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L'armée française quitte le Mali après plus de neuf ans d'intervention #

8/15/2022, 2:41 PM
Paris, FRA

Plus de neuf ans après avoir été accueillis au Mali comme des "sauveurs" face aux groupes jihadistes, les militaires français ont achevé lundi leur retrait du pays, dans un climat d'acrimonie avec les colonels au pouvoir et d'hostilité grandissante de la population locale.

"Ce jour, à 13H00 (heure de Paris), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger. Il provenait de la plateforme opérationnelle désert de Gao, transférée aux forces armées maliennes depuis ce matin", a annoncé l'état-major des armées, se félicitant que ce "défi militaire logistique majeur" ait été "relevé en bon ordre et en sécurité".

Ce retrait, ordonné le 17 février par le président Emmanuel Macron, met un terme à près d'une décennie d'intervention militaire française au Mali, probablement le dernier engagement de cette ampleur avant longtemps.

Le chef de l'Etat a salué dans un communiqué l'engagement des militaires français "qui, depuis neuf années, ont combattu les groupes armés terroristes sur la terre malienne" et dont 59 ont "payé le prix de leur vie".

"Leur sacrifice nous oblige et nous rappelle que nos soldats ont, durant ces années, préservé l'unité du Mali, empêché la constitution d'un califat territorial et lutté contre les groupes terroristes qui frappent les populations locales et menacent l'Europe", souligne M. Macron.

Leur efficacité "durant toutes ces années et jusqu'à ces derniers jours a été démontrée par la neutralisation de la plupart des plus hauts cadres de la hiérarchie des groupes terroristes sahéliens", ajoute-t-il.

- "Moins exposés" -

Dans une critique implicite des autorités maliennes issues de deux coups d'Etat, il réaffirme sa volonté de "poursuivre cet engagement au côté de tous les Etats qui font le choix de la lutte contre le terrorisme et du respect de la stabilité et de la coexistence entre les communautés" en Afrique de l'Ouest.

A l'opération Serval lancée en janvier 2013 contre les groupes jihadistes qui avaient conquis le nord du pays et menaçaient de descendre sur Bamako, la capitale, a succédé en août 2014 Barkhane, visant les jihadistes disséminés dans les pays de la bande sahélo-saharienne, qui a mobilisé jusqu'à 5.500 hommes sur le terrain en 2020.

Cette présence militaire au Sahel sera divisée par deux d'ici la fin de l'année, à environ 2.500 militaires. Le Niger a accepté le maintien d'une base aérienne à Niamey et l'appui de 250 soldats pour ses opérations militaires à la frontière malienne. Le Tchad continuera à héberger une emprise française à N'Djamena et la France espère conserver un contingent de forces spéciales à Ouagadougou, la capitale burkinabè. Paris discute avec d'autres pays d'Afrique de l'Ouest pour proposer son appui, notamment dans le Golfe de Guinée.

Mais les interventions militaires françaises vont évoluer vers des "dispositifs moins posés et moins exposés", a affirmé Emmanuel Macron le 13 juillet.

Il s'agit notamment d'éviter la cristallisation parmi les populations d'une hostilité contre l'ancienne puissance coloniale, alimentée par la persistance de l'insécurité et attisée selon Paris par des campagnes de désinformation délibérées sur les réseaux sociaux.

Ce retrait solde près d'un an de relations de plus en plus acerbes entre Paris et les colonels au pouvoir à Bamako depuis le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.

- "posture néo-coloniale" -

Les colonels, qui se sont tournés vers la Russie -- allant même jusqu'à s'assurer les services du groupe paramilitaire russe Wagner, selon Paris et l'ONU -- ont rompu en mai les accords de défense avec Paris et ses partenaires européens, après avoir fait de l'obstruction pendant des mois contre Barkhane.

Bamako, qui réfute avoir fait appel à Wagner, a reproché en juillet au président français une "posture néo-coloniale", selon l'expression du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, l'accusant d'attiser les haines ethniques par ses critiques contre l'armée malienne.

Il réagissait à des propos de M. Macron pour qui "les choix faits par la junte malienne aujourd'hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n'est d'ailleurs plus leur objectif".

