Paris: affichages sauvages contre les textes "liberticides" et la police #
Des affiches dénonçant les projets de loi "liberticides" et la répression policière à la place des publicités: plusieurs panneaux d'affichages ont été détournés ce week-end dans le centre de Paris, ont constaté lundi des journalistes de l'AFP.
"Souriez vous êtes fiché.e.s", "Télétravail pour les CRS", "22 vl'a les drones", "Ma caméra contre ta matraque", "Nous on s'en floutent pas", proclament plusieurs de ces affiches, placardées notamment sur des abribus dans le quartier de la bourse et des grands boulevards.
D'autres caricaturent la répression policière: l'une représente ainsi des bottes noires surmontant des flaques de sang et des gilets jaunes, ornée du slogan "Un pays qui se tient sage", titre d'un documentaire sorti l'an dernier et dénonçant notamment les graves blessures de manifestants ces dernières années.
Une vise également le préfet de police de Paris, Didier Lallement, accusé par ceux qui manifestent depuis plusieurs années contre le pouvoir ("gilets jaunes", syndicats, associations...) de favoriser une répression violente de ces rassemblements. "Un préfet qui fait fureur", y lit-on sous un symbole des soldats SS allemands.
Selon une source proche des auteurs de ces détournements, une cinquantaine d'affiches auraient au total été placardées sur des abribus et dans le métro parisiens.
Sur certaines est inscrit le hashtag #stoploisécuritéglobale, qui rassemble les opposants, associations de défense des droits et organisations de journalistes notamment, mobilisés contre des textes de loi qu'ils jugent "liberticides".
Rassemblés dans une "coordination sécurité globale", ils manifestent depuis l'automne dernier pour demander le retrait de plusieurs de ces textes, notamment le controversé article 24 de la proposition de loi "sécurité globale" encadrant la diffusion d'images des forces de l'ordre. Le texte est actuellement examiné au Sénat, qui est chargé de réécrire l'article 24.
L'un de leurs coordinateurs, Emmanuel Poupard, premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), a indiqué à l'AFP ne pas avoir d'informations sur les affichages sauvages.
"Ce sont des gens qui apparemment partagent nos idées sur les dérives du gouvernement, qui malgré le contexte difficile de la pandémie, veut contrôler encore plus la population et réduire ses droits, par des textes de loi comme par les arrestations arbitraires de ceux qui s'y opposent", a-t-il ajouté.
La coordination appelle à de nouveaux rassemblements mardi après-midi, à Paris près du Sénat, et dans d'autres régions devant les sous-préfectures et préfectures.
emd/tib/ide
France: des étudiants en arts occupent un opéra, fermé pour cause de pandémie #
Une cinquantaine d'étudiants issus des filières artistiques de Lyon ont débuté lundi matin une occupation de l'opéra de la ville, la 3e de France, fermé en raison de la pandémie, en solidarité avec les intermittents du spectacle.
"On voulait réagir car on est à la jonction de deux endroits: le monde de la culture et celui des étudiants", explique Lucas Martini, 23 ans, étudiant en première année à l'Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT), et l'un des porte-parole de cette action.
L'entrée dans les lieux s'est faite dans le calme selon les étudiants et la direction de l'opéra, via une porte latérale du bâtiment du XIXème siècle rénové par l'architecte Jean Nouvel.
Les participants devaient se réunir dans l'après-midi pour élaborer les modalités précises de leur occupation en tenant compte du protocole sanitaire.
"La scène et la salle de spectacles où il y a actuellement des répétitions ne seront pas occupées", explique Matéo Esnault, étudiant à l'ENSATT. "Les étudiants concentreront leur présence dans le hall et la cafétéria du bâtiment."
Dans un communiqué, la direction de l'opéra affirme partager "l'objectif que cette occupation ne mette pas en péril les répétitions, les résidences et les captations audiovisuelles prévues dans les prochains jours et semaines" et qu'elle se fasse "selon un protocole sanitaire défini et rigoureusement respecté".
L'opéra de Lyon se dit également "à l'écoute" des inquiétudes des étudiants "qui seront demain les artistes et les artisans de notre vie culturelle".
La semaine dernière, l'occupation d'une grande salle parisienne, le Théâtre de l'Odéon, a déclenché un mouvement qui s'est étendu notamment au Théâtre de la Colline et au Théâtre national de Strasbourg avant de faire tache d'huile dans de nombreuses salles du pays.
ari/fga/nm/fio
"Gilet jaune" matraqué à Nancy: un CRS condamné à deux mois avec sursis #
Un commandant de CRS a été condamné lundi à Nancy à deux mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir matraqué en 2019 un "gilet jaune", un geste capté par une vidéo devenue virale, a-t-on appris auprès du parquet.
