Blocage au Liban: "L'heure est venue de renforcer les pressions" (Paris) #
La France estime que le moment est venu pour la communauté internationale de "renforcer les pressions" sur la classe politique libanaise pour la forcer à un accord de gouvernement, a estimé lundi son ministre de Affaires étrangères.
Cette augmentation des pression pourrait passer par l'établissement de sanctions contre certaines personnalités libanaises, avait expliqué mi-mars une source diplomatique française.
"Pour sortir le Liban de la crise, la solution passe par la formation d'un gouvernement compétent, prêt à travailler sérieusement et dans l'intérêt général à la mise en oeuvre de réformes connues de tous", a affirmé Jean-Yves Le Drian dans un communiqué après s'être entretenu avec différents responsables libanais.
"Le ministre a indiqué à ses homologues européens, de la région et internationaux qu'après sept mois de blocage, l'heure est venue de renforcer les pressions pour y parvenir", selon le communiqué.
Le chef de la diplomatie française s'est entretenu avec le président de la République libanaise Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berri et le président désigné du Conseil des ministres Saad Hariri.
"Il a rappelé que les forces politiques libanaises dans leur ensemble portent l'entière responsabilité de cette impasse", selon le texte. "Dans ce contexte, l'obstruction délibérée à toute perspective de sortie de crise, en particulier de la part de certains acteurs du système politique libanais, par des demandes inconsidérées et d'un autre temps doit cesser immédiatement".
Désigné en octobre, le Premier ministre Saad Hariri n'a toujours pas formé de gouvernement. L'équipe actuelle, qui gère les affaires courantes, a démissionné en août après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth (plus de 200 morts, des milliers de blessés).
Le pays traverse une crise économique très grave. La dépréciation de la livre libanaise, une explosion de la pauvreté et du chômage, l'érosion du pouvoir d'achat et la précarisation provoquent la colère de l'opinion publique, avec des manifestations et des blocages de routes sporadiques.
"C'est la responsabilité de toutes les forces politiques libanaises", insiste M. le Drian.
dla/fz/lpt
Le nouveau président du Niger évoque "l'échec relatif" de la lutte antidjihadiste #
Le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a qualifié lundi d'"échec relatif" la lutte antijihadiste dans son pays, appelant la force française Barkhane à conserver son aide au niveau aérien, même en cas de retrait partiel.
"Nous aurions souhaité, dans le cadre de la coopération avec l'armée française, avoir de meilleurs résultats que nous n'en avons. Cet échec relatif, c'est notre échec à tous, l'échec de l'ensemble de la coalition", a expliqué M. Bazoum dans une interview sur France 24/RFI.
Interrogé sur un possible retrait partiel de la force Barkhane, Mohamed Bazoum a assuré qu'il ne ressentirait "pas cela comme un abandon de la part des Français".
"Ce qui nous importe nous c'est une certaine présence des forces aériennes françaises qui, de mon point de vue, sera garantie quels que soient les effectifs français qui seront présents", a-t-il ajouté.
La force Barkhane comprend des troupes déployées au sol mais aussi un important volet aérien, avec trois drones Reaper, 7 avions de chasse et 20 hélicoptères, selon les derniers chiffres de l'état-major français.
Forte de 5.100 hommes, elle intervient au Mali et chez ses voisins sahéliens, dont le Niger, contre les jihadistes.
En France, cet effort militaire de longue haleine au Sahel suscite des interrogations croissantes, notamment dans l'opinion, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013.
Mi-février, lors d'un sommet à N'Djamena avec les partenaires du G5 Sahel, le président Emmanuel Macron avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire "dans l'immédiat" les effectifs de Barkhane.
Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre.
"Un retrait partiel de la France, dans la mesure où elle maintiendrait le dispositif aérien, n'aura pas de grand effet sur le cours de la situation et sur le rapport de force", a expliqué M. Bazoum, estimant que l'impact serait "davantage symbolique et politique qu'opérationnel".
Le chef de l'Etat nigérien a par ailleurs écarté tout dialogue avec les jihadistes, estimant que la situation de son pays était différente de celle du Mali.
"Nous ne pourrions pas envisager quelque dialogue que ce soit dans la mesure où il n'y a pas un seul chef jihadiste nigérien, une seule base de jihadistes sur notre territoire", a-t-il justifié.
La question du dialogue divise les Etats sahéliens, pris en tenaille entre leurs partenaires et leurs populations. Le Mali a retenu l'option mais ne l'a pas encore lancée officiellement.
pid/fz/blb
Mozambique: les ambitions gazières de Total contrariées, mais certainement pas stoppées #
Les violences au Mozambique risquent a minima de retarder un projet géant mené dans le gaz naturel liquéfié (GNL) par le groupe français Total, qui a toutefois d'autres moyens de se développer dans cette activité hautement stratégique.
Des dizaines de civils ont été tués ces derniers jours lors d'une spectaculaire attaque jihadiste dans le nord du pays, dans la ville de Palma, tandis que des milliers de personnes fuyaient la zone.
Total a annoncé samedi la suspension de ses opérations sur l'important projet gazier qu'il mène à une dizaine de kilomètres de la ville.
Et ce seulement quelques jours après avoir annoncé la reprise de la construction, gelée pendant des mois, de ce complexe qui doit, à terme, liquéfier, stocker et expédier du gaz naturel exploité dans la zone.
Le projet Mozambique LNG, mené par Total au sein d'un consortium, représente un investissement total de 20 milliards. Un financement de près de 15 milliards, le plus gros jamais signé en Afrique, avait été bouclé l'été dernier.
Le PDG de Total Patrick Pouyanné assurait en février que le projet, hérité de l'américain Anadarko, était encore "sur les rails" pour produire en 2024.
Il indiquait s'être mis d'accord avec le président mozambicain Filipe Nyusi pour qu'une "zone d'au moins 25 km autour de ce site" soit sécurisée par les autorités avant la reprise de l'activité. Un objectif désormais lointain, alors que Palma est tombée aux mains des jihadistes.
"Est-ce que Total reviendra? Pas à court terme. Cela prendra peut-être deux ans pour que des instructeurs américains, portugais et autres forment une armée en état de combattre", estime Joseph Hanlon, un expert de la région à l'Open University britannique.
"Je pense que Total n'abandonnera pas, mais pourrait tout geler pendant le temps nécessaire, une année, deux années", juge pour sa part Michel Cahen, spécialiste de l'Afrique lusophone au CNRS.
"Je n'ai aucun doute sur le fait que le projet sera développé et entrera en production en dépit du degré très élevé de risque politique et de ce qui vient de se passer à Palma" même s'il "peut évidemment être reporté", abonde Francis Perrin, chercheur associé au Policy Center for the New South (Rabat) et directeur de recherche à l'IRIS (Paris).
Ce dernier souligne toutefois que Total s'est quoi qu'il en soit suffisamment diversifié pour ne pas dépendre de ce seul projet.
"Ils ont actuellement en exploitation dans le monde dix usines de liquéfaction du gaz naturel" et "couvrant les grandes régions mondiales", souligne-t-il. Ainsi même sans le Mozambique, Total "resterait un grand du GNL".
Le GNL représente en effet un pilier très important de la stratégie de Total dans sa quête de diversification et de verdissement.
La demande pour cette énergie, moins émettrice de CO2 que le pétrole et surtout le charbon lors de la combustion, a d'ailleurs continué à croître l'an dernier, malgré la crise sanitaire et économique, quand les autres sources d'énergie fossile déclinaient.
Ce gaz refroidi à -163 degrés, relativement bon marché, peut de plus être facilement acheminé par bateau au plus près des lieux de consommation.
Total, qui s'est hissé au deuxième rang mondial des compagnies privées (derrière Shell) dans ce domaine, n'a donc pas mis tous ses oeufs dans le même panier.
"Total a d'autres intérêts en Afrique, n'a dépensé qu'une petite partie des 20 milliards du projet et peut toujours s'en aller. Et même s'ils reviennent plus tard, ils demanderont un accord beaucoup plus favorable au Mozambique", souligne pour sa part Joseph Hanlon.
Si Total peut potentiellement se passer de ce gaz, le gouvernement du Mozambique a misé gros sur l'espoir de devenir l'un des plus gros exportateurs de GNL au monde. Un deuxième projet géant (Rovuma LNG) doit aussi être mené par l'américain ExxonMobil et l'italien Eni.