Au Mali, la France s'est trouvée prise, selon les experts, entre une logique politique qui lui dictait de partir le plus rapidement possible, et une logique d'efficacité militaire qui l'incitait au contraire à rester jusqu'à ce que les armées locales puissent prendre la relève.

"On sait maintenant, depuis l'Afghanistan, qu'une opération extérieure avec beaucoup de forces occidentales au sol ne peut pas durer éternellement", expliquait ainsi à l'AFP il y a quelques mois Alain Antil, spécialiste du Sahel à l'Institut français des relations internationales (Ifri), soulignant "les limites" des "grosses opérations, avec beaucoup d'hommes, beaucoup de présence sur le terrain et beaucoup de visibilité politique".

"Si demain on bascule vers des dispositifs (avec) plus de soutien au combat de certains bataillons d'armées nationales, de travail de forces spéciales, d'appui aérien, l'exposition politique de la France sera beaucoup moindre, avec une efficacité qui sera toujours là", selon lui.

sst-jf/dab/cl

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AUG 15

Serval, Barkhane: neuf ans et demi d'engagement militaire français au Sahel #

8/15/2022, 2:20 PM
Paris, FRA

Rappel des dates-clés depuis le lancement en 2013 au Mali de l'opération française Serval, relayée en 2014 par Barkhane, qui a achevé lundi son retrait du pays, poussée dehors par la junte militaire au pouvoir.

Dans le cadre de ces opérations, 53 soldats français sont décédés.

- Serval -

En mars 2012, des rebelles indépendantistes, vite évincés par leurs alliés islamistes associés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), prennent le contrôle de Kidal, Gao puis Tombouctou (nord du Mali).

Le 11 janvier 2013, Paris lance l'opération Serval pour enrayer la progression des jihadistes.

Fin janvier, les soldats français reprennent Gao, entrent sans combat dans Tombouctou et s'emparent de l'aéroport de Kidal. Peu après, le président français François Hollande est accueilli en libérateur.

En juillet, une mission de l'ONU, la Minusma, prend le relais d'une force panafricaine.

- Barkhane -

En mai 2014, des groupes rebelles touareg et arabes reprennent Kidal.

Le 1er août, Serval est remplacée par Barkhane, une opération à vocation régionale, forte alors de 3.000 soldats français au Sahel.

En mai-juin 2015, l'accord de paix d'Alger est signé entre gouvernement malien et ex-rébellion touareg. Mais sa mise en oeuvre demeure embryonnaire.

Les violences se propagent vers le sud, le Burkina Faso et le Niger.

- Attentats -

A partir de 2015, multiplication des attaques contre les forces sahéliennes ou étrangères, ainsi que des lieux fréquentés par des étrangers.

En mars 2017, les jihadistes liés à Aqmi se fédèrent en un "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans" (GSIM).

Fin 2019, treize soldats français sont tués dans la collision accidentelle de deux hélicoptères.

Le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) lance des attaques d'ampleur contre des bases militaires au Mali et au Niger. Il est désigné ennemi numéro un lors d'un sommet début 2020 entre Paris et ses partenaires du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad).

- Des chefs tombent -

Début juin, le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, est tué par Barkhane. En novembre, Bah Ag Moussa, "chef militaire" du GSIM, est abattu par la France.

Les jihadistes poursuivent leurs attaques. En août, l'EIGS tue six humanitaires français au Niger.

Le chef de l'EIGS, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, sera tué en 2021 par les forces françaises.

- Coups d'Etat -

Le 18 août 2020, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013, est renversé par un putsch après des mois de crise politique.

Les relations entre Paris et Bamako se détériorent après un nouveau coup d'Etat, le 24 mai 2021.

Le 10 juin, le président français Emmanuel Macron annonce le départ progressif des 5.000 hommes de Barkhane au profit d'un dispositif allégé de 2.500 à 3.000 hommes.

Le 25 septembre, le Premier ministre malien accuse la France d'un "abandon en plein vol", justifiant la nécessité de "chercher d'autres partenaires".

