Israël: vaste manifestation anti-Netanyahu à trois jours des élections #
"Dégage!" Des milliers d'Israéliens ont manifesté samedi soir à Jérusalem leur opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu, en première place dans les sondages à moins de trois jours de nouvelles élections législatives cruciales à sa survie politique.
Depuis fin juin, des manifestants de réunissent chaque samedi soir, après la pause hebdomadaire du shabbat, à Jérusalem et dans l'ensemble d'Israël pour des rassemblements contre le chef de gouvernement, inculpé pour corruption dans trois affaires et critiqué pour les aides jugées insuffisantes aux travailleurs ayant perdu leur emploi avec la pandémie.
Mais ce 39e samedi de protestation, devant la résidence officielle de M. Netanyahu, rue Balfour à Jérusalem, a une signification particulière à quelques jours de l'ouverture des bureaux de vote, mardi matin, pour les quatrièmes élections législatives israéliennes en mois de deux ans.
"C'est la première fois que nous venons aux manifestations et nous espérons qu'elles auront un impact sur ceux qui ne savent pas encore pour qui voter", a affirmé Hagit, jeune mère de famille présente à Jérusalem.
Le son des petites vuvuzelas se mêlait à la basse vibrante d'un groupe de hip-hop et les drapeaux israéliens se mélangeaient aux affiches "dégage!" ou "allez voter".
Simon, crâne légèrement dégarni et cheveux poivre et sel, a fait la route depuis la métropole Tel-Aviv pour ce dernier grand rassemblement avant les législatives.
"Je viens ici tous les samedis. (...) Ce soir, les gens ne vont pas passer de droite à gauche (ce soir) mais cet événement est important parce qu'il dit: allez voter, ne rester pas silencieux", ajoute-t-il au côté d'Orly, une amie habituée comme lui aux manifestations contre le Premier ministre.
"Cela fait cinq ans que je proteste contre lui. Et là, ce sont les élections et c'est une question de vie ou de mort pour nous", lance-t-elle à travers son masque sanitaire sur lequel est écrit en rouge "crime minister", pour désigner M. Netanyahu.
Les trois derniers scrutins avaient placé M. Netanyahu et son rival, l'ex-chef de l'armée et centriste Benny Gantz, au coude-à-coude. Après les troisièmes législatives, M. Gantz avait décidé de s'allier à son ennemi politique pour former un gouvernement "d'union et d'urgence" face à la crise sanitaire, qui n'a survécu que quelques mois.
Depuis, l'étoile politique de M. Gantz a pâli, et M. Netanyahu, 71 ans dont les douze derniers au pouvoir, affronte principalement le centriste Yaïr Lapid, le frondeur Gideon Saar, qui a quitté le Likoud du Premier ministre pour former son propre parti, et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
Or les derniers sondages, publiés vendredi par la presse israélienne, créditent le Likoud d'une trentaine de sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement). La formation de M. Lapid en obtiendrait près d'une vingtaine et celles de MM. Bennett et Saar une dizaine chacune.
Si Benjamin Netantayu caracole toujours en tête des sondages, jouant à fond la carte du succès de la campagne de vaccination anticoronavirus --près de 50% des neuf millions d'Israéliens ont reçu les deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech--, il pourrait toutefois manquer d'appuis pour former un gouvernement.
Avec ses alliés de la droite religieuse, le Likoud de M. Netanyahu obtiendrait une cinquantaine de sièges selon les derniers baromètres, un score en deça du seuil requis (61 députés) pour former un gouvernement. Face à lui, M. Lapid et les partis anti-Netanyahu n'atteignent pas non plus le seuil de la majorité.
Dans cette campagne électorale menée en partie sous confinement, avant un allègement des mesures sanitaires ces dernières semaines, les partis n'ont pas tenu de grands meetings. Et si les candidats ont multiplié les interviews à la radio et les déclarations sur les réseaux sociaux, aucun débat télévisé n'a eu lieu.
Pour tenter de clore le duel, M. Lapid a lancé samedi soir une invitation à débattre au Premier ministre: "Le public israélien mérite un débat, mérite des réponses (...), les studios sont prêts, les modérateurs sont prêts et nos deux podiums attendent".
Après des heures à s'époumonner, des manifestants ont nettoyé la place de France, coeur de la contestation, ramassant les tracts jonchant le bitume avant de glisser, dans quelques jours, leur bulletin dans l'urne.
gl/cls
Israël: vaste manifestation anti-Netanyahu à trois jours des élections #
"Dégage!" Des milliers d'Israéliens manifestaient samedi soir à Jérusalem leur opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu, en première place dans les sondages à moins de trois jours de nouvelles élections législatives cruciales à sa survie politique.
Depuis fin juin, des manifestants de réunissent chaque samedi soir, après la pause hebdomadaire du shabbat, à Jérusalem et dans l'ensemble d'Israël pour des rassemblements contre le chef de gouvernement, inculpé pour corruption dans trois affaires et critiqué pour les aides jugées insuffisantes aux travailleurs ayant perdu leur emploi avec la pandémie.
Mais ce 39e samedi de protestation, devant la résidence officielle de M. Netanyahu, rue Balfour à Jérusalem, a une signification particulière à quelques jours de l'ouverture des bureaux de vote, mardi matin, pour les quatrièmes élections législatives israéliennes en mois de deux ans.
"C'est la première fois que nous venons aux manifestations et nous espérons qu'elles auront un impact sur ceux qui ne savent pas encore pour qui voter", a affirmé Hagit, jeune mère de famille présente à Jérusalem.
Le son des petites vuvuzelas se mêlait à la basse vibrante d'un groupe de hip-hop et les drapeaux israéliens se mélangeaient aux affiches "dégage!" ou "allez voter".
Simon, crâne légèrement dégarni et cheveux poivre et sel, a fait la route depuis la métropole Tel-Aviv pour ce dernier grand rassemblement avant les législatives.
"Je viens ici tous les samedis. Au début nous étions 5.000 à 10.000, puis le coronavirus a pris le dessus et le nombre de manifestants a diminué. Mais ce soir nous serons encore plus qu'au début", assure-t-il alors que des dizaines et des dizaines de bus de protestataires convergeaient vers Jérusalem.
"Les gens ne vont pas passer de droite à gauche (ce soir) mais cet événement est important parce qu'il dit: allez voter, ne rester pas silencieux", ajoute-t-il au côté d'Orly, une amie habituée comme lui aux manifestations contre le Premier ministre.
"Cela fait cinq ans que je proteste contre lui. Et là, ce sont les élections et c'est une question de vie ou de mort pour nous", lance-t-elle à travers son masque sanitaire sur lequel est écrit en rouge "crime minister", pour désigner M. Netanyahu.
