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Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #

Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.

Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.

"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).

Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.

Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.

MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.

La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.

Mercredi soir, Amnesty International et plusieurs organisations kényanes de la société civile se sont dits préoccupés par "l'augmentation du nombre d'informations fausses ou trompeuses" diffusées sur les médias sociaux.

Plusieurs messages de candidats et de leurs partisans dans les camps d'Odinga et de Ruto avaient "intentionnellement cherché à mal informer l'électorat et le public sur le processus électoral et les résultats des élections", ont-elles souligné dans un communiqué commun.

- Pression -

La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.

"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.

"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".

- "Aucun changement" -

Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.

Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.

al-bur/md/cpy

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AUG 10

Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #

Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.

Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.

"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).

Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.

Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.

MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.

La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.

- Pression -

La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.

"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.

"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".

- "Aucun changement" -

Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.

Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.

"De manière générale, l'atmosphère politique a été neutre en quelque sorte, et donc la tension est moins intense", résume Benson Juma, un travailleur social de 38 ans d'Eldoret. "Je sais que la paix prévaudra".

al-bur/md/cpy

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AUG 10

Elections au Kenya: les étapes d'après #

8/10/2022, 3:14 PM
Nairobi, KEN

Le Kenya scrutait mercredi les résultats de la présidentielle de la veille qui s'est déroulée dans le calme, émaillée par quelques problèmes techniques, retards de vote ou incidents sécuritaires à la marge.

Mais alors que le dépouillement est en cours, et ne permet pas de dégager de tendance dans le duel serré entre les deux favoris Raila Odinga et William Ruto, les risques d'une énième bataille post-électorale sont élevés.

Il faut remonter à 2002 pour trouver une présidentielle dont les résultats n'ont pas été contestés, et la mémoire du sang coulé lors de ces disputes électorales est encore vive.

- Le comptage -

La Commission électorale indépendante (IEBC) a jusqu'au 16 août maximum pour annoncer les résultats. Plus elle prendra de temps, plus le risque de tensions est important, selon des analystes.

Dans cette perspective, "la Commission appelle à la patience", a exhorté à nouveau mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

Il faut en effet à l'IEBC dépouiller plus de 130 millions de bulletins qui ont été déposés dans plus de 46.000 bureaux de vote, puis transmettre et consolider les résultats.

Au total, six scrutins étaient convoqués mardi, les 22,1 millions d'électeurs devant aussi choisir leurs parlementaires, gouverneurs et 1.500 élus locaux.

Les résultats définitifs seront annoncés au centre Bomas, lieu touristique de la capitale transformé temporairement en forteresse hautement surveillée où personne ne peut pénétrer sans accréditation.

Pour l'emporter, un candidat doit recueillir 50% des voix plus un vote, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés. Si ces conditions ne sont pas remplies, un second tour doit être organisé dans les 30 jours, ce qui n'est jusqu'alors jamais arrivé au Kenya .

- Action en justice -

Tout recours en justice doit être déposé auprès de la Cour suprême dans les sept jours après l'annonce des résultats. La plus haute instance judiciaire du pays dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision, et, en cas d'annulation du scrutin comme en août 2017, une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours.

Si personne ne saisit la justice, le nouveau président élu prend ses fonctions dans les deux semaines suivant l'annonce des résultats.

Dans le pire des scénario, les bras de fer judiciaires pourraient durer jusqu'à avril ou début mai 2023. Mais ce cas de figure est fortement improbable.

Selon Ben Hunter, de l'institut d'analyse Verisk Maplecroft, le système judiciaire au Kenya est l'un des plus "robustes" de la région.

"Si le résultat est contesté, et qu'un candidat dépose une requête auprès de la Cour suprême, ce serait une étape positive car sinon l'alternative est d'appeler les partisans à protester."

"La Cour jouit d'une forte crédibilité et un processus judiciaire agirait comme une soupape pour les tensions politiques."

L'Union africaine, l'Union européenne et le Commonwealth entre autres ont envoyé des observateurs pour surveiller les élections, aux côtés de milliers de représentants de la société civile.

- Disputes passées -

Raila Odinga, 77 ans s'est déjà lancé quatre fois dans la course présidentielle, sans succès: en 1997, 2007, 2013 et 2017, et a affirmé s'être fait voler la victoire lors de ces trois derniers scrutins.

En août 2017, il a saisi la justice criant au piratage du système électoral. La Cour suprême avait, dans une décision inédite en Afrique, ordonné l'annulation du scrutin en raison "d'irrégularités" en grande partie imputée à l'IEBC.

La nouvelle présidentielle s'était tenue en octobre, boycottée par Odinga et remportée par Uhuru Kenyatta.

Des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression des manifestations.

Dix ans plus tôt, en 2007, la lenteur et l'opacité du dépouillement de la présidentielle avaient renforcé les soupçons de fraude chez les partisans du candidat Odinga.

L'annonce de la victoire du président sortant Mwai Kibaki avait alors déclenché une violente contestation. Plus d'un millier de personnes avaient été tuées dans des affrontements politico-ethniques sans précédent et plus de 600.000 avaient été déplacées.

txw/amu/al/md/cpy

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AUG 10

Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #

Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.

Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.

"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).

Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.

Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.

MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.

La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.

- Pression -

La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.

"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.

"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".

- "Aucun changement" -

Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.

Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.

"De manière générale, l'atmosphère politique a été neutre en quelque sorte, et donc la tension est moins intense", résume Benson Juma, un travailleur social de 38 ans d'Eldoret. "Je sais que la paix prévaudra".

al-bur/md/cpy

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AUG 10

Kenya: après le calme de l'élection, l'attente des résultats #

8/10/2022, 9:42 AM
Nairobi, KEN

Les Kényans attendaient avec impatience mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.

Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.

A Kisumu (ouest), les magasins sont fermés le long de la principale rue commerçante. Aux coins des rues, les débats vont bon train, la presse du jour est épluchée. "Les résultats (provisoires) sont au coude à coude, donc on ne sait jamais", commente Koga Edward, 65 ans.

A Eldoret, une ville de la vallée du Rift (ouest) où une discrète présence policière est visible, Hillary Cheplong, 36 ans, un agent de la sécurité sociale, est impatient de connaître les résultats. "Je veux un président que j'ai élu pour qu'il puisse changer le coût de la vie, l'économie et améliorer la vie de beaucoup de gens".

A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants, ce qui serait une première au Kenya.

La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (IEBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins pour certains encore précieusement enfermés dans des urnes en plastique, et dissiper les craintes de truquage.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré mardi soir le président de l'IEBC, Wafula Chebukati, prévenant toutefois que les Kényans devraient s'armer de patience.

L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été lourdement critiquée en 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.

- "Aucun changement" -

Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta, membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.

La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.

Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).

Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.

Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, était un opposant historique jusqu'à 2018 et son rapprochement avec Kenyatta, un pacte surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.

Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Leurs promesses de campagne, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.

Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon certains analystes.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

al-bur/md/jhd

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Kenya: après le calme de l'élection, l'attente fébrile des résultats #

Les Kényans attendaient fébrilement mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.

Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.

A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants.

La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (ICBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août.

Ses agents ont travaillé d'arrache-pied toute la nuit, sous l'oeil de milliers d'observateurs, pour poursuivre le dépouillement et dissiper les craintes de truquage.

A 06H00 (03H00 GMT), plus de 90% des formulaires de résultats à la présidentielle avaient été reçus et les deux poids-lourds semblaient au coude à coude.

Le processus pourrait cependant être long avant les résultats définitifs, et l'IEBC a prévenu dès mardi soir que les Kényans devraient s'armer de patience.

"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré le président de l'IEBC, Wafula Chebukati.

L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été incriminée pour des irrégularités lors du scrutin de 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.

- "Aucun changement" -

Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta -- membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.

La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.

Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, souvent avant l'aube, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).

Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.

Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, est le leader de l'opposition soutenu depuis 2018 par le parti de Kenyatta, lors d'un rapprochement surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.

Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Leur promesses de campagne, axée sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.

"Nous avons des élections, nous obtenons des promesses mais nous ne voyons aucun changement", déplorait George Otieno Henry, un artisan de 56 ans. "J'espère que cette fois, ce sera mieux", plaidait-il depuis Kibera, un immense bidonville de Nairobi.

En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.

Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon des analystes.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les moins de 34 ans, qui représentent les trois quarts de la population mais sont particulièrement touchés par le chômage.

Or, beaucoup parmi eux se détournent d'un jeu politique qu'ils jugent vicié par la corruption. Ils étaient 5% de moins qu'en 2017 à s'être inscrits sur les listes électorales, selon l'IEBC.

al-bur/emd/jhd

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Kenya: après le calme de l'élection, l'attente fébrile des résultats #

Les Kényans attendaient fébrilement mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.

Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.

A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants.

La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (ICBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août.

Ses agents ont travaillé d'arrache-pied toute la nuit, sous l'oeil de milliers d'observateurs, pour poursuivre le dépouillement et dissiper les craintes de truquage.

A 06H00 (03H00 GMT), plus de 90% des formulaires de résultats à la présidentielle avaient été reçus et les deux poids-lourds semblaient au coude à coude.

Le processus pourrait cependant être long avant les résultats définitifs, et l'IEBC a prévenu dès mardi soir que les Kényans devraient s'armer de patience.

"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré le président de l'IEBC, Wafula Chebukati.

L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été incriminée pour des irrégularités lors du scrutin de 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.

- "Aucun changement" -

Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta -- membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.

La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.

Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, souvent avant l'aube, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).

Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.

Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, est le leader de l'opposition soutenu depuis 2018 par le parti de Kenyatta, lors d'un rapprochement surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.

Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Leur promesses de campagne, axée sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.

"Nous avons des élections, nous obtenons des promesses mais nous ne voyons aucun changement", déplorait George Otieno Henry, un artisan de 56 ans. "J'espère que cette fois, ce sera mieux", plaidait-il depuis Kibera, un immense bidonville de Nairobi.

En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.

Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon des analystes.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les moins de 34 ans, qui représentent les trois quarts de la population mais sont particulièrement touchés par le chômage.

Or, beaucoup parmi eux se détournent d'un jeu politique qu'ils jugent vicié par la corruption. Ils étaient 5% de moins qu'en 2017 à s'être inscrits sur les listes électorales, selon l'IEBC.

al-bur/emd/jhd

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AUG 9

Présidentielle au Kenya: dépouillement en cours et appel à la patience avant les résultats #

8/9/2022, 8:08 PM
Nairobi, KEN

Les opérations de dépouillement ont débuté mardi soir au Kenya où les électeurs se sont déplacés dans le calme pour désigner leur nouveau président, sur fond de flambée du coût de la vie et de frustration à l'égard de l'élite politique.

A 22H00 locales (19H00 GMT), soit cinq heures après le scellement des premières urnes, "la majorité des bureaux de vote" étaient fermés, a indiqué la Commission indépendante électorale (IEBC). Seuls restaient ouverts ceux qui avaient dû décaler le début de leurs opérations en raison de problèmes techniques ou de matériel.

L'IEBC a annoncé que 56,1% des 22,1 millions d'électeurs avaient voté à 16H00 (13H00 GMT) et, dans la soirée, elle a appelé "les Kényans à la patience".

L'"exercice rigoureux" de comptage et de vérification des transmissions des résultats sera terminé "aussi vite que possible", a assuré l'IEBC qui a jusqu'au 16 août pour annoncer les résultats.

Les Kényans ont voté pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, en poste depuis 2013 mais empêché constitutionnellement de briguer un troisième mandat. Mais aussi pour élire leurs députés et élus locaux.

Les résultats de la présidentielle s'annoncent serrés entre les deux principaux candidats: Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats.

L'issue de scrutin est d'autant plus scrutée que le Kenya a été secoué dans le passé par des contestations et violences post-électorales, et que le pays, moteur économique en Afrique de l'est, est considéré comme un îlot démocratique dans une région instable.

- démocratie qui "fonctionne" -

Des milliers d'observateurs ont été déployés mardi, par les candidats mais aussi par la société civile kényane et des organisations internationales. Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne, a constaté dans la matinée qu'il y avait "beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment", signe selon lui que "la démocratie fonctionne".

Les longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube et l'ouverture des bureaux de vote à 06H00 (03H00 GMT), souvent pleines d'enthousiasme pour cette élection "différente des autres", "calme et paisible", selon les termes de Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance est restée calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes pour cette journée déclarée fériée.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Alors que le Kenya est historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La corruption endémique, mais aussi les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer les inégalités.

Face aux Kényans qui manifestaient en juillet scandant "pas de nourriture, pas d'élections", William Ruto a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie", Raila Odinga celle de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale".

- Kits électroniques -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

Mardi, la police a indiqué dans la soirée n'avoir recensé aucun "incident majeur" lors de cette journée qui, selon elle, s'est déroulée de manière "relativement calme et pacifique".

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017 après l'annulation de la présidentielle pour "irrégularités", a elle admis des incidents, notamment des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46.000.

"La logistique a été un peu difficile", a reconnu Marjan Hussein, patron de l'IEBC, mais "nous nous en sortons bien".

Une décision de justice tombée lundi n'a pas aidé selon lui à faciliter le processus. Elle concernait l'utilisation des registres manuels en cas de problèmes électroniques, un point déjà au coeur des critiques mardi soir.

md-al-bur/blb

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AUG 9

Le Kenya a voté pour la présidentielle sur fond de flambée du coût de la vie #

8/9/2022, 2:59 PM
Nairobi, KEN

Les bureaux de vote ont commencé à fermer mardi au Kenya à l'issue d'une journée électorale pour désigner un nouveau président qui s'est majoritairement déroulée dans le calme, sur fond de flambée du coût de la vie et d'un certain désenchantement vis-à-vis de l'élite politique.

A 17H00 (14H00 GMT), le scellement des urnes a débuté dans certains des 46.000 bureaux de vote du territoire. Ailleurs, les électeurs encore dans les files d'attente avaient toutefois le droit de glisser leurs bulletins, de même que ceux ayant fait face à des retards ou à des perturbations.

Au total, 22,1 millions d'électeurs devaient voter six fois (élisant leur président, mais aussi leurs députés et élus locaux) pour déterminer l'avenir politique de ce pays, locomotive économique d'Afrique de l'est et considéré comme un îlot démocratique dans une région instable - mais qui fut lui même le théâtre de violences et de contestations électorales.

Pour la présidentielle, le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

"Cette élection est différente des autres, elle est calme et paisible", affirme Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift, une région qui fut autrefois à l'épicentre de troubles.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance était calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes en ce jour déclaré férié.

A travers ce pays où le vote est traditionnellement matinal, de longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube et l'ouverture des bureaux de vote à 06H00 (03H00 GMT).

Parmi les milliers d'observateurs déployés, Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne, a constaté qu'il y avait "beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment", signe selon lui que "la démocratie fonctionne".

Dans l'après-midi, l'attente semblait moins longue.

La Commission électorale a annoncé que 56,1% des électeurs avaient voté à 16H00 locales (13H00 GMT).

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

William Ruto a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie". Raila Odinga a promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale".

- Kits électroniques -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

"Les gens ne devraient pas perturber (le vote). Votez, rentrez chez vous et détendez-vous", a appelé à Kibera Ibrahim Ahmed Hussein, étudiant de 23 ans.

De rares incidents ont été signalés à travers le pays, où quelque 150.000 officiers de sécurité ont été déployés. Une manifestation a été dispersée au gaz lacrymogène dans le comté de Nakuru (ouest) tandis que l'élection a été reportée en raison de coups de feux la veille dans une circonscription de Wajir (est), près de la Somalie.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017, a elle admis des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46.000.

"Il ne s'agit pas d'une défaillance étendue. Les technologies tombent en panne et quand c'est le cas nous avons des moyens de régler ça", a déclaré Justus Nyang'aya, l'un des commissaires.

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats. La Commission a jusqu'au 16 août pour les annoncer.

md-bur/al/ blb

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AUG 9

Le Kenya élit son président sur fond de flambée du coût de la vie #

8/9/2022, 1:39 PM
Nairobi, KEN

L'élection du prochain président se déroulait majoritairement dans le calme mardi au Kenya , locomotive économique d'Afrique de l'Est frappée par une flambée du coût de la vie, où ce scrutin revêt de forts enjeux.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois au total - élisant également leurs députés et élus locaux - pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut lui même le théâtre de violences et de contestations électorales.

"Cette élection est différente des autres, elle est calme et paisible", affirme Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift, une région qui fut autrefois à l'épicentre de troubles.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance était calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes en ce jour déclaré férié.

A travers ce pays où le vote est traditionnellement matinal, de longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube, dans la pénombre, devant les bureaux de vote ouverts entre 06H00 et 17H00 (03H00 et 14H00 GMT). L'attente semblait moins longue dans l'après-midi.

"Lors de ma visite dans des bureaux de vote ce matin, il y avait beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment. Cela montre que la démocratie fonctionne", s'est félicité Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne.

La Commission électorale a annoncé que 30% des 22,1 millions d'électeurs avaient voté à midi.

Parmi eux, le fervent chrétien William Ruto a glissé son bulletin dans l'urne après une courte prière à Kosachei, suivi quelques heures plus tard par un Raila Odinga tout de bleu vêtu - couleur de son parti - à Kibera.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie".