Selon le cabinet spécialisé WoodMackenzie, le projet Mozambique LNG doit à lui seul rapporter 3 milliards de dollars par an de revenus à l'Etat à partir du début des années 2030. Soit une manne extraordinaire pour ce pays dont le PIB est de quelque 15 milliards de dollars.
"Cette nouvelle guerre civile n'a pas été directement provoquée par la découverte de ces ressources gazières", observe au passage Michel Cahen, pour qui l'origine du conflit est à chercher dans une "dissidence salafiste locale", non dans une lutte pour le contrôle des ressources.
"Si Total est attaqué, c'est en tant qu'allié du gouvernement mozambicain", juge le spécialiste.
jmi/aue/abx
Le nouveau président du Niger évoque "l'échec relatif" de Barkhane #
Le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a qualifié lundi d'"échec relatif" la force antijihadiste française Barkhane au Sahel, estimant qu'un retrait partiel de celle-ci n'aurait pas de "grand effet" sur le terrain, à condition que l'appui aérien demeure.
"Nous aurions souhaité, dans le cadre de coopération avec l'armée française, avoir de meilleurs résultats que nous n'en avons. Cet échec relatif, c'est notre échec à tous, l'échec de l'ensemble de la coalition", a expliqué M. Bazoum dans une interview sur France 24/RFI.
"Un retrait partiel de la France, dans la mesure où elle maintiendrait le dispositif aérien, n'aura pas de grand effet sur le cours de la situation et sur le rapport de force", a-t-il ajouté.
La force Barkhane comprend des troupes déployées au sol mais aussi un important volet aérien, avec trois drones Reaper, 7 avions de chasse et 20 hélicoptères, selon les derniers chiffres de l'état-major français.
Forte de 5.100 hommes, elle intervient au Mali et chez ses voisins sahéliens, dont le Niger, contre les jihadistes.
En France, cet effort militaire de longue haleine au Sahel suscite des interrogations croissantes, notamment dans l'opinion, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013.
Mi-février, lors d'un sommet à N'Djamena avec les partenaires du G5 Sahel, le président Emmanuel Macron avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire "dans l'immédiat" les effectifs de Barkhane.
Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre.
Interrogé sur un possible retrait partiel de cette force, Mohamed Bazoum a assuré qu'il ne ressentirait "pas cela comme un abandon de la part des Français".
"Ce qui nous importe nous c'est une certaine présence des forces aériennes françaises qui, de mon point de vue, sera garantie quels que soient les effectifs français qui seront présents", a-t-il ajouté.
pid/fz/blb
Aide aux migrants: décision majeure de la Cour de cassation mercredi pour Cédric Herrou #
Dénouement judiciaire ou nouveau procès ? La Cour de cassation doit dire mercredi si elle confirme la relaxe de Cédric Herrou, une décision majeure pour l'agriculteur militant des Alpes-Maritimes devenu une figure de l'aide aux migrants en France.
La plus haute juridiction de l'ordre judiciaire doit trancher en début d'après-midi sur l'arrêt rendu par la cour d'appel de Lyon en 2020, ce qui pourrait signer le point final d'une longue procédure jalonnée de trois procès et d'une saisine du Conseil constitutionnel.
Cette décision est attendue par sa défense afin "qu'il soit ainsi reconnu de manière définitive que Cédric Herrou n'a fait qu'aider autrui et que, dans notre République, la fraternité ne peut être un délit", a déclaré son avocate Me Sabrina Goldman.
Le paysan de la vallée de la Roya est poursuivi pour avoir convoyé en 2016 environ 200 personnes sans-papiers, en majorité erythréennes et soudanaises, de la frontière italienne jusqu'à son domicile, puis avoir organisé avec des associations un camp d'accueil sur un ancien centre de vacances inoccupé de la SNCF.
Il a été condamné à une amende en première instance, puis à quatre mois de prison en appel en 2017: avec un autre militant, il a alors saisi le Conseil constitutionnel sur le "délit de solidarité" dont ils s'estimaient victimes.
Cette démarche a abouti à une décision historique en juillet 2018, les "Sages" ayant consacré "la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national".
Par la suite, le Parlement a dû modifier la loi en protégeant désormais des poursuites les personnes prodiguant une aide au "séjour" et à la "circulation" des migrants - mais non à leur "entrée" sur le territoire - si elle est apportée "sans contrepartie" et "dans un but exclusivement humanitaire".
Deux mois plus tard, la Cour de cassation a annulé la condamnation de Cédric Herrou et renvoyé l'affaire à Lyon, où il a été relaxé le 13 mai 2020.
Le parquet général de Lyon a alors formé un pourvoi en cassation - un recours dénoncé alors comme un "acharnement" par l'agriculteur et ses soutiens.
Dans sa décision, la cour lyonnaise a estimé qu'elle n'avait pas suffisamment d'éléments pour condamner Cédric Herrou, soulignant en particulier l'absence de "témoignage direct" et d'"audition" des sans-papiers concernés. Mais elle a aussi invoqué la nouvelle loi, constatant le "but exclusivement humanitaire" du militant aujourd'hui âgé de 41 ans.
Lors de l'audience le 3 mars au sein de la haute juridiction, l'avocat général, dont le rôle est de défendre la loi, a préconisé la cassation, une voie qui, si elle est suivie, peut mener à un quatrième procès.
Il a estimé que la cour d'appel de Lyon avait méconnu certaines dispositions du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) et qu'elle avait insuffisamment motivé sa décision.
Il a soutenu que la cour ne s'était pas "expliquée" sur des éléments montrant que M. Herrou avait soustrait "sciemment" les personnes qu'il transportait aux contrôles de police, ce qui est selon lui susceptible de "contredire un but purement humanitaire".
Si son comportement a eu pour "conséquence - et non pour but - de soustraire ces personnes aux contrôles", cela "ne saurait en toute occasion ôter le caractère exclusivement humanitaire de l'aide apportée", a répliqué dans ses écritures Patrice Spinosi.
L'avocat à la Cour de Cédric Herrou a surtout affirmé que le pourvoi devait être rejeté car il revenait à "remettre en cause" la "souveraineté" des juges de Lyon, alors que la Cour de cassation juge seulement la conformité aux règles de droit, et non le fond des décisions.
Dans le dossier d'un autre habitant de la Roya, la Cour a estimé en février 2020 que le caractère "militant" et organisé de l'aide fournie n'excluait pas d'être exempté de poursuites.
L'universitaire niçois Pierre-Alain Mannoni, qui a saisi le Conseil constitutionnel au côté de Cédric Herrou, a lui aussi été relaxé par la cour d'appel de Lyon en octobre 2020. Il était poursuivi pour avoir transporté en 2016 trois Érythréennes venues d'Italie.
Là aussi, le parquet général a formé un pourvoi en cassation.
alv-clr/tib/ide
Le procès du bombardement de Bouaké s'ouvre "avec beaucoup de questions" #
Le procès du bombardement qui a tué neuf soldats français en 2004 à Bouaké (Côte d'Ivoire) s'est ouvert lundi à Paris, en l'absence des trois accusés biélorusse et ivoiriens mais avec des familles de victimes qui espèrent avoir "enfin des réponses" dans cette affaire toujours obscure.
Les audiences doivent se succéder pendant trois semaines, jusqu'au 16 avril. Une quarantaine de parties civiles, familles des soldats tués ou blessés notamment, mais aussi de nombreux militaires et d'anciens ministres français sont attendus, ou au moins convoqués, à la barre.
"Qui a ordonné ce bombardement ? Nous voulons enfin connaître la vérité. Le silence des autorités françaises dans ce dossier est dramatique", ont déclaré à l'AFP avant l'ouverture des débats les enfants de Philippe Capdeville, une des victimes.
"Depuis quinze ans, il y a énormément de questions dans ce dossier, et des réponses qu'on n'a jamais voulu donner", a déploré de son côté Me Jean Balan, avocat d'une trentaine de parties civiles.
Le 6 novembre vers 13h20, deux chasseurs de l'armée loyaliste ivoirienne, qui tentait de reprendre le contrôle du nord du pays aux rebelles, ont bombardé à Bouaké un camp militaire des forces françaises, chargées de faire tampon entre les deux camps ivoiriens pour éviter une guerre civile.
