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Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 146e jour #

7/19/2022, 5:59 PM
Paris, FRA

La Russie continue de bombarder plusieurs régions de l'Ukraine, où le Parlement a voté mardi, confirmant la décision du président Zelensky, le limogeage du chef de la sécurité et de la procureure générale.

Voici un point de la situation de la guerre en Ukraine, au 146e jour de la guerre, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- L'Est en première ligne -

Dans le Donbass, que les forces ukrainiennes défendent principalement sur une ligne Sloviansk-Siversk-Bakhmout, Moscou semble considérer que la conquête de Sloviansk est une "moindre priorité" par rapport à des "gains localisés et discrets autour de Siversk et Bakhmout", sur lesquels des "ressources militaires" et des "dirigeants de haut niveau" sont engagés, selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Les troupes russes ont ainsi touché des bâtiments résidentiels à Avdiivka, Soledar, et Bakhmout, selon la présidence ukrainienne, qui recensait mardi "deux frappes de missiles sur Toretsk", derrière Bakhmout, ainsi que "des bombardements de zones industrielles" notamment à Kramatorsk.

Près de Bakhmout, l'armée ukrainienne affirme avoir "repoussé avec succès" plusieurs "tentatives d'assaut". Les forces russes affirment avoir tué 60 soldats ukrainiens à Dolina, dans la même zone.

D'après Kiev, Moscou a également tiré des obus et roquettes sur Kramatorsk, centre administratif de la partie du Donbass encore aux mains de Kiev, située à une vingtaine de km du front.

L'AFP a constaté les destructions causées par un missile tombé en fin de matinée dans un petit jardin entouré de barres d'immeubles de Kramatorsk. "A ce stade nous avons un mort", a déclaré à l'AFP Igor Ieskov, chargé de communication à la mairie de la ville, tandis qu'un haut responsable de la police a fait état de six blessés.

L'armée ukrainienne recense également des "pertes" russes lors d'une mission de "reconnaissance" "complètement ratée" dans le nord du pays.

- Le sud -

L'armée russe a tiré sept missiles sur le Sud et particulièrement la région d'Odessa, blessant au moins six personnes dont un enfant, selon Kiev.

"Un missile a été détruit par la défense anti-aérienne. Six autres ont touché un village où plusieurs bâtiments résidentiels et d'autres structures ont été détruits", selon la présidence.

Le ministère russe de la Défense a pour sa part indiqué que des frappes sur Odessa avaient détruit un stock de munitions fournies par les Occidentaux.

- Relevés de leurs fonctions -

Le Parlement ukrainien a voté mardi le limogeage du chef des services de sécurité (SBU), Ivan Bakanov, et de la procureure générale, Iryna Venediktova, proposé par le président Volodymyr Zelensky.

Andriy Smirnov, chef adjoint de la présidence, avait précisé lundi qu'il s'agissait "d'éviter toute influence de ces deux responsables sur les enquêtes criminelles contre des membres des services de sécurité et du parquet suspectés de coopération avec la Russie".

Lundi, M. Zelensky a encore annoncé une "révision des cadres" au sein du SBU, alors qu'au moins trois hauts responsables de cette organisation ont été soupçonnés de haute trahison ces derniers mois.

Le gouverneur de la région de Mykolaïv (sud), constamment bombardée, a annoncé une prime de 100 dollars pour ceux qui aideraient à identifier les collaborateurs des Russes, qui renseignent l'artillerie de Moscou sur les cibles.

- Poutine et les céréales -

Le président russe Vladimir Poutine a évoqué mardi des progrès dans les négociations pour l'exportation des céréales d'Ukraine via la mer Noire et remercié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour sa "médiation" dans ce dossier, lors d'une rencontre à Téhéran.

Les deux dirigeants sont à Téhéran pour des discussions avec leur homologue iranien, Ebrahim Raïssi, sur le conflit en Syrie mais aussi sur la guerre en Ukraine.

L'objectif est de faire sortir quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, dont Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de bloquer l'exportation, au risque de provoquer une crise alimentaire mondiale.