M. Odinga a lui promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composée d'une seule "grande tribu".

- Kits électroniques -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

"Les gens ne devraient pas perturber (le vote). Votez, rentrez chez vous et détendez-vous", a appelé à Kibera Ibrahim Ahmed Hussein, étudiant de 23 ans portant une traditionnelle tunique blanche et des écouteurs aux oreilles.

De rares incidents ont été signalés à travers le pays, où quelques 150.000 officiers de sécurité ont été déployés. Une manifestation a été dispersée au gaz lacrymogène dans le comté de Nakuru (ouest) tandis que l'élection a été reportée en raison de coups de feux la veille dans une circonscription de Wajir (est), près de la Somalie.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017, a elle admis des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46.000.

"Il ne s'agit pas d'une défaillance étendue. Les technologies tombent en panne et quand c'est le cas nous avons des moyens de régler ça", a déclaré Justus Nyang'aya, l'un des commissaires.

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats. La Commission a jusqu'au 16 août pour les annoncer, mais elle pourrait le faire plus tôt.

md-bur/al/blb

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AUG 9

"Votez, rentrez chez vous et détendez-vous", plaident les électeurs au Kenya #

8/9/2022, 12:05 PM
Kisumu, KEN

Qu'importe l'attente, le froid matinal ou le soleil de midi, les Kényans votaient mardi, des rives du lac Victoria aux bidonvilles de Nairobi, animés par l'espoir d'un scrutin "libre et équitable" et qui portera au pouvoir un président capable d'améliorer leurs conditions de vie.

Dans la vallée du Rift, terre natale du candidat William Ruto, l'ambiance est sereine et tranquille, à l'image de la campagne. Il y a bien des policiers à l'entrée des bureaux de vote, équipés de longues matraques ou de fusils, mais les tensions et violences qui ont accompagné les précédents scrutins semblent lointaines.

Dans le calme, une partie des 22,1 millions d'électeurs attendent dans le calme, déterminés à peser lors de ces élections générales pour élire leurs parlementaires, leurs élus locaux mais aussi le cinquième président de la République du Kenya fondée après l'indépendance de 1963.

"Cette élection est différente des autres, elle est calme et paisible", commente Joyce Kosgei, 52 ans et mère de cinq enfants, postée dans la queue devant le bureau de vote de l'école primaire de Kosachei, un village du Rift. Alors que le soleil poursuit sa course, les électeurs troquent leurs shuka - couvertures colorées à carreaux - contre des parapluies.

A quelque 300 km de là, dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, aux murs tapissés de portraits sur fond bleu de Raila Odinga, l'autre favori, l'atmosphère est au bain de foule, festive et chargée d'une excitation que même la lenteur ponctuelle du processus n'altère pas.

Ici comme ailleurs, certains kits électroniques utilisés pour identifier les électeurs se montrent capricieux. "Pourquoi est-ce si long?", entend-on parfois dans les files qui s'étirent à travers le pays devant les 46.000 bureaux de vote.

- "Vivre en paix" -

A Kisumu, autre bastion d'Odinga dans l'ouest du pays et baigné d'euphorie, Kenneth Otieno, 24 ans, est fier de montrer l'ongle de son doigt recouvert d'une encre indélébile violette. Il vient juste de déposer dans les urnes en plastique les six grands bulletins de couleur correspondant aux six scrutins convoqués. Il a voté pour la première fois, satisfait d'"appartenir à l'histoire" et il croit au "changement".

Pour beaucoup, ce changement doit passer par l'amélioration du pouvoir d'achat. Car dans ce moteur économique de l'Afrique de l'Est, pourtant porté par une croissance dynamique, nombre de Kényans ont du mal à joindre les deux bouts.

Les prix des aliments de base ont explosé, à commencer par celui de la farine de maïs, utilisé pour fabriquer l'incontournable ugali. Le vote de mardi est donc "important", souligne Nancy Sandi, depuis l'école primaire de Kilimani, un quartier aisé de la capitale, vidée de son agitation habituelle et où nombre de magasins avaient baissé leurs rideaux de fer mardi - déclaré jour férié.

Emmitouflée dans une shuka marron, cette femme de 56 ans sans emploi veut que le chef de l'Etat pour les cinq prochaines années "aide au niveau social tous les citoyens, et pas seulement les membres de sa tribu", explique-t-elle avec une pointe de lassitude. "Nous voulons manger correctement, et vivre en paix".

Perdue comme d'autres électeurs et ne sachant pas dans quel bâtiment est situé son bureau de vote, elle est accompagnée par des assesseurs devant la bonne salle de classe. Là, la devise des élèves, écrite à la main, trône au-dessus du tableau noir: "Travailler dur et fort paiera".

Pourtant au Kenya, la jeunesse qui représente les trois-quarts de la population, peine à s'insérer sur le marché du travail, et 5 millions étaient au chômage, selon des chiffres officiels publiés en 2020.

"Notre pays est aujourd'hui rempli de corruption", déplore Ibrahim Ahmed Hussein, vêtu d'une tunique blanche. "Nous voulons voir du changement pour la nouvelle génération", affirme cet étudiant de 23 ans, écouteurs sur les oreilles. Et de plaider pour une issue pacifique: "Votez, rentrez chez vous et détendez-vous."

bu-al/md/jhd

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AUG 9

Le Kenya a commencé à élire son président, sur fond de flambée du coût de la vie #

Les Kényans ont afflué dès l'aube dans les bureaux de vote pour élire mardi un nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux lors de scrutins à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est, frappée par une flambée du coût de la vie.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut aussi le théâtre de graves violences il y a quinze ans.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attentes se sont formées dans la pénombre devant les bureaux de vote, qui ouvraient à 06h00 (03h00 GMT).

Le scrutin se déroulait majoritairement dans le calme en cette journée déclarée fériée. L'ambiance était même festive à Kisumu, grande ville de l'Ouest et bastion d'Odinga, où les motos-taxis faisant hurler leur klaxon et les passants leurs vuvuzelas.

"Je suis venue ici à 04h00 (01h00 GMT) du matin pour voter, avec beaucoup d'espoir et de foi", a déclaré dans le centre de Kisumu Clara Otieno Opiyo, une vendeuse de légumes de 35 ans, son fils de 5 ans drapé dans le dos.

Raila Odinga a voté en milieu de matinée dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, un autre de ses fiefs, tandis que son adversaire a glissé son bulletin peu après l'ouverture des bureaux dans le village de Kosachei, près d'Eldoret, au coeur de sa natale vallée du Rift.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelques 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

"Nous souffrons tellement à cause de l'inflation. Actuellement nous ne pouvons même pas cuisiner notre aliment de base qui est l'ugali parce qu'il n'y a pas de farine de maïs dans les supermarchés", a déclaré Alice Waithera, assistante sociale de 56 ans et électrice dans le centre financier de Nairobi.

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie". M. Odinga a lui promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composée d'une seule "grande tribu".

- Spectre des violences -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par M. Odinga des résultats du vote - finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.

"Le vote ne doit pas être une question de vie ou de mort, il est grand temps que le Kenya réalise que le vote est comme les autres exercices. Dans chaque compétition, il y a un gagnant et un perdant", a déclaré à Eldoret Hussein Kassim, un exportateur de carburants de 35 ans.

Excepté un impressionnant flux de désinformation sur les réseaux sociaux, la campagne fut globalement paisible. Quelque 150.000 officiers doivent cependant être déployés à travers le pays.

Mardi matin, quelques rares cas de perturbations liées à l'usage des kits biométriques d'identification des électeurs ont été signalées notamment à Nairobi.

Des sources diplomatiques ont affirmé à l'AFP avoir bon espoir que le calme prévaudrait mardi mais ont insisté, dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, sur l'enjeu de la rapidité dans la publication des résultats.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême, a jusqu'au 16 août pour déclarer les résultats.

Les quelque 46.000 bureaux de vote doivent fermer à 17H00 (14h00 GMT).

md-bur/al/jhd

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AUG 9

Le Kenya, puissance économique d'Afrique de l'Est, élit son président #

8/9/2022, 4:42 AM
Nairobi, KEN

Les Kényans ont commencé à affluer dans les bureaux de vote pour élire mardi un nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux lors de scrutins à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est, frappée par une flambée du coût de la vie.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut aussi le théâtre de graves violences il y a quinze ans.

Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attentes se sont formées dans la pénombre devant les bureaux de vote, qui ouvraient à 06h00 locales.

"Je me suis levé tôt afin de venir et de choisir mon leader, qui amènera du changement. J'ai de l'espoir", a affirmé à Kisumu, grande ville de l'Ouest, Moses Otieno Onam, 29 ans, au milieu d'une foule joyeuse.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Ce dernier a voté peu après 06h00 dans le village de Kosachei, dans son fief de la vallée du Rift, situé à une trentaine de kilomètres d'Eldoret.