Cette attaque surprise tue 9 soldats français et un civil américain et fait une quarantaine de blessés. En représailles, Paris détruit le jour même l'ensemble de l'aviation militaire ivoirienne, enflammant les relations avec son ancienne colonie, historiquement très proche.
Trois hommes soupçonnés d'être les pilotes des chasseurs ivoiriens sont poursuivis pour assassinat: le Biélorusse Yury Sushkin et les Ivoiriens Ange Magloire Gnanduillet Attualy et Patrice Ouei. Ils encourent la réclusion à perpétuité mais seront jugés en absence, car ils ont fui et n'ont jamais été arrêtés.
L'enquête n'est pas parvenue à répondre aux questions qui hantent les familles de victimes depuis quinze ans: qui a donné l'ordre de bombarder les Français et pourquoi ?
Les enquêteurs ont examiné le rôle de trois ministres de l'époque, Michèle Alliot-Marie (Défense), Dominique de Villepin (Intérieur) et Michel Barnier (Affaires étrangères), cités à comparaître comme témoins.
Les ministres et l'état-major français ont toujours privilégié l'hypothèse d'une "bavure" ivoirienne.
Côté parties civiles, le sentiment d'un fiasco judiciaire nourrit l'amertume, voire la colère. Et parfois le soupçon d'une "manipulation" ou d'une "barbouzerie" française destinée à déclencher une réaction de Paris et à provoquer la chute du président ivoirien de l'époque, Laurent Gbagbo.
emd/pa/rhl
Coups de feu dénoncés par des migrants: démenti des autorités françaises #
La préfecture des Hautes-Alpes a assuré dimanche qu'aucun tir n'avait été effectué jeudi à la frontière avec l'Italie, après des accusations de migrants rapportées la veille par la presse italienne.
Des migrants afghans ont accusé samedi des gendarmes français de les avoir refoulés vers l'Italie en tirant des coups de feu pour les effrayer, des allégations examinées par un magistrat italien mais déjà démenties par la gendarmerie.
"Informée hier de cette rumeur, la préfète des Hautes-Alpes a demandé à l'ensemble des services habilités à faire usage d'armes (forces de l'ordre, armée, fédération de chasse) si des tirs ou d'autre activités susceptibles de produire des détonations avaient eu lieu entre jeudi après-midi et vendredi matin", indiquent les autorités françaises dans un communiqué.
"Ces vérifications permettent de conclure qu'aucun tir n'a été effectué durant cette période, pas même au titre d'un exercice ou entraînement des forces armées, ni d'une battue administrative", ajoutent-elles.
Le parquet spécialisé dans la protection des mineurs à Turin a été saisi après l'hospitalisation d'une jeune Afghane de 11 ans en état de choc, selon l'agence de presse italienne Ansa.
Sa mère a affirmé aux enquêteurs que son mari, sa fille et elle-même avaient quitté jeudi un hébergement provisoire dans lequel ils avaient été recueillis après l'évacuation en début de semaine d'un squat à Oulx, commune italienne limitrophe des Hautes-Alpes.
"Nous étions sur un sentier quand des policiers français sont arrivés. Ils se sont approchés et ont crié de nous arrêter. Et j'ai entendu des coups de feu", a raconté la mère de la fillette aux bénévoles de la Croix-Rouge qui l'ont transportée à l'hôpital de Turin, selon Ansa.
"La fillette, dont l'identité a été établie, faisait en effet partie d'un groupe de quatorze migrants dont huit enfants interpellés jeudi soir dans le cadre de la mission de contrôle de la frontière franco-italienne", déclare dimanche la préfecture des Hautes-Alpes.
"Alors qu'ils tentaient de franchir la frontière de façon irrégulière, ils ont été interpellés et entendus selon les procédures habituelles, avant d'être remis aux autorités italiennes conformément au code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile", ajoute-t-elle.
Selon la préfecture, les autorités de police italiennes ont indiqué avoir entendu les membres du groupe de migrants concernés "qui ont déclaré n'avoir entendu aucune détonation".
Samedi, la gendarmerie nationale a déjà démenti tout coup de feu, tandis qu'en Italie, le leader de la Lega (extrême droite) Matteo Salvini polémiquait sur l'affaire en reprochant à la France de refouler des migrants vers l'Italie.
ppy/fga/dch
Hommage au commandant Massoud sur les Champs-Elysées #
Près de 20 ans après l'assassinat du commandant Massoud, "figure éternelle de la résistance" en Afghanistan, une allée parisienne a été baptisée à son nom samedi par la maire de Paris Anne Hidalgo, en présence de son fils Ahmad Massoud.
Mme Hidalgo a évoqué lors de l'inauguration d'une allée des jardins des Champs-Elysées "le commandant Massoud, cette figure éternelle de la résistance, ce combattant de la liberté dont le visage, dont le combat, dont les paroles nous inspirent encore aujourd'hui en Afghanistan mais aussi ici à Paris".
"En faisant une place pour le commandant Massoud à Paris, dans nos rues, nous célébrons un combat profondément universel (...) pour la liberté et aussi pour le droit des femmes", a assuré la maire en rappelant le "lien exceptionnel qui a toujours existé entre le commandant Massoud et notre pays".
Ahmad Shah Massoud "aurait aimé que nous célébrions son nom au moment même où nous commémorons la Commune de Paris", a pour sa part déclaré le philosophe Bernard-Henri Lévy.
Cet hommage intervient 20 ans presque jour pour jour après sa première visite à Paris.
"Il y a exactement 20 ans, le défunt commandant Massoud a atterri en France à l'invitation du Parlement européen, et c'est d'ici qu'il a lancé sa campagne contre le terrorisme international et l'extrémisme", a rappelé son fils.
"Je voudrais réaffirmer notre engagement, celui de la France, à veiller à ce que les droits démocratiques et les libertés publiques acquis ces 20 dernières années soient préservés alors que l'Afghanistan se trouve actuellement à un moment critique", a déclaré le secrétaire d'Etat français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, en rappelant "que la France a payé le prix du sang dans ce combat de liberté aux côtés du peuple afghan, elle a perdu 90 hommes".
Ahmad Shah Massoud a mené en Afghanistan la résistance contre l'occupant soviétique dans les années 1980, puis contre les talibans à l'époque où ceux-ci dirigeaient l'Afghanistan, de 1996 à 2001.
Il a été tué par Al-Qaïda deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001, qui ont amené Washington à lancer une vaste opération militaire en Afghanistan, chassant les talibans du pouvoir.
etr/jk/caz/lb
Hommage au commandant Massoud sur les Champs-Elysées #
Près de 20 ans après l'assassinat du commandant Massoud, "figure éternelle de la résistance" en Afghanistan, une allée parisienne a été baptisée à son nom samedi par la maire de Paris Anne Hidalgo, en présence de son fils Ahmad Massoud.
Mme Hidalgo a évoqué lors de l'inauguration d'une allée des jardins des Champs-Elysées "le commandant Massoud, cette figure éternelle de la résistance, ce combattant de la liberté dont le visage, dont le combat, dont les paroles nous inspirent encore aujourd'hui en Afghanistan mais aussi ici à Paris".
"En faisant une place pour le commandant Massoud à Paris, dans nos rues, nous célébrons un combat profondément universel (...) pour la liberté et aussi pour le droit des femmes", a assuré la maire PS en rappelant le "lien exceptionnel qui a toujours existé entre le commandant Massoud et notre pays".
Ahmad Shah Massoud "aurait aimé que nous célébrions son nom au moment même où nous commémorons la Commune de Paris", a pour sa part déclaré le philosophe Bernard-Henri Lévy.
Cet hommage, voté au Conseil de Paris le 9 mars 2020, intervient 20 ans presque jour pour jour après sa première visite à Paris.
"Il y a exactement 20 ans, le défunt commandant Massoud a atterri en France à l'invitation du Parlement européen, et c'est d'ici qu'il a lancé sa campagne contre le terrorisme international et l'extrémisme", a rappelé son fils.
"Je voudrais réaffirmer notre engagement, celui de la France, à veiller à ce que les droits démocratiques et les libertés publiques acquis ces 20 dernières années soient préservés alors que l'Afghanistan se trouve actuellement à un moment critique", a déclaré le secrétaire d'Etat français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, en rappelant "que la France a payé le prix du sang dans ce combat de liberté aux côtés du peuple afghan, elle a perdu 90 hommes".