- Dizaines de milliers de morts -

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.

Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20.000 morts.

Sur le plan militaire, le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin, a évalué dimanche à 50.000 le nombre de soldats russes tués ou blessés - ainsi que 1.700 chars et 4.000 blindés détruits. Des sources de sécurité occidentales évoquaient depuis des semaines de 15.000 à 20.000 soldats russes tués.

Kiev a fait état de 10.000 morts dans ses troupes.

Aucune statistique indépendante n'est disponible.

- Ukrainiens déplacés ou réfugiés -

Plus de six millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).

Ils s'ajoutent aux quelque 5,5 millions d'Ukrainiens enregistrés en tant que réfugiés dans d'autres Etats européens depuis le début de l'invasion.

bur-jf/dla/lpt

META

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JUL 19

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 146e jour #

7/19/2022, 3:56 PM
Paris, FRA

La Russie continue de bombarder plusieurs régions de l'Ukraine, où le Parlement a voté mardi, confirmant la décision du président Zelensky, le limogeage du chef de la sécurité et de la procureure générale.

Voici un point de la situation de la guerre en Ukraine, au 146e jour de la guerre, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- L'Est en première ligne -

Dans le Donbass, que les forces ukrainiennes défendent principalement sur une ligne Sloviansk-Siversk-Bakhmout, Moscou semble considérer que la conquête de Sloviansk est une "moindre priorité" par rapport à des "gains localisés et discrets autour de Siversk et Bakhmout", sur lesquels des "ressources militaires" et des "dirigeants de haut niveau" sont engagés, selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Les troupes russes ont ainsi touché des bâtiments résidentiels à Avdiivka, Soledar, et Bakhmout, selon la présidence ukrainienne, qui recensait mardi "deux frappes de missiles sur Toretsk", derrière Bakhmout, ainsi que "des bombardements de zones industrielles" notamment à Kramatorsk.

Près de Bakhmout, l'armée ukrainienne affirme avoir "repoussé avec succès" plusieurs "tentatives d'assaut". Les forces russes affirment avoir tué 60 soldats ukrainiens à Dolina, dans la même zone.

D'après Kiev, Moscou a également tiré des obus et roquettes sur Kramatorsk, centre administratif de la partie du Donbass encore aux mains de Kiev, située à une vingtaine de km du front.

L'AFP a constaté les destructions causées par un missile tombé en fin de matinée dans un petit jardin entouré de barres d'immeubles de Kramatorsk. "A ce stade nous avons un mort", a déclaré à l'AFP Igor Ieskov, chargé de communication à la mairie de la ville, tandis qu'un haut responsable de la police a fait état de six blessés.

L'armée ukrainienne recense également des "pertes" russes lors d'une mission de "reconnaissance" "complètement ratée" dans le nord du pays.

- Le sud -

L'armée russe a tiré sept missiles sur le Sud et particulièrement la région d'Odessa, blessant au moins six personnes dont un enfant, selon Kiev.

"Un missile a été détruit par la défense anti-aérienne. Six autres ont touché un village où plusieurs bâtiments résidentiels et d'autres structures ont été détruits", selon la présidence.

Le ministère russe de la Défense a pour sa part indiqué que des frappes sur Odessa avaient détruit un stock de munitions fournies par les Occidentaux.

- Relevés de leurs fonctions -

Le Parlement ukrainien a voté mardi le limogeage du chef des services de sécurité (SBU), Ivan Bakanov, et de la procureure générale, Iryna Venediktova, proposé par le président Volodymyr Zelensky.

Andriy Smirnov, chef adjoint de la présidence, avait précisé lundi qu'il s'agissait "d'éviter toute influence de ces deux responsables sur les enquêtes criminelles contre des membres des services de sécurité et du parquet suspectés de coopération avec la Russie".

Lundi, M. Zelensky a encore annoncé une "révision des cadres" au sein du SBU, alors qu'au moins trois hauts responsables de cette organisation ont été soupçonnés de haute trahison ces derniers mois.

