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Kenya: le président sortant Kenyatta promet une "transition en douceur" #

8/18/2022, 3:17 PM
Nairobi, KEN

Le président sortant du Kenya, Uhuru Kenyatta, a assuré jeudi que la transition se ferait "en douceur" après la présidentielle âprement disputée du 9 août et dont les résultats, annoncés lundi, pourraient être contestés en justice.

Le chef de l'Etat sortant a assuré lors d'une rencontre avec des représentants religieux que "le processus de transition se ferait en douceur", a rapporté la présidence.

Il ne s'est pas encore exprimé publiquement pour saluer la victoire de William Ruto, son vice-président, vainqueur de Raila Odinga avec environ 233.000 voix d'avance, dans l'une des présidentielles les plus serrées de l'histoire du Kenya qui a dans le passé été secoué par des contestations post-électorales parfois marquées de violences sanglantes.

Elu président en 2013 puis réélu en 2017, Uhuru Kenyatta ne pouvait briguer de troisième mandat. Il a apporté son soutien à Raila Odinga, figure de l'opposition en lice pour la cinquième fois pour la fonction suprême.

"Le Kenya restera déterminé à enraciner les principes de bonne gouvernance afin de garantir que le pays maintienne sa position d'exemple éclatant de démocratie sur le continent, en maintenant la paix pendant cette période de transition", a déclaré la présidence sur Twitter.

Lundi, après six jours d'interminables attente pour les 50 millions de Kényans, le président de la Commission électorale indépendante (IEBC), organe indépendant apparu profondément divisé, a annoncé la victoire de William Ruto à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga.

Ce dernier a rejeté mardi ces résultats, les qualifiant de "parodie". Mais il a toutefois appelé ses partisans au calme et indiqué qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

Toute requête en contestation doit être déposée d'ici lundi 22 août auprès de la Cour suprême, qui dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision. Si elle ordonne l'annulation, un nouveau scrutin doit être organisé dans les 60 jours.

twx-al/sva/emp

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AUG 18

La Commission électorale, organe crucial et sous pression dans les élections kényanes #

La Commission électorale indépendante du Kenya (IEBC) est une fois de plus sous le feu des projecteurs, soumise à une intense pression après la révélation de profondes divisions en son sein et un possible recours du perdant à la présidentielle du 9 août.

Son président Wafula Chebukati a annoncé lundi soir la victoire à 50,49% du vice-président sortant William Ruto, qui était perçu comme le challenger, face à Raila Odinga, figure de l'opposition soutenue par le pouvoir.

Voici les principales choses à savoir sur cet organe crucial dans les très contestées élections kényanes.

L'IEBC est depuis des mois regardée avec suspicion, après avoir été pointée du doigt en 2017 lorsque la Cour Suprême avait annulé puis reprogrammé la présidentielle, lui reprochant une élection "ni transparente, ni vérifiable" et de ne pas avoir donné accès à ses serveurs informatiques.

Cette pression est montée en intensité à mesure que l'attente des résultats se prolongeait, entre le 9 et le 15 août, six longs jours où elle était moquée, notamment sur les réseaux sociaux, pour sa lenteur.

Lundi soir, à la surprise générale, quatre de ses sept commissaires ont rejeté les résultats quelques minutes avant leur annonce, reprochant à M. Chebukati sa gestion "opaque" et son absence de concertation.

Journaux et experts kényans semblent divisés sur leurs arguments. Selon l'avocat Charles Kanjama, la Constitution n'est "pas claire" sur la nécessité d'une entente entre les commissaires avant l'annonce. "C'est pourquoi il y a maintenant une certaine ambiguïté", dit-il à l'AFP.

"L'IEBC vire à la mascarade alors que ses dirigeants s'accusent mutuellement", titrait jeudi le quotidien Daily Nation, au sujet d'une institution familière des soubresauts et drames.

Au cours de la saga électorale de 2017, l'IEBC avait fait l'objet d'un véritable feuilleton avec la démission de plusieurs commissaires, dont Roselyn Akombe, partie avec fracas aux Etats-Unis, disant craindre pour sa vie et accusant ses collègues de parti pris en faveur du pouvoir.

Le même jour, Chebukati s'était dit incapable de garantir l'équité de la nouvelle élection d'octobre, critiquant avec virulence les dirigeants politiques kényans.

Avant même le premier vote d'août, la dépouille d'un haut responsable de l'IEBC, Chris Msando, avait été retrouvée fin juillet à Nairobi avec des traces de torture, suscitant la consternation.

Wafula Chebukati, un avocat dont le visage soucieux a été ces derniers jours scruté par tout le pays, fut nommé à son poste en janvier 2017, après le départ de son prédécesseur, déjà très critiqué.

