Kenya: les "mama mboga" placent leurs derniers espoirs dans le futur président #
Derrière son étal de fortune, une bâche en plastique posée au sol parsemée de bottes d'épinards et de feuilles de kale, Agneta Muhonja Ambane a le regard fatigué.
Cette grand-mère de 68 ans ans n'est pas rentrée chez elle hier soir. Elle a préféré dormir "dans le froid" dans un coin du marché d'Eldoret, ville du centre du Kenya, de peur de trouver chez elle son propriétaire qui lui réclame un loyer qu'elle ne peut plus payer.
Agneta est une "mama mboga" ("maman légumes" en kiswahili), comme on en trouve partout le long des rues, au bord des routes au Kenya. Ces mères de famille vendent quelques fruits, légumes, haricots ou poissons frits pour faire vivre leurs foyers.
Agneta vend des légumes depuis qu'elle a huit ans. Mais "aujourd'hui c'est vraiment dur, la vie est trop chère", soupire-elle.
Le Kenya fait face à une flambée des prix des denrées alimentaires et de l'essence, entamée avec la pandémie de Covid-19 et aggravée par la guerre en Ukraine. L'inflation a atteint 8,3% en juillet et le coût de la vie a été au coeur de l'élection présidentielle qui s'est tenue mardi.
L'enfant du pays, le vice-président sortant William Ruto qui figure parmi les deux favoris, s'est érigé en porte-parole des "débrouillards" ("hustlers") qui luttent pour joindre les deux bouts. Son rival Raila Odinga, opposant historique désormais soutenu par le président sortant Uhuru Kenyatta, a également promis d'améliorer le sort du petit peuple.
Après avoir voté, les "mama mboga" d'Eldoret attendent désormais que le candidat élu - dont l'identité n'est pas encore connue - tienne ses promesses.
Pour elles, la situation devient grave. Les clients se font de plus en plus rares.
Les maigres revenus d'Agneta Muhonja Ambane ont fondu. "Parfois, vous allez réaliser un bénéfice de seulement 100 shillings (80 centimes d'euros, ndlr) en une journée. Qu'allez-vous acheter avec 100 shillings ?", explique cette grand-mère de 27 petits-enfants, les bras croisés sur son tablier à carreaux orange : "Et vous pensez que c'est possible de subvenir aux besoins de ma famille avec ces légumes ? Ce n'est pas possible".
"Lorsqu'on tombe malade, on ne peut pas se permettre d'aller à l'hôpital. Soit vous choisissez d'avoir de la nourriture dans l'estomac, soit d'aller à l'hôpital", poursuit-elle, avant de s'interrompre.
Une cliente demande le prix des épinards. Quelques mots échangés et elle repart. "Je lui ai dit 20 shillings (15 centimes d'euros, ndlr). Elle voulait 10, mais je l'achète à 15 !", explique Agneta, dépitée.
Au bout d'une rue voisine, Julia Chepchirchir a, elle, décidé de vendre à perte. "Sinon, je ne vends rien", explique cette mère célibataire, la tête enturbannée d'un foulard rose.
"Depuis le Covid, on tourne au ralenti. On espère qu'après les élections, tout ira mieux. On essaie de vendre mais les gens n'achètent pas, l'argent ne circule pas (...) Je ne sais pas pourquoi les prix ont tellement augmenté, je n'ai jamais connu ça", ajoute-t-elle.
Cette quadragénaire, qui vit avec ses "trois bébés" de 20, 18 et 14 ans, a renoncé à l'ugali, plat à base de farine de maïs qui est l'aliment de base au Kenya : "La farine de maïs est trop chère, je suis obligée de manger du riz et des pommes de terre".
"Je ne mange plus ni poisson, ni viande", confirme sa voisine d'étal, Gladys Nyaanga Yeno: "Nous ne mangeons que des légumes, mais pas des tomates parce que c'est trop cher. Le sucre, le savon, la farine de maïs... Tout a augmenté".
"Il faut de l'aide du gouvernement. On doit payer les frais de scolarité, le loyer, certains de nos enfants deviennent des enfants des rues", poursuit cette femme de 35 ans.