Les trois derniers scrutins avaient placé M. Netanyahu et son rival, l'ex-chef de l'armée et centriste Benny Gantz, au coude-à-coude. Après les troisièmes législatives, M. Gantz avait décidé de s'allier à son ennemi politique pour former un gouvernement "d'union et d'urgence" face à la crise sanitaire, qui n'a survécu que quelques mois.
Depuis, l'étoile politique de M. Gantz a pâli, et M. Netanyahu, 71 ans dont les douze derniers au pouvoir, affronte principalement le centriste Yaïr Lapid, le frondeur Gideon Saar, qui a quitté le Likoud du Premier ministre pour former son propre parti, et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
Or les derniers sondages, publiés vendredi par la presse israélienne, créditent le Likoud d'une trentaine de sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement). La formation de M. Lapid en obtiendrait près d'une vingtaine et celles de MM. Bennett et Saar une dizaine chacune.
Si Benjamin Netantayu caracole toujours en tête des sondages, jouant à fond la carte du succès de la campagne de vaccination anticoronavirus --près de 50% des neuf millions d'Israéliens ont reçu les deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech--, il pourrait toutefois manquer d'appuis pour former un gouvernement.
Avec ses alliés de la droite religieuse, le Likoud de M. Netanyahu obtiendrait une cinquantaine de sièges selon les derniers baromètres, un score en deça du seuil requis (61 députés) pour former un gouvernement. Face à lui, M. Lapid et les partis anti-Netanyahu n'atteignent pas non plus le seuil de la majorité.
Dans cette campagne électorale menée en partie sous confinement, avant un allègement des mesures sanitaires ces dernières semaines, les partis n'ont pas tenu de grands meetings. Et si les candidats ont multiplié les interviews à la radio et les déclarations sur les réseaux sociaux, aucun débat télévisé n'a eu lieu.
Pour tenter de clore le duel, M. Lapid a lancé samedi soir une invitation à débattre au Premier ministre: "Le public israélien mérite un débat, mérite des réponses (...), les studios sont prêts, les modérateurs sont prêts et nos deux podiums attendent".
gl/vg
Israël: des milliers de manifestants anti-Netanyahu à trois jours des législatives #
Des milliers d'Israéliens manifestent samedi soir à Jérusalem pour demander la démission de Benjamin Netanyahu, devant la résidence officielle du Premier ministre sortant qui joue sa survie politique aux législatives de mardi, les quatrièmes en moins de deux ans.
Les protestataires se rassemblent régulièrement depuis juin 2020 rue Balfour pour crier leur mécontentement face au plus pérenne des Premiers ministres israéliens --12 ans sans interruption au pouvoir. M. Netanyahu, 71 ans, est aussi le premier chef de gouvernement israélien en fonction à avoir été inculpé, pour corruption dans trois affaires dans lesquelles il clame son innocence.
Ces dernières mois, le mouvement anti-Netanyahu a gagné en ampleur et le rassemblement de samedi promet d'être un des plus importants en nombre.
La police a appelé les habitants de Jérusalem à se tenir éloignés du lieu de la manifestation et des routes y menant.
La course électorale pour ces quatrièmes législatives en moins de deux ans a été menée en même temps qu'une large campagne de vaccination contre le Covid-19, argument électoral phare du Premier ministre sortant.
Près de 50% de la population israélienne a reçu les deux doses du vaccin à la faveur d'un accord avec le laboratoire germano-américain Pfizer-BioNTech permettant une livraison rapide des doses contre un partage de données médicales.
Les sondages créditent le parti de M. Netanyahu, le Likoud (droite), de 27 à 30 sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement), en première place face à ses adversaires mais à court de quelques voix pour franchir avec ses alliés le seuil de la majorité (61 députés) requis pour pouvoir former un gouvernement.
Lors des trois dernières campagnes, Benjamin Netanyahu avait affronté le même rival: l'ancien chef d'état-major et centriste Benny Gantz. Après trois duels sans vainqueur, ils ont formé un gouvernement d'union au printemps 2020 ayant volé en éclat au début de l'hiver.
La popularité de M. Gantz a depuis chuté et aujourd'hui, M. Netanyahu affronte le centriste Yaïr Lapid et deux candidats à droite: Gideon Saar, un ex-Likoud ayant formé le parti "Nouvel espoir", et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
jjm/mdz/vg
En Israël, dernière ligne droite d'une élection en mode vaccination #
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et ses rivaux ont tenté vendredi de rallier de dernières voix au terme d'une course électorale dominée par une intense campagne de vaccination anti-Covid et marquée par une vive compétition pour le monopole de la "vraie" droite.
Ces quatrièmes élections législatives en moins de deux ans, prévues mardi, ont sans doute été les plus étranges en Israël.
Malgré le déconfinement amorcé à la faveur de la plus intense campagne de vaccination au monde, qui a permis d'inoculer deux doses de vaccins à près de 50% de la population dont environ le deux tiers des électeurs, les règles sanitaires n'ont pu permettre la tenue de vastes "meetings" électoraux.
Les candidats ont fait campagne par visioconférence, sur les réseaux sociaux, sur les radios locales et ont limité l'accès à la presse pour de rares rencontres avec des électeurs.
Dans un dernier élan avant le jour J, le chef de l'opposition Yaïr Lapid a rencontré vendredi des supporters à Hod Hasharon (centre), quand les candidats d'extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir ont parcouru le marché Mahane Yehuda de Jérusalem.
Avant une rencontre avec des partisans à Raanana, au nord de Tel-Aviv, M. Netanyahu a lui aidé une ONG à la préparation de colis alimentaires pour des personnes défavorisées en prévision de la Pâque juive, débutant en fin de semaine prochaine.
"Pour Pessah, nous serons tous vaccinés!", a-t-il lancé dans une vidéo publiée sur Facebook où on le voit remplir des cartons.
Après les dernières élections, M. Netanyahu avait tenté en vain de former des gouvernements de droite stable, en multipliant les promesses d'annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée par Israël, un enjeu clé pour une grande partie de l'électorat de droite.
Mais cette fois-ci, "Pfizer a pris la place de l'annexion", résume l'analyste israélienne Dahlia Scheindlin, soulignant ainsi l'emphase mise par le Premier ministre sur la campagne de vaccination lancée dès décembre en vertu d'un accord avec le géant pharmaceutique américain.
Mais le vaccin immunise-t-il Benjamin Netanyahu contre une défaite? Les sondages créditent son parti, le Likoud, de 27 à 30 sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement), en première place face à ses adversaires mais à court de quelques voix pour franchir avec ses alliés le seuil de la majorité (61 députés) requis pour pouvoir former un gouvernement.