Après le fiasco de 2017, le fait qu'il reste en poste pour une deuxième élection fut une certaine surprise.

"Je me présente devant vous malgré les intimidations et les harcèlements", a déclaré lundi soir Chebukati au pupitre du centre de comptage de l'IEBC, en partie saccagé quelques minutes plus tôt par des agents de partis furieux.

Plus largement, l'IEBC a regretté les "arrestations arbitraires" de ses agents, ainsi que le "meurtre" d'un responsable de circonscription dans la périphérie de Nairobi.

En 2017, la commissaire Akombe avait décrit Chebukati comme "une personne de bonne volonté" mais "assiégée".

Lundi après son annonce, l'homme a été dépeint en "héros" par Ruto, puis vilipendé par Odinga qui a qualifié d'invalide sa "prétendue annonce" des résultats.

Le niveau général de préparation de l'IEBC et la fiabilité de ses kits électroniques - utilisés pour identifier biométriquement les électeurs et transmettre les résultats - ont été particulièrement questionnés.

Mais les observateurs, internationaux comme locaux, ont plutôt salué sa gestion du jour du vote.

Le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute les élections kényanes depuis 2010, a ainsi affirmé que l'identification et la transmission des votes avait fonctionné à respectivement 93,7% et 97%.

Cette organisation indépendante a également estimé que la gestion du comptage avait été plus "ouverte et sécurisée" et que les résultats "concordaient" avec ses calculs.

Le camp Odinga a promis de "poursuivre tous les moyens légaux" à sa disposition pour faire annuler les résultats annoncés, un nouveau recours devant la Cour Suprême est donc possible.

En 2017, la défense de l'IEBC avait été considérée comme faible devant la Cour, mais elle s'est mieux préparée à cette éventualité cette année, formant notamment assidument ses avocats, note l'universitaire Macharia Munene.

"Les responsables ont été très attentifs à ne pas se faire attraper de la même façon qu'ils se sont fait attraper en 2017", explique-t-il à l'AFP.

md/sva/emp

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AUG 17

Kenya: le président élu Ruto promet un gouvernement "transparent" #

Le président élu du Kenya William Ruto a promis mercredi, deux jours après avoir été déclaré vainqueur de l'élection du 9 août, que son futur gouvernement s'empresserait de répondre "aux énormes attentes" des Kényans et rendrait des comptes.

"Nous allons d'ici peu prendre des mesures pour diriger un gouvernement transparent, démocratique", et qui "rend des comptes", s'est engagé William Ruto, élu au terme d'un des scrutins les plus serrés depuis l'indépendance en 1963.

Il s'exprimait à Nairobi à l'issue d'une réunion avec les membres de sa coalition, Kenya Kwanza.

Pour l'instant, seuls les comités parlementaires peuvent demander aux ministres de s'expliquer, via un processus que certains jugent opaque.

"Les attentes des Kényans sont énormes et par conséquent nous n'avons pas le luxe de perdre du temps", a-t-il poursuivi, deux jours après sa victoire, annoncée à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, figure de l'opposition soutenue par le président sortant, et qui a rejeté mardi ces résultats.

Selon M. Ruto, les Kényans ont envoyé "un message très clair aux dirigeants: ils veulent que nous fassions avancer le pays", touché par une flambée des prix des denrées alimentaires et de l'essence liée à la pandémie et amplifiée par la guerre en Ukraine.

Il a aussi promis mercredi de veiller à ce que les fonctionnaires servent "tous les Kényans de manière égale", indépendamment de leur "tribu" ou de leurs "affiliations politiques".

"Nous nous assurerons qu'aucune partie du Kenya ne sera laissée pour compte, (...) qu'aucune communauté du Kenya ne sera laissée de côté. Nous allons avancer ensemble, en tant que nation, parce que les Kényans sont déjà en train de nous dire que nous avons besoin de changement", a-t-il poursuivi.

Au Kenya, qui compte officiellement 46 ethnies et où l'appartenance communautaire est traditionnellement importante sur l'échiquier politique, "il n'y aura pas de place pour l'exclusion", a-t-il insisté.

Peu avant la proclamation des résultats lundi, quatre des sept membres de la Commission électorale (IEBC) s'en sont désolidarisés, rejetant dans un coup de théâtre un processus au "caractère opaque".

Mercredi, le président de la commission Wafula Chebukati a rejeté ces allégations, affirmant que les membres de son personnel étaient "harcelés et intimidés". En conséquence, il a annoncé que l'IEBC reportait à nouveau plusieurs élections locales et gubernatoriales qui n'ont pas eu lieu le 9 août en raison de divers incidents.