- Poutine à Téhéran -

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé mardi à Téhéran, où il rencontrera le président turc Recep Tayyip Erdogan pour la première fois depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

Ils discuteront notamment l'accord en cours de négociation par la Russie, l'Ukraine, la Turquie et les Nations unies, qui vise à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens.

- Dizaines de milliers de morts -

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.

Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20.000 morts.

Sur le plan militaire, le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin, a évalué dimanche à 50.000 le nombre de soldats russes tués ou blessés - ainsi que 1.700 chars et 4.000 blindés détruits. Des sources de sécurité occidentales évoquaient depuis des semaines de 15.000 à 20.000 soldats russes tués.

Kiev a fait état de 10.000 morts dans ses troupes.

Aucune statistique indépendante n'est disponible.

- Ukrainiens déplacés ou réfugiés -

Plus de six millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).

Ils s'ajoutent aux quelque 5,5 millions d'Ukrainiens enregistrés en tant que réfugiés dans d'autres Etats européens depuis le début de l'invasion.

bur-jf/dla/lpt

META

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JUL 19

France: les six canons Caesar supplémentaires "en route" pour l'Ukraine #

7/19/2022, 3:42 PM
Paris, FRA

Les six canons Caesar supplémentaires, fleuron de l'artillerie française promis par Emmanuel Macron mi-juin, sont "en route" vers l'Ukraine, a déclaré mardi la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna.

Douze canons Caesar ont "d'ores et déjà été livrés" et "les six autres sont en route", a-t-elle annoncé devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, à Paris.

Elle n'a pas précisé la date prévue d'arrivée sur le sol ukrainien de ce renfort qui avait été annoncé par le chef de l'Etat français le 16 juin lors de sa visite à Kiev.

Depuis le début de l'offensive militaire lancée par Moscou en Ukraine le 24 février, Paris a livré à Kiev, au-delà des canons Caesar, des missiles anti-chars Milan et des missiles anti-aériens Mistral.

Fin juin, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait annoncé que la France allait, en plus, envoyer dans des "quantités significatives" des véhicules blindés de transport de troupes.

Il avait également indiqué que la livraison de missiles anti-navires, demandée par Kiev pour "ouvrir des brèches dans ce blocus maritime imposé par la Russie et qui prive de nombreux pays de livraisons de céréales et de matières premières", faisait "partie des dossiers examinés".

"A titre national, la France prend toute sa part même si nous soulignons moins que d'autres ce que nous faisons. Nous avons fait le choix de ne pas communiquer sur la totalité de notre contribution militaire" et de réserver ces informations "à nos partenaires", a fait savoir Mme Colonna.

mep/dla/dlm

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JUL 19

L'EI en Afrique: une "marque" en développement, une coordination faible #

7/19/2022, 9:24 AM
Paris, FRA

Le groupe Etat islamique enregistre une croissance spectaculaire sur le continent africain, mais le rôle de la centrale jihadiste au Levant reste minime et la coordination inter-filiales embryonnaire, explique à l'AFP l'expert Hans-Jakob Schindler.

Le directeur de l'ONG Counter-Extremism Project (CEP), ancien expert des Nations unies sur le jihadisme, décrit une dynamique d'opportunités qui ne témoigne pas d'une montée en puissance de cadres africains dans l'organisation.

QUESTION : Les filiales de l'EI en Afrique sont-elles en lien direct avec l'EI centrale au Levant ?

REPONSE : Il y a un point de contact mais essentiellement pour la propagande, il n'y a pas d'instructions opérationnelles. Entre les filiales, il y a très peu de coordination. Ces gens se connaissent mais je n'ai pas entendu qu'ils se parlaient. Aucune de ces provinces, à part en Libye, n'a été fondée par l'EI. Ce sont d'anciens groupes locaux qui ont prêté allégeance. Si elles devaient se coordonner (...), quel serait l'intérêt de l'EI centrale ? Cela aurait plutôt tendance à en réduire l'importance (et) l'EI est désormais très faible en Irak et en Syrie.

