L'assaut contre le Capitole apparait de plus en plus avoir été planifié #
Le 19 décembre, une coiffeuse de Beverly Hills répondait à un tweet de Donald Trump qui appelait ses millions d'abonnés à une "grande manifestation" à Washington le 6 janvier. "Venez, ça va être fou!", ajoutait-il.
"Nous serons là", a promis Gina Bisignano.
Au même moment, deux dirigeants du groupe ultranationaliste Proud Boys faisaient des plans pour le 6 janvier.
Depuis son domicile de l'Etat de Washington (nord-ouest), Ethan Nordean lançait un appel de fonds pour acheter des équipements de protection et de communication, tandis qu'en Floride, Enrique Tarrio appelait dans un podcast ses partisans à porter du noir, leur disant de se préparer au combat.
"C'est du sérieux", affirmait Tarrio. "Nous sommes en guerre".
A l'ouverture du procès en destitution de l'ex-président Donald Trump, les dépositions et témoignages rassemblés par la justice américaine montrent que l'assaut avait été prémédité.
Dans les rangs des Proud Boys, au sein de la milice antigouvernementale des Oath Keepers, parmi les adeptes du mouvement conspirationniste QAnon et chez les partisans de Donald Trump, le message était clair des semaines à l'avance: le président a besoin de vous pour empêcher le Congrès de certifier la victoire électorale de Joe Biden.
Après le tweet de Donald Trump, de nombreux fidèles de l'ex-président ont annoncé qu'ils prévoyaient de se rendre à Washington. Certains voulaient juste participer à une dernière manifestation pro-Trump mais d'autres disaient vouloir empêcher la certification du scrutin et punir les "traîtres" du Congrès.
Plusieurs dizaines d'entre eux se sont équipés de casques de combat, de pistolets paralysants de type Taser, de gilets pare-balles, d'aérosols anti-agression. Une poignée d'entre eux avait des armes à feu.
La veille, des bombes artisanales ont été déposées devant deux immeubles près du Capitole. Les bombes n'ont jamais explosé et elles pourraient avoir été destinées à éloigner la police du Capitole juste avant l'assaut.
Selon des documents de justice, les plus organisés étaient les Proud Boys et la milice des Oath Keepers, composée d'anciens militaires et d'ex-policiers.
Fin décembre, à Berryville, à 100 km à l'ouest de Washington, Thomas Caldwell, décrit comme le "commandant" des Oath Keepers, appelait ses partisans à le rejoindre dans la banlieue de la capitale américaine pour une réunion préparatoire.
"Qu'ils essaient de certifier cette merde sur Capitol Hill alors qu'il y aura un million de patriotes dans les rues", écrivait-il sur Facebook. "Ca va chauffer".
"Il faut les frapper et les écraser", ajoutait-il.
A Bridgeville, en Pennsylvanie, le conspirationniste pro-QAnon et membre des Proud Boy Kenneth Grayson, 51 ans, se préparait lui aussi.
Le 23 décembre, selon des documents légaux, il annonçait dans un texto à sa famille et ses amis: "Je suis là si Trump nous dit d'attaquer cette saloperie de Capitole. (...) Ils ne voleront pas cette élection".
Le 29 décembre, William Calhoun, un avocat de Géorgie, affirmait sur Facebook qu'être "physiquement présent à Washington le 6 janvier" était "d'une importance cruciale".
"Nous le peuple n'avons pas d'autres options réalistes pour communiquer notre intention d'exiger des élections justes aujourd'hui et à l'avenir. Sinon....", prévenait-il.
Une semaine plus tard il annonçait être en route pour Washington "pour leur faire savoir que c'est leur dernière chance" de rectifier la fraude. "Sinon, ils auront de plus gros problèmes."
Le matin du 6 janvier, Ronnie Sandlin, de Memphis, dans le Tennessee (sud) et Nathan Degrave, de Las Vegas (ouest), ont fait une vidéo de leurs projets.
"Je pense qu'il est temps de prendre le Capitole, et je ne dis pas ça à la légère", a dit M. Sandlin. "S'il faut occuper le Capitole, nous occuperons le Capitole. C'est à 13H00 que tout va se jouer".
Après l'attaque, les émeutiers se sont filmés pour clamer victoire et ont posté les vidéos sur Facebook.
"Aujourd'hui, nous le peuple américain, avons prouvé que nous avons le pouvoir", a affirmé l'avocat William Calhoun.
Deux Proud Boys, Nicholas Ochs, venu d'Hawaï, et Nicholas DeCarlo, du Texas, ont diffusé en direct une vidéo depuis le Capitole.
"On est venus empêcher le vol" de l'élection, a dit M. Ochs.
"C'est pour ça que j'étais venu. Et on l'a fait!", a ajouté Nicholas DeCarlo.
pmh/ec/sl/dax/cn
Birmanie: Washington condamne "fermement" l'usage de la force contre les manifestants #
Les Etats-Unis ont dénoncé mardi l'usage de la force à l'encontre des manifestants anti-coup d'Etat en Birmanie, renouvelant leur appel à respecter la liberté d'expression du peuple birman.
"Nous condamnons fermement la violence à l'encontre des manifestants", a déclaré devant des journalistes le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
"Toute personne en Birmanie a le droit à la liberté d'expression, d'association et de se rassembler pacifiquement, y compris dans le but de manifester pacifiquement", a-t-il ajouté.
"Nous renouvelons nos appels à ce que l'armée renonce au pouvoir, restaure le gouvernement démocratiquement élu, libère les personnes détenues, lève toutes les restrictions aux communications et s'abstienne d'(user) de violence", a poursuivi Ned Price.
Selon des témoins, la police a tiré des balles en caoutchouc sur des manifestants à Naypyidaw, la capitale construite par la junte au coeur de la jungle.