Mardi, M. Odinga avait qualifié de "parodie" le résultat de ce scrutin largement pacifique, considérant que les chiffres annoncés par l'IEBC étaient "nuls et non avenus".

Raila Odinga, cinq fois candidat malheureux à la présidentielle, a déjà contesté les résultats en justice en 2013 et 2017. Mardi, il a indiqué qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

Toute requête en contestation doit être déposée d'ici lundi auprès de la Cour suprême, qui dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision. Si elle ordonne l'annulation, un nouveau scrutin doit être organisé dans les 60 jours.

"En ce qui concerne l'élection, notre victoire a été reportée, mais elle est en train de revenir", a déclaré mercredi à la presse Martha Karua, colistière de M. Odinga.

Dans ce pays, qui fait figure d'îlot de stabilité démocratique dans la région est-africaine, les résultats des élections ont tous été contestés depuis 2002, en justice ou dans la rue.

En 2017, des dizaines de personnes avaient péri lors de manifestations réprimées par la police. Dix ans plus tôt, le contentieux post-électoral avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes.

Comme le camp Odinga, le camp Ruto affirme avoir remporté la majorité des sièges au Parlement. Les résultats donnent pour l'instant les deux coalitions au coude-à-coude, mais le vote a été repoussé dans quatre circonscriptions.

ho/al/md/cl/mba

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AUG 17

Kenya: le président élu Ruto promet un gouvernement "transparent" qui "rend des comptes" #

Le président élu du Kenya William Ruto a promis mercredi, deux jours après avoir été déclaré vainqueur de l'élection du 9 août, que son futur gouvernement s'empresserait de répondre "aux énormes attentes" des Kényans et rendrait des comptes.

"Nous allons d'ici peu prendre des mesures pour diriger un gouvernement transparent, démocratique, et qui "rend des comptes", s'est engagé William Ruto, élu au terme d'un des scrutins les plus serrés depuis l'indépendance en 1963.

Il s'exprimait à Nairobi à l'issue d'une réunion avec les membres de sa coalition, Kenya Kwanza.

Pour l'instant, seuls les comités parlementaires peuvent demander aux ministres de s'expliquer, via un processus que certains jugent opaque.

"Les attentes des Kényans sont énormes et par conséquent nous n'avons pas le luxe de perdre du temps", a-t-il poursuivi, deux jours après sa victoire annoncée à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, figure de l'opposition soutenue par le président sortant, et qui a rejeté mardi ces résultats.

Selon M. Ruto, les Kényans ont envoyé "un message très clair aux dirigeants: ils veulent que nous fassions avancer le pays", touché par une flambée des prix des denrées alimentaires et de l'essence liée à la pandémie et amplifiée par la guerre en Ukraine.

William Ruto a par ailleurs promis mercredi de veiller à ce que les fonctionnaires servent "tous les Kényans de manière égale", indépendamment de leur "tribu" ou de leurs "affiliations politiques".

"Nous nous assurerons qu'aucune partie du Kenya ne sera laissée pour compte, (...) qu'aucune communauté du Kenya ne sera laissée de côté. Nous allons avancer ensemble, en tant que nation parce que les Kényans sont déjà en train de nous dire que nous avons besoin de changement", a-t-il poursuivi.

Au Kenya, qui compte officiellement 46 ethnies et où l'appartenance communautaire est traditionnellement importante sur l'échiquier politique, "il n'y aura pas de place pour l'exclusion", a-t-il insisté.

Dans ce pays, qui fait figure d'îlot de stabilité démocratique dans la région est-africaine, les résultats des élections ont tous été contestés depuis 2002, en justice ou dans la rue.

En 2017, des dizaines de personnes sont mortes, lors de manifestations réprimées par la police. Dix ans plus tôt, le contentieux post-électoral avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes.

Raila Odinga, cinq fois candidats malheureux à la présidentielle, a déjà contesté les résultats en justice en 2013 et 2017. Mardi, il a indiqué qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

Comme le camp Odinga, le camp Ruto affirme avoir remporté la majorité des sièges au Parlement. Les résultats donnent pour l'instant les deux coalitions au coude à coude mais le vote a notamment été repoussé dans quatre circonscriptions.

ho/al/md/cl

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AUG 16

Kenya: le perdant Raila Odinga rejette les résultats de la présidentielle #

8/16/2022, 3:53 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a rejeté mardi les résultats de l'élection présidentielle du 9 août donnant son rival William Ruto vainqueur, les qualifiant de "parodie" et promettant de poursuivre toutes les options légales à sa disposition.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme en dépit d'une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré lundi soir vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

Les yeux du pays étaient désormais tournés vers cette figure de l'opposition, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et restait invisible et muet depuis lundi.