Ce policier de 54 ans, à la carrière jugée jusqu'alors exemplaire, a été condamné par le tribunal correctionnel pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique", a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Nancy François Pérain.
Le tribunal a également prononcé une dispense d'inscription au bulletin numéro 2 du casier judiciaire du policier. Ce dernier encourait trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, selon le magistrat.
Ce jugement est conforme aux réquisitions prononcée par M. Pérain lors de l'audience jeudi dernier.
Les faits remontent au samedi 14 septembre 2019 à Nancy, lors de "l'acte 44" des "gilets jaunes", une manifestation "particulièrement violente", a indiqué M. Pérain à l'AFP.
Une vidéo avait circulé après la manifestation montrant un homme, seul au milieu de plusieurs policiers, face à un CRS qui lui assène subitement un coup de bâton de défense au niveau du visage.
Le manifestant recule alors précipitamment, pour s'engouffrer dans un hall d'immeuble, suivi par le CRS. Casque sur la tête, ce dernier est difficilement identifiable mais s'avèrera être le commandant de la CRS 30, basée à Châtel-Saint-Germain (Moselle).
La vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, déclenche la saisine de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) par M. Pérain, pour qui le geste du CRS "pouvait légitimement interroger".
Dans son rapport, l'IGPN conclut notamment à un geste "disproportionné" de la part du CRS, selon le magistrat.
Celui-ci, qui n'a pas été suspendu, dit avoir été "insulté à voix basse" par le manifestant. Il a décidé de l'interpeller en faisant usage de son bâton de défense, a rapporté M. Pérain.
Le manifestant, qui avait initialement porté plainte mais ne s'est pas constitué partie civile à l'audience, disait avoir reçu le coup de bâton alors qu'il demandait au CRS son référentiel des identités et de l'organisation (RIO), autrement dit son numéro d'identification personnel, selon le procureur.
A l'audience, l'avocat du CRS, Me François Battle, avait plaidé la relaxe, estimant que son client avait été "jeté aux chiens".
L'avocat avait qualifié le manifestant de "black bloc qui fait toutes les manifestations pour ennuyer et cogner les policiers", selon le quotidien régional L'Est Républicain.
cor-dsa/bdx/or
Appels à une mobilisation de la jeunesse mardi dans toute la France #
Une dizaine d'organisations syndicales et politiques de gauche appellent les jeunes à se mobiliser mardi dans toute la France "pour leur avenir", en réclamant notamment un plan d'urgence contre la précarité.
Cette mobilisation pourra prendre la forme de manifestations ou de rassemblements. A Paris, un cortège doit partir à 14H00 du ministère du Travail, en direction du ministère de l'Enseignement supérieur.
C'est un point de départ "symbolique", a expliqué à l'AFP la présidente de l'Unef Mélanie Luce, pour réclamer la création pour les jeunes d'emplois stables, en CDI, et l'accès au RSA pour les moins de 25 ans.
Depuis le début de la crise sanitaire, "nous n'avons toujours aucun filet de sécurité, aucune protection sociale à la hauteur", déplorent les organisations qui appellent à cette mobilisation (Unef, mouvements des jeunes communistes de France, jeunes insoumis, NPA jeunes, UNL, FIDL, MNL...)
"Bon nombre d'entre nous vivent sous le seuil de pauvreté", assurent-ils. Depuis plusieurs mois, le gouvernement estime avoir entendu ce message et a annoncé une série de mesures de lutte contre la précarité comme la création de "chèques psy" ou des repas à un euro dans les restaus U.
Ces mesures sont jugées "insuffisantes" par bon nombre d'organisations. "Ces aides sont un pansement sur une jambe de bois. Nous demandons un plan d'urgence d'1,5 milliard d'euros" en commençant par une augmentation immédiate des bourses et des APL (aides au logement), rappelle Mélanie Luce.
Son syndicat demande aussi l'ouverture d'une concertation en vue de la création d'une allocation d'autonomie pour tous les étudiants.
Les organisations de jeunesse réclament par ailleurs la réouverture à 50% des universités. Pour les lycéens, elles souhaitent l'abandon du processus de sélection de Parcoursup et un plan de recrutement massif d'enseignants pour rattraper les retards accumulés.
ito/lbx/rhl
Rassemblement à Lyon contre la loi Sécurité globale #
Plusieurs centaines de manifestants - 400 selon la préfecture, 750 selon les organisateurs - se sont rassemblés samedi à Lyon pour s'opposer à la loi sur la "sécurité globale", avant le début de son examen au Sénat, le 16 mars, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Nous ne voulons pas de ces lois liberticides et nous sommes toujours là pour le dire", a déclaré sur la scène installée sur la place Bellecour Georges Mounier, de la Ligue des Droits de l'Homme.