Ahmad Shah Massoud a mené en Afghanistan la résistance contre l'occupant soviétique dans les années 1980, puis contre les talibans à l'époque où ceux-ci dirigeaient l'Afghanistan, de 1996 à 2001.
Il a été tué par Al-Qaïda deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001, qui ont amené Washington à lancer une vaste opération militaire en Afghanistan, chassant les talibans du pouvoir.
etr/jk/caz
6 novembre 2004: la France devient brutalement actrice de la crise ivoirienne #
Le 6 novembre 2004, la France, venue s'interposer deux ans auparavant entre les belligérants ivoiriens, s'est retrouvée brutalement actrice d'une crise qu'elle tentait de résoudre.
Un ex-mercenaire bélarusse et deux officiers ivoiriens, accusés d'avoir tué à l'époque neuf militaires français, seront jugés à Paris aux assises à partir de lundi.
En quelques heures, la crise ivoirienne opposant le pouvoir aux rebelles des Forces nouvelles (FN) qui avaient pris les armes en septembre 2002, se transforme dans les discours des plus durs du camp du président Laurent Gbagbo en "guerre coloniale de la France contre la Côte d'Ivoire".
Depuis le 4 novembre, l'aviation ivoirienne bombarde des positions rebelles, sans que ni les Casques bleus de l'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) chargés de veiller au cessez-le-feu, ni la France, qui a déployé près de 4.000 soldats au sein de l'Opération Licorne pour les appuyer, ne réagissent.
Jusqu'à ce que le 6, un cantonnement de Licorne à Bouaké (centre), fief des FN, soit bombardé, de façon délibérée selon Paris, tuant neuf soldats français et un humanitaire américain.
La riposte française est instantanée: la quasi-totalité de la flotte aérienne militaire ivoirienne, bombardiers Sukhoï et hélicoptères d'attaque Mi-24, est mise hors d'usage et l'armée française prend le contrôle de l'aéroport d'Abidjan après des combats qui font plusieurs tués dans les rangs de l'armée ivoirienne.
Pendant ce temps, les troupes françaises positionnées à l'intérieur du pays et rappelées sur Abidjan utilisent la force pour se frayer un chemin souvent bloqué par des militaires ivoiriens, auxquels se mêlent des civils.
A la télévision nationale, le chef des "Jeunes patriotes" Charles Blé Goudé appelle les Ivoiriens à aller à l'aéroport s'opposer à l'armée française. Dans les rues d'Abidjan, pillages et "chasse aux Blancs" commencent.
Les troubles durent plusieurs jours.
Entre les 6 et 9 novembre, 57 civils sont tués et plus de 2.000 blessés par l'armée française, selon les autorités ivoiriennes.
Les images de soldats français ouvrant le feu sur des manifestants devant l'hôtel Ivoire le 9 novembre, passées en boucle à la télévision, renvoient aux épisodes coloniaux les plus sombres.
Y font contrepoint celles de milliers d'Européens, réfugiés au 43e Bataillon d'Infanterie de Marine français d'Abidjan, dépouillés de leurs biens et traumatisés par de nombreuses exactions, qui quittent le pays à la hâte.
bur/ang/mw/stb/hba
Bombardement de Bouaké: trois pilotes jugés par défaut et une énigme intacte #
Neuf soldats français tués, un ancien mercenaire biélorusse et deux officiers ivoiriens jugés par défaut et beaucoup de zones d'ombre: le procès du bombardement de Bouaké en 2004, à l'origine d'une crise inédite entre la France et la Côte d'Ivoire, s'ouvre lundi à Paris.
Début novembre 2004, le président ivoirien Laurent Gbagbo passe à l'offensive pour tenter de réunifier son pays, coupé en deux depuis deux ans et une tentative de coup d'Etat rebelle. Ses avions pilonnent les positions rebelles vers le Nord, sous l'oeil inquiet des forces de paix françaises déployées depuis 2002 entre les deux camps pour éviter une guerre civile.
Le 6 novembre vers 13H20, deux chasseurs ivoiriens survolent à basse altitude un camp français à Bouaké (Centre). Tout à coup, l'un d'eux plonge et tire des roquettes. Au sol, c'est la panique, puis l'horreur et la sidération: on déplore neuf soldats français et un civil américain tué, ainsi qu'une quarantaine de blessés.
En représailles, Paris détruit le jour même l'ensemble de l'aviation militaire ivoirienne, ruinant son offensive en cours. Les relations entre Paris et son ancienne colonie, historiquement très proches, s'enflamment.
Dans les jours qui suivent, de violentes manifestations anti-françaises secouent le sud du pays. Du jour au lendemain, des milliers d'expatriés regagnent la France en catastrophe, encadrée par les troupes tricolores.
Le 10 novembre, dans la cour des Invalides à Paris, le président Jacques Chirac rend un hommage solennel aux soldats tués à Bouaké. "Nous ne vous oublierons pas", promet-il. Mais quinze ans après, leurs meurtriers courent toujours.
Après avoir bombardé le camp français, les deux Sukhoï-25 ivoiriens se posent à l'aéroport proche de Yamoussoukro. Sur le tarmac, leurs équipages - des pilotes mercenaires biélorusses employés par l'armée ivoirienne et leurs copilotes ivoiriens - sont photographiés et filmés par les services de renseignements français.
Trois hommes sont, sur la foi de nombreux témoignages, accusés par la justice française d'avoir perpétré ou encadré le bombardement: le Biélorusse Yury Sushkin et les Ivoiriens Ange Magloire Gnanduillet Attualy et Patrice Ouei.
Jugés pour assassinats, ils sont les seuls accusés du procès qui s'ouvre lundi pour trois semaines devant la cour d'assises de Paris, où ils encourent la réclusion à perpétuité. En absence, car ils ont fui et n'ont jamais été arrêtés ou presque...
Le 16 novembre 2004, huit Biélorusses venus de Côte d'Ivoire, dont Yury Sushkin, sont arrêtés au Togo, qui les met à disposition des autorités françaises. Mais celles-ci, curieusement, lui répondent de les relâcher.
Au lendemain de l'attaque déjà, quinze mercenaires russes, biélorusses et ukrainiens avaient été arrêtés par des militaires français à Abidjan. Mais le groupe, où pouvaient figurer des suspects potentiels, avait été libéré quatre jours plus tard.
Selon l'instruction, ambassades, militaires et agents de renseignement français avaient tous reçu pour consigne de "ne pas se mêler" de cette affaire. Certains ont expliqué que la priorité du moment était de protéger les Français de Côte d'Ivoire.
Les enquêteurs ont également examiné le rôle de trois ministres de l'époque, Michèle Alliot-Marie (Défense), Dominique de Villepin (Intérieur) et Michel Barnier (Affaires étrangères). Mais la justice a refusé de saisir la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les ministres. Ils sont néanmoins cités à comparaître au procès, comme témoins.
L'enquête s'est donc cantonnée aux exécutants présumés, biélorusse et ivoiriens. Sans parvenir à répondre aux questions qui hantent les familles de victimes depuis quinze ans: qui a donné l'ordre de bombarder les Français et pourquoi ?
Les ministres et l'état-major français ont toujours privilégié l'hypothèse d'une "bavure" ivoirienne organisée par Laurent Gbagbo ou son entourage pour faire oublier leur offensive militaire qui patinait, ou pour rompre définitivement avec la France.
Côté parties civiles, le sentiment d'un fiasco judiciaire nourrit l'amertume, voire la colère. Et parfois le soupçon, au fil des tergiversations et des déclarations contradictoires des responsables français.
Une partie des proches des victimes et le clan Gbagbo soupçonnent une "manipulation française" qui aurait mal tourné, un plan organisé pour déclencher une réaction française et renverser le président ivoirien, jugé pas assez docile, et le remplacer par son rival Alassane Ouattara.
Ce dernier succédera à M. Gbagbo, chassé du pouvoir en 2011 avec le soutien militaire de Paris après une élection présidentielle contestée.
Me Jean Balan, avocat de plusieurs familles de victimes, dénonce un agenda caché des anciens ministres français, qui le nient en bloc. "C'est la seule explication logique à leur acharnement à étouffer l'affaire et cacher la vérité", affirme-t-il.
emd/pa/sst
Cigéo: quatre communes s'opposent à la déclaration d'utilité publique #
Quatre communes situées dans le périmètre du projet d'enfouissement en profondeur de déchets radioactifs, baptisé Cigéo, ont émis des avis défavorables à la demande de déclaration d'utilité publique (DUP) formulée par l'Andra, a-t-on appris vendredi auprès de la préfecture de la Meuse.