Au pouvoir sans discontinuer depuis 12 ans, M. Netanyahu, qui se dit le plus à même de diriger une possible reprise économique post-Covid, est accusé par la justice de corruption dans une série d'affaires, ce qui alimente une contestation populaire et une fronde au sein de son parti.
"Le vaccin l'aide mais est-ce que ce sera suffisant?", s'interroge Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem. "Le vaccin reste clairement sa carte électorale, il parle des vaccins tous les jours (...) au point où on en arrive presque à penser qu'il a lui-même vacciné la population", dit-il à l'AFP.
Lors des trois dernières campagnes, Benjamin Netanyahu, 71 ans, affrontait principalement le même rival: l'ancien chef d'état-major et centriste Benny Gantz. Après trois duels sans vainqueur, ils ont formé un gouvernement d'union au printemps 2020 ayant volé en éclat au début de l'hiver.
Et l'étoile politique de Benny Gantz s'est étiolée. Aujourd'hui, M. Netanyahu affronte le centriste Yaïr Lapid et deux candidats à droite: Gideon Saar, un ex-Likoud ayant formé le parti "Nouvel espoir", et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
"Netanyahu est vraiment bon pour mener des campagnes négatives contre un candidat, mais avoir devant lui plusieurs candidats rend la chose beaucoup plus difficile", affirme M. Rahat.
Actuellement, ni les partis pro-Netanyahu (Likoud + partis religieux) ni les partis anti-Netanyahu (gauche, centre, une partie de la droite) n'arriveraient à obtenir assez d'appuis pour former un gouvernement, ce qui place Naftali Bennett (qui ne s'est pas positionné) dans le rôle de "faiseur de roi".
"Nous sommes la vraie droite", a martelé jeudi M. Netanyahu à l'adresse des électeurs de Bennett, affirmant qu'il ne laisserait pas à ce dernier le poste de Premier ministre dans une éventuelle rotation à la tête du gouvernement.
"Quiconque cherche à renvoyer chez lui le gouvernement le plus corrompu au monde (...) vote Bennett", a rétorqué le principal intéressé, alors que des milliers d'Israéliens sont attendus samedi soir à Jérusalem pour une nouvelle manifestation anti-Netanyahu.
gl-jjm/cgo/vl
Convaincus, optimistes, indécis: les Israéliens retournent aux urnes #
Des fans absolus du Premier ministre Benjamin Netanyahu aux partisans de son rival centriste Yaïr Lapid, en passant par la minorité arabe et les juifs ultra-orthodoxes: les Israéliens sont conviés mardi aux quatrièmes élections législatives en moins de deux ans, sur fond de campagne de vaccination.
A quelques jours de ce scrutin qui s'annonce une fois de plus âprement disputé, l'AFP a demandé à des Israéliens de différents horizons politiques et sociaux d'expliquer le choix qu'ils s'apprêtent à faire.
Chapeau d'Indiana Jones, barbe poivre et sel, ce Marseillais d'origine établi près de la colonie de Kfar Etzion, au sud de Jérusalem, croit que seul "Bibi" -- surnom de M. Netanyahu -- peut favoriser l'annexion par Israël de la Cisjordanie occupée.
Il préfère accorder son vote au Likoud, parti historique de la droite israélienne, qu'à une plus petite formation de droite.
"Je vais continuer à voter Bibi, je ne changerai pas. Je pense qu'il a fait pas mal de choses jusqu'à aujourd'hui. Il a fait avancer notre pays. Il a des idées de droite, bien à droite, comme je pense moi. Je ne donnerai pas ma voix à un petit parti parce que c'est important pour moi que ce soit un grand parti qui l'obtienne", dit-il.
Le quinquagénaire plaide pour une solution à un Etat (Israël) et non deux (Israël et Palestine), en annexant "toutes les terres qui sont considérées comme territoires occupés" tout en accordant "la possibilité aux Palestiniens de vivre avec nous, en paix".
"Je ne suis pas venu pour les occuper mais je suis venu pour y vivre, être à côté de Jérusalem, dans un endroit pastoral. J'aime la terre et je pense que mes racines sont là. Leurs racines aussi donc je ne vois aucune raison pour qu'on ne puisse pas vivre ensemble. Et c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on fait tous les jours", affirme-t-il.
Originaire de Philadelphie aux Etats-Unis, cette étudiante a immigré en 2013 en Israël puis y a fait son service militaire. Elle dit avoir trouvé un "optimisme pratique" dans la formation centriste Yesh Atid du chef de l'opposition Yaïr Lapid.
"En hébreu +Yesh Atid+ signifie littéralement +Il y a un futur+. Et c'est ce qu'ils représentent: un optimisme pratique. Ils ont une vision pour rendre notre pays meilleur et un plan pour y arriver. Aussi, je respecte énormément l'intégrité de la direction de ce parti, je crois en Yaïr Lapid et dans le groupe qu'il a formé pour la liste électorale", dit-elle.
"Je crois absolument qu'il peut y avoir un changement en Israël. Mais je ne crois pas que ce changement puisse se produire avec les mêmes personnes au pouvoir. Alors pour changer la situation, il faut non seulement changer le Premier ministre mais aussi la coalition au pouvoir".
Entrepreneur dans l'immobilier et pianiste à ses heures, ce juif ultra-orthodoxe a consulté son rabbin pour le guider dans son choix. Verdict: il votera pour un parti ultra-orthodoxe (Shass ou Judaïsme unifié de la Torah), allié à M. Netanyahu.
"Pour tout ce que je fais dans ma vie, je consulte des gens plus intelligents que moi. Parfois, il s'agit de rabbins, parfois de professionnels. Il est important de ne pas tout le temps prendre des décisions en solitaire. Et puis, les partis ultra-orthodoxes ont des responsabilités à l'égard de (la défense) du judaïsme", dit-il.
"L'unité de la communauté ultra-orthodoxe rend presque irréaliste pour un ultra-orthodoxe de voter pour un autre parti. Notre vie entière est au service de la communauté. Tout, tout, tout, tout. Ce sont des communautés fermées qui ne sont pas liées, idéologiquement ou socialement, avec le reste du pays".
Avocat, Amer se définit comme "Palestinien" de Jérusalem-Est bien qu'il ait obtenu ces dernières années la nationalité israélienne. Si M. Netanyahu a multiplié ces derniers mois les accords de normalisation avec des pays arabes (Emirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc), Amer lui reproche de ne pas oeuvrer à la paix avec les Palestiniens.