Les autorités ont interdit les rassemblements de plus de cinq personnes à Rangoun, Napypidaw et dans d'autres villes. Un couvre-feu a été décrété.
Les militaires ont également essayé ces derniers jours de réduire l'accès à internet.
sct/la/dax/
Birmanie: Washington condamne "fermement" l'usage de la force contre les manifestants #
Les Etats-Unis ont dénoncé mardi l'usage de la force à l'encontre des manifestants anti-coup d'Etat en Birmanie, renouvelant leur appel à respecter la liberté d'expression du peuple birman.
"Nous condamnons fermement la violence à l'encontre des manifestants. Toutes les personnes en Birmanie ont le droit de se rassembler pacifiquement", a déclaré à des journalistes le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
sct/la/seb
USA: trois mois après le scrutin, le dernier siège du Congrès enfin attribué #
Il aura fallu trois mois, mais les élections américaines de novembre sont enfin terminées: le dernier siège du Congrès encore en suspens, dans une circonscription de l'Etat de New York, a été attribué lundi à une Républicaine proche de Donald Trump.
Le démocrate Anthony Brindisi, qui avait ravi ce siège d'une région proche de Syracuse à Claudia Tenney lors des législatives de 2018, a publiquement concédé sa défaite, dans un tweet, après s'être battu en justice contre la confirmation de la victoire de sa rivale, par seulement 109 voix d'écart.
"Il est temps de tourner la page de ces élections (...) et de construire un pays plus uni pour nos enfants", a-t-il déclaré lundi.
Mme Tenney l'a remercié. "Il a gracieusement offert d'aider à une transition en douceur et j'ai hâte de travailler avec lui dans les prochains jours", a-t-elle déclaré.
M. Brindisi avait fait valoir de nombreux dysfonctionnements dans la façon dont les autorités locales avaient conduit les élections, empêchant notamment plus de 2.400 personnes de participer au scrutin.
Mais après trois mois passés à les examiner, un juge de la Cour suprême de l'Etat de New York a estimé que les bulletins valides comptabilisés octroyaient bien la victoire à Mme Tenney - par 109 voix d'écart sur quelque 300.000 électeurs.
Cette dispute vient souligner les multiples batailles en justice qui ont accompagné les élections présidentielle et législatives du 3 novembre dernier. De nombreux bulletins de vote avaient été déposés par anticipation ou envoyés par correspondance en raison de la pandémie.
Jusqu'à ce jour, Donald Trump et une partie des républicains refusent de reconnaitre la victoire de Joe Biden à la présidentielle, arguant de "fraudes massives" bien que les tribunaux leur aient quasi systématiquement donné tort.
En attendant la prestation de serment de Mme Tenney, les démocrates disposent d'une courte majorité, de 221 contre 210, à la Chambre des représentants.
Au Sénat, les sièges sont divisés à égalité, 50-50, les démocrates disposant de la majorité grâce à la vice-présidente Kamala Harris, qui peut voter lorsqu'il faut les départager.
cat/la
Washington condamne les interdictions de manifester en Birmanie #
Les Etats-Unis ont condamné lundi les interdictions de manifester en Birmanie, où la loi martiale a été décrétée dans plusieurs villes, et déploré que leurs demandes pour parler à Aung San Suu Kyi aient été rejetées.
"Nous sommes du côté du peuple birman et nous soutenons son droit à se rassembler de manière pacifique, et notamment à manifester de façon pacifique en faveur du gouvernement élu démocratiquement", a affirmé le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
"Nous sommes bien entendu très inquiets des récentes annonces de l'armée limitant les rassemblements publics", a-t-il ajouté auprès de journalistes.
Les militaires ont décrété lundi la loi martiale dans plusieurs quartiers de Rangoun, la capitale économique, de Mandalay (centre), deuxième ville du pays, ainsi que dans d'autres parties du territoire.
Les manifestations et les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits et un couvre-feu est instauré de 20H00 à 04H00, heure locale.
Cette décision fait suite au rassemblement de nombreux manifestants pro-démocratie samedi et dimanche à Rangoun contre le coup d'Etat du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.
Malgré leurs tentatives, les Etats-Unis n'ont pas été en mesure de communiquer avec l'ex-dirigeante et lauréate du prix Nobel de la paix, qui est détenue au secret, a rapporté le porte-parole du département d'Etat.
"Nous avons tenté d'entrer en contact avec Aung San Suu Kyi. Nous l'avons fait de manière informelle et formelle", a dit M. Price. "Ces requêtes", a-t-il affirmé, "ont été rejetées".
Ned Price a aussi appelé la Chine, allié historique de l'armée birmane, à se joindre aux principales démocraties pour condamner le coup d'Etat en Birmanie.
La Maison Blanche a menacé de son côté les militaires putschistes de "sanctions ciblées" s'ils ne renonçaient pas au pouvoir.
sct/dax/iba
Les Etats-Unis disent que la Birmanie rejette leurs demandes de parler à Aung San Suu Kyi #
Les Etats-Unis ont tenté de parler à la principale dirigeante civile birmane Aung San Suu Kyi après le coup d'Etat qui l'a renversée, mais leurs requêtes ont été rejetées, a indiqué lundi le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price.
"Nous avons tenté d'entrer en contact avec Aung San Suu Kyi. Nous l'avons fait de manière informelle et formelle", a dit M. Price. "Ces requêtes", a-t-il affirmé, "ont été rejetées".
sct/iba/dax
Washington condamne l'interdiction des manifestations en Birmanie #
Les Etats-Unis ont condamné lundi l'interdiction des manifestations en Birmanie, où la loi martiale a été décrétée dans plusieurs villes.