Le 30, Emmanuel Macron qualifie ces propos de "honte".

Fin décembre, une quinzaine de puissances occidentales dont Paris dénoncent un début de déploiement du groupe paramilitaire russe controversé Wagner au Mali.

Le 9 janvier 2022, la Cédéao ferme ses frontières avec le Mali et lui impose un embargo, sanctionnant le report des élections présidentielle et législatives prévues le 27 février. L'embargo sera levé en juillet.

Le 24 janvier, coup d'Etat au Burkina Faso, désormais le troisième pays, parmi les quatre où Barkhane est déployée, dirigé par une junte militaire.

- Nouvelle escalade -

Fin janvier, Bamako exige du Danemark le retrait immédiat de ses soldats récemment arrivés dans le cadre du groupement européen de forces spéciales Takuba, affirmant ne pas avoir consenti à ce déploiement.

Le 31, la junte décide d'expulser l'ambassadeur de France.

- Retrait de Barkhane, fin de Takuba -

Le 17 février, la France et ses partenaires européens officialisent le retrait du Mali de Barkhane et Takuba. Emmanuel Macron fixe un délai de "quatre à six mois".

Le 18, Bamako demande à Paris de retirer ses soldats "sans délai", demande rejetée par Emmanuel Macron.

Le 2 mai, la junte rompt les accords de défense avec Paris et ses partenaires européens.

Le 15, Bamako annonce quitter le G5 Sahel.

Le 13 juin, l'armée française quitte la base militaire de Ménaka (est), après Gossi en avril et avant Gao courant août.

Le 29 juin, l'ONU prolonge d'un an la Minusma, désormais sans soutien aérien français.

Le 1er juillet, Paris annonce la fin de Takuba.

En juillet, les accrocs diplomatiques se multiplient entre Bamako et la Minusma.

Avec ce désengagement du Mali, la France divise par deux sa présence au Sahel avec 2.500 militaires environ. Désormais l'armée française offrira son soutien, mais en deuxième ligne. Paris conservant notamment plus d'un millier d'hommes au Niger.

ang-acm/mw/cl

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AUG 15

Barkhane: les derniers militaires français ont quitté le Mali (état-major) #

Les derniers militaires français de la force antijihadiste Barkhane ont quitté lundi le Mali après neuf ans de présence, a annoncé le ministère français des Armées, sur fond de relations houleuses entre Paris et la junte au pouvoir à Bamako.

"Ce jour à 13H00 (de Paris, 11H00 GMT), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger", a fait savoir l'état-major français dans un communiqué.

Après neuf ans de présence, Barkhane "s'est réarticulée hors du pays en moins de six mois", a-t-il ajouté. "Ce défi militaire logistique majeur a été relevé, en bon ordre et en sécurité, ainsi qu'en totale transparence et en coordination avec l'ensemble des partenaires."

"La France reste engagée au Sahel", a souligné dans un autre communiqué la présidence française, ainsi que "dans le Golfe de Guinée et (dans) la région du lac Tchad avec tous les partenaires attachés à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme".

Le 17 février dernier, constatant que "les conditions politiques et opérationnelles n'étaient plus réunies pour rester engagée au Mali", la France avait décidé de réorganiser le dispositif de l'opération Barkhane "en dehors du territoire malien", a rappelé l'Elysée.

La présence militaire au Sahel sera divisée par deux d'ici la fin de l'année, à 2.500 militaires. Le Niger a accepté le maintien d'une base aérienne à Niamey et l'appui de 250 soldats pour ses opérations militaires à la frontière malienne.

Le Tchad continuera à héberger une emprise française à N'Djamena et la France espère conserver un contingent de forces spéciales à Ouagadougou, la capitale burkinabè.

Poussés vers la sortie par une junte malienne hostile, les Français ont transféré ces six derniers mois toutes leurs emprises à l'armée malienne, dont la dernière, à Gao (Nord), lundi.

Au total, la France a dû sortir du Mali quelque 4.000 containers et un millier de véhicules, dont des centaines de blindés, alors que le Sahel connaît une flambée de violences, que le groupe paramilitaire russe Wagner, nouvel allié de Bamako, peine à endiguer.