"On se rend compte aujourd'hui d'une véritable dérive autoritaire du gouvernement qui essaie de museler toute contestation, ce qui est extrêmement préoccupant", a estimé auprès de l'AFP Charles, porte-parole du mouvement écologiste Alternatiba.
Les manifestants, parmi lesquels se trouvaient quelques dizaines de "gilets jaunes", ont entonné en choeur le chant "On est là" pour dénoncer l'interdiction par la préfecture de diffuser de la musique amplifiée au cours de ce rassemblement.
La coordination Stop loi sécurité globale avait appelé "à se mobiliser partout en France dès le 13 mars", avant un rassemblement le 16 mars devant le Sénat, qui débutera alors l'examen du texte en séance plénière.
Déjà adoptée par les députés, cette proposition de loi est très controversée, notamment pour son article 24 qui vise à pénaliser la diffusion malveillante de l'image des policiers.
mb/fga/nm
Haute-Loire: remise en liberté d'un jeune Malien menacé d'expulsion #
Un jeune Malien menacé d'expulsion par la préfecture de la Haute-Loire a été libéré vendredi soir du centre de rétention administrative où il avait été transféré mardi, a-t-on appris samedi auprès de sa famille d'accueil.
"La cour d'appel de Lyon a ordonné la remise en liberté de Madama, que nous avons ramené à la maison hier soir", a déclaré à l'AFP Eric Durupt, l'enseignant qui, avec sa compagne, héberge depuis plus de deux ans dans la région du Puy-en-Velay Madama Diawara, âgé de 19 ans.
Le jeune homme s'est aussitôt vu notifier par la préfecture une assignation à résidence, avec obligation de pointer quatre fois par semaine auprès de la gendarmerie, selon sa famille d'accueil et une représentante du réseau Education sans frontières de la Haute-Loire, Christine Chevalier.
Mardi prochain, un recours contre l'obligation de quitter le territoire français qui a été prise à son encontre par le préfet de la Haute-Loire, Eric Etienne, doit être examiné par le tribunal administratif de Lyon, a précisé M. Durupt.
Samedi en fin de matinée, environ 300 personnes selon la police, 400 d'après le comité de soutien à Madama Diawara, dont la pétition a reçu plus de 36.000 signatures, ont défilé dans le centre du Puy-en-Velay.
En tête de cortège, des migrants originaires d'Afrique, dont certains étaient en tenue de travail, tenaient une banderole où était écrit : "Il vit ici, il reste ici. Solidarité avec Madama et les autres".
Accueilli en décembre 2018 par le couple après avoir traversé la Méditerranée puis les Alpes jusqu'à Briançon, le jeune homme a été scolarisé puis a effectué un premier stage chez un couple d'éleveurs qui lui a proposé un contrat d'apprentissage.
Mais la préfecture de la Haute-Loire refuse de lui délivrer un titre de séjour, mettant en doute l'authenticité de son acte de naissance.
Mardi, il avait été placé en garde à vue pour "usage de faux documents" après une convocation par la police de l'Air et des Frontières à Gerzat (Puy-de-Dôme) puis conduit au centre de rétention administrative de Lyon.
Une requête contre son placement en rétention avait été rejetée jeudi. Le jeune homme avait fait appel.
DM/mb/nm
Haute-Loire: remise en liberté d'un jeune Malien menacé d'expulsion #
Un jeune Malien menacé d'expulsion par la préfecture de la Haute-Loire (centre de la France) a été libéré vendredi soir du centre de rétention administrative où il avait été transféré mardi, a-t-on appris samedi auprès de sa famille d'accueil.
"La cour d'appel de Lyon a ordonné la remise en liberté de Madama, que nous avons ramené à la maison hier soir", a déclaré à l'AFP Eric Durupt, l'enseignant qui, avec sa compagne, héberge depuis plus de deux ans dans la région du Puy-en-Velay Madama Diawara, âgé de 19 ans.
Le jeune homme est toutefois assigné à résidence par la préfecture et doit pointer chaque jour auprès de la gendarmerie, selon une représentante du réseau Education sans frontières de Haute-Loire, Christine Chevalier.
Mardi prochain, un recours contre l'obligation de quitter le territoire français qui a été prise à son encontre par le préfet de la Haute-Loire, Eric Etienne, doit être examiné par le tribunal administratif de Lyon, a précisé M. Durupt.