"Ce matin c'est le jour J", a déclaré ce fervent chrétien "born again" après avoir prié et glissé son bulletin dans l'urne aux côtés de son épouse.

"Je veux demander à tous les autres électeurs (...) de voter consciemment et résolument pour choisir les hommes et les femmes qui pourront faire avancer ce pays ces cinq prochaines années", a ajouté M. Ruto.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

Mardi, les électeurs doivent départager un Luo, M. Odinga, et un Kalenjin, M. Ruto, deux autres importantes communautés du pays.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine, ont durement touché ce moteur économique régional, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

"Nous voulons des emplois, des emplois, des emplois", insistait samedi lors d'un meeting de M. Ruto Grace Kawira, journalière de 32 ans.

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie". M. Odinga a lui promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composé d'une seule "grande tribu".

- Spectre des violences -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par M. Odinga des résultats du vote - finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.

"Le Kenya vote, l'Afrique de l'Est retient son souffle", titrait samedi The East African.

Mais cet hebdomadaire respecté ajoutait que "le Kenya a fait de grandes enjambées dans son évolution démocratique, et est en fait regardé comme une démocratie mature selon les standards régionaux".

En dehors de rares incidents et d'un impressionnant flux de désinformation sur les réseaux sociaux, la campagne fut paisible et les deux favoris ont appelé au calme. Quelque 150.000 officiers doivent cependant être déployés à travers le pays.

Lundi, la vie a mené son cours normal à Nairobi, même si la dynamique capitale semblait quelque peu alanguie, en raison notamment de la fermeture des écoles et du départ de nombreux électeurs vers leur région d'origine.

Des sources diplomatiques ont affirmé à l'AFP avoir bon espoir que le calme prévaudrait mardi mais ont insisté, dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, sur l'enjeu de la rapidité dans la publication des résultats.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême et qui a dû annuler lundi quatre scrutins locaux en raison notamment de problèmes d'impression des bulletins, a jusqu'au 16 août pour déclarer les résultats.

Les quelque 46.000 bureaux de vote doivent fermer à 17H00 locales.

md-bur/al/emd/ybl

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AUG 9

Le Kenya, puissance économique d'Afrique de l'Est, élit son président #

8/9/2022, 3:29 AM
Nairobi, KEN

Les Kényans ont commencé à affluer dans les bureaux de vote pour élire mardi un nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux lors de scrutins à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est, frappée par une flambée du coût de la vie.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut aussi le théâtre de graves violences il y a quinze ans.

A Kibera, un bidonville de Nairobi, une équipe de l'AFP a pu constater l'ouverture comme prévu à 06h00 d'un bureau de vote. A Kisumu (ouest), des files d'attente de plusieurs centaines de mètres s'étaient formées avant l'aube.

"Je me suis levé tôt afin de venir et de choisir mon leader, qui amènera du changement. J'ai de l'espoir", a affirmé devant l'un d'eux Moses Otieno Onam, 29 ans, au milieu d'une foule joyeuse.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique dont les visages s'affichent depuis des mois à travers le pays. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Samedi, dernier jour de campagne, chacun avait fait étalage de ses forces en tenant un ultime meeting électoral dans un stade de la capitale kényane, y faisant affluer des milliers de partisans, vêtus de jaune pour le camp Ruto et de bleu côté Odinga.

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

Mardi, les électeurs inscrits dans quelque 46.000 bureaux de vote - ouverts jusqu'à 17H00 locales (14H00 GMT) - doivent départager un Luo, M. Odinga, et un Kalenjin, M. Ruto, deux autres importantes communautés du pays.

- Spectre des violences -

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine, ont durement touché ce moteur économique régional, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

"Nous voulons des emplois, des emplois, des emplois", insistait samedi au meeting de M. Ruto Grace Kawira, journalière de 32 ans qui nettoie des maisons, lave des vêtements. "Tout ce qui paie. Mais ce n'est pas tous les jours. Nous ne faisons que survivre."

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé ce week-end son ambition de "réduire le coût de la vie". Presque au même moment, M. Odinga promettait de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composé d'une seule "grande tribu".

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par M. Odinga des résultats du vote - finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.

"Le Kenya vote, l'Afrique de l'Est retient son souffle", titrait samedi The East African, pointant son rôle clé pour le commerce régional.

Mais cet hebdomadaire respecté ajoutait que "le Kenya a fait de grandes enjambées dans son évolution démocratique, et est en fait regardé comme une démocratie mature selon les standards régionaux".

- Capitale alanguie -

En dehors de rares incidents et d'un impressionnant flux de désinformation sur les réseaux sociaux, la campagne fut paisible et les deux favoris ont appelé au calme. Quelque 150.000 officiers doivent cependant être déployés à travers le pays.

Lundi, la vie menait son cours normal à Nairobi, même si la dynamique capitale semblait quelque peu alanguie, en raison notamment de la fermeture des écoles et du départ de nombreux électeurs vers leur région d'origine.

Des sources diplomatiques ont affirmé à l'AFP avoir bon espoir que le calme prévaudrait mardi mais ont insisté, dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, sur l'enjeu de la rapidité dans la publication des résultats.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême et qui a dû annuler lundi quatre scrutins locaux en raison notamment de problèmes d'impression des bulletins, a jusqu'au 16 août pour déclarer les résultats.

md-bur/al/emd/ybl

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AUG 9

Cinq choses à savoir sur le Kenya #

8/9/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya, riche de sa faune, ses plages et ses terres agricoles, est un moteur économique de l'Afrique de l'Est, et ce malgré la pandémie et une sécheresse inédite depuis 40 ans.

Voici cinq choses à savoir sur ce pays niché entre les Grands Lacs et l'océan Indien.

- Fin de l'ère Kenyatta

Le Kenya accède à l'indépendance en 1963 après huit ans de rébellion contre le régime colonial britannique. Jomo Kenyatta devient le premier président de cette jeune République, remplacé à sa mort en 1978 par Daniel arap Moi.

En 2002, onze ans après l'abandon du régime du parti unique, première alternance démocratique: l'opposant Mwai Kibaki remporte la présidentielle.

Mais en 2007, l'annonce contestée de sa réélection entraîne des violences politico-ethniques inédites qui se soldent par plus de 1.100 morts. En 2008, un gouvernement d'union nationale est mis en place, dont Raila Odinga, aujourd'hui candidat, est Premier ministre.

Ce dernier est battu à la présidentielle de 2013 par le fils de Jomo Kenyatta, Uhuru, pourtant alors inculpé par la Cour pénale internationale pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007-2008.

Bis repetita en août 2017. La présidentielle est cependant annulée pour "irrégularités" par la Cour suprême, une première en Afrique. Uhuru Kenyatta est élu lors d'un nouveau scrutin, boycotté par son opposant de toujours.

Les deux hommes scellent une alliance surprenante en 2018, aux dépens du vice-président et dauphin désigné William Ruto.

- Safari

Le pays compte une cinquantaine de parcs et réserves naturelles qui ont attiré 1,5 million de visiteurs en 2021. Parmi ses joyaux, plus de 30.000 girafes et le célèbre "Big five": lion, éléphant, rhinocéros, buffle et léopard.

Wangari Maathai est une des ambassadrices les plus connues de cette biodiversité, récompensée en 2004 par le prix Nobel de la paix pour, entre autres, son travail autour de la plantation d'arbres.

Le Kenya est aussi surnommé "le berceau de l'humanité".

La vallée du Rift, qui s'étend de la Tanzanie à l'Éthiopie en passant par le Kenya, a été le théâtre de découvertes majeures de fossiles. Des restes d'hominidés vieux de près de 6 millions d'années ont été trouvés dans la région du Turkana.

- Locomotive régionale

Le Kenya est l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique de l'Est et soigne son image de hub régional.

Son profil est atypique en Afrique: relativement peu de ressources naturelles mais un dynamisme économique et un secteur des services remarquables. L'agriculture est aussi un de ses piliers (plus de 22% du PIB) et la source principale des exportations (thé, fleurs, café).

Après un recul de 0,3% en 2020 lié à la pandémie, l'économie du Kenya a amorcé une reprise en 2021. Mais les prix du carburant et des denrées alimentaires ont explosé, en particulier celui de la farine de maïs - nourriture de base -, attisant la frustration dans ce pays rongé par une corruption endémique. En 2021, il était classé 128e sur 180 pays et territoires par Transparency International.

Les inégalités sont criantes dans le pays, où golfs et bidonvilles peuvent être mitoyens et où le salaire minimum mensuel est de 15.120 shillings (124 euros). Selon l'ONG Oxfam, la fortune des deux Kényans les plus riches est supérieure aux revenus cumulés de 30% de la population, soit 16,5 millions de personnes.