"Nous sommes du côté du peuple birman et nous soutenons son droit à se rassembler de manière pacifique, et notamment à manifester de façon pacifique en faveur du gouvernement élu démocratiquement", a affirmé le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
sct/dax/la
Crise politique en Somalie: réunion mardi du Conseil de sécurité de l'ONU #
Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra mardi une réunion à huis clos sur la crise politique en Somalie où l'opposition juge désormais le président illégitime, a-t-on appris lundi de sources diplomatiques.
Cette réunion a été demandée par le Royaume-Uni, actuellement président en exercice du Conseil de sécurité, selon les mêmes sources. Dans son programme mensuel, Londres avait prévu une session publique du Conseil de sécurité sur la Somalie le 22 février, avant un renouvellement de la mission de l'Union africaine Amisom qui vient à échéance le 28 février.
Pour l'ONU, dans la crise actuelle, "il y a encore de l'espace pour que les dirigeants somaliens se retrouvent et trouvent une solution politique qui préserve les institutions", a affirmé lundi lors de son point-presse quotidien le porte-parole de l'Organisation, Stéphane Dujarric.
"Nous pensons qu'un dialogue entre toutes les parties impliquées est essentiel pour avoir un accord clair et large sur la voie à suivre", a-t-il ajouté.
La Somalie s'est enfoncée dans la crise avec un président, Mohamed Abdullahi Mohamed, surnommé Farmajo, qui est jugé illégitime par l'opposition après la fin officielle de son mandat dimanche sans que ce pays d'Afrique de l'Est ne soit parvenu à organiser des élections.
Le pays est plongé dans l'instabilité depuis 1991 et la chute du régime militaire de l'ex-président Siad Barre, qui a précipité la Somalie dans une guerre des clans, suivie par l'insurrection des islamistes radicaux shebab.
prh/iba
Crise politique: l'ONU, inquiète, appelle les Haïtiens à recourir à des moyens pacifiques #
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et sa mission en Haïti suivent la situation dans le pays "avec inquiétude", a affirmé lundi son porte-parole, en estimant "très important que toutes les parties prenantes traitent leurs différences par des moyens pacifiques".
Lors de son point-presse quotidien, Stéphane Dujarric a aussi souligné que l'ONU attendait les résultats de l'enquête menée par la police haïtienne sur "23 personnes arrêtées au cours du week-end et soupçonnées de tentative de coup d'Etat".
Interrogé pour savoir si l'ONU considérait toujours légitime le président Jovenel Moïse, dont le mandat s'est achevé dimanche selon ses opposants, le porte-parole a affirmé, sans se prononcer plus précisément, qu'il avait été élu en novembre 2016 et avait "prêté serment en février 2017 pour un mandat de cinq ans".
L'opposition haïtienne a engagé un bras de fer avec le président contesté en désignant un dirigeant censé assurer la transition dans ce pays en crise, au lendemain de l'annonce par le chef d'Etat qu'il avait échappé à une tentative d'assassinat.
Le désaccord de date sur la fin de mandat du président est né du fait que M. Moïse avait été élu lors d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Privé de Parlement, le pays s'est encore davantage enfoncé dans la crise en 2020. Isolé, le président Moïse gouverne par décret, alimentant une défiance croissante au sein de la population.
prh/iba
Après le procès au Sénat, Donald Trump bientôt inculpé ? #
Même s'il est improbable qu'il soit jugé coupable d'incitation à l'insurrection, les ennuis juridiques de Donald Trump ne s'arrêteront pas avec son procès au Sénat: l'ex-président américain pourrait prochainement être inculpé au pénal, pour des allégations liées à ses affaires, au risque d'exacerber les tensions politiques.
Le magnat new-yorkais, installé dans sa luxueuse résidence de Floride, est depuis longtemps un habitué des tribunaux civils, avec une armée d'avocats prêts à monter au créneau pour le défendre comme pour attaquer ses adversaires.
Redevenu simple citoyen, il risque désormais l'affront inédit d'une inculpation: au moins une enquête le vise au pénal, menée par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, un démocrate qui se bat depuis des mois pour obtenir huit ans de déclarations fiscales et bancaires de l'ancien promoteur immobilier et star de télé-réalité.
Initialement centrée sur des paiements effectués, avant la présidentielle 2016, à deux maîtresses présumées du milliardaire, l'enquête examine désormais aussi de possibles allégations de fraude fiscale, fraude aux assurances, ou fraude bancaire.
La Cour suprême avait ordonné en juillet au président de remettre au procureur les documents demandés, mais les avocats du magnat l'ont re-sollicitée pour contester l'étendue des documents demandés.
Donald Trump a qualifié l'enquête de "pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis". La Cour suprême n'a pas encore rendu sa décision.
Le dossier, instruit à huis clos devant un grand jury, semble avancer malgré tout. Selon des médias américains, les enquêteurs de M. Vance ont récemment interrogé des employés de la Deutsche Bank - longtemps appui financier de Donald Trump et de sa holding, la Trump Organization - et de sa compagnie d'assurances, Aon.
Ils ont aussi réinterrogé l'ex-avocat personnel du président, Michael Cohen, qui purge une peine de prison. Il avait affirmé au Congrès que Trump et sa société gonflaient ou réduisaient artificiellement la valeur de leurs actifs, pour alternativement obtenir des prêts bancaires ou réduire leurs impôts.
La procureure démocrate de l'Etat de New York Letitia James enquête aussi sur ces allégations. Elle s'est battue avec succès contre les avocats de la Trump Organization, pour pouvoir auditionner l'un des fils Trump, Eric Trump, et obtenir des documents sur certaines propriétés familiales.
Son enquête est de nature civile, mais "si nous découvrions des faits criminels, elle changerait de nature", a-t-elle récemment déclaré.