Depuis son quartier général, Odinga, coiffé d'un large chapeau bleu au couleur de sa coalition, a fermement rejeté ces résultats, parmi les plus serrés de l'histoire du pays (quelques 233.000 voix d'écart).

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution", a-t-il déclaré, appelant ses partisans au calme et assurant qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

"Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il ajouté, sans aller jusqu'à promettre un recours devant la Cour suprême.

Odinga est cependant familier de ces recours, qu'il a déposés en 2013 puis 2017. Cette dernière année, la Cour suprême avait invalidé la présidentielle en raison d'"irrégularités", une première en Afrique.

En 2007, une élection elle aussi très serrée, Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

Ruto, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a été déclaré lundi cinquième président du Kenya depuis l'indépendance en 1963. Il est le deuxième président de sa communauté, les Kalenjin, à accéder à ce poste.

Le riche homme d'affaires de 55 ans a immédiatement assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

L'annonce des résultats a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées dans des bastions d'Odinga, dont des quartiers populaires de Nairobi et Kisumu (ouest) où le calme était revenu mardi.

"La parole de Raila est loi dans cette partie du pays", assure Abel Tom, homme d'affaire de 48 ans qui veut croire qu'"il n'y aura plus de violence dans la ville de Kisumu. Les gens s'inspireront de la déclaration du Premier ministre" Raila Odinga.

Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote, suscitant l'impatience de la population.

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.

De son côté, Raila Odinga, qui s'était notamment engagé à lutter contre la corruption, avait reçu l'appui précieux du président sortant Uhuru Kenyatta et du parti au pouvoir.

"Il avait globalement tout le soutien dont il avait besoin pour arracher la victoire, excepté la majorité des gens", a décrypté pour l'AFP Zaynab Mohamed, une analyste politique pour Oxford Economics.

Le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré mardi que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.

Mardi après-midi, le président du Conseil européen, Charles Michel a félicité dans un tweet le président-élu Ruto, et exhorté "en cas de contestation éventuelle à utiliser les mécanismes de règlement des litiges existants".

La Commission électorale, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, est cette année encore soumise à une intense pression.

Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats lundi, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant dans un coup de théâtre un processus au "caractère opaque".

Mardi, ils ont détaillé devant la presse leurs arguments, dénonçant notamment un total de pourcentages atteignant 100,01%, un chiffre qualifié par eux d'"absurdité mathématique".

Des analystes, dont Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya, ont cependant souligné que cet écart pourrait s'expliquer par le fait d'arrondir les pourcentages.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a déclaré ce dernier sur Twitter.

Si elle est saisie dans la semaine à venir, la Cour suprême aura 14 jours pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines.

md-al-bur/cl

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AUG 16

Kenya: le perdant Raila Odinga rejette les résultats de la présidentielle #

8/16/2022, 2:19 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a rejeté mardi les résultats de l'élection présidentielle du 9 août donnant son rival William Ruto vainqueur, les qualifiant de "parodie" et promettant de poursuivre toutes les options légales à sa disposition.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme en dépit d'une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré lundi soir vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

Les yeux du pays étaient désormais tournés vers ce vétéran de l'opposition aujourd'hui soutenu par le régime, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et restait invisible et muet depuis lundi.

Depuis son quartier général, Raila Odinga, coiffé d'un large chapeau bleu - couleur de sa coalition -, a fermement rejeté ces résultats, parmi les plus serrés de l'histoire du pays (quelques 233.000 voix d'écart).

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution", a-t-il déclaré, appelant ses partisans au calme et assurant qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

"Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il ajouté, sans aller jusqu'à promettre un recours devant la Cour suprême.

Odinga est cependant familier de ces recours, qu'il a déposés en 2013 puis 2017. Cette dernière année, la Cour suprême avait invalidé la présidentielle en raison d'"irrégularités", une première en Afrique.

En 2007, une élection elle aussi très serrée, Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

Ruto, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a été déclaré lundi cinquième président du Kenya depuis l'indépendance en 1963. Il est le deuxième président de sa communauté, les Kalenjin, à accéder à ce poste.

Le riche homme d'affaires de 55 ans a immédiatement assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

L'annonce des résultats a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées dans des bastions d'Odinga, dont des quartiers populaires de Nairobi et Kisumu (ouest). Le calme y était revenu mardi matin.

Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote il y a une semaine, suscitant l'impatience de la population.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", estimait Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi.

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.

De son côté, Raila Odinga, qui s'était notamment engagé à réformer le pays et lutter contre la corruption, avait reçu l'appui précieux du président sortant Uhuru Kenyatta et du parti au pouvoir.