La population d'environ 50 millions d'habitants, selon les chiffres officiels, est en majorité jeune et chrétienne.

Sur les plus de 40 ethnies recensées, les Kikuyu sont le premier groupe numériquement, devant les Luhya, les Kalenjin et les Luo.

- Vivier d'athlètes

Le Kenya fait partie des grandes nations de la course de fond et demi-fond, avec des champions comme Eliud Kipchoge ou Faith Kipyegon.

Le sprinter Ferdinand Omanyala s'est également fait un nom au pays des coureurs de fond, en signant le record d'Afrique du 100 m en 2021 (9.77), puis en réalisant la troisième meilleure performance mondiale en 2022 (9.85).

Mais l'ombre du dopage plane régulièrement. Le pays a été à deux doigts de l'exclusion des Jeux de Rio en 2016 avant d'annoncer l'introduction de mesures spécifiques comme l'adoption d'une loi antidopage.

- Le spectre des attentats

Le 7 août 1998, un attentat visant l'ambassade américaine à Nairobi fait 213 morts et 5.000 blessés. Il est revendiqué par Al-Qaïda.

Après l'entrée en 2011 de l'armée kényane en Somalie pour y combattre les islamistes radicaux shebab, les attaques se sont multipliées, avec notamment celles du Westgate à Nairobi en 2013 puis de Garissa en 2015. Elles feront respectivement 67 et 148 morts.

En 2019, 21 personnes meurent dans un nouvel attentat mené contre le complexe hôtelier Dusit, à Nairobi.

Depuis, les attaques se font plus sporadiques, concentrées dans l'est du pays.

bur-al/sva/md/cl/emd/mav

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AUG 9

Les élections au Kenya, mode d'emploi #

8/9/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

Les Kényans sont appelés aux urnes mardi pour désigner au suffrage universel direct leur nouveau président, le cinquième depuis l'indépendance en 1963 de ce pays d'Afrique de l'Est.

- Quatre candidats

Sur les 17 candidatures initiales, seules quatre ont été validées par la commission électorale (IEBC), soit le plus petit nombre de candidats à la présidentielle depuis l'instauration du multipartisme au début des années 1990.

Parmi eux, William Ruto, 55 ans, actuel vice-président à la réputation sulfureuse. Cet ancien député et ministre de l'Agriculture se présente pour la première fois, sous la bannière de son nouveau parti l'UDA (United Democratic Alliance).

Il fait figure de favori avec Raila Odinga.

Ce dernier, ancien Premier ministre, est passé à partir de 2018 du statut de leader de l'opposition à celui d'allié du parti au pouvoir. A 77 ans, c'est sa cinquième tentative pour devenir chef de l'Etat. Il est en lice sous l'étiquette de la coalition Azimio la Umoja (Quête d'unité).

David Mwaure, ancien avocat et prêtre de 65 ans, représente quant à lui le parti Agano, et George Wajackoyah, excentrique avocat de 63 ans, le parti Roots (Racines) inspiré du rastafarisme.

- Six scrutins

Outre le président, les plus de 22,1 millions d'électeurs inscrits (dont près de 40% ont moins de 34 ans) sont également appelés à élire 290 députés, 47 femmes représentantes pour siéger à l'Assemblée nationale, 47 sénateurs, 47 gouverneurs de comté et 1.450 membres des assemblées de comtés.

Au total, 46.229 bureaux de vote seront ouverts de 06H00 à 17H00 locales (03H00 à 14H00 GMT).

Chaque électeur recevra six bulletins de couleurs différentes, une couleur par scrutin.

La société civile kényane, l'Union africaine, l'Union européenne entre autres vont déployer des centaines d'observateurs.

- Identification électronique

L'identification électronique des électeurs, introduite à partir de 2009, était au coeur de la contestation du scrutin de 2017 annulé puis reprogrammé.

En arrivant au bureau de vote, les électeurs sont dirigés vers un kit biométrique - une tablette équipée d'un système de reconnaissance des empreintes digitales - permettant de s'assurer qu'ils y sont bien inscrits.

Une fois les bulletins glissés dans les urnes, l'électeur se voit déposer de l'encre indélébile sur un doigt, preuve qu'il a accompli son devoir de citoyen et gage qu'il ne peut voter une seconde fois.

Quelque 1.272 bureaux de vote ont une couverture internet "faible" ou nulle. Dans ces zones, des modems-satellites seront utilisés pour assurer la transmission électronique, assure l'IEBC.

Le comptage manuel servira de filet de sécurité en cas de défaillance de la transmission électronique des résultats, source de litige en 2017.

Cette année-là, l'IEBC avait été vivement critiquée pour son processus de compilation et de vérification des résultats.

Lundi, l'IEBC a annulé quatre scrutins locaux, notamment dans la grande ville portuaire de Mombasa (sud), après s'être aperçue que certains bulletins de vote avaient été mal routés, et d'autres ne comportaient pas les bonnes photos de candidats.

- Sécurité

Environ 150.000 officiers seront déployés pour assurer la sécurité des bureaux de vote, selon le chef de la police Hilary Mutyambai.

Les écoles, dans lesquelles sont installées la plupart des bureaux de vote, sont fermées jusqu'à mercredi, et une grande chaîne de supermarchés a invité ses clients à s'approvisionner en prévision de la fermeture de ses magasins mardi.

Les périodes électorales ont été marquées à plusieurs reprises par des violences, notamment politico-ethniques comme en 2007-2008 quand plus de 1.100 personnes ont été tuées et des centaines de milliers déplacées.

- Résultats et délais

Pour l'emporter, un candidat doit recueillir 50% des voix plus un vote, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés.

Si ces conditions ne sont pas remplies, un second tour doit être organisé dans les 30 jours.

Les résultats doivent ensuite être proclamés dans les sept jours suivant l'élection. Si personne ne les conteste, le nouveau chef de l'Etat élu doit être investi dans les deux semaines suivant l'annonce des résultats définitifs.

En cas de contentieux et d'annulation du scrutin par la Cour suprême, comme en 2017 quand elle avait été saisie par l'opposition, un nouveau scrutin doit se tenir dans les 60 jours suivant la décision.

En 2017, la Cour suprême avait justifié cette décision en faisant peser la responsabilité de ce scrutin "ni transparent, ni vérifiable" sur la commission électorale.

al-ho/sva/md/emd/jnd

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AUG 9

Kenya: William Ruto, porte-parole des "débrouillards" à la réputation sulfureuse #

8/9/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

L'ambitieux et fortuné vice-président William Ruto se présente en challenger du pouvoir à l'élection présidentielle de mardi, se posant en porte-parole des "débrouillards" du petit peuple et tentant de polir son image sulfureuse.

La voie semblait tracée pour que ce fin stratège de 55 ans, aux costumes toujours élégants, accède au sommet de l'Etat.

Le chef de l'Etat Uhuru Kenyatta - dont il est le vice-président depuis 2013 - l'avait adoubé, l'assurant du soutien du parti présidentiel pour l'élection de 2022 à laquelle lui n'a pas le droit de briguer un troisième mandat.

Mais après sa réélection en 2017, suivie de violences causant des dizaines de morts, M. Kenyatta s'est progressivement rapproché de son opposant historique Raila Odinga, à qui il a finalement donné son soutien.

Pour beaucoup d'observateurs, une des raisons de ce revirement d'alliances est l'incontrôlable ambition de M. Ruto.

"Ce qui rend Ruto singulier, c'est la rapidité de son ascension, son ambition", souligne l'analyste politique kényane Nerima Wako-Ojiwa: "Il est allé à contre-courant (des pratiques). Il est passé devant beaucoup de gens sans demander l'autorisation."

"Beaucoup de gens ont peur que s'il arrive au pouvoir, il soit impossible à déloger ensuite", explique-t-elle.

- "Débrouillards" contre "dynasties" -

William Ruto se présente en opposant aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Il s'est fait le héraut des "débrouillards" ("hustlers") de la rue comme lui, issu d'une famille modeste de la vallée du Rift (ouest).

Ce diplômé en sciences, professeur avant de se lancer en politique dans les années 1990, au sein des jeunesses du parti de l'autocrate Daniel arap Moi, aime à rappeler qu'il n'a eu sa première paire de chaussures qu'à l'âge de 15 ans et qu'il vendait des poulets en bord de route.

Il est aujourd'hui à la tête d'une grande entreprise de volailles, un des piliers de sa fortune - une des plus grandes du pays - qui comprendrait également des hôtels, des milliers d'hectares de terres...