Si ces accusations étaient avérées, elles exposeraient l'ex-président à une possible incarcération. Et contrairement aux délits fédéraux, les violations de lois des Etats ne sont pas grâciables par le président américain. Quand bien même Joe Biden, qui a fait voeu de réconciliation, le souhaiterait.
Certains anti-Trump se réjouissent d'avance de voir le septuagénaire inculpé, tels les militants de "Rise and Resist", qui manifestaient début janvier à New York pour réclamer son incarcération.
Mais les procureurs, conscients du climat politique électrique, risquent d'y réfléchir à deux fois avant de lui demander des comptes, ont indiqué à l'AFP plusieurs juristes.
"Personne ne va se précipiter", souligne Daniel Richman, ex-procureur et professeur de droit à l'université Columbia. "La dernière chose qu'on veut, c'est que le processus (judiciaire) soit utilisé - ou perçu comme étant utilisé - comme un instrument politique", souligne-t-il.
"Il y a deux écoles", souligne Roberta Kaplan, avocate qui mène trois actions au civil contre l'ex-président. "Je suis de l'école qui pense qu'on ne doit pas s'interdire de rendre justice par peur de jeter de l'huile sur le feu. Si on n'agit pas pour dire clairement que les principes sur lesquels repose ce pays s'appliquent à tout le monde, président ou autre, je pense qu'on court des dangers bien plus grands".
Pour Gloria Browne-Marshall, professeure de droit à l'université de la ville de New York (CUNY), un Donald Trump au banc des accusés constituerait "un dénouement logique", "un scénario à la Al Capone", légendaire gangster des années 20 finalement condamné en 1931 pour évasion fiscale.
Mais même si elle croit probable son inculpation - avant la fin de l'actuel mandat de Cyrus Vance en novembre - elle ne parierait pas sur un procès ou une condamnation à terme.
Avec des millions de partisans potentiellement prêts à financer sa défense, Donald Trump pourrait contre-attaquer avec ses propres actions judiciaires et faire traîner les dossiers "des années durant", dit-elle. Obligeant les procureurs - des élus dépendants de l'argent des contribuables - à mobiliser des ressources considérables pour mener la bataille, ajoute-t-elle.
Bennett Gershman, ex-procureur et professeur à l'université Pace, table lui aussi sur une inculpation prochaine de Trump par Cyrus Vance. Mais lui aussi peine à imaginer la suite.
"S'il se retrouvait devant un jury, ce serait un véritable cirque, ce serait incroyable", dit-il. "On n'a jamais rien vu de tel".
cat/tu/rle/alc
Après le procès au Sénat, Donald Trump bientôt inculpé ? #
Même s'il est improbable qu'il soit jugé coupable d'incitation à l'insurrection, les ennuis juridiques de Donald Trump ne s'arrêteront pas avec son procès au Sénat: l'ex-président américain pourrait prochainement être inculpé au pénal, pour des allégations liées à ses affaires, au risque d'exacerber les tensions politiques.
Le magnat new-yorkais, installé dans sa luxueuse résidence de Floride, est depuis longtemps un habitué des tribunaux civils, avec une armée d'avocats prêts à monter au créneau pour le défendre comme pour attaquer ses adversaires.
Redevenu simple citoyen, il risque désormais l'affront inédit d'une inculpation: au moins une enquête le vise au pénal, menée par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, un démocrate qui se bat depuis des mois pour obtenir huit ans de déclarations fiscales et bancaires de l'ancien promoteur immobilier et star de télé-réalité.
Initialement centrée sur des paiements effectués, avant la présidentielle 2016, à deux maîtresses présumées du milliardaire, l'enquête examine désormais aussi de possibles allégations de fraude fiscale, fraude aux assurances, ou fraude bancaire.
La Cour suprême avait ordonné en juillet au président de remettre au procureur les documents demandés, mais les avocats du magnat l'ont re-sollicitée pour contester l'étendue des documents demandés.
Donald Trump a qualifié l'enquête de "pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis". La Cour suprême n'a pas encore rendu sa décision.
Le dossier, instruit à huis clos devant un grand jury, semble avancer malgré tout. Selon des médias américains, les enquêteurs de M. Vance ont récemment interrogé des employés de la Deutsche Bank - longtemps appui financier de Donald Trump et de sa holding, la Trump Organization - et de sa compagnie d'assurances, Aon.
Ils ont aussi réinterrogé l'ex-avocat personnel du président, Michael Cohen, qui purge une peine de prison. Il avait affirmé au Congrès que Trump et sa société gonflaient ou réduisaient artificiellement la valeur de leurs actifs, pour alternativement obtenir des prêts bancaires ou réduire leurs impôts.
La procureure démocrate de l'Etat de New York Letitia James enquête aussi sur ces allégations. Elle s'est battue avec succès contre les avocats de la Trump Organization, pour pouvoir auditionner l'un des fils Trump, Eric Trump, et obtenir des documents sur certaines propriétés familiales.
Son enquête est de nature civile, mais "si nous découvrions des faits criminels, elle changerait de nature", a-t-elle récemment déclaré.
Si ces accusations étaient avérées, elles exposeraient l'ex-président à une possible incarcération. Et contrairement aux délits fédéraux, les violations de lois des Etats ne sont pas grâciables par le président américain. Quand bien même Joe Biden, qui a fait voeu de réconciliation, le souhaiterait.
Certains anti-Trump se réjouissent d'avance de voir le septuagénaire inculpé, tels les militants de "Rise and Resist", qui manifestaient début janvier à New York pour réclamer son incarcération.
Mais les procureurs, conscients du climat politique électrique, risquent d'y réfléchir à deux fois avant de lui demander des comptes, ont indiqué à l'AFP plusieurs juristes.
"Personne ne va se précipiter", souligne Daniel Richman, ex-procureur et professeur de droit à l'université Columbia. "La dernière chose qu'on veut, c'est que le processus (judiciaire) soit utilisé - ou perçu comme étant utilisé - comme un instrument politique", souligne-t-il.