Benjamin "Netanyahu est vraiment intéressé par le développement de relations avec des pays arabes mais il n'est pas vraiment intéressé par faire la paix avec les Palestiniens, malgré le fait qu'ils viennent d'ici et vivent ici. Tous les autres partis ont des vues similaires, ils ne s'intéressent pas à la paix avec les Palestiniens mais seulement à celle avec les pays arabes", dit-il.
Pour cette élection, les partis arabes israéliens --minorité qui constitue environ 20% de la population-- se sont scindés en deux listes: l'une tend la main à Benjamin Netanyahu, l'autre, la "Liste arabe unie", s'y oppose.
"Je vais voter pour la +Liste arabe unie+ en espérant (...) une coexistence pacifique entre Palestiniens et Israéliens".
Long cheveux roux, masque sanitaire bleu lui barrant le visage lorsqu'elle déambule entre les étals du marché Mahane Yehuda à Jérusalem, cette étudiante est toujours indécise à l'approche de son premier vote.
"Quatre élections en moins de deux ans, c'est à la fois complexe et inquiétant, pour ne pas dire pénible. Je n'aimais pas y penser, ce n'était pas plaisant, et je me suis dit: +Que les politiciens se battent entre eux et ce qui arrivera, arrivera+. Mais, après, je me suis dit que tout ça engageait mon futur, celui de mes (futurs) enfants, de mes proches et que tout ça comptait trop pour que je ne m'en soucie pas".
Alors pour qui voter? Shira garde en partie le mystère: "Je m'efforce de croire que quelque chose peut changer, sinon cette élection ne sert à rien. Et bien que ce soit la quatrième élection (en moins de deux ans), je crois que, peut-être, il y aura un changement".
bur-gl/cgo/elm
En Israël, dernière ligne droite d'une élection en mode vaccination #
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et ses rivaux tentent vendredi de rallier les dernières voix au terme d'une course électorale dominée par une intense campagne de vaccination anti-Covid et marquée par une vive compétition pour le monopole de la "vraie" droite.
Ces quatrièmes élections législatives en moins de deux ans, prévues mardi 23 mars, ont sans doute été les plus étranges en Israël.
Malgré le déconfinement amorcé à la faveur de la plus intense campagne de vaccination au monde, qui a permis d'inoculer deux doses de vaccins à près de 50% de la population dont environ le deux tiers des électeurs, les règles sanitaires n'ont pu permettre la tenue de vastes "meetings" électoraux.
Les candidats ont fait campagne dans des événements par visioconférence, sur les réseaux sociaux, sur les radios locales, et ont limité l'accès à la presse pour de rares rencontres avec des électeurs dans cette élection en mode Covid et vaccination.
Après les dernières élections, M. Netanyahu avait tenté en vain de former des gouvernements de droite stable, en multipliant les promesses d'annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée par Israël, un enjeu clé pour une grande partie de l'électorat de droite.
Mais cette fois-ci, "Pfizer a pris la place de l'annexion", résume pour l'AFP l'analyste politique israélienne Dahlia Scheindlin, soulignant ainsi l'emphase mise par le Premier ministre sur la vaste campagne de vaccination anti-Covid lancée dès décembre à la faveur d'un accord avec le géant pharmaceutique américain.
Israël a obtenu un approvisionnement rapide en vaccins Pfizer/BioNtech en échange de données biomédicales sur l'effet de la vaccination sur sa population, qui a d'ailleurs permis de prouver son efficacité à grande échelle, selon des études publiées ces dernières semaines.
"Nous sommes les premiers au monde (à sortir progressivement de la pandémie), nous émergeons victorieux", a lancé cette semaine M. Netanyahu se disant le plus à même de diriger une possible reprise économique post-Covid.
Mais le vaccin immunise-t-il Benjamin Netanyahu contre une défaite? Les sondages créditent son parti, le Likoud, de 27 à 30 sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement), en première place face à ses adversaires mais à court de quelques voix pour franchir avec ses alliés le seuil de la majorité (61 députés) requis pour pouvoir former un gouvernement.
Au pouvoir sans discontinuer depuis 12 ans, M. Netanyahu est aussi accusé par la justice de corruption et de malversation dans une série d'affaires, ce qui alimente une contestation populaire contre lui et même une fronde au sein de son parti.
"Le vaccin l'aide mais est-ce que ce sera suffisant?", s'interroge Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem. "Le vaccin reste clairement sa carte électorale, il parle des vaccins tous les jours, il veut que les gens en parlent. Pour lui, c'est 'vaccins, vaccins, vaccins' au point où on en arrive presque à penser qu'il a lui-même vacciné la population", dit-il à l'AFP.
Lors des trois dernières campagnes électorales, Benjamin Netanyahu affrontait principalement le même rival: l'ancien chef de l'armée et centriste Benny Gantz. Après trois duels sans vainqueur, les deux hommes ont formé un gouvernement d'union au printemps qui a volé à l'éclat au début de l'hiver.
Et l'étoile politique de Benny Gantz s'est étiolée. Aujourd'hui, M. Netanyahu affronte le chef de l'opposition centriste Yaïr Lapid, et deux candidats à droite: Gideon Saar, un ex-Likoud ayant formé le parti "Nouvel espoir", et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
"Netanyahu est vraiment bon pour mener des campagnes négatives contre un candidat, mais avoir devant lui plusieurs candidats rend la chose beaucoup plus difficile", ajoute M. Rahat.
Actuellement, ni les partis pro-Netanyahu (Likoud + partis religieux) ni les partis anti-Netanyahu (gauche, centre, une partie de la droite) n'arriveraient à obtenir assez d'appuis pour former un gouvernement, ce qui place Naftali Bennett (qui ne s'est pas positionné) dans le rôle de "faiseur de roi".
"Nous sommes la vraie droite", a martelé jeudi soir M. Netanyahu à l'égard des électeurs de Bennett, affirmant qu'il ne laisserait pas à ce dernier le poste de Premier ministre dans une éventuelle rotation à la tête du gouvernement.
"Quiconque cherche à renvoyer chez lui le gouvernement le plus corrompu au monde (...) vote Bennett", a rétorqué le principal intéressé, alors que des milliers d'Israéliens sont attendus samedi soir à Jérusalem pour une dernière manifestation anti-Netanyahu avant les élections de mardi.
gl/cgo/bfi
En Israël, dernière ligne droite d'une élection en mode vaccination #
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et ses rivaux tentent vendredi de rallier les dernières voix au terme d'une course électorale dominée par une intense campagne de vaccination anti-Covid et marquée par une vive compétition pour le monopole de la "vraie" droite.
Ces quatrièmes élections législatives en moins de deux ans, prévues mardi 23 mars, ont sans doute été les plus étranges en Israël.