Q: Que peut faire l'EI pour se développer en Afrique ?

R: Peu de choses. Ce qui pour moi explique en grande partie leur croissance est liée à la gouvernance, qui s'est dégradée ces dernières années. Vous avez de grandes expansions, des filiales qui émergent, des chiffres imposants, des territoires contrôlés au moins partiellement (...) Mais il y a peu de choses que la centrale puisse faire sinon utiliser la propagande (...) Intrinsèquement, l'EI comme al-Qaïda relèvent d'une idéologie salafiste dominée par les Arabes, qui n'est pas commune en Afrique de l'Ouest et ne s'est développée que depuis 10 ou 20 ans. Il y a plus de combattants de l'EI de descendance africaine qu'arabe aujourd'hui. Mais (...) le nouveau leader, censé être irakien, connait très mal les particularités des problèmes d'Afrique subsaharienne.

Q: L'Afrique peut-elle monter en puissance dans l'EI centrale ?

R: C'est très difficile d'aller en Irak et Syrie, surtout si vous êtes Africain, et vice versa. Pour faire partie du sommet de la hiérarchie, vous devez vous trouver physiquement là où elle se trouve. Donc je ne vois pas très bien comment cela pourrait se jouer (...). Ils sont impliqués dans les conflits locaux et enregistrent de grands succès. Ils utilisent l'EI comme une marque, sont satisfaits de placer tout ça dans une échelle mondiale. Mais en terme de leadership, je n'ai eu vent d'aucune ambition ni demande de la part des filiales africaines pour intégrer le sommet de la direction. L'EI en Syrie et en Irak est maintenant une histoire de survie. Je ne dis pas que cela n'arrivera jamais, mais si cela arrive, cela ne sera pas dans l'intérêt de la centrale.

Q: Les franchises du continent collaborent-elles entre elles ?

R: Nul ne se soucie du voisin sauf si les zones (d'activité) se touchent (...). Quand ces groupes se rencontrent, il y a des conflits sur qui garde telle mine et qui contrôle tel village, parce que cela apporte du revenu (...). La marque n'est pas assez forte pour vous faire sentir que votre frère a besoin de cette mine, ou que vous devriez attaquer pour l'aider. Si la centrale les finançait, elle pourrait donner des instructions mais ce n'est pas le cas.

dla/mep/jhd

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JUL 19

L'Afrique, zone de croissance exponentielle du groupe Etat islamique #

7/19/2022, 9:22 AM

Le temps est loin du califat autoproclamé du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. Aujourd'hui, la centrale jihadiste surnage au Levant mais s'étend en Afrique, où ses filiales valorisent une "marque" mortifère et florissante.

Deux nouvelles provinces ("wilayas") officielles de l'EI ont été créées en mars au Sahel et en mai au Mozambique. Peu après, un éditorial dans l'hebdomadaire officiel de l'EI al-Naba encourageait les musulmans à rejoindre le continent, avant que des vidéos de Syrie et d'Irak ne félicitent les frères combattants en Afrique.

"Le fait qu'ils appellent à rejoindre l'EI en Afrique est très significatif", estime Damien Ferré, fondateur de la société Jihad Analytics, qui analyse le jihad mondial et cyber. "Ils reconnaissent qu'il n'y a pas la capacité aujourd'hui à poursuivre le projet califal (...) mais il y a vraiment une volonté de mettre des billes sur l'Afrique".

En 2021, al-Naba a consacré 28 unes sur 52 à l'Afrique, précise-t-il. Désormais, la majorité des provinces de l'EI, soit 7 sur 13, sont basées sur le continent.

Mais les experts sont unanimes: le jihad africain n'est pas le jumeau de son avatar au Levant. Ses ressorts sont profondément divers car imprégnés de dynamiques locales. Et l'hypothèse, un temps brandie, d'un "Sahélistan" cohérent et géré comme tel, est hors de portée.