"Il y a deux écoles", souligne Roberta Kaplan, avocate qui mène trois actions au civil contre l'ex-président. "Je suis de l'école qui pense qu'on ne doit pas s'interdire de rendre justice par peur de jeter de l'huile sur le feu. Si on n'agit pas pour dire clairement que les principes sur lesquels repose ce pays s'appliquent à tout le monde, président ou autre, je pense qu'on court des dangers bien plus grands".
Pour Gloria Browne-Marshall, professeure de droit à l'université de la ville de New York (CUNY), un Donald Trump au banc des accusés constituerait "un dénouement logique", "un scénario à la Al Capone", légendaire gangster des années 20 finalement condamné en 1931 pour évasion fiscale.
Mais même si elle croit probable son inculpation - avant la fin de l'actuel mandat de Cyrus Vance en novembre - elle ne parierait pas sur un procès ou une condamnation à terme.
Avec des millions de partisans potentiellement prêts à financer sa défense, Donald Trump pourrait contre-attaquer avec ses propres actions judiciaires et faire traîner les dossiers "des années durant", dit-elle. Obligeant les procureurs - des élus dépendants de l'argent des contribuables - à mobiliser des ressources considérables pour mener la bataille, ajoute-t-elle.
Bennett Gershman, ex-procureur et professeur à l'université Pace, table lui aussi sur une inculpation prochaine de Trump par Cyrus Vance. Mais lui aussi peine à imaginer la suite.
"S'il se retrouvait devant un jury, ce serait un véritable cirque, ce serait incroyable", dit-il. "On n'a jamais rien vu de tel".
cat/tu/rle/alc
Trump, le procès II: un casting renouvelé #
Un an après son premier procès en destitution, Donald Trump sera à nouveau jugé au Sénat à partir de mardi. Si l'accusé et la plupart des juges n'ont pas changé, de nouveaux acteurs entreront en scène pour ces audiences historiques.
En 2020, lors de son procès pour "abus de pouvoir", Donald Trump ne s'était pas présenté devant ses juges, les cent élus du Sénat.
Accusé d'avoir encouragé ses partisans à se lancer à l'assaut du Capitole le 6 janvier, le milliardaire républicain est cette fois poursuivi pour "incitation à l'insurrection".
Invité à témoigner sous serment, il a fait savoir qu'il s'abstiendrait à nouveau. Ce qui ne l'empêchera pas d'exercer un poids écrasant sur le jury.
S'il coule sa retraite d'ancien président en Floride, Donald Trump, 74 ans, conserve en effet le soutien de millions d'électeurs républicains et n'a pas arrêté de se mêler des affaires du parti.
Même privé de son compte Twitter, il reste en mesure de faire et de défaire des carrières à droite, une influence qui sera difficile à occulter pour les 50 sénateurs républicains au moment du verdict.
Contrairement à son premier procès, où de brillants juristes et des stars du barreau s'étaient succédé pour le défendre, Donald Trump a peiné à constituer son équipe d'avocats.
Après une vague de démissions, il a recruté in extremis Bruce Castor et David Schoen qui, sans être des avocats de premier plan, ont déjà défrayé la chronique.
Le premier, qui fut longtemps procureur en Pennsylvanie, avait été saisi en 2005 d'une plainte pour agression sexuelle contre Bill Cosby. Il avait refusé d'ouvrir des poursuites contre le comédien, qui a finalement été condamné treize ans plus tard pour ces abus.
Le second, pénaliste en Alabama, s'est dit à plusieurs reprises convaincu que le financier Jeffrey Epstein, accusé d'exploitation sexuelle de mineures, a été tué dans sa cellule, bien que des enquêtes officielles aient confirmé la thèse du suicide.
L'élu démocrate de la Chambre des représentants Jamie Raskin, 58 ans, succède dans le rôle de procureur à son confrère Adam Schiff, dont les qualités oratoires avaient été saluées lors du premier procès.
Ce progressiste, fils d'un conseiller du président Kennedy, a été élu en 2016 au Congrès, où son premier acte fut de s'opposer à la certification de la victoire de Donald Trump en raison des ingérences russes dans la campagne.
Quatre ans plus tard, ce professeur de Droit constitutionnel accusera l'ex-président d'avoir commis "une trahison d'une ampleur historique".
L'affaire a pour lui une tonalité personnelle. Jamie Raskin a enterré le 5 janvier son fils de 25 ans qui, en proie à la dépression, venait de se suicider. Pour leur changer les idées, l'élu avait invité sa fille et son gendre le lendemain au Capitole. Les deux se sont retrouvés enfermés dans un bureau, quand les supporteurs de Donald Trump ont envahi les lieux.
Dans les heures suivantes, Jamie Raskin entamait la rédaction de l'acte d'accusation du président.
Le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell, parfois surnommé "la tortue" pour son visage impassible, pourrait tenir la clé du procès.
Pour que Donald Trump soit condamné, il faudrait que 17 sénateurs républicains votent avec les 50 élus démocrates.
Alors qu'il avait assumé sa partialité lors du premier procès, Mitch McConnell, 78 ans, a cette fois souligné que sa décision n'était pas prise. Or, s'il votait "coupable", il pourrait entraîner d'autres élus à faire comme lui.
Mais ce stratège rusé a peut-être laissé planer le doute uniquement pour faire pression sur Donald Trump et le dissuader d'utiliser le procès comme tribune politique.
Le chef de la Cour suprême des Etats-Unis, John Roberts, a jugé qu'il n'était pas cette fois contraint par la Constitution de présider le procès, puisque Donald Trump n'est plus en exercice.
