La Russie rappelle son ambassadeur aux Etats-Unis pour consultations #
La Russie a annoncé mercredi avoir rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis pour consultations, tout en assurant vouloir éviter la "dégradation irréversible" des relations avec Washington, après des déclarations de Joe Biden sur Vladimir Poutine.
Cette décision intervient quelques heures après des propos du président américain Joe Biden qui, interrogé par un journaliste qui lui demandait s'il pensait que son homologue russe Vladimir Poutine était "un tueur", a acquiescé et a promis qu'il paierait "le prix" de ses actes.
Des propos dénoncés à Moscou comme une "attaque" contre la Russie et une "insulte" envers le peuple russe.
Selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, l'ambassadeur à Washington Anatoli Antonov a été rappelé à Moscou "pour des consultations afin d'analyser ce qu'il faut faire et où aller en ce qui concerne les relations avec les États-Unis".
"Pour nous, l'essentiel est de déterminer quels peuvent être les moyens de rectifier les relations russo-américaines, qui sont dans un état difficile et que Washington a amené dans une impasse ces dernières années", a poursuivi la diplomatie russe.
Moscou assure pour autant vouloir "éviter leur dégradation irréversible", disant espérer que "les Américains sont conscients des risques".
Les relations entre la Russie et les Etats-Unis souffrent depuis des années de crises à répétition, de l'Ukraine à la Syrie en passant par des accusations d'ingérence électorale, d'espionnage ou, plus récemment, de cyberattaques.
Plus tôt mercredi, Washington avait annoncé étendre les restrictions d'exportation vers la Russie dans l'affaire de l'empoisonnement du principal opposant russe Alexeï Navalny, dont les services de renseignement américains attribuent la responsabilité au Kremlin.
Ces restrictions font suite à une série de sanctions financières à l'encontre de sept hauts responsables russes dont Alexandre Bortnikov, patron des services de sécurité russes (FSB), le chef des services pénitentiaires Alexandre Kalachnikov ou encore le Procureur général du pays, Igor Krasnov.
pop/lpt
Privée de migrants par le Covid-19, l'économie russe tente de s'adapter #
Les frontières fermées à cause du coronavirus ont coûté à la Russie des millions de travailleurs migrants des ex-républiques soviétiques, déstabilisant des secteurs de l'économie russe qui tournent grâce à eux.
"Ceux qui étaient là pendant la pandémie ont résisté un an, puis ils sont rentrés pour les fêtes, fin 2020, et n'ont pas pu revenir", explique Vitali Lytchits, vice-directeur de la construction du groupe de BTP Granelle, marchant entre les débris figés par le gel d'un chantier dans le sud-ouest de Moscou.
Le groupe emploie des travailleurs venus d'Arménie, d'Ukraine, du Bélarus, du Tadjikistan et d'Ouzbékistan.
Par -14°C, quelques employés arméniens se pressent autour d'un braséro de fortune.
Âgés de 20 à 50 ans, ces hommes timides concèdent avoir le mal du pays: plusieurs ont pu rentrer en Arménie et revenir une fois depuis le début de la pandémie, mais d'autres n'ont pas quitté la Russie depuis un an.
"Nous connaissons tous des gens qui sont morts pendant la guerre (au Nagorny Karabakh à l'automne 2020, ndlr), nous aurions préféré être là-bas plutôt qu'ici", concède le doyen du groupe.
Mais si partir en Arménie est facile, revenir en Russie est "très difficile".
Avant la pandémie, la Russie comptait près de 10 millions de travailleurs migrants (légaux et illégaux) pour environ 70 millions de Russes actifs, selon des estimations d'experts. En 2020, le nombre de migrants a progressivement diminué de moitié, d'après les autorités.
Originaires des ex-républiques soviétiques, ils occupent souvent des emplois difficiles et manuels, tandis que leurs transferts d'argent sont cruciaux pour l'économie de leurs pays d'origine.
Alors qu'ils sont essentiels dans la construction et l'agriculture, la sonnette d'alarme a été tirée en début d'année, le problème remontant jusqu'à Vladimir Poutine qui a chargé le gouvernement de prendre des mesures pour faciliter la venue de travailleurs migrants.
Fin décembre, le vice-Premier ministre Marat Khousnoulline avait indiqué que près de 1,5 million de migrants travaillant sur les chantiers manquaient à l'appel du fait de la fermeture des frontières en mars 2020.
Vitali Litchyts affirme que le groupe Granelle a "résolu le problème en embauchant davantage de travailleurs en provenance des régions russes".
Il reconnaît néanmoins que cela a un coût: les salaires des travailleurs russes sont 15 à 20% plus élevés que ceux des étrangers.
Les autorités "s'emploient activement à simplifier la procédure pour attirer les travailleurs migrants et délivrer des permis au format électronique", relève encore M. Litchyts.
Mais le processus reste lent: entre fin 2020 et février, seulement 14.000 migrants ont pu rejoindre les chantiers russes par une procédure simplifiée, selon les autorités.
Le président de la Fédération des migrants de Russie, Vadim Kozhenov, constate toutefois un effet positif à cette situation: "Les salaires ont augmenté de manière assez significative, de 20 à 100% selon les secteurs".