"Il avait globalement tout le soutien dont il avait besoin pour arracher la victoire, excepté la majorité des gens", a décrypté pour l'AFP Zaynab Mohamed, une analyste politique pour Oxford Economics.

Le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré mardi que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.

La Commission électorale, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, est cette année encore soumise à une intense pression.

Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats lundi, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant dans un coup de théâtre un processus au "caractère opaque".

Mardi, venus détailler devant la presse leurs arguments, ces quatre "rebelles" ont notamment dénoncé un total de pourcentages atteignant 100,01%, un chiffre qualifié par eux d'"absurdité mathématique".

Des analystes, dont Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya, ont cependant souligné que cet écart pourrait s'expliquer par le fait d'arrondir les pourcentages.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a déclaré ce dernier sur Twitter.

Si elle est saisie dans la semaine à venir, la Cour suprême aura 14 jours pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines.

md-bur/al/cl

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AUG 16

Kenya/présidentielle: Raila Odinga rejette les résultats, une "parodie" #

8/16/2022, 1:29 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a rejeté mardi les résultats de la présidentielle du 9 août au Kenya, annoncés la veille et qui donnent vainqueur sur le fil son rival William Ruto, les qualifiant de "parodie".

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution", a affirmé M. Odinga, vétéran de la politique kényane soutenu par le pouvoir sortant, qui a perdu face à M. Ruto d'environ 230.000 voix.

Le vice-président sortant William Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga.

Raila Odinga, 77 ans, se présentait cette année pour la cinquième fois. En 2013 et 2017, il avait contesté les résultats devant la Cour Suprême, qui avait cette dernière année invalidé le scrutin.

"Nous poursuivrons toutes les options légales et constitutionnelles à notre disposition. Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il déclaré lors de sa première allocution depuis l'annonce de sa défaite.

"Hier, notre démocratie naissante a essuyé un revers majeur" et "le Kenya fait face à une crise politique et légale profonde", a-t-il poursuivi, dénonçant le rôle joué selon lui par la Commission électorale indépendante (IEBC), marquée par des divisions internes.

"Nous sommes conscients des préjugés politiques passés de l'IEBC qui ont plongé ce pays dans son chapitre le plus sombre", a-t-il ajouté, évoquant les "souvenirs horribles des conséquences des élections de 2007 encore fraîches dans les mémoires".

Cette année-là, Raila Odinga avait contesté les résultats. La crise post-électorale qui avait suivi avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes, soit les pires violences depuis l'indépendance du pays en 1963.

al/md/cl

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AUG 16

Kenya/présidentielle: Odinga poursuivra "toutes les options légales" après l'annonce de sa défaite #

Raila Odinga, perdant de la présidentielle du 9 août au Kenya, a affirmé mardi qu'il poursuivrait "toutes les options légales" possibles pour contester les résultats qui ont donné son rival William Ruto vainqueur sur le fil.

"Nous poursuivrons toutes les options légales et constitutionnelles à notre disposition. Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il déclaré, dans sa première allocution depuis l'annonce la veille des résultats.

al/md/jhd

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AUG 16

Kenya: Raila Odinga qualifie de "parodie" le résultat de la présidentielle donnant William Ruto vainqueur #

8/16/2022, 12:58 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a qualifié mardi de "parodie" le résultat de la présidentielle annoncé la veille au Kenya par le chef de la Commission électorale et donnant son rival William Ruto vainqueur.

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la constitution", a affirmé M. Odinga, vétéran de la politique kényane soutenu par le pouvoir sortant, qui a perdu face à M. Ruto d'environ 230.000 voix lors de l'élection du 9 août.

al/md/jhd

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AUG 16

Kenya: percée historique des femmes lors des élections du 9 août #

8/16/2022, 12:01 PM
Nairobi, KEN

Les Kényanes ont réalisé une percée historique lors des élections du 9 août, décrochant notamment 26 sièges de députées synonymes d'un pas supplémentaire vers la parité.

La campagne avait déjà été atypique avec un nombre record de candidates, dont trois figurant comme colistières des quatre prétendants à la présidence.

Mardi dernier, 22,1 millions d'électeurs devaient choisir leur nouveau président, ainsi que 290 députés, 47 sénateurs, 47 gouverneurs de comté et 1.450 membres des assemblées de comtés.

Parmi les 16.100 candidats, les Kényans ont élu 26 députées, contre 23 en 2017, sept gouverneures, contre trois en 2017, et trois sénatrices.

Les femmes ont remporté la victoire dans les comtés politiquement influents de Kirinyaga et Machakos ainsi que Meru, où l'ancienne représentante des femmes Kawira Mwangaza s'est présentée en tant qu'indépendante et a battu ses concurrents masculins.