De plus en plus de Kényans déplorent les promesses non tenues de la classe politique pour aider le "mwananchi", le citoyen lambda. Pour certains, cela explique l'abstention en hausse mardi, à près de 35%.
Mais pour les "mama mboga", "on n'a pas d'autre choix que d'espérer", glisse Gladys Nyaanga Yeno.
"Si ça continue comme ça, les vieilles femmes comme moi mourront à cause du coût de la vie et du stress que ça cause", confie Agneta, le regard dans le vide: "Parfois, je me dis que ce serait mieux de mourir et me reposer. Ce n'est pas ainsi qu'un être humain devrait vivre. Et il y a tellement de gens dans cette situation".
sva/al/jg
Kenya: la lenteur du décompte alimente l'impatience après la présidentielle #
Le décompte des résultats des élections présidentielles au Kenya ne "va pas aussi vite" que prévu, a admis la Commission électorale vendredi, trois jours après le scrutin, alors que l'attente alimentait l'impatience dans le pays, locomotive économique d'Afrique de l'Est.
"Nous avons observé que nous n'avançons pas aussi vite que nous le devrions", a déclaré Wafula Chebukati, chef de la Commission électorale indépendante (IEBC), imputant ces retards aux interférences des partis des candidats à la présidentielle.
Si les observateurs internationaux ont salué cette année les progrès réalisés par l'IEBC, contribuant au déroulement pacifique du vote mardi, le comptage et la consolidation des résultats prennent plus de temps que prévu.
Cette lenteur alimente la nervosité des Kényans, impatients de reprendre une vie normale et de savoir qui de Raila Odinga ou de William Ruto deviendra leur prochain président.
Il y a cinq ans, les résultats officiels étaient tombés trois jours après le scrutin.
L'IEBC est d'autant plus sous pression qu'elle a été critiquée pour l'annulation en justice de la présidentielle d'août 2017. Elle a jusqu'au 16 août pour annoncer les résultats définitifs.
Le directeur général de la commission électorale, Marjan Hussein Marjan, a nié vendredi que les systèmes informatiques de la commission et son portail de résultats avaient été mis en péril.
"Nous tenons à assurer le pays que rien de tel ne s'est produit", a-t-il déclaré aux journalistes. "Nous assurons à tout le pays que nos systèmes sont réellement sécurisés... les mécanismes que nous avons mis en place sont infaillibles"", a-t-il affirmé.
Mardi, 22,1 millions de Kényans étaient appelés aux urnes pour choisir le successeur de Uhuru Kenyatta, président depuis 2013. Cinq autres scrutins concomitants étaient organisés, pour élire entre autres les parlementaires et les représentants locaux.
Les partis politiques avaient déployé leurs propres observateurs dans les quelque 46.000 bureaux de vote, les yeux rivés sur les urnes. Certains assaillent aujourd'hui de questions les agents électoraux, assure l'IEBC.
- Pays au ralenti -
"Ne ralentissez pas le processus", leur a lancé vendredi M. Chebukati, sinon "nous ne pourrons pas terminer" dans les sept jours impartis par la loi.
L'impatience de connaître les résultats grandit chez les quelque 50 millions de Kényans.
Le pays marche en effet encore au ralenti, les écoles restent fermées alors que les opérations de compilation des procès-verbaux se poursuivent au niveau des circonscriptions, des comtés et au niveau national à Nairobi.
Dès le lendemain du scrutin, les télévisions kényanes ont commencé à diffuser des estimations de résultats, évolutifs et parfois contradictoires, basés sur leurs propres décomptes.
Ils semblaient conforter le scenario d'un duel serré entre deux des quatre candidats à la présidentielle: Raila Odinga, 77 ans, qui a reçu le soutien du président Kenyatta et de son parti, et William Ruto, 55 ans vice-président sortant.
Or ces chaînes de télévision ont cessé de diffuser leurs estimations de résultats, a-t-on constaté vendredi, sans fournir d'explications.
Une décision saluée à Kisumu (ouest) car ces estimations "amenaient les émotions à faire le yo-yo", a commenté le pasteur Christopher Mesa. "Nous préférerons encore que cela prenne du temps mais que ça soit clair".
Jael Akinyi, bibliothécaire à la retraite de 65 ans, évoquait elle vendredi la nervosité ambiante dans des rues où la vie commençait à reprendre.