Finies aussi les pratiques abusives, qui consistaient à exploiter des travailleurs migrants avant de les expulser sans les payer, se réjouit-il.
Reste à savoir si cela sera toujours le cas quand les frontières rouvriront.
Car Ioulia Florinskaïa, chercheuse à l'université moscovite RANEPA, note que la pénurie n'est pas due qu'à la fermeture des frontières. "Une partie des travailleurs a quitté des emplois aux conditions difficiles et aux bas salaires", affirme-t-elle, visant en particulier le BTP.
Pour Iouri Kroupnov, spécialiste de la démographie, le nombre de travailleurs migrants en Russie diminue depuis 2015 à cause de la dégradation de la situation économique de la Russie. La dépréciation du rouble face au dollar rend par ailleurs les salaires russes moins intéressants.
"En outre, dans certains pays d'ex-URSS, la population en âge de travailler diminue et les voies de migration se diversifient", ajoute-t-il. L'Union européenne, la Turquie, l'Iran sont d'avantage plébiscités et des pays comme l'Ouzbékistan développent leur propre industrie, retenant leurs travailleurs.
A terme, la Russie risquerait d'affronter un important problème de manque de main d'oeuvre, alors que le pays est en proie depuis des années à un déclin démographique. En 2020, le pays a perdu 510.000 habitants.
or-apo/tbm/alf/abx/cn
Plainte en Russie contre des hommes de "Wagner" pour le meurtre d'un Syrien #
Trois ONG ont annoncé lundi avoir déposé plainte en Russie contre des mercenaires présumés de l'opaque organisation "Wagner" pour le meurtre cruel d'un Syrien en 2017, afin d'attirer l'attention sur ce groupe aux liens troubles avec le Kremlin.
Cette plainte pour un possible "crime de guerre", qui a peu de chances d'aboutir à un procès, survient au dixième anniversaire du conflit syrien, dans lequel la Russie est intervenue en 2015 au secours du président Bachar al-Assad.
Elle arrive aussi alors que de multiples actions en justice ont été lancées en Europe contre des responsables syriens accusés de torture.
Dans un communiqué, le Centre syrien des médias et de la liberté d'expression (SCM), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l'organisation russe Memorial affirment avoir identifié et "produit des preuves" attestant que des hommes de Wagner ont torturé et décapité un déserteur supposé de l'armée syrienne, en 2017 en Syrie.
"C'est la toute première fois qu'une telle action est intentée par les proches d'une victime syrienne contre des suspects russes", ont relevé les ONG.
"Cette plainte est importante car nous n'avons pas affaire à un seul crime mais à toute une chaîne d'impunité", a affirmé à l'AFP un responsable de Memorial, Alexandre Tcherkassov.
La plainte a été envoyée au Comité d'enquête, l'organisme russe chargé des principales investigations criminelles, qui doit désormais l'examiner et décider de lancer ou non une procédure pénale.
Interrogé sur cette démarche, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n'a pas souhaité commenter.
La vidéo du meurtre avait été révélée en 2019 par le journal Novaïa Gazeta. On y voit des hommes parlant russe frapper leur victime avec un marteau puis le démembrer, finissant par l'asperger d'essence et mettre le feu à son corps tandis que sa tête était suspendue à un poteau.
Ce journal d'opposition russe s'est dit victime d'une "attaque chimique" lundi dans ses locaux à Moscou, où une substance chimique inconnue a été déversée.
Le média avait déposé l'année dernière une première plainte contre les hommes de Wagner dans cette affaire en identifiant l'un d'entre eux et en dénonçant d'autres exactions. Celle-ci était restée lettre morte.
Apparu pour la première fois en Ukraine, Wagner n'a pas d'existence légale en Russie, où les sociétés militaires privées sont interdites. Mais la présence de ses combattants a été documentée en Syrie aux côtés de l'armée russe, en Libye avec les forces du maréchal Khalifa Haftar ou encore comme "instructeurs" en Centrafrique et ailleurs.
Si la constitution du dossier a nécessité six mois de travail, il a peu de chance d'aboutir au vu de la réticence de la justice russe à enquêter sur de tels crimes.
"Malheureusement, nous avons une énorme expérience négative en ce qui concerne ce genre d'affaires en Russie", explique M. Tcherkassov dont l'organisation Memorial, dans le collimateur des autorités, a notamment dénoncé les crimes commis par les forces russes en Tchétchénie.
Ilia Novikov, l'un des avocats des plaignants, assure pourtant que le droit russe oblige Moscou à enquêter sur les crimes commis par ses citoyens à l'étranger. Mais "le Comité d'enquête n'a ouvert aucune procédure" après la première plainte de Novaïa Gazeta, dit-il dans le communiqué.
La plainte annoncée lundi suit celles déposées ces dernières années par une centaine de réfugiés syriens contre de hauts dignitaires du régime de Bachar al-Assad en Allemagne, Autriche, Norvège ou Suède.