L'étendue de ses actifs a fait l'objet d'une controverse entre le ministère de l'Intérieur et le "DP" (pour "Deputy President", vice-président), qui accuse le pouvoir de vouloir le discréditer.

Sa rupture avec le président Kenyatta est consommée.

Il a été un des plus virulents opposants à un projet de révision constitutionnelle défendu par le duo Kenyatta-Odinga et finalement invalidé par la Cour suprême au terme d'une féroce bataille judiciaire.

En août 2021, Uhuru Kenyatta avait mis son vice-président au défi de démissionner "s'il n'est pas content". "Désolé, mais je suis en mission", avait répondu celui qui prône une économie "du bas vers le haut (...) afin de sortir des millions de personnes du désespoir".

Uhuru Kenyatta le Kikuyu - la première ethnie du pays - et William Ruto le Kalenjin - la troisième en nombre - s'étaient alliés en 2012 pour conquérir le pouvoir, dans ce qui avait été surnommé la "coalition des accusés".

Ils étaient tous deux poursuivis pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) pour leur rôle dans les violences post-électorales de 2007-2008, les pires depuis l'indépendance (plus de 1.100 morts et 600.000 déplacés). Les deux hommes étaient à l'époque dans des camps opposés.

La CPI avait décrit M. Ruto comme le principal planificateur des violences contre la communauté kikuyu dans son fief kalenjin de la vallée du Rift, avant d'abandonner toutes les poursuites en 2016.

Celui qui était un des hommes les plus craints du pays s'emploie à polir sa réputation sulfureuse, mêlant accusations de violences, de corruption, d'appropriation de terres et de détournement de fonds qu'il ne cesse de démentir.

- "Timing parfait" -

Dès les prémisses du rapprochement Odinga-Kenyatta, il est parti en campagne, sillonnant le pays en casquette et polo, s'affichant sur les réseaux sociaux.

Ce quinquagénaire, chrétien "born again" revendiqué et père de six enfants, s'affiche en homme affable. Sa rhétorique des "débrouillards", misant sur un clivage social plus qu'ethnique, trouve notamment un écho chez les jeunes.

Ce discours n'est "pas nouveau", estime Nerima Wako-Ojiwa, mais "c'était le timing parfait" dans un pays durement frappé par la crise du Covid-19 et les répercussions économiques de la guerre en Ukraine.

"Il est considéré comme un des stratèges les plus efficaces de la politique kényane", rappelle Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni).

"Il a une grande expérience des campagnes électorales", souligne-t-il: "Il a été aux côtés d'Odinga, il a été aux côtés de Kenyatta, (...) il connaît leurs forces et leurs faiblesses".

sva/md/cl/emd/ybl

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AUG 9

Les crises électorales au Kenya #

8/9/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya s'apprête mardi à ouvrir un nouveau chapitre politique avec une élection présidentielle qui s'annonce serrée et scelle la fin de l'ère Kenyatta, membre de l'ethnie kikuyu au pouvoir depuis 2013.

Si la campagne s'est déroulée dans le calme, les joutes agressives s'étant cantonnées aux réseaux sociaux, les contestations et violences post-électorales passées entretiennent les inquiétudes avant un scrutin crucial pour ce pays d'Afrique de l'Est.

- 1992: première élection multipartite

Le 29 décembre 1992, Daniel arap Moi, au pouvoir depuis 1978, est élu président lors du premier scrutin multipartite face à une opposition divisée.

Des violences opposant les Kalenjin, ethnie minoritaire du président, aux Kikuyu, majoritaires et soutenant les partis d'opposition, précèdent puis suivent le scrutin, faisant des centaines de morts dans la vallée du Rift.

- 2007-2008: violences les plus meurtrières -

Le 27 décembre 2007, des émeutes éclatent après la réélection contestée de Mwai Kibaki à la présidence, face à Raila Odinga, ancien allié devenu rival.

La vallée du Rift devient l'épicentre d'affrontements entre des membres des communautés kalenjin et luo, qui ont majoritairement soutenu M. Odinga, et leurs voisins kikuyu, l'ethnie de M. Kibaki.

En février 2008, les deux leaders signent un accord sous la pression de la communauté internationale, aboutissant à un gouvernement de coalition dirigé par Raila Odinga. Les violences ont fait plus de 1.100 morts et 600.000 déplacés, dans un pays jusqu'alors réputé stable.

En mars 2010, la Cour pénale internationale (CPI) autorise l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité sur ces violences et en 2012, ses juges confirment les accusations contre quatre Kényans. Parmi eux, Uhuru Kenyatta, fils du premier président kényan et candidat à la présidentielle de 2013, ainsi que William Ruto, son colistier.

Le 4 mars 2013, Uhuru Kenyatta remporte la présidentielle.

Le 8 octobre 2014, il devient le premier chef d'Etat à comparaître en cours de mandat devant la CPI.

En décembre, la Cour abandonne les poursuites contre lui, faute de preuves suffisantes. En 2016, elle abandonne pour la même raison des poursuites contre son vice-président William Ruto.

- 2017: présidentielle annulée -

La présidentielle est remportée par Uhuru Kenyatta face à Raila Odinga, qui rejette les résultats, manipulés selon lui par piratage informatique, et dépose un recours.

L'annonce des résultats déclenche des émeutes et des pillages dans des fiefs de l'opposition.

Le 1er septembre, la Cour suprême invalide le scrutin pour "irrégularités" et ordonne une nouvelle élection, une première en Afrique.

En octobre, Uhuru Kenyatta est réélu lors d'un nouveau vote boycotté par l'opposition et terni par un faible taux de participation (39%).

Des violences post-électorales font des dizaines de morts, principalement dans la brutale répression des manifestations de l'opposition par la police.

En 2018, les deux hommes sidèrent le pays en se serrant la main et en déclarant une trêve, un retournement d'alliance toutefois courant au Kenya .

acm-ang-al/md/emd/mav

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AUG 9

Kenya: Raila Odinga, l'inusable vétéran de la politique kényane #

8/9/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

Candidat pour la cinquième fois à la présidence du Kenya , Raila Odinga est une figure historique de la politique kényane, qui a incarné durant des décennies l'opposition avant de se rapprocher ces dernières années du pouvoir.

La présidentielle de mardi constitue probablement la dernière chance d'entrer à State House, le palais présidentiel, pour ce vétéran de la politique aujourd'hui âgé de 77 ans, dont l'ambition et la détermination sont au coeur de l'histoire récente du Kenya .

Engagé dès le début des années 80 contre le régime de parti unique, Raila Amolo Odinga a connu la détention, un bref exil en Norvège, avant d'entrer au Parlement lors des premières élections multipartites de 1992.

C'est lors des scrutins présidentiels de 1997, 2007, 2013 et 2017 que ce leader de la communauté luo s'imposera comme un acteur politique incontournable, toujours candidat opposé au pouvoir.

En 2007, sa contestation de la victoire de Mwai Kibaki dégénère en sanglantes violences ethniques, faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

La crise se résoudra par un accord de partage du pouvoir, avec M. Odinga Premier ministre (2008-2013). Durant cette période, il est un des artisans de la Constitution de 2010, considérée comme une des plus progressistes du continent.

- "Poignée de main" -

En 2013 et 2017, il a pour adversaire Uhuru Kenyatta, avec qui la rivalité est historique.

Son père, Jaramogi Oginga Odinga, fut le grand perdant de la lutte pour le pouvoir après l'indépendance du Kenya en 1963, au profit du premier président Jomo Kenyatta... père d'Uhuru.

En 2017, Raila Odinga fait invalider le scrutin par la Cour suprême, une première en Afrique, à la fureur d'Uhuru Kenyatta, arrivé en tête. Ce dernier sera réélu quelques semaines plus tard lors d'un nouveau vote boycotté par M. Odinga.

Contestant la légitimité du chef de l'Etat, "RAO" se fait symboliquement investir "président du peuple".

Mais aujourd'hui, pour de nombreux Kényans, Raila Odinga n'est plus un challenger du pouvoir. Son image d'éternel opposant a été écornée par son rapprochement avec Uhuru Kenyatta depuis quatre ans.

Après les violences post-électorales en 2017 qui ont fait des dizaines de morts, les deux rivaux ont, à la surprise générale, décidé d'une trêve, symbolisée en mars 2018 par une poignée de main restée célèbre.

- "Pas un larbin" -

Certains ont vu dans ce rapprochement avec M. Kenyatta - qui ne peut briguer un troisième mandat et soutient Raila Odinga pour le scrutin du 9 août - un ralliement opportuniste pour enfin accéder au pouvoir.

M. Odinga assure avoir agi pour éviter une fracture profonde dans le pays. Les Kényans "savent que je suis une personne indépendante, une personne de conscience avec de très fortes convictions", a-t-il répété devant la presse en juillet: "Je ne peux pas être le larbin ou le candidat de quelqu'un".