Dans la ville de Nakuru, dans la vallée du Rift, les femmes ont décroché huit postes dont un de gouverneure et de sénatrice.

"A présent, asseyez-vous et regardez ce que les femmes peuvent faire quand elles sont en fonction", a déclaré Tabitha Karanja, femme d'affaires à la tête la deuxième plus grande brasserie du Kenya (Keroche Breweries Ltd) et fraîchement élue sénatrice sous l'étiquette de l'United Democratic Alliance(UDA) de William Ruto.

Depuis l'élection de la première femme au Parlement en 1969, le paysage politique au Kenya est resté majoritairement masculin et l'application de la parité parcellaire.

La Constitution de 2010 requiert un équilibre de deux tiers/un tiers entre les hommes et les femmes au Parlement. Mais les deux chambres, dominées par des hommes, n'ont jamais voté de loi en ce sens, malgré des recours en justice pour leur forcer la main.

Le nombre de femmes élues avait déjà progressé en 2017, pour atteindre environ 20% de l'Assemblée nationale. Le Kenya reste toutefois loin de certains de ses voisins, comme le Rwanda, en terme de parité.

Le parcours politique des Kényanes est souvent semé d'embuches et celui des candidates de 2022 n'a pas fait exception.

La campagne "a été entachée de violences visant les femmes" malgré les avertissements et les promesses du gouvernement de s'attaquer au problème, selon la Fédération internationale des droits de l'homme et l'ONG Commission des droits de l'homme du Kenya.

Toutefois "l'émergence de plus de candidatures de femmes confirme que ces tactiques primitives ne fonctionnent plus aussi bien que dans le passé", notait dans son éditorial du 5 août l'influent quotidien kényan Daily Nation.

str-al/jhd

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AUG 16

Kenya: percée historique des femmes lors des élections du 9 août #

8/16/2022, 12:01 PM
Nairobi, KEN

Les Kényanes ont réalisé une percée historique lors des élections du 9 août, décrochant notamment 26 sièges de députées synonymes d'un pas supplémentaire vers la parité.

La campagne avait déjà été atypique avec un nombre record de candidates, dont trois figurant comme colistières des quatre prétendants à la présidence.

Mardi dernier, 22,1 millions d'électeurs devaient choisir leur nouveau président, ainsi que 290 députés, 47 sénateurs, 47 gouverneurs de comté et 1.450 membres des assemblées de comtés.

Parmi les 16.100 candidats, les Kényans ont élu 26 députées, contre 23 en 2017, sept gouverneures, contre trois en 2017, et trois sénatrices.

Les femmes ont remporté la victoire dans les comtés politiquement influents de Kirinyaga et Machakos ainsi que Meru, où l'ancienne représentante des femmes Kawira Mwangaza s'est présentée en tant qu'indépendante et a battu ses concurrents masculins.

Dans la ville de Nakuru, dans la vallée du Rift, les femmes ont décroché huit postes dont un de gouverneure et de sénatrice.

"A présent, asseyez-vous et regardez ce que les femmes peuvent faire quand elles sont en fonction", a déclaré Tabitha Karanja, femme d'affaires à la tête la deuxième plus grande brasserie du Kenya (Keroche Breweries Ltd) et fraîchement élue sénatrice sous l'étiquette de l'United Democratic Alliance(UDA) de William Ruto.

Depuis l'élection de la première femme au Parlement en 1969, le paysage politique au Kenya est resté majoritairement masculin et l'application de la parité parcellaire.

La Constitution de 2010 requiert un équilibre de deux tiers/un tiers entre les hommes et les femmes au Parlement. Mais les deux chambres, dominées par des hommes, n'ont jamais voté de loi en ce sens, malgré des recours en justice pour leur forcer la main.

Le nombre de femmes élues avait déjà progressé en 2017, pour atteindre environ 20% de l'Assemblée nationale. Le Kenya reste toutefois loin de certains de ses voisins, comme le Rwanda, en terme de parité.

Le parcours politique des Kényanes est souvent semé d'embuches et celui des candidates de 2022 n'a pas fait exception.

La campagne "a été entachée de violences visant les femmes" malgré les avertissements et les promesses du gouvernement de s'attaquer au problème, selon la Fédération internationale des droits de l'homme et l'ONG Commission des droits de l'homme du Kenya.