Plus de 2.000 civils ont été tués au Mali, Niger et Burkina Faso depuis le début de l'année, soit déjà plus que les 2.021 recensés pour toute l'année 2021, selon les calculs de l'AFP à partir d'une compilation de l'ONG spécialisée Acled.

En neuf ans de présence au Sahel, l'armée française a de son côté perdu 59 militaires.

jf/at

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AUG 15

Barkhane: les derniers militaires français ont quitté le Mali (état-major) #

Les derniers militaires français de la force antijihadiste Barkhane ont quitté lundi le Mali après neuf ans de présence, a annoncé le ministère des Armées français, sur fond de relations houleuses entre Paris et la junte au pouvoir à Bamako.

"Ce jour à 13H00 (de Paris, 11H00 GMT), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger", a fait savoir l'état-major français dans un communiqué.

jf/cl

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AUG 14

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 172e jour #

8/14/2022, 3:18 PM
Paris, FRA

L'armée ukrainienne accentuait dimanche la pression sur la tête de pont russe autour de Kherson, dans le sud du pays, tandis que la Russie intensifiait ses efforts pour avancer dans l'est, jusqu'à présent sans grands succès.

"Au cours de la semaine écoulée la priorité de la Russie a vraisemblablement été de réorienter des unités pour se renforcer dans le sud de l'Ukraine", résume le ministère britannique de la Défense.

"Toutefois, dans le Donbass (est, NDLR) les forces soutenues par la Russie, en grande partie les milices de l'autoproclamée +République populaire de Donetsk+, ont continué à tenter des assauts au nord de la ville de Donetsk", précise-t-il.

Pour l'ancien colonel français Michel Goya, "on s'approche du point Oméga, ce moment où les ressources disponibles en stock ou en production ne suffisent plus à alimenter les attaques".

"Celles-ci continuent bien sûr, du côté de Bakhmout (...) ou plus au sud à proximité de la ville de Donetsk, mais le rendement global de tous ces combats en km2 conquis depuis un mois est le plus faible de toute la guerre", soulignait-il cette semaine sur son blog.

Voici un point de la situation au 172e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- Ravitaillement russe menacé dans le Sud -

Dans la région de Kherson, première ville d'importance tombée le 3 mars, l'Ukraine a affirmé avoir quasiment isolé les troupes russes déployées sur la rive ouest du Dniepr par des bombardements qui ont rendu les trois ponts de la zone impraticables.

"Les seuls moyens de traverser le fleuve pour l'occupant sont des pontons près du pont Antonivski mais ils ne pourront pas totalement répondre à leurs besoins en équipement et en munitions", a déclaré un député régional, Serguiï Khlan.

Outre le pont Antonivski, en banlieue de Kherson, plusieurs fois touché par des missiles depuis fin juillet, celui du barrage de Nova Kakhovka, à 50 kilomètres au nord-est, a été frappé à plusieurs reprises cette semaine, y compris samedi, selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

"Acheminer par des pontons ou par voie aérienne les munitions, le carburant et l'équipement lourd nécessaires à des opérations offensives ou même à des opérations défensives à grande échelle est peu pratique, voire impossible", explique l'ISW.

"Si les forces ukrainiennes ont paralysé ces trois ponts et peuvent empêcher les Russes d'en remettre aucun en état de fonctionner pendant une période prolongée, alors les forces russes sur la rive ouest du Dniepr perdront probablement la capacité de se défendre même face à des contre-attaques ukrainiennes limitées", poursuit-il.

- Poussée russe renouvelée dans l'Est -

A Donetsk, une des deux régions du bassin houiller du Donbass, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ordonné le 30 juillet l'évacuation de la population, "des combats particulièrement intenses se sont concentrés sur le village de Pisky, près du site de l'aéroport de Donetsk", selon le ministère britannique de la Défense.

"L'assaut russe vise probablement à contrôler l'autoroute M04, principal accès à Donetsk en provenance de l'ouest", estime-t-il.