Malgré le déconfinement amorcé à la faveur de la plus intense campagne de vaccination au monde, qui a permis d'inoculer deux doses de vaccins à près de 50% de la population dont environ le deux tiers des électeurs, les règles sanitaires n'ont pu permettre la tenue de vastes "meetings" électoraux.
Les candidats ont fait campagne dans des événements par visioconférence, sur les réseaux sociaux, sur les radios locales, et ont limité l'accès à la presse pour de rares rencontres avec des électeurs dans cette élection en mode Covid et vaccination.
Après les dernières élections, M. Netanyahu avait tenté en vain de former des gouvernements de droite stable, en multipliant les promesses d'annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée par Israël, un enjeu clé pour une grande partie de l'électorat de droite.
Mais cette fois-ci, "Pfizer a pris la place de l'annexion", résume pour l'AFP l'analyste politique israélienne Dahlia Scheindlin, soulignant ainsi l'emphase mise par le Premier ministre sur la vaste campagne de vaccination anti-Covid lancée dès décembre à la faveur d'un accord avec le géant pharmaceutique américain.
Israël a obtenu un approvisionnement rapide en vaccins Pfizer/BioNtech en échange de données biomédicales sur l'effet de la vaccination sur sa population, qui a d'ailleurs permis de prouver son efficacité à grande échelle, selon des études publiées ces dernières semaines.
"Nous sommes les premiers au monde (à sortir progressivement de la pandémie), nous émergeons victorieux", a lancé cette semaine M. Netanyahu se disant le plus à même de diriger une possible reprise économique post-Covid.
Mais le vaccin immunise-t-il Benjamin Netanyahu contre une défaite? Les sondages créditent son parti, le Likoud, de 27 à 30 sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement), en première place face à ses adversaires mais à court de quelques voix pour franchir avec ses alliés le seuil de la majorité (61 députés) requis pour pouvoir former un gouvernement.
Au pouvoir sans discontinuer depuis 12 ans, M. Netanyahu est aussi accusé par la justice de corruption et de malversation dans une série d'affaires, ce qui alimente une contestation populaire contre lui et même une fronde au sein de son parti.
"Le vaccin l'aide mais est-ce que ce sera suffisant?", s'interroge Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem. "Le vaccin reste clairement sa carte électorale, il parle des vaccins tous les jours, il veut que les gens en parlent. Pour lui, c'est 'vaccins, vaccins, vaccins' au point où on en arrive presque à penser qu'il a lui-même vacciné la population", dit-il à l'AFP.
Lors des trois dernières campagnes électorales, Benjamin Netanyahu affrontait principalement le même rival: l'ancien chef de l'armée et centriste Benny Gantz. Après trois duels sans vainqueur, les deux hommes ont formé un gouvernement d'union au printemps qui a volé à l'éclat au début de l'hiver.
Et l'étoile politique de Benny Gantz s'est étiolée. Aujourd'hui, M. Netanyahu affronte le chef de l'opposition centriste Yaïr Lapid, et deux candidats à droite: Gideon Saar, un ex-Likoud ayant formé le parti "Nouvel espoir", et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
"Netanyahu est vraiment bon pour mener des campagnes négatives contre un candidat, mais avoir devant lui plusieurs candidats rend la chose beaucoup plus difficile", ajoute M. Rahat.
Actuellement, ni les partis pro-Netanyahu (Likoud + partis religieux) ni les partis anti-Netanyahu (gauche, centre, une partie de la droite) n'arriveraient à obtenir assez d'appuis pour former un gouvernement, ce qui place Naftali Bennett (qui ne s'est pas positionné) dans le rôle de "faiseur de roi".
"Nous sommes la vraie droite", a martelé jeudi soir M. Netanyahu à l'égard des électeurs de Bennett, affirmant qu'il ne laisserait pas à ce dernier le poste de Premier ministre dans une éventuelle rotation à la tête du gouvernement.
"Quiconque cherche à renvoyer chez lui le gouvernement le plus corrompu au monde (...) vote Bennett", a rétorqué le principal intéressé, alors que des milliers d'Israéliens sont attendus samedi soir à Jérusalem pour une dernière manifestation anti-Netanyahu avant les élections de mardi.
gl/cgo/bfi
Israël: mode d'emploi des élections législatives #
Quelque 6,5 millions d'Israéliens sont appelés mardi à élire les membres de leur Parlement, la Knesset, pour des quatrièmes élections en moins de deux ans qui pourraient mettre un terme au règne de Benjamin Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire d'Israël.
En théorie, la mandature des députés dure quatre ans en Israël, mais les élections anticipées sont fréquentes avec à la clé des quatrièmes législatives depuis avril 2019 sur fond de divisions entre les partis qui n'arrivent pas, soit à s'entendre sur la formation d'un gouvernement, soit à rester ensemble dans une coalition.
Voici les grandes lignes du fonctionnement du système électoral dans ce pays:
Le système de scrutin à la proportionnelle intégrale augmente les chances des petits partis de siéger à la Knesset, Parlement de 120 sièges, et favorise ainsi la pluralité de la représentation politique.
Le nombre de sièges de chaque liste électorale dépend du pourcentage de votes récoltés. Un parti doit toutefois recueillir au moins 3,25 % des voix pour entrer à la Knesset, ce qui correspond à quatre sièges (3,25% de 120 = 4).
Exemple: si un parti gagne environ 6,5 % des voix, les huit premiers candidats de sa liste obtiennent un siège.
Ce système favorise aussi le regroupement de petits ou micro-partis sous une seule bannière électorale afin de leur garantir, ensemble, d'atteindre le seuil des 3,25% et ainsi d'avoir des députés au Parlement.
Lors des trois dernières élections (avril 2019, septembre 2019, mars 2020), le taux de participation avait oscillé autour de 70%. Cette fois-ci, les Israéliens votent en temps de véritable pandémie mais près de la moitié de la population, dont environ deux tiers des électeurs, ont été vaccinés.
La multitude de partis rend quasiment impossible l'obtention par l'un d'eux de la majorité absolue de 61 sièges, nécessaire pour former un gouvernement. Une fois les bulletins dépouillés commencent donc les tractations pour former une coalition viable.
Le président, actuellement Reuven Rivlin, consulte alors les partis pour savoir qui ces derniers recommandent pour tenter de former un gouvernement.
Il désigne ensuite celui ou celle qui, selon lui, a les meilleures chances de former une coalition. Cette personne n'est pas forcément celle dirigeant le parti le plus représenté au Parlement.
En septembre 2019, le parti centriste "Bleu Blanc" de l'ancien chef de l'armée Benny Gantz avait ainsi obtenu le plus grand nombre de sièges mais n'avait pas été en mesure de construire par la suite une coalition, ce qui avait à terme mené à de nouvelles élections.