Les magasins fermés depuis mardi, journée déclarée fériée, ouvraient à nouveau, les marchands de rue déballaient à nouveau leurs légumes ou piles de poissons séchés sous les parasols.
"Nous sommes un peu inquiets. Nous prions pour qu'ils publient (les résultats), le plus tôt sera le mieux", a déclaré à l'AFP cette retraitée sortie dans la rue pour acheter du manioc.
Selon la Commission électorale, le taux de participation mardi s'élevait à un peu plus de 65%, en baisse par rapport aux 78% recensés lors des élections d'août 2017.
Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya, donnant parfois lieu à des violences sanglantes.
En 2007-2008, la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés, les pires violences post-électorales depuis l'indépendance du pays en 1963.
amu-al-ho-np/md/cpy
Kenya: la lenteur du décompte alimente l'impatience après la présidentielle #
Le décompte des résultats des élections au Kenya ne "va pas aussi vite" que prévu, a admis la Commission électorale vendredi, trois jours après le scrutin, alors que l'attente alimentait l'impatience dans la locomotive économique d'Afrique de l'Est.
"Nous avons observé que nous n'avançons pas aussi vite que nous le devrions", a déclaré Wafula Chebukati, chef de la Commission électorale indépendante (IEBC), imputant ces retards aux interférences des partis des candidats à la présidentielle.
Si les observateurs internationaux ont salué cette année les progrès réalisés par l'IEBC, contribuant au déroulement pacifique du vote mardi, le comptage et la consolidation des résultats prennent plus de temps que prévu.
Cette lenteur alimente la nervosité des Kényans, impatients de reprendre une vie normale et de savoir qui de Raila Odinga ou de William Ruto deviendra leur prochain président.
Il y a cinq ans, les résultats officiels étaient tombés trois jours après le scrutin.
L'IEBC est d'autant plus sous pression qu'elle a été critiquée pour l'annulation en justice de la présidentielle d'août 2017. Elle a jusqu'au 16 août pour annoncer les résultats définitifs.
Mardi, 22,1 millions de Kényans étaient appelés aux urnes pour choisir le successeur de Uhuru Kenyatta, président depuis 2013. Cinq autres scrutins concomitants étaient organisés, pour élire entre autres les parlementaires et les représentants locaux.
Les partis politiques avaient déployé leurs propres observateurs dans les quelque 46.000 bureaux de vote, les yeux rivés sur les urnes. Certains assaillent aujourd'hui de questions les agents électoraux, assure l'IEBC.
"Ne ralentissez pas le processus", leur a lancé vendredi M. Chebukati, sinon "nous ne pourrons pas terminer" dans les sept jours impartis par la loi.
L'impatience de connaître les résultats grandit chez les quelque 50 millions de Kényans.
Le pays marche en effet encore au ralenti, les écoles restent fermées alors que les opérations de compilation des procès-verbaux se poursuivent au niveau des circonscriptions, des comtés et au niveau national à Nairobi.
Dès le lendemain du scrutin, les télévisions kényanes ont commencé à diffuser des estimations de résultats, évolutifs et parfois contradictoires, basés sur leurs propres décomptes.
Ils semblaient conforter le scenario d'un duel serré entre deux des quatre candidats à la présidentielle: Raila Odinga, 77 ans, qui a reçu le soutien du président Kenyatta et de son parti, et William Ruto, 55 ans vice-président sortant.
Or ces chaînes de télévision ont cessé de diffuser leurs estimations de résultats, a-t-on constaté vendredi, sans fournir d'explications.
Une décision saluée à Kisumu (ouest) car ces estimations "amenaient les émotions à faire le yo-yo", a commenté le pasteur Christopher Mesa. "Nous préférerons encore que cela prenne du temps mais que ça soit clair".
Jael Akinyi, bibliothécaire à la retraite de 65 ans, évoquait elle vendredi la nervosité ambiante dans des rues où la vie commençait à reprendre.
Les magasins fermés depuis mardi, journée déclarée fériée, ouvraient à nouveau, les marchands de rue déballaient à nouveau leurs légumes ou piles de poissons séchés sous les parasols.