Au total, 14 collectivités locales étaient sollicitées: les 11 communes concernées par le périmètre du projet, ainsi que les deux Conseils départementaux de Meuse et de Haute Marne, et le Conseil régional Grand Est. Dix établissements publics (deux communautés de communes, cinq syndicats des eaux, deux syndicats mixtes et un pôle d'équilibre territorial et rural) ont également été invités à se prononcer.
Les communes de Bure, Horville-en-Ornois, Mandres-en-Barrois et Ribeaucourt ont émis des avis défavorables, à chaque fois assortis d'argumentaires détaillés.
A Bure, où se trouve actuellement le laboratoire qui étudie la faisabilité du projet Cigéo, le conseil municipal estime entre autres que le dossier "minimise les risques encourus par le rejet des eaux de Cigéo", ou que le porteur de projet "s'approprie les routes, les chemins, sans concertation ni avis".
La mairie de Mandres-en-Barrois déplore elle, notamment, que le projet "prévoit le défrichement immédiat de plusieurs dizaines d'hectares au bois Lejuc, poumon vert de la commune et des habitants".
Deux autres communes (Bonnet et Houdelaincourt) n'ont pas rendu d'avis: Houdelaincourt a pointé le "délai irréaliste alloué pour rendre un avis motivé et exhaustif sur le dossier", long de plus de 4.000 pages, parfois très technique.
De son côté, la mairie de Bonnet a estimé que ce n'était "pas aux conseillers municipaux de prendre une délibération" sur ce dossier, et a fait remarquer que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a d'ores et déjà affirmé, au cours d'un comité de haut-niveau le 16 mars, que "Cigéo irait à son terme".
Cinq communes (Gondrecourt-le-Chateau, Saint-Joire, Cirfontaines-en-Ornois, Gillaumé et Saudron) ont voté un avis favorable, systématiquement assorti de réserves ou de conditions.
La commune de Gondrecourt-le-Chateau a ainsi réclamé que "toutes les mesures soient prises afin d'assurer la sécurité des populations concernées par le transport de déchets radioactifs jusqu'aux installation" de Cigéo, et qu'une "surveillance de la santé des populations" soit mise en place "dès la phase pilote".
Aux conseils départementaux de Meuse et Haute Marne, des avis favorables ont été adoptés, malgré l'opposition d'élus meusiens, principalement socialistes ou communistes, mais aussi d'élus issus de la droite. Ceux-ci ont exprimé des craintes notamment sur la "sûreté des installations et la sécurité des populations".
"Aujourd'hui, on passe au vote sans réponse concrète sur des questions importantes, c'est gênant", a déploré l'élu communiste meusien Jean Picart au cours des débats.
A la région, l'alliance majoritaire LR-UDI-Modem a voté un avis favorable, auquel se sont opposés les socialistes, tandis que les élus d'extrême droite se sont abstenus.
Les avis des établissements publics sollicités n'ont, eux, pas encore tous été rendus.
"C'est normal qu'il y ait des avis négatifs pour nous à ce stade, c'est un projet très important qui arrive sur ce territoire", a commenté auprès de l'AFP David Mazoyer, directeur du centre de l'Andra en Meuse/Haute-Marne. "Je pense qu'on se serait interrogé si les collectivités n'avaient posé aucune réserve, je pense que c'est plutôt sain". Il a remarqué qu'une "majorité d'avis positifs" avaient été exprimés.
Ces avis, à caractère consultatif, consultables sur le site internet de la Préfecture de la Meuse pour la plupart, constituent la première expression formelle de la position de l'ensemble des collectivités locales concernées vis à vis du projet Cigéo.
Ils seront pris en compte par la préfecture de la Meuse et les services du ministère de la Transition écologique, qui co-instruisent la demande de DUP déposée par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui pilote le projet.
L'attribution de la DUP constitue, selon l'Andra, un "préalable à d'autres demandes d'autorisation", et doit lui permettre d'obtenir les terrains souhaités par expropriation, si les négociations amiables n'aboutissent pas.
apz/bdx/dlm
Cigéo: quatre communes s'opposent à la déclaration d'utilité publique #
Quatre communes situées dans le périmètre du projet d'enfouissement en profondeur de déchets radioactifs, baptisé Cigéo, ont émis des avis défavorables à la demande de déclaration d'utilité publique (DUP) formulée par l'Andra, a-t-on appris vendredi auprès de la préfecture de la Meuse.
Au total, 14 collectivités locales étaient sollicitées: les 11 communes concernées par le périmètre du projet, ainsi que les deux Conseils départementaux de Meuse et de Haute Marne, et le Conseil régional Grand Est. Dix établissements publics (deux communautés de communes, cinq syndicats des eaux, deux syndicats mixtes et un pôle d'équilibre territorial et rural) ont également été invités à se prononcer.
Quatre communes (Bure, Horville en Ornois, Mandres en Barrois et Ribeaucourt) ont émis un avis défavorable. A Bure, où se trouve actuellement le laboratoire qui étudie la faisabilité du projet, le conseil municipal estime que le dossier "minimise les risques encourus par le rejet des eaux de Cigéo", ou que le porteur de projet "s'approprie les routes, les chemins, sans concertation ni avis".
La mairie de Mandres-en-Barrois déplore, elle, que le projet "prévoit le défrichement immédiat de plusieurs dizaines d'hectares au bois Lejuc, poumon vert de la commune et des habitants".
Deux autres communes (Bonnet et Houdelaincourt) n'ont pas rendu d'avis: Houdelaincourt a pointé le "délai irréaliste alloué pour rendre un avis motivé et exhaustif sur le dossier", long de 4.000 pages.
De son côté, la mairie de Bonnet a estimé que ce n'était "pas aux conseillers municipaux de prendre une délibération" sur ce dossier, et a fait remarquer que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a déjà affirmé mi-mars que "Cigéo irait à son terme".
Cinq communes (Gondrecourt le Chateau, Saint Joire, Cirfontaines en Ornois, Gillaumé et Saudron) ont voté un avis favorable, systématiquement assorti de réserves ou de conditions.
Aux conseils départementaux de Meuse et Haute Marne, des avis favorables ont été adoptés, malgré l'opposition d'élus socialistes ou communistes, mais aussi d'élus issus de la droite.
A la région, l'alliance majoritaire LR-UDI-Modem a voté l'avis favorable, auquel se sont opposés les socialistes, tandis que les élus d'extrême droite se sont abstenus.
Ces avis seront pris en compte par la préfecture de la Meuse et les services du ministère de la Transition écologique, qui co-instruisent la demande de DUP déposée par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui pilote le projet.
apz/bdx/pb
Rwanda: Glucksmann dénonce le "pire scandale de la Ve République" #
Le député européen Raphaël Glucksmann a estimé que la responsabilité de l'Etat français et de François Mitterrand dans le génocide commis au Rwanda en 1994, telle qu'établie par le rapport remis à Emmanuel Macron vendredi, constituait le "pire scandale de la Ve République".
Raphaël Glucksmann avait été pris dans une controverse avec d'anciens ministres socialistes lors des élections européennes de 2019, pour des propos sur l'attitude de François Mitterrand avant et après ce massacre de 800.000 Tutsi par les Hutu.
"Petit à petit, la vérité va s'imposer et c'est un moment important pour la France: une nation se grandit à éclairer les zones les plus sombres de son histoire", a-t-il réagi auprès de l'AFP après la remise du rapport.
Selon le député européen, celui-ci démontre "la responsabilité accablante de l'Etat français et en particulier de François Mitterrand qui a orchestré, dirigé le soutien politique, financier et militaire à un régime extrémiste, raciste qui allait commettre un génocide".
C'est donc pour M. Glucksmann "le pire scandale de la Ve république".
"On a tellement lié notre destin à ce régime rwandais que tous les signaux, y compris des renseignements extérieurs, ont été ignorés, et l'existence une fois établie du génocide n'a pas été une priorité pour la France", a-t-il ajouté.
