanitaire au peuple ukrainien", ajoutant que l'exécutif "doit agir dans le cadre de son budget", alors que la dette nationale s'est envolée avec la pandémie.
"En stoppant les nouveaux paiements (...) le gouvernement britannique crée un piège mortel pour de nombreuses personnes dans certaines des communautés les plus démunies du monde", a réagi Bernard Aryeetey directeur des affaires internationales de l'ONG WaterAid.
"Les gens meurent de faim alors que le monde fait face à l'une des plus grandes sécheresses depuis des décennies dans la Corne de l'Afrique, tandis que la lutte contre le Covid-19 continue de faire rage", a-t-il ajouté.
Une autre organisation, Christian Aid, appelle de son côté à ne pas compter l'aide envoyée à l'Ukraine pour le dépassement de ce plafond, estimant que ce soutien doit venir "en plus des engagements déjà existant du Royaume-Uni" en termes d'aide internationale.
Londres avait annoncé en 2020 réduire son aide au développement de 0,7% de la richesse nationale à 0,5%, en raison du poids de la pandémie sur ses finances publiques, jusqu'à ce que la situations budgétaire ne permette de revenir en arrière, malgré les nombreux appels à sauvegarder ces financements essentiels pour de nombreux projets dans le monde.
L'aide internationale du Royaume-Uni avait ainsi été diminuée de 3 milliards de livres en 2021 (11,5 milliards) par rapport à 2020 (14,5 milliards), mais le pays restait tout de même parmi les plus gros contributeurs de l'aide au développement, selon les données de l'OCDE.
La dette publique britannique, qui a atteint des sommets avec les dépenses liées à la pandémie, s'établissait en juin à 96,1% du PIB, son plus haut niveau depuis le début des années 1960, à 2.387,6 milliards de livres, selon les derniers chiffres officiels.
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