"Nous sommes un peu inquiets. Nous prions pour qu'ils publient (les résultats), le plus tôt sera le mieux", a déclaré à l'AFP cette retraitée sortie dans la rue pour acheter du manioc.
Selon la Commission électorale, le taux de participation mardi s'élevait à un peu plus de 65%, en baisse par rapport aux 78% recensés lors des élections d'août 2017.
"Ce qui compte, c'est les élus (locaux), eux sont influents pour notre quotidien", a balayé Peter Kamau, chauffeur de 42 ans. "Nous voulons un retour à la vie normale".
Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya, donnant parfois lieu à des violences sanglantes.
En 2007-2008, la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés, les pires violences post-électorales depuis l'indépendance du pays en 1963.
amu-al-ho-np/md/cpy
Kenya/présidentielle: les télévisions arrêtent de diffuser leurs estimations de résultats #
Les télévisions kényanes ont arrêté de diffuser leurs estimations de résultats des élections de mardi, soulevant des interrogations sur l'issue de ce scrutin à forts enjeux alors que le dépouillement se poursuivait vendredi.
La Commission électorale indépendante (IEBC) doit d'ici le 16 août annoncer les résultats définitifs de la présidentielle de mardi dernier, qui doit désigner le successeur de Uhuru Kenyatta, président depuis 2013, et de cinq autres scrutins concomitants, parlementaires et de représentants locaux.
Le dépouillement débuté mardi soir se poursuivait vendredi au niveau des circonscriptions, des comtés et au niveau national à Nairobi.
Dès le lendemain du scrutin, les télévisions kényanes ont commencé à diffuser en direct des résultats partiels, fluctuants et parfois contradictoires, basés sur leurs propres décomptes.
Ils semblaient conforter le scenario d'un duel serré entre deux des quatre candidats à la présidentielle: Raila Odinga qui a reçu le soutien du président pour l'élection, et William Ruto, vice-président sortant.
Or les chaînes de télévision ont cessé de diffuser leurs décomptes évolutifs de résultats, a-t-on constaté vendredi, sans fournir d'explications pour cet arrêt impromptu, survenu au moment même où l'IEBC exhortait les Kényans à la patience.
"Il ne faut pas paniquer devant les différences qu'on voit dans les médias", a déclaré le chef de cette dernière, Wafula Chebukati, répétant que les résultats définitifs seraient bien annoncés par l'IEBC.
Selon la Commission électorale, le taux de participation mardi s'élevait à un peu plus de 65%, en baisse par rapport aux 78% recensés lors des élections d'août 2017.
"Ce qui compte, c'est les élus (locaux), eux sont influents pour notre quotidien. Peu m'importe les dépouillements en cours pour la présidentielle, ça rend les gens anxieux", a déclaré à l'AFP Peter Kamau, chauffeur de 42 ans.
"Nous voulons un retour à la vie normale", ajoute-t-il.
Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya, donnant parfois lieu à des violences sanglantes.
En 2007-2008, la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés, les pires violences post-électorales depuis l'indépendance du pays en 1963.
L'IEBC est cette année particulièrement sous pression après l'annulation par la Cour suprême de la dernière présidentielle en 2017 pour "irrégularités".
amu-al/md/emd
Présidentielle au Kenya: inquiétude face à la désinformation, le dépouillement continue #
Des observateurs internationaux ont exprimé jeudi leur inquiétude face à la propagation de la désinformation au Kenya durant l'attente des résultats de l'élection présidentielle, qui s'annonce comme la plus serrée de l'histoire du pays.
Deux jours après que 22,1 millions de Kényans ont été appelés aux urnes, les opérations de comptage et de vérification des votes se poursuivaient jeudi. Les résultats officiels sont attendus dans les prochains jours, le 16 août au plus tard.
Mais déjà des médias kényans diffusent des décomptes provisoires qui annoncent un duel au coude à coude entre les deux favoris, le vice-président sortant William Ruto et Raila Odinga, figure historique de l'opposition qui a reçu le soutien du président sortant Uhuru Kenyatta.
Durant cette période d'attente, les réseaux sociaux sont inondés de désinformation contre laquelle des observateurs électoraux du Commonwealth ont mis en garde, y voyant une source potentielle de tensions dangereuses dans un pays qui a connu plusieurs épisodes de violences post-électorales ces deux dernières décennies.