Bernard Kouchner, ancien ministre de l'Action humanitaire (1992-1993) sous la présidence de François Mitterrand, a quant à lui déclaré à l'AFP: "Je n'ai pas encore lu le rapport mais aveuglement est un bon mot. Ils (le pouvoir français) avaient tous les moyens de se renseigner sur ce qu'il se passait. Ils ne l'ont pas fait".
"Responsabilité accablante", rôle central de François Mitterrand, lanceurs d'alerte peu écoutés et militaires sur le terrain désemparés: le rapport de plus de 1.000 pages de la commission d'historiens, remis à Emmanuel Macron, dresse un tableau précis et documenté sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994.
bap-adc/ib/vk
Rapport sur le génocide: Macron salue "une avancée considérable" pour comprendre l'engagement de la France au Rwanda #
Le rapport sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda "marque une avancée considérable dans la compréhension et la qualification de l'engagement" de la France dans ce pays, a estimé vendredi Emmanuel Macron après avoir reçu ses auteurs.
Le chef de l'Etat "encourage" par ailleurs "la poursuite du travail de connaissance et de mémoire sur le génocide des Tutsi", avec l'ouverture "dans les jours qui viennent" des "deux principaux fonds d'archives" sur ce dossier, selon l'Elysée.
jri/fz/sba
La France a été "incapable" de concevoir le génocide rwandais (Duclert) #
Le "tort majeur" de la France au Rwanda a été son incapacité à "penser" le génocide en 1994, mais rien ne démontre qu'elle s'en est rendue "complice" selon Vincent Duclert, président d'une Commission d'historiens qui a remis vendredi son rapport à Emmanuel Macron.
Q - Votre rapport pointe la "faillite" et les "responsabilités accablantes" de la France dans la tragédie rwandaise, pour autant, vous écartez la notion de "complicité" de génocide.
R - On est des historiens, pas des juges. Mais on a assumé cette question de la "complicité", parce que c'est celle que tout le monde se pose.
Premièrement, la France, et c'est probablement un de ses torts majeurs, n'a pas été capable de penser le génocide ni même sa préparation. Ca pose un problème, car la France est signataire de la Convention pour la prévention des génocides de 1948. Il existe donc des outils pour penser un génocide.
Ces outils auraient pu permettre de comprendre que ce n'étaient pas des massacres interethniques, ce n'étaient pas des Hutu qui massacrent des Tutsi et après des Tutsi qui massacrent des Hutu. Non, il y avait une programmation, une volonté de détruire les Tutsi du Rwanda et aussi ceux qui les soutenaient parmi les Hutu démocrates.
Les autorités françaises ont été incapables de penser ça. Incapables.
Alain Juppé (le chef de la diplomatie de droite de l'époque, ndlr), a voulu reconnaître le génocide, mais très vite, on en revient à cette grille de "massacres interethniques", qui est une catastrophe pour l'Afrique.
Peut-on être complice d'un crime qu'on n'a pas pensé ?
En tous cas il y a une faillite intellectuelle des élites françaises.
Deuxièmement, la complicité de génocide c'est de s'associer intentionnellement à l'entreprise génocidaire. Et nous, ce qu'on constate, c'est que dans toutes les archives, il n'y aucun document qui montre que la France voulait s'associer à cette entreprise génocidaire.
La France a été aveugle, a refusé toutes les alertes, mais si on doit considérer qu'il y a complicité, au fond toute la communauté internationale sera complice de ce génocide.
Q- Votre rapport est très sévère pour le président socialiste François Mitterrand et son entourage.
R- Les autorités françaises ont mené une politique totalement déconnectée de la réalité.
C'est une politique qui a été voulue par François Mitterrand. D'abord il avait des liens très étroits avec le président Habyarimana, qui en jouait énormément pour obtenir tout de la France sans rien concéder. Par exemple, il y a des cartes d'identité ethniques qui ont servi lors du génocide à éliminer les Tutsi, la France aurait pu faire pression, refuser de donner des moyens militaires tant qu'Habyarimana n'aurait pas modifié les cartes d'identité.
Mitterrand voulait réussir une politique qui réaliserait ses ambitions du sommet franco-africain de la Baule, qui étaient du reste assez nobles: forcer la démocratisation des pays du champ francophone.
Pour que cette politique française réussisse, il a tout concédé à la dictature d'Habyarimana et a imposé grâce à son état-major particulier et à ses diplomates inféodés une politique qui allait vers la catastrophe.
R - Quels sont les enjeux de ce rapport ?
Q - Il y a derrière tout cela une nouvelle relation avec l'Afrique, une nouvelle relation avec le Rwanda, et c'est absolument essentiel.
Depuis 30 ans c'est un sujet étouffant, plein de violences, de mensonges, plein d'injustice aussi à l'égard des Rwandais.
On a fait un travail méthodique d'historiens. C'est aux Français et au président de la République de s'exprimer désormais.
Ce que je souhaite c'est que ce rapport débouche sur une réconciliation franco-rwandaise sans concession. Les Rwandais, légitimement, attendent quelque chose de la France. Si le président rwandais Paul Kagame accepte le rapport et considère que la France a fait le chemin qu'elle doit faire, pour le coup, c'est l'Afrique qui donnerait une leçon de grandeur à l'Europe et à la France.
cf/fz/pid/thm
Génocide des Tutsi au Rwanda: les principaux points du rapport qui accable la France #
"Responsabilité accablante", rôle central de François Mitterrand, lanceurs d'alerte peu écoutés et militaires sur le terrain désemparés: le rapport d'une commission d'historiens dresse un tableau précis et documenté sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994.
Voici les principaux points de ce rapport de plus de 1.000 pages qui compile un travail de plus de deux ans à partir de l'ensemble des archives existantes, dont certaines n'avaient jamais été consultées.
C'est la conclusion choc du rapport: les autorités françaises portent "des responsabilités lourdes et accablantes" dans la dérive ayant abouti au génocide des Tutsi en 1994.
Les responsabilités sont avant tout "politiques", avec un "aveuglement" face au "régime raciste, corrompu et violent" du président hutu Juvénal Habyarimana et ce malgré des "alertes".
"En France à l'inquiétude de ministres, de parlementaires, de haut fonctionnaires, d'intellectuels, il n'est répondu que par l'indifférence, le rejet ou la mauvaise foi", assène le rapport.
Les responsabilités sont également "intellectuelles", avec selon le texte une "obstination" à défendre une lecture ethnique du conflit rwandais dans les années précédant le génocide.
Est pointée l'incapacité des décideurs à penser le génocide et à le distinguer des massacres de masse, notamment.
L'action de la France au Rwanda à cette époque est ainsi présentée comme une "faillite".
Selon le rapport, "rien ne vient démontrer" toutefois qu'elle s'est rendue "complice" du génocide qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU.
"Si l'on entend par là une volonté de s'associer à l'entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer".
Le rapport accable tout particulièrement le président français de l'époque François Mitterrand, décédé en 1996 et son soutien total et durable au président Habyarimana.
"Jamais dans les archives consultées par la Commission, un document n'atteste que le président rwandais ait été désavoué par son homologue français", peut-on lire.
"L'alignement sur le pouvoir rwandais procède d'une volonté du chef de l'État", pointe l'une des conclusions du document.
Entre 1990 et 1994, il est notamment rappelé le soutien militaire sans faille prodigué par la France au Rwanda, y compris via des opérations de formation de l'armée et ce malgré les diverses alertes lancées sur la radicalisation d'une partie du régime hutu.
François Mitterrand n'a cependant pas décidé seul: sa politique sur ce sujet a été largement influencée par un petit cercle de proches, notamment son chef d'état-major particulier Christian Quesnot.
Christian Quesnot ainsi que le conseiller Afrique de l'Elysée Bruno Delaye vont abreuver le président de la République de notes mettant en garde contre le danger du FPR.
Le Front Patriotique Rwandais, parti politique créé par des Tutsi en exil en Ouganda, va mener plusieurs attaques au Rwanda entre 1990 et 1994.
Dès 1990, ces attaques sont qualifiées d'"offensive ougando-tutsi" par une partie des autorités françaises et notamment M. Quesnot.
"Une lecture ethniciste du Rwanda", selon le rapport qui dénonce une "conception qui perdure et alimente une pensée où, les Hutu étant majoritaires, la possibilité d'une victoire du FPR est toujours assimilée à la prise de contrôle anti-démocratique par une minorité ethnique".