"Le jihad africain est teinté de quelque chose en plus du radicalisme", résume Hassane Kone, chercheur à l'Institut des études de sécurité (ISS) à Dakar. "Beaucoup de gens ont mis le pied à l'étrier pour des raisons pas forcément religieuses", ajoute-t-il à l'AFP en citant l'exclusion, la pauvreté, les exactions des militaires. Pour autant, "l'EI capitalise sur le jihad africain pour continuer à exister".

- "Marque mondiale" -

Djallil Lounnas, chercheur à l'université marocaine d'Al Akhawayn, confirme une stratégie délibérée de l'EI depuis 2017 "face à la certitude de la chute" du califat. Les allégeances africaines à la centrale sont "mutuellement bénéfiques: l'un continue d'exister et de donner une impression de puissance, et les seconds de bénéficier de la marque EI".

En terme de propagande, la centrale impose un visuel, une signalétique, des thématiques dans ses textes et vidéos. En République démocratique du Congo (RDC), les Forces démocratiques alliées (ADF), officiellement liées à l'EI depuis 2017, en ont depuis singé les méthodes, selon la revue Combating Terrorism Center (CTC) de l'académie militaire américaine West Point.

"Les ADF ont commencé à l'été 2021 à diffuser des vidéos de décapitation", témoignant de leur volonté de "s'aligner" sur "la marque mondiale de l'EI", estime-t-elle, analysant de la même façon leur recours aux attentats-suicide.

Les ADF ont aussi connu, selon le CTC, un afflux de combattants venus de Tanzanie, du Burundi, du Kenya et d'Afrique du Sud. Et des liens ont été établis avec des membres arabes de l'EI. L'armée congolaise a annoncé l'arrestation en quelques mois d'un Kenyan d'origine omanaise, d'un Egyptien et d'un Jordanien.

Dans une vidéo de propagande, on voit le premier superviser l'exécution à la machette d'un militaire congolais. Le second avait été semble-t-il dépêché "pour aider le groupe à améliorer ses capacités technologiques", précise le CTC.

- Contacts mineurs entre théâtres -

D'autres échanges d'un théâtre à l'autre sont évoqués ici et là. Autour du lac Tchad sont parfois évoqués "des conseillers et experts qui viennent aider dans des moments difficiles sur des décisions, des réorganisations", explique Vincent Foucher, chercheur au Centre national de recherche scientifique français (CNRS).

"Il y a une circulation d'individus entre le jihad arabe et le lac", fait-il valoir, mais la "logique relève plus de la franchise que du commandement".

Plus à l'ouest, des habitants ont fait état de bruits de moto entre nord-ouest du Nigéria et Niger. Mais rien n'a été confirmé dans cette zone désertique où les frontières sont des passoires.

Sur l'Est enfin, poursuit Elie Tenenbaum, de l'Institut français des relations internationales (IFRI), "il y a des Ougandais qui circulent dans toute l'Afrique australe. Ils passent par le Malawi et ça peut descendre très au sud".

"Ce sont des lieux de passage mal contrôlés", précise-t-il, évoquant des "points de passage de trafic anciens" et des individus qui agissent "parfois en électron libre".

Mais aussi peu structurée qu'elle soit, la croissance de l'EI profite, en miroir, de la faiblesse de la lutte anti-terroriste. Rares sont les actions conjointes entre Etats, comme entre armées congolaises et ougandaises contre les ADF, ou comme l'intervention rwandaise face à l'EI au Mozambique. Au Sahel, la France quitte le Mali après neuf ans d'antiterrorisme et la mission onusienne, la Minusma, est en suspens.

"La coordination va mal", tranche Hans-Jakob Schindler, directeur de l'ONG Counter-Extremism Project (CEP) et ex-expert de l'ONU sur le jihadisme. Il regrette le départ des Français, tant les Etats africains semblent impuissants face au fléau jihadiste.

Et "à part la France, dans l'Union européenne, est-ce que c'est un sujet prioritaire ? Non ! Nous l'ignorons à notre propre détriment".

dla/mep/jhd

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