"Le décalage entre l'annonce des résultats officiels par l'IEBC (la commission électorale indépendante, ndlr) et ceux provisoires, et parfois contradictoires, annoncés par les médias sont une source d'inquiétude", a déclaré à la presse le chef de la mission d'observation du Commonwealth, le Jamaïcain Bruce Golding.
"La désinformation et les incitations à la haine en particulier en ligne" sont "des appels à la violence par les hommes politiques et leurs partisans", a-t-il ajouté.
Des observateurs de l'organisation américaine Institut national démocratique (NDI) ont également fait part de leur préoccupation. "Il est important qu'il y ait des informations précises et exactes et que tous les citoyens y aient accès", a commenté l'une des ses membres, Donna Brazile, lors d'une conférence de presse.
"C'est une affaire de confiance des citoyens dans le système et sa capacité à fonctionner correctement. Il ne s'agit pas de poursuivre la campagne", a-t-elle estimé.
La veille, Amnesty International et plusieurs ONG kényanes avaient également alerté sur "l'augmentation des niveaux d'informations fausses ou trompeuses" sur les réseaux sociaux.
Selon elles, candidats et partisans des deux camps ont "intentionnellement cherché à désinformer l'électorat et le public" sur le processus et les résultats électoraux.
Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya , donnant parfois lieu à des violences meurtrières.
En 2007-2008, la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés, les pires violences post-électorales depuis l'indépendance du pays en 1963.
Cette année, l'IEBC fait face à une forte pression, après l'annulation par la Cour suprême de la dernière présidentielle en 2017. Un nouveau scrutin avait été ordonné, prolongeant une période électorale marquée par des dizaines de morts dans des répressions policières.
L'ensemble des observateurs, locaux ou étrangers, ont souligné que les opérations de vote s'étaient globalement déroulées sans accroc et de manière pacifique mardi.
Les Kényans ont voté pour choisir leur nouveau président pour les cinq prochaines années, mais aussi leurs gouverneurs, parlementaires et plus de 1.500 élus locaux.
L'IEBC n'a pas encore publié de chiffres définitifs sur la participation mais mercredi, elle s'élevait selon elle à un peu plus de 65%, un taux qui apparaît en baisse par rapport aux 78% lors des élections d'août 2017.
Des observateurs de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) se sont inquiétés de cette faible participation, notamment parmi les moins de 35 ans.
"Cela devrait préoccuper tout le monde que les jeunes ne participent pas au processus", a déclaré Jakaya Kikwete, chef de la mission d'observation de l'EAC.
Face aux difficultés économiques dans ce pays de 50 millions d'habitants qui connaît une flambée des prix de la nourriture et du carburant, de nombreux Kényans, comme Ruth Musyoki, ont déclaré ne plus se déplacer pour élire des dirigeants qui n'ont guère amélioré les choses.
"J'ai voté deux fois dans ma vie", explique cette Nairobienne de 40 ans, "et après les dernières élections, j'ai décidé que je ne voterais même pas parce que c'est une perte de temps".
bur-amu/sva/al/cpy
Elections au Kenya: les observateurs inquiets de la désinformation en ligne #
Des observateurs internationaux ont mis en garde jeudi contre la désinformation en ligne au Kenya , alors que le dépouillement se poursuivait deux jours après la présidentielle à forts enjeux pour ce pays d'Afrique de l'Est.
Dans l'attente des résultats définitifs de ce qui s'annonce un duel serré entre les deux favoris William Ruto et Raila Odinga, les réseaux sociaux été inondés de fausses informations sur l'issue du scrutin, inquiétant également ONG et organisations de la société civile qui accusent les deux camps de colporter des messages fallacieux.
"Le laps de temps entre l'annonce des résultats officiels par l'IEBC (la commission électorale indépendante, ndlr) et ceux provisoires, et parfois contradictoires, annoncés par les médias sont une source d'inquiétude", a déclaré jeudi devant la presse le chef de la mission d'observateurs du Commonwealth, le Jamaïcain Bruce Golding.
"La désinformation et les incitations à la haine en particulier en ligne" sont "des appels à la violence par les hommes politiques et leurs partisans", a-t-il ajouté.