"Raila est tout à fait conscient qu'une grande partie du soutien dont il bénéficie vient du fait qu'il est une figure anti-establishment depuis si longtemps. Le +handshake+ (poignée de mains, ndlr) a sapé ce récit", explique à l'AFP Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne).

- Foot et reggae -

Surnommé "Agwambo" ("le mystérieux" en langue luo), Raila Odinga est un homme de contradictions.

Ses plus fidèles partisans le considèrent toujours comme un combattant de la démocratie et un réformateur social indispensable dans un pays profondément inégalitaire. Ses détracteurs décrivent un agitateur populiste, prompt à jouer des rivalités ethniques pour assouvir son ambition.

Ces derniers l'ont également souvent épinglé comme "socialiste". S'il a certes suivi des études d'ingénieur à Leipzig, en Allemagne de l'Est communiste, et prénommé Fidel son fils aîné - décédé en 2015 - en hommage à Fidel Castro, ce riche homme d'affaires est à la tête d'un solide patrimoine économique, notamment dans le secteur de l'éthanol et du pétrole.

Réputé pour ses talents d'orateur, il a vu son charisme s'éteindre quelque peu avec l'âge. Lors de la campagne, ce grand-père de cinq petits-enfants est apparu vieillissant, bredouillant, l'élocution parfois confuse.

Mais il ne se départit pas de sa passion pour le club anglais d'Arsenal et surtout pour le reggae.

Depuis plusieurs années, il a fait sienne la chanson de Lucky Dube, dont il martèle le titre comme une devise: "Nobody can stop reggae" ("Personne ne peut arrêter le reggae").

bur-sva/md/emd/ybl

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AUG 9

Le Kenya, puissance économique d'Afrique de l'Est, élit son président #

8/9/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

Les Kényans se rendent aux urnes mardi pour élire un nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux lors de scrutins à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est, frappée par une flambée du coût de la vie.

Les 22,1 millions d'électeurs voteront six fois pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut aussi le théâtre de graves violences il y a quinze ans.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique dont les visages s'affichent depuis des mois à travers le pays. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Samedi, dernier jour de campagne, chacun a voulu montrer ses muscles en tenant un ultime meeting électoral dans un stade de la capitale kényane, y faisant affluer des milliers de partisans, vêtus de jaune pour le camp Ruto et de bleu côté Odinga.

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

Mardi, les électeurs inscrits dans quelque 46.000 bureaux de vote - ouverts entre 06H00 et 17H00 locales (03H00 à 14H00 GMT) - doivent départager un Luo, M. Odinga, et un Kalenjin, M. Ruto, deux autres importantes communautés du pays.

- Spectre des violences -

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine, ont durement touché ce moteur économique régional, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire - trois Kényans sur dix vivent avec moins de 1,90 dollar par jour selon la Banque mondiale.

"Nous voulons des emplois, des emplois, des emplois", insistait samedi au meeting de M. Ruto Grace Kawira, journalière de 32 ans qui nettoie des maisons, lave des vêtements. "Tout ce qui paie. Mais ce n'est pas tous les jours. Nous ne faisons que survivre."

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé ce week-end son ambition de "réduire le coût de la vie". Presque au même moment, M. Odinga promettait de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composé d'une seule "grande tribu".

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par M. Odinga des résultats du vote - finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.

"Le Kenya vote, l'Afrique de l'Est retient son souffle", titrait samedi The East African, pointant son rôle clé pour le commerce régional.

Mais cet hebdomadaire respecté ajoutait que "le Kenya a fait de grandes enjambées dans son évolution démocratique, et est en fait regardé comme une démocratie mature selon les standards régionaux".

- Capitale alanguie -

En dehors de rares incidents et d'un impressionnant flux de désinformation sur les réseaux sociaux, la campagne fut paisible et les deux favoris ont appelé au calme. Quelque 150.000 officiers doivent cependant être déployés à travers le pays.

Lundi, la vie menait son cours normal à Nairobi, même si la dynamique capitale semblait quelque peu alanguie, en raison notamment de la fermeture des écoles et du départ de nombreux électeurs vers leur région d'origine.

Des sources diplomatiques ont affirmé à l'AFP avoir bon espoir que le calme prévaudrait mardi mais ont insisté sur de possibles tensions dans les jours suivant le vote, dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême et qui a dû annuler lundi quatre scrutins locaux en raison notamment de problèmes d'impression des bulletins, a jusqu'au 16 août pour déclarer les résultats.

md-bur/al/emd/ybl

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AUG 8

Kenya: inquiétudes après des incidents à la veille de la présidentielle #

8/8/2022, 4:40 PM
Nairobi, KEN

Des incidents en cascade lors de la distribution de matériel électoral au Kenya ont soulevé lundi des inquiétudes à la veille d'élections âprement disputées et à l'issue incertaine.

Les dernières palettes de bulletins de vote et autres caisses en plastique pleines de matériel électoral ont été déchargées lundi dans les 46.229 bureaux de vote qui seront ouverts mardi de 06h00 à 17H00 (03H00 à 14H00 GMT) lors d'un scrutin à forts enjeux pour la locomotive économique de l'Afrique de l'Est.

Au total, les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois mardi pour choisir leur président, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et quelque 1.500 élus locaux.

Mais lundi, la Commission électorale (IEBC) s'est aperçue que certains bulletins de vote avaient été mal routés, et d'autres ne comportaient pas les bonnes photos de candidats. L'IEBC a par conséquent annulé quatre scrutins locaux, notamment dans la grande ville portuaire de Mombasa (sud).

Un kit électronique utilisé pour l'identification des électeurs a par ailleurs disparu, et six responsables de l'IEBC ont été arrêtés car accusés d'avoir rencontré des candidats, jetant l'opprobre sur cet organe électoral déjà sous pression et au coeur des tourmentes électorales passées.

En 2017, quand la Cour suprême saisie par l'opposition avait annulé la présidentielle, elle en avait fait porter la responsabilité à l'IEBC, coupable d'avoir organisé une élection "ni transparente, ni vérifiable".

Ces incidents surviennent à l'issue d'une longue mais calme campagne, marquée par la flambée du coût de la vie liée notamment aux effets de la guerre en Ukraine.

Sur les quatre candidats en lice, deux ont dominé: Raila Odinga, 77 ans, en course pour la cinquième fois, et l'actuel vice-président William Ruto, 55 ans. Deux vétérans de la politique dont les immenses portraits bordent les routes et qui sont au coude-à-coude pour un scrutin qui s'annonce serré.

Vice-président depuis l'élection d'Uhuru Kenyatta en 2013, Ruto s'était vu promettre par ce dernier d'être en 2022 le candidat du parti présidentiel Jubilee. Mais le rapprochement inattendu en 2018 entre Kenyatta et Odinga a fait de lui un challenger, en campagne depuis lors.

Ces derniers mois, la compétition électorale a fait rage lors de meetings tout-terrain, des bourgs isolés aux bidonvilles de ce pays où les inégalités sont criantes et le salaire minimum de 15.120 shillings (124 euros). Les désaccords se sont aussi étalés en ligne, accompagnés d'un intarissable flot de désinformation.

- Un scrutin "différent" -

Le pays reste aussi marqué par la saga électorale de 2017, qui a vu la Cour Suprême invalider le scrutin en raison d'irrégularités, une première en Afrique. Dans l'attente d'un deuxième vote, l'épisode électoral s'était prolongé, secoué par des manifestations de l'opposition durement réprimées par la police avec plusieurs dizaines de morts.

Dix ans plus tôt, la crise post-électorale de 2007-2008 avait dégénéré en affrontements ethniques et fait plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés. Une blessure profonde dans l'histoire du Kenya indépendant.

La crainte de violences plane encore.

Mais "les Kényans espèrent que le vote de cette année sera différent", soulignait lundi dans son éditorial le Daily Nation. Cet influent quotidien kényan estime que "les élections ne doivent pas être une question de vie ou de mort".

Dans ce contexte, les appels au calme se sont multipliés. Dimanche, l'ambassadrice des Etats-Unis au Kenya, Meg Whitman, a souligné que le scrutin de mardi représentait "une opportunité pour les Kényans de montrer au monde la force de la démocratie kényane en organisant des élections libres, justes et pacifiques".

Des milliers d'observateurs internationaux et de la société civile vont être déployés mardi dès l'ouverture des bureaux de vote.