Après les dernières élections, en mars 2020, le président avait demandé à M. Netanyahu de former un gouvernement stable. Incapable de réunir suffisamment d'appuis parmi ses alliés de la droite, ce dernier avait toutefois convaincu son rival Benny Gantz de former un gouvernement d'union pour affronter la pandémie de Covid-19.
Mais ce gouvernement n'a tenu que quelques mois, d'où le nouveau scrutin de mardi.
gl/hj
Israël: quatre scrutins législatifs en moins de deux ans #
En moins de deux ans, les Israéliens ont été appelés à voter quatre fois en raison de l'incapacité de leurs partis politiques à former, ou à maintenir, des coalitions gouvernementales.
Le 9 avril 2019, les Israéliens votent lors de législatives anticipées au terme desquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009 et sous la menace d'une inculpation pour corruption, espère se maintenir à son poste.
Face à lui, Benny Gantz, ancien chef d'état-major, mène la nouvelle alliance centriste Kahol Lavan ("Bleu-Blanc").
Le Likoud (droite) de M. Netanyahu et "Bleu-Blanc" obtiennent chacun 35 sièges.
Le 17, le président Reuven Rivlin charge M. Netanyahu de former le gouvernement, les partis de droite et ultra-orthodoxes, représentant une majorité de 65 sièges sur les 120 du Parlement, l'ayant recommandé comme prochain Premier ministre.
Mais le 29 mai, devant l'incapacité de M. Netanyahu à former une coalition, le Parlement vote pour sa propre dissolution et de nouvelles élections en septembre. Le Premier ministre a préféré provoquer un nouveau scrutin que de voir le président confier à un autre le soin de former un gouvernement.
Le 17 septembre, le Likoud et "Bleu-Blanc" sont de nouveau au coude-à-coude.
M. Gantz plaide pour "un large gouvernement d'union". Pour M. Netanyahu, le pays a deux options: "soit un gouvernement que je dirige, soit un gouvernement dangereux qui repose sur les partis arabes".
La "Liste unie" des partis arabes, troisième force politique, recommande M. Gantz comme Premier ministre.
Le 25, M. Netanyahu est désigné pour former le gouvernement. M. Gantz refuse de "siéger dans un gouvernement dont le chef est sous le coup d'un grave acte d'accusation", en référence aux ennuis judiciaires de son rival.
Le 21 octobre, M. Netanyahu renonce et laisse la voie libre à M. Gantz, que le président charge de former le gouvernement.
Mais le 21 novembre, le président mandate le Parlement de trouver un Premier ministre, ni M. Netanyahu ni M. Gantz n'ayant réussi à former un gouvernement.
Le même jour, le procureur général, Avichaï Mandelblit, inculpe M. Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires. C'est la première fois qu'un Premier ministre en exercice est mis en examen dans le pays.
Le 11 décembre, les députés votent la dissolution du Parlement et convoquent un nouveau scrutin pour mars 2020.
Le 2 mars 2020, lors d'élections qui se tiennent alors que la pandémie de coronavirus a fait irruption en Israël, le Likoud obtient 36 sièges et "Bleu-Blanc" 33.
Le 16, M. Rivlin charge M. Gantz de former le gouvernement: la veille, au terme de consultations avec les représentants des partis élus, 61 députés avaient recommandé Benny Gantz contre 58 pour M. Netanyahu.
Fin mars, M. Gantz n'étant pas parvenu à obtenir une majorité décide, à la surprise générale, de se rallier à son grand rival pour former un "gouvernement d'urgence" et répondre à la crise sanitaire.
Le 20 avril, après bien des vicissitudes, les deux hommes s'entendent sur un gouvernement d'union et d'urgence. Leur pacte, d'une durée de trois ans, prévoit une rotation, M. Netanyahu devant laisser la place de Premier ministre à M. Gantz après 18 mois.
Le 6 mai, la Cour suprême, saisie par différentes organisations mettant en doute la légalité de l'accord, le valide.
Le lendemain, Reuven Rivlin charge M. Netanyahu de former le gouvernement d'union, auquel le Parlement accorde la confiance le 17 mai.
Le 23 décembre 2020, après l'échec des parlementaires à adopter un budget, le Parlement se dissout, entraînant la convocation de nouvelles élections pour mars 2021.
Les Israéliens sont de nouveau appelés à voter le 23 mars. Cette fois, l'hypothèse d'un coude-à-coude entre MM. Netanyahu et Gantz est hautement improbable, le centriste ayant dégringolé dans les sondages. De nombreux partisans ne lui ont pas pardonné l'alliance avec M. Netanyahu, considérée comme une "trahison".
Pour ce scrutin, le Premier ministre sortant n'a pas un opposant mais trois: le centriste Yaïr Lapid, le conservateur Gideon Saar et le chantre de la droite radicale Naftali Bennett.
acm/cgo/vg
Convaincus, optimistes, indécis: les Israéliens retournent aux urnes #
Des fans absolus du Premier ministre Benjamin Netanyahu aux partisans de son rival centriste Yaïr Lapid, en passant par la minorité arabe et les juifs ultra-orthodoxes: les Israéliens sont conviés mardi aux quatrièmes élections législatives en moins de deux ans, sur fond de campagne de vaccination.
A quelques jours de ce scrutin qui s'annonce une fois de plus âprement disputé, l'AFP a demandé à des Israéliens de différents horizons politiques et sociaux d'expliquer le choix qu'ils s'apprêtent à faire.
Chapeau d'Indiana Jones, barbe poivre et sel, ce Marseillais d'origine établi dans la colonie de Kfar Etzion, au sud de Jérusalem, croit que seul "Bibi" --surnom de M. Netanyahu-- peut favoriser l'annexion par Israël de la Cisjordanie occupée.
Il préfère accorder son vote au Likoud, parti historique de la droite israélienne, qu'à une plus petite formation de droite.
"Je vais continuer à voter Bibi, je ne changerai pas. Je pense qu'il a fait pas mal de choses jusqu'à aujourd'hui. Il a fait avancer notre pays. Il a des idées de droite, bien à droite, comme je pense moi. Je ne donnerai pas ma voix à un petit parti parce que c'est important pour moi que ce soit un grand parti qui l'obtienne", dit-il.
Le quinquagénaire plaide pour une solution à un Etat (Israël) et non deux (Israël et Palestine), en annexant "toutes les terres qui sont considérées comme territoires occupés" tout en accordant "la possibilité aux Palestiniens de vivre avec nous, en paix".
"Je ne suis pas venu pour les occuper mais je suis venu pour y vivre, être à côté de Jérusalem, dans un endroit pastoral. J'aime la terre et je pense que mes racines sont là. Leurs racines aussi donc je ne vois aucune raison pour qu'on ne puisse pas vivre ensemble. Et c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on fait tous les jours", affirme-t-il.