Raila Odinga, figure historique de l'opposition qui a reçu le soutien du président pour l'élection, et Wiliam Ruto, vice-président sortant, semblent au coude à coude, selon des décomptes provisoires, et fluctuants, des médias kényans.
Selon l'IEBC, les quelques 46.000 bureaux de vote continuaient de transmettre leurs procès-verbaux, qui devaient ensuite être collectés et vérifiés.
C'est un "exercice important" et "nous nous efforcerons de terminer le plus tôt possible", a déclaré son chef Wafula Chebukati.
Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya , donnant parfois lieu à de violences sanglantes.
La présidentielle de 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, prolongeant une période électorale marquée par des dizaines de morts dans des répressions policières.
Dix ans plus tôt, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.
"Il est important qu'il y ait des informations précises et exactes et que tous les citoyens y aient accès", a commenté jeudi Donna Brazile, de l'Institut national démocratique, dans un point de presse distinct.
C'est aussi "une affaire de confiance des citoyens dans le système et sa capacité à fonctionner correctement. Il ne s'agit pas de poursuivre la campagne", a-t-elle ajouté
L'IEBC avait été vivement critiquée lors de la présidentielle de 2017, notamment pour sa gestion des transmissions électroniques.
Mardi, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire le successeur d'Uhuru Kenyatta, dans l'impossibilité de briguer un troisième mandat, ainsi que des centaines de parlementaires et quelque 1.500 élus locaux. La participation est en forte baisse par rapport au 78% de 2017.
ho/amu/al/sva/cpy
Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #
Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.
Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.
"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).
Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.
Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.
MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.
La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.
Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.
Mercredi soir, Amnesty International et plusieurs organisations kényanes de la société civile se sont dits préoccupés par "l'augmentation du nombre d'informations fausses ou trompeuses" diffusées sur les médias sociaux.
Plusieurs messages de candidats et de leurs partisans dans les camps d'Odinga et de Ruto avaient "intentionnellement cherché à mal informer l'électorat et le public sur le processus électoral et les résultats des élections", ont-elles souligné dans un communiqué commun.
La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.
"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.
L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.
Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.
Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.
"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".
Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.
Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.
"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.
Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.
A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.
al-bur/md/cpy
Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #
Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.
Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.
"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).
Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.
Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.
MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.
La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.
Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.
La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.
"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.
L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.
Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.
Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.
"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".
Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.
Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.
"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.
Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.
A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.
"De manière générale, l'atmosphère politique a été neutre en quelque sorte, et donc la tension est moins intense", résume Benson Juma, un travailleur social de 38 ans d'Eldoret. "Je sais que la paix prévaudra".
al-bur/md/cpy
Elections au Kenya: les étapes d'après #
Le Kenya scrutait mercredi les résultats de la présidentielle de la veille qui s'est déroulée dans le calme, émaillée par quelques problèmes techniques, retards de vote ou incidents sécuritaires à la marge.
Mais alors que le dépouillement est en cours, et ne permet pas de dégager de tendance dans le duel serré entre les deux favoris Raila Odinga et William Ruto, les risques d'une énième bataille post-électorale sont élevés.
Il faut remonter à 2002 pour trouver une présidentielle dont les résultats n'ont pas été contestés, et la mémoire du sang coulé lors de ces disputes électorales est encore vive.
La Commission électorale indépendante (IEBC) a jusqu'au 16 août maximum pour annoncer les résultats. Plus elle prendra de temps, plus le risque de tensions est important, selon des analystes.
Dans cette perspective, "la Commission appelle à la patience", a exhorté à nouveau mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.
Il faut en effet à l'IEBC dépouiller plus de 130 millions de bulletins qui ont été déposés dans plus de 46.000 bureaux de vote, puis transmettre et consolider les résultats.
Au total, six scrutins étaient convoqués mardi, les 22,1 millions d'électeurs devant aussi choisir leurs parlementaires, gouverneurs et 1.500 élus locaux.
Les résultats définitifs seront annoncés au centre Bomas, lieu touristique de la capitale transformé temporairement en forteresse hautement surveillée où personne ne peut pénétrer sans accréditation.