Jusqu'à présent, les hommes de Wagner ont échappé aux poursuites mais le parrain présumé de l'organisation, Evguéni Prigojine, est dans le collimateur des autorités américaines et européennes qui l'ont sanctionné. Il est recherché par le FBI.
Proche du président russe Vladimir Poutine, M. Prigojine a toujours démenti tout rôle dans Wagner.
Pour les trois ONG, il n'y a pas de doute, l'organisation est composée "de combattants russes agissant sous le contrôle effectif de la Russie" et impliquée "dans de graves violations des droits humains contre des civils", en Syrie et ailleurs.
En 2018, trois journalistes russes qui enquêtaient sur les activités du groupe en Centrafrique ont été tués. Victimes de bandits selon Moscou, ils seraient tombés dans un guet-apens tendu par des professionnels, selon l'opposition russe.
pop/apo/at
Une plainte en Russie contre des hommes de "Wagner" pour le meurtre d'un Syrien #
Trois ONG ont annoncé lundi avoir déposé plainte en Russie contre des mercenaires présumés de l'opaque organisation "Wagner" pour le meurtre cruel d'un Syrien en 2017, afin d'attirer l'attention sur ce groupe aux liens troubles avec le Kremlin.
Cette plainte pour un possible "crime de guerre", qui a peu de chances d'aboutir à un procès, intervient au dixième anniversaire du conflit syrien, dans lequel la Russie est intervenue en 2015 au secours du président Bachar al-Assad.
Elle arrive aussi alors que de multiples actions en justice ont été lancées en Europe contre des responsables syriens accusés de torture.
Dans un communiqué, le Centre syrien des médias et de la liberté d'expression (SCM), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l'organisation russe Memorial affirment avoir identifié et "produit des preuves" attestant que des hommes de Wagner ont torturé et décapité un déserteur supposé de l'armée syrienne, en 2017 en Syrie.
"C'est la toute première fois qu'une telle action est intentée par les proches d'une victime syrienne contre des suspects russes", ont relevé les ONG, qui veulent attirer l'attention sur les exactions commises selon elles par Wagner.
"Cette plainte est importante car nous n'avons pas affaire à un seul crime mais à toute une chaîne d'impunité", a affirmé à l'AFP un responsable de Memorial, Alexandre Tcherkassov.
Envoyée au Comité d'enquête, l'organe russe chargé des principales investigations criminelles, celui-ci doit désormais l'examiner et décider de lancer ou non une procédure pénale.
Interrogé sur cette démarche, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n'a pas souhaité commenter.
La vidéo du meurtre avait été révélée en 2018 par le journal Novaïa Gazeta. On y voit des hommes parlant russe frapper leur victime avec un marteau puis le démembrer, finissant par l'asperger d'essence et mettre le feu à son corps tandis que sa tête était suspendue à un poteau.
C'est au nom de la famille de cet homme, Mohamad A., que la plainte a été déposée.
Apparu pour la première fois en Ukraine, Wagner n'a pas d'existence légale en Russie, où les sociétés militaires privées sont interdites. Mais la présence de ses combattants a été documentée en Syrie aux côtés de l'armée russe, en Libye aux côtés des forces du maréchal Khalifa Haftar ou encore comme "instructeurs" en Centrafrique et ailleurs.
Si la constitution du dossier a nécessité six mois de travail, il a peu de chance d'aboutir au vu de la réticence de la justice russe à enquêter sur de tels crimes.
"Malheureusement, nous avons une énorme expérience négative en ce qui concerne ce genre d'affaires en Russie", explique M. Tcherkassov dont l'organisation Memorial, dans le collimateur des autorités, a notamment dénoncé les crimes commis par les forces russes en Tchétchénie.
Ilia Novikov, l'un des avocats des plaignants, assure pourtant que le droit russe oblige Moscou à enquêter sur les crimes commis par ses citoyens à l'étranger. Mais "le Comité d'enquête n'a ouvert aucune procédure sur le crime en question" alors qu'il dispose d'informations depuis un an, dit-il, cité dans le communiqué.
Une première plainte avait été déposée par Novaïa Gazeta, qui avait identifié un homme de la vidéo et rapporté d'autres exactions. Elle était restée lettre morte.
La plainte annoncée lundi suit celles déposées ces dernières années par une centaine de réfugiés syriens contre de hauts dignitaires du régime de Bachar al-Assad en Allemagne, Autriche, Norvège ou Suède.
Jusqu'à présent, les hommes de Wagner ont échappé aux poursuites mais le parrain présumé de l'organisation, Evguéni Prigojine, est dans le collimateur des autorités américaines et européennes qui l'ont sanctionné. Il est recherché par le FBI.
Proche du président russe Vladimir Poutine, M. Prigojine a toujours démenti tout rôle dans Wagner.
Pour les trois ONG, il n'y a pas de doute, l'organisation est composée "de combattants russes agissant sous le contrôle effectif de la Russie" et impliquée "dans de graves violations des droits humains contre des civils", en Syrie et ailleurs.
Lundi, Moscou a révélé que 112 militaires russes ont été tués en Syrie depuis 2015. Les pertes au sein des hommes de Wagner ne sont pas connues.
pop/alf/at