Originaire de Philadelphie aux Etats-Unis, cette étudiante a immigré en 2013 en Israël puis y a fait son service militaire. Elle dit avoir trouvé un "optimisme pratique" dans la formation centriste Yesh Atid du chef de l'opposition Yaïr Lapid.
"En hébreu +Yesh Atid+ signifie littéralement +Il y a un futur+. Et c'est ce qu'ils représentent: un optimisme pratique. Ils ont une vision pour rendre notre pays meilleur et un plan pour y arriver. Aussi, je respecte énormément l'intégrité de la direction de ce parti, je crois en Yaïr Lapid et dans le groupe qu'il a formé pour la liste électorale", dit-elle.
"Je crois absolument qu'il peut y avoir un changement en Israël. Mais je ne crois pas que ce changement puisse se produire avec les mêmes personnes au pouvoir. Alors pour changer la situation, il faut non seulement changer le Premier ministre mais aussi la coalition au pouvoir".
Entrepreneur dans l'immobilier et pianiste à ses heures, ce juif ultra-orthodoxe a consulté son rabbin pour le guider dans son choix. Verdict: il votera pour un parti ultra-orthodoxe (Shass ou Judaïsme unifié de la Torah), allié à M. Netanyahu.
"Pour tout ce que je fais dans ma vie, je consulte des gens plus intelligents que moi. Parfois, il s'agit de rabbins, parfois de professionnels. Il est important de ne pas tout le temps prendre des décisions en solitaire. Et puis, les partis ultra-orthodoxes ont des responsabilités à l'égard de (la défense) du judaïsme", dit-il.
"L'unité de la communauté ultra-orthodoxe rend presque irréaliste pour un ultra-orthodoxe de voter pour un autre parti. Notre vie entière est au service de la communauté. Tout, tout, tout, tout. Ce sont des communautés fermées qui ne sont pas liées, idéologiquement ou socialement, avec le reste du pays".
Avocat, Amer se définit comme "Palestinien" de Jérusalem-Est bien qu'il ait obtenu ces dernières années la nationalité israélienne. Si M. Netanyahu a multiplié ces derniers mois les accords de normalisation avec des pays arabes (Emirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc), Amer lui reproche de ne pas oeuvrer à la paix avec les Palestiniens.
Benjamin "Netanyahu est vraiment intéressé par le développement de relations avec des pays arabes mais il n'est pas vraiment intéressé par faire la paix avec les Palestiniens, malgré le fait qu'ils viennent d'ici et vivent ici. Tous les autres partis ont des vues similaires, ils ne s'intéressent pas à la paix avec les Palestiniens mais seulement à celle avec les pays arabes", dit-il.
Pour cette élection, les partis arabes israéliens --minorité qui constitue environ 20% de la population-- se sont scindés en deux listes: l'une tend la main à Benjamin Netanyahu, l'autre, la "Liste arabe unie", s'y oppose.
"Je vais voter pour la +Liste arabe unie+ en espérant (...) une coexistence pacifique entre Palestiniens et Israéliens".
Long cheveux roux, masque sanitaire bleu lui barrant le visage lorsqu'elle déambule entre les étals du marché Mahane Yehuda à Jérusalem, cette étudiante est toujours indécise à l'approche de son premier vote.
"Quatre élections en moins de deux ans, c'est à la fois complexe et inquiétant, pour ne pas dire pénible. Je n'aimais pas y penser, ce n'était pas plaisant, et je me suis dit: +Que les politiciens se battent entre eux et ce qui arrivera, arrivera+. Mais, après, je me suis dit que tout ça engageait mon futur, celui de mes (futurs) enfants, de mes proches et que tout ça comptait trop pour que je ne m'en soucie pas".
Alors pour qui voter? Shira garde en partie le mystère: "Je m'efforce de croire que quelque chose peut changer, sinon cette élection ne sert à rien. Et bien que ce soit la quatrième élection (en moins de deux ans), je crois que, peut-être, il y aura un changement".
bur-gl/cgo/elm
Menacé aux élections, Netanyahu tend la main à l'extrême droite #
Il est l'héritier politique d'un des rabbins les plus radicaux de l'histoire d'Israël, il a déjà plaidé pour "l'expulsion" des Arabes et pourrait sauver le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l'issue des législatives du 23 mars. Son nom: Itamar Ben Gvir.
Inculpé 53 fois, ce quadragénaire au visage rond qui polarise la scène politique israélienne se vante d'avoir été innocenté dans 46 cas d'incitation au racisme et soutien au terrorisme. Et c'est sur la recommandation des juges qu'il a entrepris des études de droit, pour se défendre lui-même, se targue-t-il.
Allié au député nationaliste Bezalel Smotrich sous la bannière du "Parti sioniste religieux", M. Ben Gvir pourrait pour la première fois devenir député.
En Israël, pays où la proportionnelle prévaut, les partis doivent obtenir un minimum de 3,25% des voix pour faire leur entrée à la Knesset, le Parlement, un plancher que la formation de Ben Gvir devrait atteindre selon les derniers sondages et qui lui permettrait de mettre la main sur quatre députés sur les 120 de la chambre.
S'il louvoie dans le jeu des alliances politiques, Itamar Ben Gvir a gardé intact ou presque sa ligne idéologique, inspirée du controversée rabbin Meïr Kahane, fondateur du parti anti-arabe Kach. Cette formation avait été classée "terroriste" après l'assassinat en 1994 de 29 Palestiniens à Hébron, en Cisjordanie, par l'un de ses disciples, Baruch Goldstein.
M. Ben Gvir n'hésite pas à qualifier ce dernier de "héros", plaide pour que les Arabes soient expulsés d'Israël et appelle à l'annexion de la Cisjordanie occupée, territoire occupé par Israël où vivent 2,8 millions de Palestiniens.
S'il incarnait jusqu'alors une extrême droite à laquelle il ne faisait pas bon genre de s'allier, les choses ont changé ces derniers mois alors que M. Netanyahu, dans le collimateur de la justice pour "corruption", tente de grappiller le plus de voix à droite pour se maintenir au pouvoir.
D'après des observateurs, le Premier ministre a poussé des micro-partis de la droite radicale à s'allier à Otzma Yehudit ("Pouvoir juif") de M. Ben Gvir afin qu'ensemble ils puissent atteindre le seuil des 3,25% et ainsi le soutenir pour former une coalition de droite après les élections.
MM. Netanyahu et Ben Gvir n'ont jamais nié la manoeuvre. "Seul Ben Gvir peut sauver Bibi", peut-on lire sur de larges banderoles électorales de son parti, utilisant le surnom du Premier ministre de droite.