C'est cette lecture, prédominante à l'Elysée, qui poussera la France à soutenir le régime hutu, notamment en formant certains militaires du régime avant 1994.
La France ne parlait toutefois pas d'une seule voix sur la question du Rwanda, rappelle le rapport, y compris au sein du gouvernement.
Pierre Joxe, ministre de la Défense entre 1991 et 1993, a ainsi plusieurs fois souhaité réévaluer l'appui militaire au Rwanda, mais il n'aura que rarement gain de cause auprès du Président.
La Direction générale des services extérieurs (DGSE) avait également alerté, en 1993 notamment, sur la responsabilité du président Habyarimana dans les massacres de Tutsi, mettant en doute sa "bonne foi".
Et dès octobre 1990, soit plus de trois ans avant le génocide, l'attaché de défense français à Kigali, le colonel René Galinié, avait mis en garde Paris sur la possibilité d'une élimination physique de centaines de milliers de Tutsi.
Le document ne se contente pas d'épingler des fautes idéologiques de la France, il met également des "dérives institutionnelles" et des "pratiques irrégulières", en particulier du côté de l'Etat-major particulier de la présidence, dirigé par Chistian Quesnot.
"La Commission a démontré l'existence de pratiques irrégulières d'administration, de chaînes parallèles de communication et même de commandement, de contournement des règles d'engagement et des procédures légales, d'actes d'intimidation et d'entreprises d'éviction de responsables ou d'agents", dénonce le rapport.
Parmi les exemples, est notamment cité un fax d'octobre 1990 envoyé par l'adjoint de M. Quesnot, le colonel Jean-Pierre Huchon, où il demande quasi explicitement à l'attaché de défense à Kigali de contribuer à l'entreprise de propagande contre le FPR.
Des écrits qui "pourraient s'apparenter à des pratiques d'officine" pour les rapporteurs.
Déployée sous mandat de l'ONU le 22 juin 1994, plus de deux mois après le début du génocide, la force Turquoise avait officiellement une mission humanitaire.
Dans la pratique, l'objectif était de mettre fin aux massacres.
"Les troupes déployées ne sont pas préparées aux terribles réalités qu'elles rencontrent au Rwanda et ont pu en subir de profonds traumatismes", note le rapport qui rappelle les "nombreuses incertitudes" qui entourent le déploiement des militaires, notamment sur le périmètre de leur mission.
Une autre question est posée dans le rapport sur Turquoise: la France a t-elle mis fin au génocide par cette opération comme cela a été affirmé à l'époque au niveau politique?
"Certes, le nombre de Tutsi encore menacés fin juin, extraits de situations dangereuses et sauvés, se compte en milliers, mais la France, longtemps aveugle devant la réalité du génocide, est intervenue trop tard pour des centaines de milliers d'autres", ajoute le texte.
Les rapporteurs pointent par ailleurs que l'action humanitaire de l'opération a bénéficié à "des populations très majoritairement hutu et qui comptent parmi elles, non seulement des tueurs, mais aussi des commanditaires du génocide".
14 juillet 1994: le général Lafourcade, chef de l'opération Turquoise, informe l'Etat-major de la présence de cinq membres du gouvernement intérimaire hutu, à l'origine du génocide, dont son président dans la Zone humanitaire sûre, au sud-ouest du Rwanda.
Il déclare "attendre les ordres". Six jours plus tard, une note de la DGSE donne même la localisation précise de certains d'entre eux.
"Les responsables du génocide ne seront néanmoins pas appréhendés par les forces françaises", notent les rapporteurs.
Alors les militaires français ont-ils laissé volontairement filer des génocidaires?
"Les archives montrent que les autorités françaises n'ont jamais envisagé sérieusement de procéder à des arrestations", conclut le rapport.
"Elles se sont plutôt efforcées de convaincre les membres du gouvernement intérimaire de quitter la Zone humanitaire sûre", ajoute le texte.
Le rapport, fort de nombreux documents sur le sujet, montre que la France a notamment assuré que l'arrestation des suspects ne relevait pas de son mandat mais de celui de la mission de l'ONU (Minuar).
Elle avait également justifié sa position en estimant que les droits de la défense ne pourraient être garantis si les suspects étaient remis au FPR qui venait de prendre le pouvoir.
pid-cf-lp/fz/blb
Génocide au Rwanda: Mitterrand, un président aveuglé, selon un rapport #
Chef de l'Etat français pendant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, François Mitterrand a refusé de modifier sa politique avec Kigali pendant les années qui ont précédé le drame. Un rôle crucial selon le rapport d'une commission d'historiens.
"Les autorités françaises ont fait preuve d'un aveuglement continu dans leur soutien à un régime raciste, corrompu et violent. L'alignement sur le pouvoir rwandais procède d'une volonté du chef de l'État". La conclusion du document n'entretient aucun doute sur l'implication de M. Mitterrand.
Car entre 1990 et 1994 la relation franco-rwandaise est avant tout celle d'un "coup de coeur" du président français pour son homologue rwandais, selon une note remise en 1993 à Michel Rocard, ex-Premier ministre.
Régulièrement reçu à Paris par son homologue, Juvénal Habyarimana, le président hutu, a "l'oreille de l'Elysée", selon le rapport qui parle de "liens personnels" entre les deux hommes.
"A chaque fois qu'il vient à l'Élysée, il obtient l'appui du président", précise le rapport.
Mais au-delà de cette relation d'amitié, François Mitterrand voit le Rwanda comme le laboratoire de sa nouvelle politique africaine impulsée en 1990 par le discours de la Baule.
A cette occasion, il fait passer un message simple: la France soutiendra militairement les pays qui le souhaitent à condition qu'ils s'engagent sur la voie de la démocratie.
C'est ce deal "donnant-donnant" qui est passé avec Habyarimana, même si des voix discordantes alertaient sur les risques de passer un tel accord avec un régime déjà suspecté de commettre des violences contre les Tutsi.
"Le choix, cependant, est fait au plus haut niveau de l'État de la mettre en oeuvre", indique le rapport Duclert.
Dans la pratique, cette politique se traduit par l'opération Noroît, officiellement chargée de protéger les ressortissants français dans un pays secoué par des attaques des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR).
La mission, censée être courte et limitée dans le temps, s'étirera en vérité sur plusieurs années: une volonté du président Mitterrand et de son entourage, malgré les demandes régulières du ministère de la Défense de rapatrier cette compagnie.
Le dispositif sera même renforcé au cours de l'année 1991, avec la mise en place d'un détachement d'aide et d'instruction (DAMI) qui permettra pendant les années précédant le génocide à des militaires français de former leurs homologues rwandais.
En 1992, les signaux d'alarme quant au durcissement d'une partie du régime hutu s'accélèrent.
En février d'abord, après les massacres de Tutsi au Bugesera (sud-est), le renseignement militaire français signale le doute profond qu'il faut avoir face à une grande partie des institutions rwandaises et parle de risque "d'extension des pogroms".
En août de la même année, l'Etat-major des armées craint "des incidents ethniques débouchant sur une chasse aux Tutsi".
Et en octobre, c'est une note de Jean-Marc de la Sablière, directeur des affaires africaines au Quai d'Orsay qui signale "les activités des extrémistes hutu" et leur "hostilité à ce qui pourrait entamer les pouvoirs" du président.
Mais à aucun moment la position de l'Elysée ne fléchit.
"On peut se demander si, finalement, les décideurs français voulaient vraiment entendre une analyse qui venait, au moins en partie, contredire la politique mise en oeuvre au Rwanda", dénonce le rapport.
Mais Mitterrand ne prend pas ses décisions totalement seul. Autour de lui, quelques personnages-clés, des fidèles comme le secrétaire général Hubert Védrine, et d'autres qui l'ont aidé à orienter sa politique rwandaise, à commencer par son chef d'état major particulier, le général Christian Quesnot.
Dans le rapport, où il est cité plus de 150 fois, Quesnot est largement présenté comme un soutien actif du président Habyarimana.
Sa lecture du conflit au Rwanda est purement ethniciste, soutient le rapport: hostile au FPR qu'il voit comme le parti des Tutsi soutenus par un pays étranger, l'Ouganda, et qui menace la sécurité et le pouvoir en place au Rwanda.
Elle est partagée notamment par son adjoint, le général Jean-Pierre Huchon, et par le conseiller Afrique de l'Elysée, Bruno Delaye. Elle va largement influencer la politique française au Rwanda.