Pour l'emporter, un candidat doit recueillir 50% des voix plus un vote, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés. Si ces conditions ne sont pas remplies, un second tour doit être organisé dans les 30 jours, ce qui n'est jusqu'alors jamais arrivé au Kenya .
Tout recours en justice doit être déposé auprès de la Cour suprême dans les sept jours après l'annonce des résultats. La plus haute instance judiciaire du pays dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision, et, en cas d'annulation du scrutin comme en août 2017, une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours.
Si personne ne saisit la justice, le nouveau président élu prend ses fonctions dans les deux semaines suivant l'annonce des résultats.
Dans le pire des scénario, les bras de fer judiciaires pourraient durer jusqu'à avril ou début mai 2023. Mais ce cas de figure est fortement improbable.
Selon Ben Hunter, de l'institut d'analyse Verisk Maplecroft, le système judiciaire au Kenya est l'un des plus "robustes" de la région.
"Si le résultat est contesté, et qu'un candidat dépose une requête auprès de la Cour suprême, ce serait une étape positive car sinon l'alternative est d'appeler les partisans à protester."
"La Cour jouit d'une forte crédibilité et un processus judiciaire agirait comme une soupape pour les tensions politiques."
L'Union africaine, l'Union européenne et le Commonwealth entre autres ont envoyé des observateurs pour surveiller les élections, aux côtés de milliers de représentants de la société civile.
Raila Odinga, 77 ans s'est déjà lancé quatre fois dans la course présidentielle, sans succès: en 1997, 2007, 2013 et 2017, et a affirmé s'être fait voler la victoire lors de ces trois derniers scrutins.
En août 2017, il a saisi la justice criant au piratage du système électoral. La Cour suprême avait, dans une décision inédite en Afrique, ordonné l'annulation du scrutin en raison "d'irrégularités" en grande partie imputée à l'IEBC.
La nouvelle présidentielle s'était tenue en octobre, boycottée par Odinga et remportée par Uhuru Kenyatta.
Des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression des manifestations.
Dix ans plus tôt, en 2007, la lenteur et l'opacité du dépouillement de la présidentielle avaient renforcé les soupçons de fraude chez les partisans du candidat Odinga.
L'annonce de la victoire du président sortant Mwai Kibaki avait alors déclenché une violente contestation. Plus d'un millier de personnes avaient été tuées dans des affrontements politico-ethniques sans précédent et plus de 600.000 avaient été déplacées.
txw/amu/al/md/cpy
Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #
Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.
Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.
"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).
Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.
Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.
MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.
La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.
Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.
La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.
"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.
L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.
Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.
Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.
"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".
Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.
Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.
"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.
Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.
A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.
"De manière générale, l'atmosphère politique a été neutre en quelque sorte, et donc la tension est moins intense", résume Benson Juma, un travailleur social de 38 ans d'Eldoret. "Je sais que la paix prévaudra".
al-bur/md/cpy
Kenya: après le calme de l'élection, l'attente des résultats #
Les Kényans attendaient avec impatience mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.
Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.
A Kisumu (ouest), les magasins sont fermés le long de la principale rue commerçante. Aux coins des rues, les débats vont bon train, la presse du jour est épluchée. "Les résultats (provisoires) sont au coude à coude, donc on ne sait jamais", commente Koga Edward, 65 ans.
A Eldoret, une ville de la vallée du Rift (ouest) où une discrète présence policière est visible, Hillary Cheplong, 36 ans, un agent de la sécurité sociale, est impatient de connaître les résultats. "Je veux un président que j'ai élu pour qu'il puisse changer le coût de la vie, l'économie et améliorer la vie de beaucoup de gens".
A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants, ce qui serait une première au Kenya.
La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (IEBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins pour certains encore précieusement enfermés dans des urnes en plastique, et dissiper les craintes de truquage.
Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.
"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré mardi soir le président de l'IEBC, Wafula Chebukati, prévenant toutefois que les Kényans devraient s'armer de patience.
L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été lourdement critiquée en 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.
Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta, membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.
La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.
Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).
Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.
Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, était un opposant historique jusqu'à 2018 et son rapprochement avec Kenyatta, un pacte surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.
Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.
Leurs promesses de campagne, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.
"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.
En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.
Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon certains analystes.
Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.
al-bur/md/jhd