Reste à savoir ce que M. Ben Gvir pourrait recevoir en échange: une place dans un gouvernement Netanyahu? Ce dernier a assuré que ce ne serait pas le cas mais a indiqué qu'il ferait partie de sa "coalition".
Plusieurs à droite, dont des ténors du Likoud de M. Netanyahu comme Yuval Steinitz, ont estimé qu'il serait "impur" d'accepter un tel politicien dans un futur gouvernement.
Dans l'opposition, sa possible entrée au Parlement suscite une levée de boucliers. "Tenter de faire entrer" M. Ben Gvir à la Knesset est une "honte", a estimé le centriste Yaïr Lapid.
"Si Netanyahu gagne, il formera un gouvernement avec (...) Smotrich et Ben Gvir". Ce sera "un gouvernement extrémiste, homophobe, chauvin et anti-démocratique", a-t-il mis en garde.
Une partie de la classe politique remet en cause la conduite de M. Ben Gvir dans les semaines ayant précédé l'assassinat de Yitzhak Rabin en 1995.
A l'époque, dans un climat tendu après les accords d'Oslo avec les Palestiniens, le jeune Ben Gvir avait arraché le symbole "Cadillac" sur la voiture du Premier ministre et lancé: "On est arrivé jusqu'à ce symbole. On arrivera jusqu'à lui".
Pour le journaliste et analyste Shmuel Rosner, les calculs de M. Netanyahu montrent qu'il "est moins intéressé par ce que les gens diront ou penseront que par la façon de garder le pouvoir". "Si cela doit passer par l'entrée de Ben Gvir au Parlement, cela ne l'arrêtera pas", dit-il.
M. Ben Gvir ne serait pas le premier disciple de Meïr Kahane, qu'il a qualifié récemment de "formidable", à entrer au Parlement. Michael Ben Ari y avait siégé entre 2009 et 2013.
Mais depuis, "la tolérance envers les extrêmes, de chaque côté, est devenue plus grande", explique M. Rosner. "La compétition est si serrée et la difficulté d'atteindre la victoire si grande, que de plus en plus de limites psychologiques sont en train d'être franchies".
jjm/scw/cgo/gl/vl
En Israël, la pandémie ébranle les certitudes politiques d'ultra-orthodoxes #
Pour la première fois de sa vie, Aharon ne votera pas pour un parti ultra-orthodoxe aux élections législatives israéliennes. Pourquoi? Les leaders de sa communauté "ont vraiment fait n'importe quoi" face à la pandémie de coronavirus.
Ce père de trois enfants, qui préfère taire son nom de famille, avait déjà envisagé de donner son vote à une autre formation mais une fois dans l'isoloir, il a toujours préféré rester loyal à sa communauté.
Mais mardi prochain, il ne choisira pas le "Judaïsme unifié de la Torah" (JUT), le parti ultra-orthodoxe ashkénaze.
"Je pensais qu'ils réagiraient immédiatement, haut et fort, clairement. Au lieu de ça, ils ont été 'gris', ce qui en hébreu veut dire qu'ils n'ont rien fait", regrette celui qui va finalement voter pour Bezalel Smotrich, un ténor de la droite radicale.
La crise sanitaire a suscité des tensions avec les ultra-orthodoxes, montrés du doigt par une partie de la population pour être en grande partie responsables de la circulation du virus dans le pays.
Les images par exemple d'une foule de "haredim" ("craignant Dieu" en hébreu) fin janvier dans un quartier de Jérusalem lors de funérailles d'un rabbin, au moment où Israël vivait son troisième confinement strict, ont fait le tour des réseaux sociaux et des messageries.
Au-delà des tensions avec la population laïque, la communauté elle-même s'est retrouvée divisée, expliquent des spécialistes du monde ultra-orthodoxe.
Certains "haredim" ont eu la réaction "classique" consistant à dénoncer une "chasse aux sorcières" du reste du pays et des médias contre eux, explique le rabbin Yehoshua Pfeffer, rédacteur pour le site ultra-orthodoxe Tzarich Iyun.
D'autres ont réagi de façon "plus réfléchie", se demandant comment une communauté qui s'estime moralement plus élevée, car respectant une interprétation stricte du judaïsme, est devenue l'enfant terrible de la crise sanitaire, selon M. Pfeffer.
"Si nous étions tellement droits, moralement irréprochables (...) on aurait certainement pu gérer tout cela aussi bien que les autres, si ce n'est mieux", dit-il à l'AFP.
Par le passé, Aharon avait déjà envisagé de quitter le monde ultra-orthodoxe, qui vit majoritairement en vase clos.
"Toute ma famille et tous mes amis sont haredim alors je me dis qu'il était préférable de rester", raconte-t-il à l'AFP.
Quand la pandémie a débuté, il s'attendait à ce que son parti, dont le chef, le rabbin Yaakov Litzman, était d'ailleurs ministre de la Santé, souligne l'importance du respect des règles sanitaires, même si cela aurait un impact sur la vie communautaire comme les rassemblements dans les synagogues, les funérailles et les mariages.
Quand les rabbins influents ont insisté pour que les écoles restent ouvertes et que les députés du JUT n'ont pas bougé, cela a prouvé la primauté des autorités religieuses sur le politique et sur le bien de la communauté, estime Aharon.
L'électorat ultra-orthodoxe "est de plus en plus sceptique" envers ses leaders, estime Benjamin Brown, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de la question. Si cette tendance est encore minoritaire, elle "peut devenir de plus en plus importante".
De son propre aveu, Pnina Pfeuffer est une anomalie dans la société ultra-orthodoxe. Divorcée et mère de deux enfants, cette femme de 42 ans a fondé le groupe "Nouveaux haredim", destiné à promouvoir les valeurs progressistes dans sa communauté.
Selon elle, la pandémie a révélé les problèmes de leadership politique au sein même de la minorité ultra-orthodoxe: "les haredim ne considèrent pas les chefs politiques comme des chefs (...) le leadership est toujours celui des rabbins".
Or au fil des années, la communauté est passée "de toute petite minorité à très grande minorité", représentant désormais 12% de la population en Israël mais environ 40% des naissances.
Un fort taux de chômage et de pauvreté, un refus d'introduire mathématiques et science dans l'éducation et l'intransigeance de certains de leurs leaders face à la pandémie sont des réalités de la vie des "haredim" qui ont un impact sur le reste d'Israël, estime Mme Pfeuffer.
Pour elle, la gestion de la pandémie par des rabbins orthodoxes a permis "une prise de conscience" chez des ultra-orthodoxes qui doivent désormais "décider ce qu'ils vont faire à l'avenir".
bs/cgo/vl