Toutefois "l'émergence de plus de candidatures de femmes confirme que ces tactiques primitives ne fonctionnent plus aussi bien que dans le passé", notait dans son éditorial du 5 août l'influent quotidien kényan Daily Nation.

str-al/jhd

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AUG 16

Pouvoir d'achat, dette, corruption: les défis du nouveau président kényan #

De la lutte contre la vie chère à celle contre la corruption endémique, nombreux sont les défis qui attendent le nouveau président élu du Kenya, William Ruto, pour maintenir le cap de cette dynamique économie d'Afrique de l'Est.

La problématique de la vie chère s'est imposée durant la campagne.

Des centaines de manifestants déjà durement touchés par les retombées économiques du Covid-19 ont menacé début juillet de bouder les urnes le 9 août si les prix de l'essence et des denrées alimentaires ne baissaient pas.

Le gouvernement a évoqué le 20 juillet une subvention pour réduire le prix de la farine de maïs, qui sert à préparer le plat de base dans le pays, l'ugali.

Mais la promesse est restée lettre morte. Ces coups de pouce sont de plus temporaires, "populistes" et "simplistes" au moment où l'inflation grimpe à des niveaux inédits depuis cinq ans pour atteindre 8,3% en juillet, selon Jared Osoro, économiste à l'université de Nairobi.

Les impacts du conflit en Ukraine sont venus assombrir les perspectives de reprise économique.

De 7,5% en 2021, la croissance devrait s'établir à 5,5% en 2022, selon la Banque mondiale qui prévoit par ailleurs une détérioration de la balance commerciale cette année. Le Kenya importe habituellement un cinquième de ses céréales de Russie et 10% d'Ukraine, selon les chiffres officiels.

L'agriculture (plus de 22% du PIB) pâtit aussi de l'envol des prix des engrais et se voit par ailleurs menacée par la sécheresse.

D'ici 2050, la moitié de la population vivra en ville, ce qui entraînera "une myriade de défis" dont l'éducation et l'accès à la santé, note Oxfam. Selon l'ONG, 34% des 17 millions de personnes pauvres au Kenya vivent dans des zones urbaines, pour la plupart dans des logements informels.

Pour accompagner le développement du pays, les gouvernements successifs depuis 2008 poursuivent l'ambitieux programme Vision2030, principalement axé sur les grands projets d'infrastructures.

Conséquence: sous l'ère Uhuru Kenyatta (2013-2022), la dette a plus que quadruplé pour avoisiner 70 milliards de dollars.

La Chine est désormais le deuxième bailleur du Kenya, derrière la Banque mondiale. Pékin a notamment prêté 5 milliards de dollars pour l'emblématique ligne de train reliant Nairobi au port de Mombasa.

Le Fonds monétaire international, qui a prêté l'année dernière 2,34 milliards de dollars au Kenya, a salué en juillet la poursuite du rebond économique et l'augmentation des recettes fiscales.

Mais "le Kenya reste exposé à des risques élevés de surendettement, et c'est pour cela qu'il est important qu'il reste fermement sur la trajectoire fixée pour réduire la vulnérabilité de la dette", commente Mary Goodman, cheffe de la mission du FMI.

Le bilan en la matière a "stagné", selon l'ONG Transparency International qui plaçait le pays 128e sur 180 dans son dernier index mondial de perception de la corruption.

Sous la pression internationale, de bailleurs et d'investisseurs en particulier, il y a eu un "renforcement des institutions de contrôle", une médiatisation du phénomène incrusté dans toutes les strates de la société et "un assainissement du milieu des affaires", énumère Alexia Van Rij, spécialiste en évaluation des politiques publiques du développement.

La justice s'est par ailleurs penchée sur quelques affaires troubles, dont l'enrichissement du nouveau vice-président élu, Rigathi Gachagua.

Si des dizaines de hauts responsables ont été inculpés depuis 2018, dont l'ex-ministre des Finances Henry Rotich, "aucun gros poisson n'a été pris", relève Alexia Van Rij.

Avec les trois-quarts de la population âgés de moins de 34 ans, la jeunesse est un des atouts du Kenya, mais son insertion dans l'emploi reste un défi.

Ils sont environ 500.000 chaque année à décrocher un diplôme dans le supérieur. Mais la corruption, le népotisme ou l'exigence d'expérience constituent autant d'obstacles à leur entrée dans la vie active.

Selon des chiffres officiels publiés en 2020, 5 millions de jeunes étaient sans emploi.

La jeunesse est une "bombe à retardement démographique, sociale et économique", estime Alex Awiti, chercheur kényan en politique publique.

Une des pistes est selon lui de "créer des emplois à une échelle industrielle" avec des incitations financières, notamment pour développer le secteur privé dans un pays où 80% de la main d'oeuvre se trouve dans l'économie informelle.

Il faut aussi, selon lui, développer l'agriculture et "renforcer les compétences dans le secteur industriel et les opportunités dans le secteur manufacturier".