Accueilli en décembre 2018 par le couple après avoir traversé la Méditerranée puis les Alpes jusqu'à Briançon, le jeune homme a été scolarisé puis a effectué un premier stage chez un couple d'éleveurs qui lui a proposé un contrat d'apprentissage.
Mais la préfecture de la Haute-Loire refuse de lui délivrer un titre de séjour, mettant en doute l'authenticité de son acte de naissance.
Mardi, il avait été placé en garde à vue pour "usage de faux documents" après une convocation par la police de l'Air et des Frontières à Gerzat (Puy-de-Dôme) puis conduit au centre de rétention administrative de Lyon.
Une requête contre son placement en rétention avait été rejetée jeudi. Le jeune homme avait fait appel.
DM/mb/sp/pz
Haute-Loire: remise en liberté d'un jeune Malien menacé d'expulsion #
Un jeune Malien menacé d'expulsion par la préfecture de la Haute-Loire a été libéré vendredi soir du centre de rétention administrative où il avait été transféré mardi, a-t-on appris samedi auprès de sa famille d'accueil.
"La cour d'appel de Lyon a ordonné la remise en liberté de Madama, que nous avons ramené à la maison hier soir", a déclaré à l'AFP Eric Durupt, l'enseignant qui, avec sa compagne, héberge depuis plus de deux ans dans la région du Puy-en-Velay Madama Diawara, âgé de 19 ans.
Le jeune homme est toutefois assigné à résidence par la préfecture et doit pointer chaque jour auprès de la gendarmerie, selon une représentante du réseau Education sans frontières de Haute-Loire, Christine Chevalier.
Mardi prochain, un recours contre l'obligation de quitter le territoire français qui a été prise à son encontre par le préfet de la Haute-Loire, Eric Etienne, doit être examiné par le tribunal administratif de Lyon, a précisé M. Durupt.
Accueilli en décembre 2018 par le couple après avoir traversé la Méditerranée puis les Alpes jusqu'à Briançon, le jeune homme a été scolarisé puis a effectué un premier stage chez un couple d'éleveurs qui lui a proposé un contrat d'apprentissage.
Mais la préfecture de la Haute-Loire refuse de lui délivrer un titre de séjour, mettant en doute l'authenticité de son acte de naissance.
Mardi, il avait été placé en garde à vue pour "usage de faux documents" après une convocation par la police de l'Air et des Frontières à Gerzat (Puy-de-Dôme) puis conduit au centre de rétention administrative de Lyon.
Une requête contre son placement en rétention avait été rejetée jeudi. Le jeune homme avait fait appel.
Le comité de soutien à Madama Diawara, dont la pétition a reçu quelque 36.000 signatures, organise samedi matin un rassemblement sur la principale place du Puy-en-Velay, à proximité de la préfecture.
DM/mb/sp
Fin du blocage du plus grand Carrefour de Marseille mais poursuite de la grève #
Des salariés, qui bloquaient depuis quatre jours les accès du plus grand hypermarché Carrefour de Marseille, ont décidé vendredi de cesser le blocage mais poursuivent leur grève, a-t-on appris auprès de la CGT et de la CFDT.
Cette décision a été prise en Assemblée générale vendredi matin, a précisé Emmanuel Lopez, délégué CGT, confirmant une information du site Marsactu.
Situé sur les hauteurs de la deuxième ville de France, dans la cité paupérisée de Saint-Antoine, le magasin Grand Littoral était occupé depuis mardi par des salariés qui empêchaient l'entrée des clients et des livraisons à l'aide de chariots.
Ce mouvement, rare, a été déclenché par le refus de la direction de transformer en contrat à durée indéterminée (CDI) neuf des 11 contrats de professionnalisation. Une décision qui a d'autant plus choqué les grévistes que le groupe de distribution a annoncé en février une hausse de 7,8% de ses ventes, à 78,6 milliards d'euros, malgré l'épidémie de Covid-19.
Selon Smaïl Ait-Atmane, délégué syndical CFDT, auprès de l'AFP, les négociations ont déjà "avancé" avec la direction: "On a obtenu deux CDI et deux prolongations de CDD en plus sur les neuf salariés en question", a-t-il précisé, en soulignant également des progrès sur les tickets restaurant, des investissements supplémentaires pour du matériel de manutention et la présence désormais acquise de représentants des salariés dans les commissions décidant de l'avancement du personnel.
Selon les chiffres fournis par les syndicats, les effectifs de l'hypermarché Grand Littoral ont été réduits de 546 fin 2019 à 442 employés actuellement, sur fond d'une amplification de la politique de réduction des coûts chez le distributeur.