Parmi eux, 24 observateurs de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). Mulatu Teshome, chef de cette organisation régionale est-africaine, a déclaré dimanche que "des élections pacifiques et crédibles, une transition pacifique, telles sont les aspirations des Africains".

al-ho/md/emd

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AUG 8

Kenya: espoir et euphorie dans les bastions des favoris à la présidentielle #

8/8/2022, 3:15 PM
Eldoret, KEN

Depuis des semaines, Eldoret s'est parée de jaune, la couleur du parti de William Ruto, l'enfant du pays que cette ville de la vallée du Rift (ouest) espère voir élu à l'issue d'une présidentielle "pacifique" mardi au Kenya.

A 90 kilomètres au sud-ouest, à Kisumu, aucune pancarte, aucune banderole pro-Ruto n'est visible: ici le bleu de son adversaire Raila Odinga domine et ses partisans affichent une insolente assurance de l'emporter.

Ces bastions des deux principaux candidats à la présidentielle ont été dans le passé théâtres de violences électorales, et les forts enjeux qui entourent le scrutin de mardi font redouter des troubles dans ces "points chauds", selon la terminologie officielle.

Mais à Eldoret, de l'avis des habitants, l'ambiance a changé cette année: l'habituelle tension pré-électorale a disparu.

- Brouettes suspendues -

La grande ville de la vallée du Rift, épicentre de sanglantes violences politico-ethniques après l'élection de 2007 (plus de 1.100 morts, des centaines de milliers de déplacés), demeure un solide fief pro-Ruto, né à 15 kilomètres de là.

Les murs y sont tapissés d'affiches jaunes, la couleur de son parti. A de nombreux croisements, des brouettes - emblème de l'UDA (United Democratic Alliance) - sont suspendues à des poteaux, comme pour marquer le territoire du vice-président sortant.

Mais "cette année, il n'y a pas de tension", souligne Alfred Ekale depuis le "Bunge la mwananchi", le "Parlement des citoyens", un carrefour du centre-ville réputé pour accueillir les discussions politiques des habitants.

Ce lundi matin, ils sont une trentaine de partisans d'Odinga réunis sur un trottoir. De l'autre côté de la rue, ceux de Ruto discutent en contemplant les Unes des journaux sur un étal.

"Lors des précédentes élections, ce n'était pas possible d'avoir si proches l'un de l'autre deux groupes soutenant deux candidats différents", explique Alfred Ekale, depuis les "rangs" des pro-Ruto.

"Tout le monde se méfiait les uns des autres, il y avait beaucoup de tension. Cette fois-ci, nous sommes tous réunis ici, venant de différentes tribus, et nous pouvons coexister", raconte cet agent de sécurité de 38 ans.

- "Président en attente" -

A Eldoret, la victoire de Ruto est espérée, attendue.

Sur les bords du Lac Victoria, en revanche, le sacre de son rival Odinga ne fait aucun doute.

Kisumu y baigne dans une atmosphère festive, comme lancée dans un compte à rebours vers une issue inéluctable: une victoire d'Odinga, tant attendue dans sa région d'origine après quatre candidatures infructueuses à la présidence.

Certains le surnomment même le "président en attente".

"On s'attend à une grande fête car on sait qui va gagner l'élection. Les habitants de Kisumu sont prêts", lance Abdallah Abuga, un moto-taxi.

Ballets de motards et vuvuzelas hurlants dans les rues de la ville semblent déjà célébrer "Baba", le surnom de cet opposant historique de la politique kényane, qui a reçu cette année le soutien du président sortant et du parti présidentiel.

Odinga deviendrait le premier chef de l'Etat issu de l'ethnie luo, et beaucoup estiment que cela apporterait un développement longtemps refusé à son bastion.

"C'est le moment du changement, et d'un grand changement, pour toute la région de l'Ouest. (...) On va fêter ça, ça va être la fête", se réjouit d'avance Amos Owino, diplômé en comptabilité de 31 ans.

- "C'est tranquille" -

Le soutien à Odinga s'étend jusqu'à Eldoret, où vit une importante communauté luo, dont Joseph Owuor fait partie.

Si Ruto est selon lui, "un homme du peuple, avec du potentiel", son candidat Raila Odinga est "parfait".

Il se félicite d'une période apaisée dans la ville, loin de précédentes campagnes électorales marquées par "des jets de pierres" et "aucune tolérance". "Cette fois-ci, il y a de la tolérance (...) J'espère que ce seront des élections pacifiques", confie l'homme de 58 ans.

Des forces de sécurité ont été dépêchées ces derniers jours autour d'Eldoret.

"Ils ont envoyé plein de policiers, mais c'est tranquille", glisse un taxi, sans donner son nom, en regardant passer un camion de militaires.

À Kisumu, habituée à des répressions post-électorales parfois brutales, la quasi-absence de forces de sécurité visibles dans les rues cette année apparaît pour beaucoup comme un bon présage de l'issue du vote.

np-sva/md/emd

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AUG 8

Derniers préparatifs au Kenya avant une présidentielle cruciale #

8/8/2022, 11:52 AM

Le Kenya finalisait lundi les derniers préparatifs à la veille d'élections âprement disputées et à l'issue incertaine opposant le vice-président sortant William Ruto à Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le parti au pouvoir.

Les dernières palettes de bulletins de vote et autres caisses en plastique chargées de matériel électoral étaient déchargées lundi dans les 46.229 bureaux de vote ouverts mardi de 06h00 à 17H00 (03h00 à 14h00 GMT) lors d'un scrutin à forts enjeux pour la locomotive économique de l'Afrique de l'Est.

Au total, les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois mardi pour choisir leur président, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et quelque 1.500 élus locaux.

Ces élections générales marquent la fin d'une longue campagne, entamée bien avant la période officielle, et marquée par la flambée du coût de la vie, sur fond de pandémie et d'effets de la guerre en Ukraine.

Sur les quatre candidats en lice, deux ont dominé: Raila Odinga, 77 ans, en course pour la cinquième fois, et l'actuel vice-président William Ruto, 55 ans. Deux vétérans de la politique dont les immenses portraits bordent les routes et qui sont au coude-à-coude pour un scrutin qui s'annonce serré.

Vice-président depuis l'élection d'Uhuru Kenyatta en 2013, Ruto s'était vu promettre par ce dernier d'être en 2022 le candidat du parti présidentiel Jubilee. Mais le rapprochement inattendu en 2018 entre Kenyatta et Odinga a fait de lui un challenger, en campagne depuis lors.

Ces derniers mois, la dispute électorale a fait rage lors de meetings tout-terrain, depuis des bourgs isolés jusque dans des bidonvilles de ce pays où les inégalités sont criantes et le salaire minimum de 15.120 shillings (124 euros). Les désaccords se sont aussi étalés en ligne, accompagnés d'un intarissable flot de désinformation.

Dimanche, les favoris ont poli leurs messages. William Ruto a souhaité lors d'un office religieux "que chaque Kényan (...) soit un messager de paix". Raila Odinga a plaidé pour "pays uni", assurant à ses concitoyens qu'ils étaient "d'abord" des Kényans "avant d'être membre de toute autre communauté".

Dans la République kényane et ses 46 tribus, l'appartenance ethnique est un facteur-clé dans les isoloirs.

- Un scrutin "différent" -

Le pays reste aussi marqué par la saga électorale de 2017, qui a vu la Cour Suprême invalider le scrutin en raison d'irrégularités, une première en Afrique. Dans l'attente d'un deuxième vote, l'épisode électoral s'était prolongé, secoué par des manifestations de l'opposition durement réprimées par la police et ayant fait plusieurs dizaines de morts.

Dix ans plus tôt, la crise post-électorale de 2007-2008 avait fait lors d'affrontements ethniques plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés. Une blessure profonde dans l'histoire du Kenya indépendant.

La crainte de violences plane encore.

Mais "les Kényans espèrent que le vote de cette année sera différent", soulignait lundi dans son éditorial le Daily Nation. Cet influent quotidien kényan estime que "les élections ne doivent pas être une question de vie ou de mort".

Dans ce contexte, les appels au calme se sont multipliés. Dimanche, l'ambassadrice des Etats-Unis au Kenya, Meg Whitman, a souligné que le scrutin de mardi représentait "une opportunité pour les Kényans de montrer au monde la force de la démocratie kényane en organisant des élections libres, justes et pacifiques".

Des centaines d'observateurs internationaux et de la société civile vont être déployés mardi, notamment par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). Mulatu Teshome, chef de cette organisation régionale est-africaine, a déclaré dimanche que "des élections pacifiques et crédibles, une transition pacifique, telles sont les aspirations des Africains".

Les regards sont aussi tournés vers la commission électorale (IEBC), au coeur des contentieux électoraux passés. Elle a formé des centaines d'assesseurs, amélioré le système d'identification et de transmission électronique et assure être prête à relever le défi d'un scrutin sans reproche.

al/md/jhd

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LocationNairobi - KEN
Date8/8/2022, 11:52 AM
Country
Kenya
Applies to jurisdiction
Kenya