Face aux attaques plus pressantes du FPR en 1993, Quesnot recommande par exemple le "renforcement de notre soutien à l'armée rwandaise". Une note approuvée par le chef de l'Etat avec la mention "D'accord Urgent", écrite à la main.
La cohabitation à l'oeuvre en France à partir du printemps 1993 ne changera pas grand-chose: les décisions continuent d'être prises dans ce cercle restreint autour du président.
Le 7 avril 1994, l'avion du président Habyarimana est abattu, point de départ d'un génocide de trois mois qui tuera 800.000 personnes selon l'ONU, principalement des Tutsi.
Deux mois après le début des massacres, Mitterrand utilise le mot "génocide perpétré par des Hutu" mais l'attribue non pas à quelque chose de systémique mais à la "folie qui s'est emparée d'eux après l'assassinat de leur président".
"La France n'a aucune responsabilité dans ce drame", assure-t-il un mois plus tard.
pid-cf-lp/fz/cs/blb
Génocide des Tutsi au Rwanda: les principaux points du rapport qui accable la France #
"Responsabilité accablante", rôle central de François Mitterrand, lanceurs d'alerte peu écoutés et militaires sur le terrain désemparés: le rapport d'une commission d'historiens dresse un tableau précis et documenté sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994.
Voici les principaux points de ce rapport de plus de 1.000 pages qui compile un travail de plus de deux ans à partir de l'ensemble des archives existantes, dont certaines n'avaient jamais été consultées.
C'est la conclusion choc du rapport: les autorités françaises portent "des responsabilités lourdes et accablantes" dans la dérive ayant abouti au génocide des Tutsi en 1994.
Les responsabilités sont avant tout "politiques", avec un "aveuglement" face au "régime raciste, corrompu et violent" du président hutu Juvénal Habyarimana et ce malgré des "alertes".
"En France à l'inquiétude de ministres, de parlementaires, de haut fonctionnaires, d'intellectuels, il n'est répondu que par l'indifférence, le rejet ou la mauvaise foi", assène le rapport.
Les responsabilités sont également "intellectuelles", avec selon le texte une "obstination" à défendre une lecture ethnique du conflit rwandais dans les années précédant le génocide.
Est pointée l'incapacité des décideurs à penser le génocide et à le distinguer des massacres de masse, notamment.
L'action de la France au Rwanda à cette époque est ainsi présentée comme une "faillite".
Selon le rapport, "rien ne vient démontrer" toutefois qu'elle s'est rendue "complice" du génocide qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU.
"Si l'on entend par là une volonté de s'associer à l'entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer".
Le rapport accable tout particulièrement le président français de l'époque François Mitterrand, décédé en 1996 et son soutien total et durable au président Habyarimana.
"Jamais dans les archives consultées par la Commission, un document n'atteste que le président rwandais ait été désavoué par son homologue français", peut-on lire.
"L'alignement sur le pouvoir rwandais procède d'une volonté du chef de l'État", pointe l'une des conclusions du document.
Entre 1990 et 1994, il est notamment rappelé le soutien militaire sans faille prodigué par la France au Rwanda, y compris via des opérations de formation de l'armée et ce malgré les diverses alertes lancées sur la radicalisation d'une partie du régime hutu.
François Mitterrand n'a cependant pas décidé seul: sa politique sur ce sujet a été largement influencée par un petit cercle de proches, notamment son chef d'état-major particulier Christian Quesnot.
Christian Quesnot ainsi que le conseiller Afrique de l'Elysée Bruno Delaye vont abreuver le président de la République de notes mettant en garde contre le danger du FPR.
Le Front Patriotique Rwandais, parti politique créé par des Tutsi en exil en Ouganda, va mener plusieurs attaques au Rwanda entre 1990 et 1994.
Dès 1990, ces attaques sont qualifiées d'"offensive ougando-tutsi" par une partie des autorités françaises et notamment M. Quesnot.
"Une lecture ethniciste du Rwanda", selon le rapport qui dénonce une "conception qui perdure et alimente une pensée où, les Hutu étant majoritaires, la possibilité d'une victoire du FPR est toujours assimilée à la prise de contrôle anti-démocratique par une minorité ethnique".
C'est cette lecture, prédominante à l'Elysée, qui poussera la France à soutenir le régime hutu, notamment en formant certains militaires du régime avant 1994.
La France ne parlait toutefois pas d'une seule voix sur la question du Rwanda, rappelle le rapport, y compris au sein du gouvernement.
Pierre Joxe, ministre de la Défense entre 1991 et 1993, a ainsi plusieurs fois souhaité réévaluer l'appui militaire au Rwanda, mais il n'aura que rarement gain de cause auprès du Président.
La Direction générale des services extérieurs (DGSE) avait également alerté, en 1993 notamment, sur la responsabilité du président Habyarimana dans les massacres de Tutsi, mettant en doute sa "bonne foi".
Et dès octobre 1990, soit plus de trois ans avant le génocide, l'attaché de défense français à Kigali, le colonel René Galinié, avait mis en garde Paris sur la possibilité d'une élimination physique de centaines de milliers de Tutsi.
Le document ne se contente pas d'épingler des fautes idéologiques de la France, il met également des "dérives institutionnelles" et des "pratiques irrégulières", en particulier du côté de l'Etat-major particulier de la présidence, dirigé par Chistian Quesnot.
"La Commission a démontré l'existence de pratiques irrégulières d'administration, de chaînes parallèles de communication et même de commandement, de contournement des règles d'engagement et des procédures légales, d'actes d'intimidation et d'entreprises d'éviction de responsables ou d'agents", dénonce le rapport.
Parmi les exemples, est notamment cité un fax d'octobre 1990 envoyé par l'adjoint de M. Quesnot, le colonel Jean-Pierre Huchon, où il demande quasi explicitement à l'attaché de défense à Kigali de contribuer à l'entreprise de propagande contre le FPR.
Des écrits qui "pourraient s'apparenter à des pratiques d'officine" pour les rapporteurs.
Déployée sous mandat de l'ONU le 22 juin 1994, plus de deux mois après le début du génocide, la force Turquoise avait officiellement une mission humanitaire.
Dans la pratique, l'objectif était de mettre fin aux massacres.
"Les troupes déployées ne sont pas préparées aux terribles réalités qu'elles rencontrent au Rwanda et ont pu en subir de profonds traumatismes", note le rapport qui rappelle les "nombreuses incertitudes" qui entourent le déploiement des militaires, notamment sur le périmètre de leur mission.
Une autre question est posée dans le rapport sur Turquoise: la France a t-elle mis fin au génocide par cette opération comme cela a été affirmé à l'époque au niveau politique?
"Certes, le nombre de Tutsi encore menacés fin juin, extraits de situations dangereuses et sauvés, se compte en milliers, mais la France, longtemps aveugle devant la réalité du génocide, est intervenue trop tard pour des centaines de milliers d'autres", ajoute le texte.
Les rapporteurs pointent par ailleurs que l'action humanitaire de l'opération a bénéficié à "des populations très majoritairement hutu et qui comptent parmi elles, non seulement des tueurs, mais aussi des commanditaires du génocide".
14 juillet 1994: le général Lafourcade, chef de l'opération Turquoise, informe l'Etat-major de la présence de cinq membres du gouvernement intérimaire hutu, à l'origine du génocide, dont son président dans la Zone humanitaire sûre, au sud-ouest du Rwanda.
Il déclare "attendre les ordres". Six jours plus tard, une note de la DGSE donne même la localisation précise de certains d'entre eux.
"Les responsables du génocide ne seront néanmoins pas appréhendés par les forces françaises", notent les rapporteurs.
Alors les militaires français ont-ils laissé volontairement filer des génocidaires?
"Les archives montrent que les autorités françaises n'ont jamais envisagé sérieusement de procéder à des arrestations", conclut le rapport.
"Elles se sont plutôt efforcées de convaincre les membres du gouvernement intérimaire de quitter la Zone humanitaire sûre", ajoute le texte.
Le rapport, fort de nombreux documents sur le sujet, montre que la France a notamment assuré que l'arrestation des suspects ne relevait pas de son mandat mais de celui de la mission de l'ONU (Minuar).
Elle avait également justifié sa position en estimant que les droits de la défense ne pourraient être garantis si les suspects étaient remis au FPR qui venait de prendre le pouvoir.
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