Fait inédit depuis 2002, le nouveau président élu n'est pas issu de l'influente ethnie kikuyu au solide réseau économique.

William Ruto est kalenjin, comme l'ancien président Daniel arap Moi (1978-2002). Il devra donc bâtir un nouvel équilibre politico-ethnique dans un pays aux 46 ethnies, où l'appartenance communautaire, instrumentalisée depuis les Britanniques, est un pion essentiel de l'échiquier politique.

al/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya attend la réaction d'Odinga, perdant d'une présidentielle serrée #

8/16/2022, 11:17 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya attendait mardi l'allocution de Raila Odinga, silencieux depuis l'annonce la veille de la victoire de son rival William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers ce vétéran de l'opposition désormais soutenu par le régime, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et est en droit de contester le résultat. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi.

L'ancien prisonnier politique doit tenir une conférence de presse en début d'après-midi.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

"C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait "Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963.

Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

Après des manifestations violentes mais localisées survenues lundi soir dans des bastions d'Odinga, dans des quartiers populaires de Nairobi et dans la grande ville de l'Ouest, fief luo, de Kisumu, le calme était revenu mardi matin.

Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote il y a une semaine, suscitant l'impatience de la population.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", estimait Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi.

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.

"J'attends du président qu'il améliore l'économie du Kenya, que nous ayons plus d'opportunités en terme d'emplois pour la jeunesse. Tous les jeunes vous dirons que nous peinons à trouver des emplois", a expliqué à l'AFP Judy Kosgei, 31 ans, vendeuse de produits de beauté à Eldoret, fief de Ruto.

Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.

"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.

Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.

Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.

En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.

Un coup de théâtre a semé le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".

Mardi, le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.

Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.

al-bur/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya se réveille avec un nouveau président élu et des interrogations #

8/16/2022, 8:42 AM

Le Kenya se demandait mardi quelle tournure allaient prendre les évènements au lendemain de l'annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

"C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait "Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi, tandis que ses partisans laissaient éclater leur déception après l'annonce.

Des manifestations ont secoué lundi soir plusieurs quartiers populaires de Nairobi, comme Mathare et Kibera, des bastions du vieux leader. Le calme y était revenu mardi matin, mais les rues restaient souvent vides et les boutiques fermées.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", a déclaré Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi, marquée depuis une semaine par une chute drastique de l'activité.

A Kisumu (ouest), autre bastion d'Odinga, la colère a pris la forme de barricades, des magasins ont été pillés et la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. De même, le calme était revenu mardi, vendeurs de rue et motos-taxis reprenant leur activité malgré les décombres jonchant certaines artères.

Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

Ruto avait fait du pouvoir d'achat son cheval de bataille, promettant des emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté.

Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.

"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kenya a félicité "le peuple kényan" pour le déroulé de ces élections où 22,1 millions d'électeurs devaient également choisir leurs parlementaires et leurs élus locaux. L'IEBC doit annoncer les résultats complets de ces scrutins mardi.

Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.

Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.

En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, tuant plus de 1.100 personnes dans des affrontements interethniques.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.

Un coup de théâtre est venu semer le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".

Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait ensuite de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.

al-bur/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya se réveille avec un nouveau président élu et des interrogations #

8/16/2022, 8:42 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya se demandait mardi quelle tournure allaient prendre les évènements au lendemain de l'annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

"C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait "Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi, tandis que ses partisans laissaient éclater leur déception après l'annonce.

Des manifestations ont secoué lundi soir plusieurs quartiers populaires de Nairobi, comme Mathare et Kibera, des bastions du vieux leader. Le calme y était revenu mardi matin, mais les rues restaient souvent vides et les boutiques fermées.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", a déclaré Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi, marquée depuis une semaine par une chute drastique de l'activité.

A Kisumu (ouest), autre bastion d'Odinga, la colère a pris la forme de barricades, des magasins ont été pillés et la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. De même, le calme était revenu mardi, vendeurs de rue et motos-taxis reprenant leur activité malgré les décombres jonchant certaines artères.

Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

Ruto avait fait du pouvoir d'achat son cheval de bataille, promettant des emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté.

Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.

"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kenya a félicité "le peuple kényan" pour le déroulé de ces élections où 22,1 millions d'électeurs devaient également choisir leurs parlementaires et leurs élus locaux. L'IEBC doit annoncer les résultats complets de ces scrutins mardi.

Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.

Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.

En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, tuant plus de 1.100 personnes dans des affrontements interethniques.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.

Un coup de théâtre est venu semer le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".

Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait ensuite de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.

al-bur/md/jhd

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LocationNairobi - KEN
Date8/16/2022, 8:42 AM