Ce rôle reviendra donc au sénateur démocrate Patrick Leahy en tant que membre de la majorité ayant le plus d'ancienneté au Sénat. A 80 ans, il a subi une brève hospitalisation fin janvier mais va mieux.
Grand fan de Batman, il a fait des apparitions dans des séries ou des films consacrés à son héros justicier.
chp/seb/alc
Après le procès au Sénat, Donald Trump bientôt inculpé ? #
Même s'il est improbable qu'il soit jugé coupable d'incitation à l'insurrection, les ennuis juridiques de Donald Trump ne s'arrêteront pas avec son procès au Sénat: l'ex-président américain pourrait prochainement être inculpé au pénal, pour des allégations liées à ses affaires, au risque d'exacerber les tensions politiques.
Le magnat new-yorkais, installé dans sa luxueuse résidence de Floride, est depuis longtemps un habitué des tribunaux civils, avec une armée d'avocats prêts à monter au créneau pour le défendre comme pour attaquer ses adversaires.
Redevenu simple citoyen, il risque désormais l'affront inédit d'une inculpation: au moins une enquête le vise au pénal, menée par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, un démocrate qui se bat depuis des mois pour obtenir huit ans de déclarations fiscales et bancaires de l'ancien promoteur immobilier et star de télé-réalité.
Initialement centrée sur des paiements effectués, avant la présidentielle 2016, à deux maîtresses présumées du milliardaire, l'enquête examine désormais aussi de possibles allégations de fraude fiscale, fraude aux assurances, ou fraude bancaire.
La Cour suprême avait ordonné en juillet au président de remettre au procureur les documents demandés, mais les avocats du magnat l'ont re-sollicitée pour contester l'étendue des documents demandés.
Donald Trump a qualifié l'enquête de "pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis". La Cour suprême n'a pas encore rendu sa décision.
Le dossier, instruit à huis clos devant un grand jury, semble avancer malgré tout. Selon des médias américains, les enquêteurs de M. Vance ont récemment interrogé des employés de la Deutsche Bank - longtemps appui financier de Donald Trump et de sa holding, la Trump Organization - et de sa compagnie d'assurances, Aon.
Ils ont aussi réinterrogé l'ex-avocat personnel du président, Michael Cohen, qui purge une peine de prison. Il avait affirmé au Congrès que Trump et sa société gonflaient ou réduisaient artificiellement la valeur de leurs actifs, pour alternativement obtenir des prêts bancaires ou réduire leurs impôts.
La procureure démocrate de l'Etat de New York Letitia James enquête aussi sur ces allégations. Elle s'est battue avec succès contre les avocats de la Trump Organization, pour pouvoir auditionner l'un des fils Trump, Eric Trump, et obtenir des documents sur certaines propriétés familiales.
Son enquête est de nature civile, mais "si nous découvrions des faits criminels, elle changerait de nature", a-t-elle récemment déclaré.
Si ces accusations étaient avérées, elles exposeraient l'ex-président à une possible incarcération. Et contrairement aux délits fédéraux, les violations de lois des Etats ne sont pas grâciables par le président américain. Quand bien même Joe Biden, qui a fait voeu de réconciliation, le souhaiterait.
Certains anti-Trump se réjouissent d'avance de voir le septuagénaire inculpé, tels les militants de "Rise and Resist", qui manifestaient début janvier à New York pour réclamer son incarcération.
Mais les procureurs, conscients du climat politique électrique, risquent d'y réfléchir à deux fois avant de lui demander des comptes, ont indiqué à l'AFP plusieurs juristes.
"Personne ne va se précipiter", souligne Daniel Richman, ex-procureur et professeur de droit à l'université Columbia. "La dernière chose qu'on veut, c'est que le processus (judiciaire) soit utilisé - ou perçu comme étant utilisé - comme un instrument politique", souligne-t-il.
"Il y a deux écoles", souligne Roberta Kaplan, avocate qui mène trois actions au civil contre l'ex-président. "Je suis de l'école qui pense qu'on ne doit pas s'interdire de rendre justice par peur de jeter de l'huile sur le feu. Si on n'agit pas pour dire clairement que les principes sur lesquels repose ce pays s'appliquent à tout le monde, président ou autre, je pense qu'on court des dangers bien plus grands".
Pour Gloria Browne-Marshall, professeure de droit à l'université de la ville de New York (CUNY), un Donald Trump au banc des accusés constituerait "un dénouement logique", "un scénario à la Al Capone", légendaire gangster des années 20 finalement condamné en 1931 pour évasion fiscale.
Mais même si elle croit probable son inculpation - avant la fin de l'actuel mandat de Cyrus Vance en novembre - elle ne parierait pas sur un procès ou une condamnation à terme.
Avec des millions de partisans potentiellement prêts à financer sa défense, Donald Trump pourrait contre-attaquer avec ses propres actions judiciaires et faire traîner les dossiers "des années durant", dit-elle. Obligeant les procureurs - des élus dépendants de l'argent des contribuables - à mobiliser des ressources considérables pour mener la bataille, ajoute-t-elle.
Bennett Gershman, ex-procureur et professeur à l'université Pace, table lui aussi sur une inculpation prochaine de Trump par Cyrus Vance. Mais lui aussi peine à imaginer la suite.
"S'il se retrouvait devant un jury, ce serait un véritable cirque, ce serait incroyable", dit-il. "On n'a jamais rien vu de tel".
cat/tu/rle/alc
Les grandes dates depuis la défaite de Trump jusqu'à son procès #
De l'échec électoral de Donald Trump à son procès au Sénat qui s'ouvre mardi, voici les grandes dates des événements politiques à Washington depuis la présidentielle du 3 novembre.
Quatre jours après le scrutin du 3 novembre, dont le comptage des bulletins a été compliqué par le fort recours au vote par correspondance en période de pandémie, Joe Biden est déclaré vainqueur de la présidentielle américaine par les grands médias américains.