"Les forces russes avaient apparemment réduit leurs actions offensives à l'est de Siversk et menaient des attaques terrestres sporadiques et limitées tout en s'appuyant largement sur les bombardements d'artillerie contre les localités environnantes depuis le 6 août", remarque l'ISW.

"En revanche, depuis le 11 août, elles ont augmenté le nombre de leurs attaques terrestres dans la zone de Siversk", ajoute-t-il, y voyant une possible tentative de forcer l'Ukraine à y engager davantage de forces et d'équipement et de la détourner ainsi d'éventuelles contre-attaques accrues dans le Sud.

bur-sst/cpy

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AUG 13

Vote des étrangers: "une question de justice sociale" pour Rebsamen #

8/13/2022, 10:00 PM
Paris, FRA

Accorder le droit de vote aux étrangers extra-communautaires pour les élections municipales est "une question de justice sociale" dans une France "à la traîne" sur ce sujet, estime dans le JDD l'ancien ministre PS François Rebsamen, soutien d'Emmanuel Macron.

Le député Sacha Houlié, membre de l'aile gauche du groupe présidentiel Renaissance, a déposé "à titre personnel" une proposition de loi constitutionnelle visant à "accorder le droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales" à "tous les étrangers, même non européens".

L'initiative a reçu un accueil favorable à gauche et suscité des critiques d'élus de droite et d'extrême-droite. Et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin y est "fermement opposé".

"C'est une question de justice sociale. Les ressortissants communautaires peuvent participer aux scrutins municipaux. Dès lors, l'argument qu'on nous opposait sans cesse - et que la droite continue de brandir - selon lequel accorder un tel bénéfice rompt le lien existant entre nationalité et citoyenneté tombe de lui-même", estime M. Rebsamen.

"Pourquoi les uns et pas les autres, sauf à faire preuve de rejet, voire de racisme, vis-à-vis de certains de nos concitoyens ? Pourquoi ce traitement différencié, notamment envers ceux qui viennent de l'autre côté de la Méditerranée ? La peur de l'islamisme radical fait qu'aujourd'hui nombreux sont ceux qui crient au loup avec le Rassemblement national", ajoute-t-il.

M. Rebsamen se "félicite" donc de l'initiative de Sacha Houlié mais prône plutôt la reprise d'un texte adopté par l'Assemblée mais aussi par le Sénat, alors à majorité de gauche, en 2011.

"Ce que la gauche n'a pas eu le courage de faire sous François Hollande, (...) elle peut le faire à présent. C'est une occasion rêvée pour montrer que l'Assemblée nationale peut voter des textes de gauche", plaide-t-il.

Le droit de vote des étrangers aux élections locales avait été promis par François Mitterrand et François Hollande, sans aboutir.

Quant à l'idée "qu'en autorisant les étrangers à voter aux élections municipales il y aura des listes communautaires", selon M. Rebsamen "c'est faux " car la proposition "précise bien qu'ils ne peuvent pas être élus maire ou adjoint ni membre du collège électoral des sénateurs".

bpa/cg/npk

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AUG 13

Pour les militantes évacuées de Kaboul, rêves et cauchemars du combat en exil #

A peine évacuée de Kaboul vers Paris, à l'été 2021, Farzana Farazo promettait de poursuivre le combat féministe en exil. Un an plus tard, elle est "déprimée": pour elle comme pour les autres militantes réfugiées, les espoirs se sont vite heurtés à une intégration semée d'embûches.

L'ancienne policière, rencontrée à nouveau par l'AFP douze mois après la prise de pouvoir des talibans le 15 août 2021, confie ne pas avoir dormi pendant des mois.

Exfiltrée en priorité par la France en raison de son militantisme, cette membre de la minorité hazara persécutée par les talibans vit toujours chez une hébergeuse associative, en banlieue parisienne.

"Franchement, je n'ai rien fait de spécial", avoue la jeune femme de 29 ans. "D'abord, je ne parle pas assez français, et on a une différence de conception de l'action militante. Ici, on parle beaucoup."

Depuis un an, elle passe de cours de français en rendez-vous avec une assistante sociale et attend de se voir attribuer un logement: "J'ai rencontré beaucoup de difficultés", dit-elle pudiquement.