Carrefour avait déploré mercredi un blocage "qui impacte son activité et ses clients", affirmant que 24 collaborateurs en alternance ont rejoint le magasin depuis février.
Malgré le déblocage du magasin, six salariés du magasin sont toujours convoqués devant la justice lundi à Marseille à 14H00, pour leur rôle dans le mouvement.
san-ol/mpm
"Notre vie est là", clament les étudiants qui "habitent" le théâtre de Strasbourg depuis 4 jours #
Vivre de son art et retrouver un public. A la fois étudiants et futurs intermittents du spectacle, les élèves du Théâtre national de Strasbourg (TNS) poursuivent vendredi leur mobilisation au quatrième jour de leur "habitation" du théâtre.
"On dort là, on mange là, toute notre vie est là", explique Mathilde Waeber, étudiante de 1re année de la section mise en scène.
Depuis mardi après-midi, environ 45 élèves ont décidé de rester jour et nuit dans le grand bâtiment du théâtre, où ils continuent de suivre leurs cours.
"On a le théâtre à nous, on a installé des matelas de camp, des sacs de couchage", tout en respectant des distances sanitaires et en réalisant des tests Covid régulièrement, raconte l'étudiante. Les "habitants" du TNS ont décidé de ne pas autoriser l'accès à des personnes de l'extérieur.
A 13H00, les portes s'ouvrent soudainement. Les étudiants sortent réaliser une performance dansée sur le parvis du théâtre, s'achevant sur un puissant cri commun.
"Nous avons besoin de vous, de votre soutien", interpelle un étudiant. Ce "forum" quotidien est l'occasion d'échanges avec les passants et de lectures de texte.
Ancien élève du TNS, Hugues De La Salle est venu apporter son soutien. Il se sent "très redevable" à leur égard pour cette action "qui donne de l'espoir".
"On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé. Cela fait dix ans que je suis intermittent et déjà je ne sais pas ce qui va se passer pour moi, alors pour eux qui arrivent dans ce marasme là...", souligne le comédien de 36 ans, qui n'a pas joué devant un public depuis septembre.
Aux fenêtres du bâtiment, des banderoles avertissent d'une "espèce en voie de disparition" ou d'une "culture sacrifiée, génération en péril".
Leur déclic a été l'occupation depuis jeudi dernier du théâtre parisien de l'Odéon par des acteurs de la culture. Parallèlement au TNS, des étudiants en art dramatique se sont installés dans le Théâtre de la Colline à Paris et depuis des "occupations" de théâtres se multiplient en France. Une occupation que la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot a jugée mercredi "inutile" et "dangereuse".
"On aime nos lieux de théâtre, c'est nos lieux de vie, on les respecte", rétorque Mathilde Waeber, qui souligne que le théâtre est nettoyé et n'est dégradé en aucune manière.
Pour les élèves du TNS, une chose est certaine: "le théâtre ne se fait pas sans public". D'où leur première revendication: un "calendrier prévisionnel de réouverture" des lieux de culture.
A cela s'ajoutent la demande du retrait de la réforme de l'assurance chômage, la prolongation de l'année blanche pour les intermittents du spectacle, ainsi que "des mesures d'urgence face à la précarité financière et psychologique des étudiant.e.s".
Jeudi, le gouvernement a débloqué 20 millions d'euros supplémentaires en soutien au monde de la culture.
"C'est un geste, mais évidemment cela ne nous suffit pas", réagit Mathilde Waeber.
L'école du TNS, seul des cinq théâtres nationaux français en province, forme sur trois ans des promotions de 25 élèves au "jeu", à la dramaturgie, à la régie-création, à la mise en scène ou à la scénographie.
Si seuls les élèves du TNS "habitent" le théâtre, ils ont reçu le soutien d'acteurs, metteurs en scène, etc.
Actrice associée au TNS, Dominique Reymond est venue lire un texte sur le parvis.
"Ils ont envie de continuer à travailler, je les sens motivés par le travail", souligne-t-elle.
Initiateur d'un appel début janvier d'artistes à se faire vacciner pour surmonter la pandémie, le directeur du TNS, Stanislas Nordey, a regretté sur franceinfo que les artistes, notamment jeunes, aient "une espèce de mur devant eux" sans voir de reprise.
"L'art doit compenser ce que la politique n'accomplit pas", clame la banderole barrant une porte du TNS. Mais "arrêtons de dire que l'art se fait sans argent", clame une étudiante au micro. Et sans spectateurs.
maj/bdx/caz