Donald Trump ne reconnaît pas sa défaite et soutient que l'élection lui a été "volée".
Le collège électoral entérine la victoire de Joe Biden avec 306 grands électeurs contre 232 à Donald Trump (270 étaient nécessaires pour être élu président).
Alors que le Congrès américain siège pour certifier la victoire de Joe Biden, Donald Trump s'adresse à ses partisans rassemblés près de la Maison Blanche.
Des milliers d'entre eux se dirigent ensuite vers le Capitole, et certains y pénètrent en cassant des fenêtres, défonçant des portes et submergeant les forces de l'ordre. Les violences font 5 morts.
Après le départ des émeutiers, le Congrès reprend séance et certifie définitivement l'élection à l'aube.
Le même jour est annoncé le résultat d'élections partielles en Géorgie, remportées par les démocrates, qui reprennent ainsi le contrôle du Sénat aux républicains.
Donald Trump devient le premier président des Etats-Unis à être mis une deuxième fois en accusation ("impeachment") par la Chambre des représentants, à majorité démocrate. Il est cette fois accusé d'avoir "incité à l'insurrection" lors des violences du 6 janvier.
Dans une capitale fédérale barricadée et sous haute surveillance, Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris prêtent serment sur les marches du Capitole. En raison des tensions politiques mais aussi de la pandémie de coronavirus, la cérémonie se déroule sans la foule habituellement présente pour cet événement.
Donald Trump a lui quitté la Maison Blanche et est parti pour la Floride dans la matinée, sans avoir rencontré son successeur.
Pour condamner et éventuellement déclarer inéligible Donald Trump, il faudra un vote en ce sens rassemblant les deux tiers des 100 élus du Sénat, actuellement divisé à 50/50 entre démocrates et républicains. Par conséquent, l'acquittement du président est prévisible.
La défense du milliardaire républicain soutient que le procès est contraire à la Constitution, les sénateurs ne pouvant selon elle que démettre un président en exercice.
bur-la/seb/alc
Après le procès au Sénat, Donald Trump bientôt inculpé ? #
Même s'il est improbable qu'il soit jugé coupable d'incitation à l'insurrection, les ennuis juridiques de Donald Trump ne s'arrêteront pas avec son procès au Sénat: l'ex-président américain pourrait prochainement être inculpé au pénal, pour des allégations liées à ses affaires, au risque d'exacerber les tensions politiques.
Le magnat new-yorkais, installé dans sa luxueuse résidence de Floride, est depuis longtemps un habitué des tribunaux civils, avec une armée d'avocats prêts à monter au créneau pour le défendre comme pour attaquer ses adversaires.
Redevenu simple citoyen, il risque désormais l'affront inédit d'une inculpation: au moins une enquête le vise au pénal, menée par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, un démocrate qui se bat depuis des mois pour obtenir huit ans de déclarations fiscales et bancaires de l'ancien promoteur immobilier et star de télé-réalité.
Initialement centrée sur des paiements effectués, avant la présidentielle 2016, à deux maîtresses présumées du milliardaire, l'enquête examine désormais aussi de possibles allégations de fraude fiscale, fraude aux assurances, ou fraude bancaire.
La Cour suprême avait ordonné en juillet au président de remettre au procureur les documents demandés, mais les avocats du magnat l'ont re-sollicitée pour contester l'étendue des documents demandés.
Donald Trump a qualifié l'enquête de "pire chasse aux sorcières de l'histoire des Etats-Unis". La Cour suprême n'a pas encore rendu sa décision.
Le dossier, instruit à huis clos devant un grand jury, semble avancer malgré tout. Selon des médias américains, les enquêteurs de M. Vance ont récemment interrogé des employés de la Deutsche Bank - longtemps appui financier de Donald Trump et de sa holding, la Trump Organization - et de sa compagnie d'assurances, Aon.
Ils ont aussi réinterrogé l'ex-avocat personnel du président, Michael Cohen, qui purge une peine de prison. Il avait affirmé au Congrès que Trump et sa société gonflaient ou réduisaient artificiellement la valeur de leurs actifs, pour alternativement obtenir des prêts bancaires ou réduire leurs impôts.
La procureure démocrate de l'Etat de New York Letitia James enquête aussi sur ces allégations. Elle s'est battue avec succès contre les avocats de la Trump Organization, pour pouvoir auditionner l'un des fils Trump, Eric Trump, et obtenir des documents sur certaines propriétés familiales.
Son enquête est de nature civile, mais "si nous découvrions des faits criminels, elle changerait de nature", a-t-elle récemment déclaré.
Si ces accusations étaient avérées, elles exposeraient l'ex-président à une possible incarcération. Et contrairement aux délits fédéraux, les violations de lois des Etats ne sont pas grâciables par le président américain. Quand bien même Joe Biden, qui a fait voeu de réconciliation, le souhaiterait.
Certains anti-Trump se réjouissent d'avance de voir le septuagénaire inculpé, tels les militants de "Rise and Resist", qui manifestaient début janvier à New York pour réclamer son incarcération.
Mais les procureurs, conscients du climat politique électrique, risquent d'y réfléchir à deux fois avant de lui demander des comptes, ont indiqué à l'AFP plusieurs juristes.
"Personne ne va se précipiter", souligne Daniel Richman, ex-procureur et professeur de droit à l'université Columbia. "La dernière chose qu'on veut, c'est que le processus (judiciaire) soit utilisé - ou perçu comme étant utilisé - comme un instrument politique", souligne-t-il.