"Quand tu ne te sens pas bien, c'est difficile de te concentrer. Comme beaucoup d'autres, j'étais indépendante en Afghanistan, j'avais un emploi, je suis éduquée. Donc se retrouver démunie en France, c'est difficile et ça nous plonge dans la dépression."

A tel point que de nombreuses camarades de lutte rencontrées à l'été 2021 ont refusé une nouvelle rencontre, évoquant pour beaucoup la "honte" de n'avoir rien accompli de concret.

- Tour Eiffel -

Ces réfugiés sont "engagés dans le processus d'intégration", mais il "reste très insuffisant" en particulier sur le plan de la langue, estime Didier Leschi, patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, l'organisme public chargé d'organiser l'accueil des demandeurs d'asile et des réfugiés.

"Mais elles sont plus aidées que le reste des Afghans, qui ne peuvent compter que sur l'Etat, car elles ont des réseaux culturels, professionnels en place", nuance-t-il.

Mursal Sayas, journaliste et militante féministe, dit avoir eu "de la chance dans (son) malheur", en recevant dans son appartement avec vue imprenable sur la tour Eiffel. Le logement lui a été mis à disposition par une éditrice qui lui a commandé un livre sur la condition féminine en Afghanistan.

"On a tout perdu, notre pays, notre liberté, nos accomplissements. On a été soudain propulsées dans un pays avec tout à refaire. Mais la France est devenue notre maison au moment où notre pays s'est enfoncé dans l'obscurité. Alors même si c'est dur, c'est notre responsabilité de continuer à militer, parce qu'on peut parler, on a la liberté d'expression que les filles en Afghanistan n'ont plus. On doit dénoncer les injustices, les inégalités, l'apartheid contre les femmes", développe-t-elle, carré brun bouclé et mains manucurées.

Lors des premiers mois après l'arrivée des talibans, des femmes ont organisé des manifestations en Afghanistan. Mais ces rassemblements ont quasiment cessé, après que plusieurs de ces manifestantes ont été arrêtées et sévèrement battues en prison, selon des témoignages rapportés par Amnesty International.

Les Afghanes qui ont fui le pays parce que leur vie était en danger "sont une source d'énergie positive pour nous", déclare à l'AFP, à Kaboul, une femme qui avait participé aux manifestations dans la capitale. "Nous savons qu'elles n'oublient pas les femmes d'Afghanistan".

- Déclassement -

A Paris, une petite musique a plongé Mursal Sayas dans un profond malaise, qu'elle a décrit dans un article pour Courrier international, posé sur sa table basse avec le dernier numéro de Paris Match consacré au "martyre" des femmes afghanes. Elle vivait alors en centre d'hébergement et "l'Afghanistan avait disparu des médias". "On entendait dire qu'il fallait plutôt accueillir les Ukrainiens, parce qu'ils sont +civilisés+ et qu'ils ont les yeux bleus. C'était dégoûtant."

En quittant son pays, a-t-elle fait le bon choix ? "Tous les jours, quand je me réveille et que je ne peux pas voir mes proches, ça me fait mal. Mais quand je pense que j'aurais pu être capturée par les talibans et ne plus jamais parler de mes soeurs (afghanes), je trouve que c'est pire", résume-t-elle.

Pour d'autres, un sentiment de déclassement s'est ajouté aux difficultés d'intégration et aux affres du déracinement.

"Je suis en crise identitaire", reconnaît Rada Akbar, une artiste arrivée en France il y a un an. "Et ça va me prendre du temps pour gérer ça, je ne peux pas juste devenir une nouvelle personne", relève la dessinatrice de 34 ans, qui veut donner à voir les "pertes invisibles" de la culture afghane lors du conflit avec les talibans.

Elle aussi assure que le combat continue. Mais d'un mot, elle résume ce que sont devenus les espoirs d'août 2021: un "cauchemar".

sha/fmp/ybl

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AUG 12

Paris: un campement de 281 migrants évacués près du canal de l'Ourcq #

8/12/2022, 4:07 PM
Paris, FRA

Un ensemble de 281 migrants ont été évacués vendredi d'un campement de fortune près du canal de l'Ourcq à Paris, pour une mise à l'abri, a appris l'AFP de sources concordantes.