"Il y a deux écoles", souligne Roberta Kaplan, avocate qui mène trois actions au civil contre l'ex-président. "Je suis de l'école qui pense qu'on ne doit pas s'interdire de rendre justice par peur de jeter de l'huile sur le feu. Si on n'agit pas pour dire clairement que les principes sur lesquels repose ce pays s'appliquent à tout le monde, président ou autre, je pense qu'on court des dangers bien plus grands".
Pour Gloria Browne-Marshall, professeure de droit à l'université de la ville de New York (CUNY), un Donald Trump au banc des accusés constituerait "un dénouement logique", "un scénario à la Al Capone", légendaire gangster des années 20 finalement condamné en 1931 pour évasion fiscale.
Mais même si elle croit probable son inculpation - avant la fin de l'actuel mandat de Cyrus Vance en novembre - elle ne parierait pas sur un procès ou une condamnation à terme.
Avec des millions de partisans potentiellement prêts à financer sa défense, Donald Trump pourrait contre-attaquer avec ses propres actions judiciaires et faire traîner les dossiers "des années durant", dit-elle. Obligeant les procureurs - des élus dépendants de l'argent des contribuables - à mobiliser des ressources considérables pour mener la bataille, ajoute-t-elle.
Bennett Gershman, ex-procureur et professeur à l'université Pace, table lui aussi sur une inculpation prochaine de Trump par Cyrus Vance. Mais lui aussi peine à imaginer la suite.
"S'il se retrouvait devant un jury, ce serait un véritable cirque, ce serait incroyable", dit-il. "On n'a jamais rien vu de tel".
cat/tu/rle/alc
Trump, le procès II: un casting renouvelé #
Un an après son premier procès en destitution, Donald Trump sera à nouveau jugé au Sénat à partir de mardi. Si l'accusé et la plupart des juges n'ont pas changé, de nouveaux acteurs entreront en scène pour ces audiences historiques.
En 2020, lors de son procès pour "abus de pouvoir", Donald Trump ne s'était pas présenté devant ses juges, les cent élus du Sénat.
Accusé d'avoir encouragé ses partisans à se lancer à l'assaut du Capitole le 6 janvier, le milliardaire républicain est cette fois poursuivi pour "incitation à l'insurrection".
Invité à témoigner sous serment, il a fait savoir qu'il s'abstiendrait à nouveau. Ce qui ne l'empêchera pas d'exercer un poids écrasant sur le jury.
S'il coule sa retraite d'ancien président en Floride, Donald Trump, 74 ans, conserve en effet le soutien de millions d'électeurs républicains et n'a pas arrêté de se mêler des affaires du parti.
Même privé de son compte Twitter, il reste en mesure de faire et de défaire des carrières à droite, une influence qui sera difficile à occulter pour les 50 sénateurs républicains au moment du verdict.
Contrairement à son premier procès, où de brillants juristes et des stars du barreau s'étaient succédé pour le défendre, Donald Trump a peiné à constituer son équipe d'avocats.
Après une vague de démissions, il a recruté in extremis Bruce Castor et David Schoen qui, sans être des avocats de premier plan, ont déjà défrayé la chronique.
Le premier, qui fut longtemps procureur en Pennsylvanie, avait été saisi en 2005 d'une plainte pour agression sexuelle contre Bill Cosby. Il avait refusé d'ouvrir des poursuites contre le comédien, qui a finalement été condamné treize ans plus tard pour ces abus.
Le second, pénaliste en Alabama, s'est dit à plusieurs reprises convaincu que le financier Jeffrey Epstein, accusé d'exploitation sexuelle de mineures, a été tué dans sa cellule, bien que des enquêtes officielles aient confirmé la thèse du suicide.
L'élu démocrate de la Chambre des représentants Jamie Raskin, 58 ans, succède dans le rôle de procureur à son confrère Adam Schiff, dont les qualités oratoires avaient été saluées lors du premier procès.
Ce progressiste, fils d'un conseiller du président Kennedy, a été élu en 2016 au Congrès, où son premier acte fut de s'opposer à la certification de la victoire de Donald Trump en raison des ingérences russes dans la campagne.
Quatre ans plus tard, ce professeur de Droit constitutionnel accusera l'ex-président d'avoir commis "une trahison d'une ampleur historique".
L'affaire a pour lui une tonalité personnelle. Jamie Raskin a enterré le 5 janvier son fils de 25 ans qui, en proie à la dépression, venait de se suicider. Pour leur changer les idées, l'élu avait invité sa fille et son gendre le lendemain au Capitole. Les deux se sont retrouvés enfermés dans un bureau, quand les supporteurs de Donald Trump ont envahi les lieux.
Dans les heures suivantes, Jamie Raskin entamait la rédaction de l'acte d'accusation du président.
Le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell, parfois surnommé "la tortue" pour son visage impassible, pourrait tenir la clé du procès.
Pour que Donald Trump soit condamné, il faudrait que 17 sénateurs républicains votent avec les 50 élus démocrates.
Alors qu'il avait assumé sa partialité lors du premier procès, Mitch McConnell, 78 ans, a cette fois souligné que sa décision n'était pas prise. Or, s'il votait "coupable", il pourrait entraîner d'autres élus à faire comme lui.
Mais ce stratège rusé a peut-être laissé planer le doute uniquement pour faire pression sur Donald Trump et le dissuader d'utiliser le procès comme tribune politique.
Le chef de la Cour suprême des Etats-Unis, John Roberts, a jugé qu'il n'était pas cette fois contraint par la Constitution de présider le procès, puisque Donald Trump n'est plus en exercice.
Ce rôle reviendra donc au sénateur démocrate Patrick Leahy en tant que membre de la majorité ayant le plus d'ancienneté au Sénat. A 80 ans, il a subi une brève hospitalisation fin janvier mais va mieux.
Grand fan de Batman, il a fait des apparitions dans des séries ou des films consacrés à son héros justicier.
chp/seb/alc