L'opération s'est déroulée vendredi matin, rue Delphine Seyrig dans le XIXème arrondissement, en présence de l'association France Terre d'Asile.

281 "hommes isolés" ont été pris en charge, orientés vers des hébergements d'accueil de la région parisienne, où ils "vont bénéficier d'une évaluation de leur situation administrative, d'un accompagnement social, sanitaire et administratif avant d'être ré-orientées au regard de leur situation", indique la préfecture d'Ile-de-France dans un communiqué.

Sur ces 281 migrants, 55 seront hébergés en province, a précisé une source policière à l'AFP. Mais près de 80 d'entre eux n'ont pas eu de places et ont dû être laissées à la rue, ajoute t-elle.

Toujours selon la même source, une soixantaine de personnes dites "vulnérables" - des familles et des femmes isolées - ont été orientées vers les accueils de jour à Paris, dont 23 adultes et 19 enfants accompagnés par les services parisiens de l'Unité d'Assistance aux Sans-Abri (Uasa) et la Direction des Solidarités (DSOL).

Selon la préfecture de région, 3.493 personnes ont ainsi été mises à l'abri depuis le début de l'année, dans le cadre de 13 opérations conduites par les services de l'État.

Plus de 156.000 personnes en situation de précarité bénéficient d'une prise en charge au titre de l'hébergement en Île-de-France et chaque nuit.

law/cb/rhl

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AUG 12

Sous les talibans, l'Afghanistan a perdu plus de la moitié de ses journalistes, selon RSF #

Un an après l'instauration d'un régime islamiste fondamentaliste par les talibans, l' Afghanistan a perdu plus de la moitié de ses journalistes, en particulier des femmes, selon une étude publiée vendredi par l'organisation de défense de la presse RSF (Reporters sans frontières).

"Sur 11.857 journalistes recensés avant l'arrivée au pouvoir des talibans, il n'en reste aujourd'hui que 4 759. Les femmes journalistes sont les premières victimes de cette onde de choc: 76,19 % d'entre elles ont perdu leur emploi", selon les estimations de RSF.

"Le 15 août 2021, le pays comptait 547 médias. Un an plus tard, 219 ont cessé leurs activités", alors que dans le même temps, "4 ont été créés", poursuit l'ONG dans cette étude publiée sur son site.

"Dans certaines provinces, c'est notamment l'obligation de remplacer les programmes musicaux ou d'information par des programmes religieux, qui ont poussé certains médias à cesser leur diffusion", selon RSF.

L'ONG pointe aussi "de nouvelles contraintes économiques, telles que l'arrêt de l'aide internationale ou nationale et la baisse des revenus publicitaires dans un contexte de crise économique aiguë, qui ont mené à l'arrêt de l'activité de certains médias".

Les femmes sont particulièrement concernées: elles étaient 2.756 journalistes et collaboratrices des médias avant la prise de pouvoir des talibans, et ne sont désormais plus que 656, essentiellement dans la région de la capitale, Kaboul.

Et sur 34 provinces, 11 ne comptent plus aucune femme journaliste.

"Les conditions de vie et de travail des femmes journalistes en Afghanistan ont toujours été difficiles, mais aujourd'hui, nous vivons une situation sans précédent", a déclaré à RSF Meena Habib, une journaliste qui exerce à Kaboul

Selon RSF, au moins 80 journalistes afghans ont été interpellés durant l'année écoulée, et trois sont actuellement emprisonnés.

"En Afghanistan, le journalisme a subi une véritable hécatombe depuis un an", a commenté Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

"Les autorités doivent s'engager à mettre un terme aux violences et aux pressions que subissent les professionnels des médias, et à les laisser faire leur travail sans qu'ils soient inquiétés", a-t-il poursuivi.

L'Afghanistan occupe la 156e place du classement annuel de RSF sur la liberté de la presse, qui compte 180 pays.

pr/elc/vk

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LocationParis - FRA
Date8/12/2022, 3:10 PM