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Mali: 2 soldats maliens tués, une attaque contre la Minusma repoussée #

4/2/2021, 12:46 PM
Bamako, MLI

Deux soldats maliens ont été tués vendredi lors d'une attaque attribuée aux jihadistes dans le centre du Mali, alors que dans le même temps des Casques bleus tchadiens de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) repoussaient un assaut dans le nord, ont indiqué des sources sécuritaires et locales.

A Diafarabé, localité située sur le fleuve Niger à 350 km au nord-est de Bamako, "une attaque terroriste contre notre position a fait deux morts dans nos rangs et six blessés, mais cinq terroristes ont été tués", a déclaré à l'AFP un officier malien. "Nous contrôlons la situation", a ajouté cet officier ayant requis l'anonymat.

Un élu de la région de Mopti, principale ville du centre, a confirmé l'attaque, survenue vers 06H00 (GMT et locales). "Deux militaires maliens ont été tués", de même que des assaillants, a-t-il dit.

Un jeune homme de la localité, Youssouf Aya, explique avoir vu "passer un cortège de moto avec des hommes armés" en direction du poste militaire, puis avoir "entendu des coups de feu". Il dit avoir vu les corps de deux militaires et plusieurs soldats blessés. Selon lui, les assaillants ont "occupé un moment" le poste militaire avant de repartir le long du fleuve en direction du sud-ouest.

Au même moment, au 850 km plus au nord-est, les Casques bleus tchadiens stationnés à Aguelhok ont "repoussé une attaque terroriste", a indiqué à l'AFP une source militaire internationale. Les assaillants "ont été pourchassés, la situation est sous contrôle", a-t-elle ajouté.

"Dans le camp, il a eu au moins deux véhicules touchés ou calcinés, mais l'attaque a été repoussée. Nous avons vu les soldats tchadiens sortir pour poursuivre les jihadistes", a précisé à l'AFP un élu de cette localité située à 200 km de la frontière algérienne.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une crise sécuritaire et une poussée jihadiste qui se sont propagées du nord au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.

Les violences, jihadistes, intercommunautaires ou autres ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention de forces onusiennes, africaines et françaises.

kt-sd-siu/hba

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APR 1

Mali: Paris réaffirme sa "détermination" contre le "terrorisme" après des accusations de bavure #

4/1/2021, 4:37 PM
Bamako, MLI

La ministre française des Armées, Florence Parly, a souligné jeudi à Bamako la "détermination" de la France et de ses partenaires "à continuer le combat contre le terrorisme", et a rejeté à nouveau des accusations de bavure lors d'une frappe controversée en janvier dans le centre du Mali.

Florence Parly et ses homologues estonien Kalle Laanet et tchèque Lubomir Metnar se sont entretenus avec le président de la transition, Bah Ndaw, deux jours après la publication d'un rapport des Nations unies faisant état de la mort de 19 civils lors d'une frappe de la force française Barkhane, ce que Paris a déjà réfuté avec vigueur.

"Nous avons partagé notre détermination à continuer notre combat contre le terrorisme", a dit Mme Parly face à la presse à l'issue de l'entretien.

Les trois ministres ont déclaré la "pleine capacité opérationnelle" de la task force Takuba, un regroupement inédit de forces spéciales composé de soldats français, tchèques, estoniens, suédois et italiens.

Paris compte beaucoup sur ce "laboratoire d'intégration au combat des partenaires européens", selon Mme Parly, pour partager avec ses partenaires le fardeau de la lutte contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Mardi, une enquête de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a conclu qu'une frappe aérienne conduite par Barkhane le 3 janvier avait tué 19 civils au cours d'un mariage. Le rapport constitue la plus grave mise en cause d'une opération française par les Nations unies depuis le début de l'engagement de Paris au Sahel.

La ministre des Armées a une nouvelle fois réfuté ces conclusions, en maintenant que "les forces armées françaises (avaient) effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel".

"Il y a aussi une guerre dans le domaine informationnel et notre ennemi (...) exploite toutes les polémiques possibles", a-t-elle affirmé, en ajoutant: "je ne peux pas admettre que l'honneur de nos soldats puisse ainsi être sali".

Sept organisations de défense des droits humains, en France et au Mali, ont exhorté jeudi la France et le Mali à mener une enquête indépendante et transparente.

"Il me semble que l'enquête qui a été menée par les Nations unies est indépendante", a répondu Mme Parly, en disant espérer que le point de vue de Paris sera pris en compte. "Nous transmettrons l'ensemble de nos observations et remarques au département concerné des Nations unies", a-t-elle ajouté.

bur-siu/hba

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APR 1

A Tombouctou, la procureure de la CPI boucle symboliquement la boucle #

4/1/2021, 6:55 AM
Tombouctou, MLI

Voile sur la tête, du même vert que son large boubou, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda arpente silencieusement les allées de la mosquée Djingarey Bey de Tombouctou, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Elle écoute, studieuse, les explications du maître des lieux, sur le crépissage annuel des murs, sur une entrée d'air. A une centaine de mètres au dehors, les mausolées.

La visite semblerait touristique. Elle ne l'est pas.

Neuf ans après l'occupation de Tombouctou par les jihadistes en 2012, l'Unesco, le gouvernement malien, la CPI et le Fonds des victimes de la CPI sont tous là pour visiter le patrimoine ciblé à l'époque et aujourd'hui reconstruit ou restauré, et la visite de ce mercredi a des airs de revanche sur l'histoire.

A l'époque, au nom de la lutte contre "l'idolâtrie", le groupe jihadiste Ansar Dine, affilié à Al-Qaïda, s'en était pris à la pioche à quatorze mausolées de saints.

"Pour moi, la boucle est bouclée!", explique Fatou Bensouda, qui ne cache pas sa fierté, à quelques semaines de quitter ses fonctions. La condamnation en 2016 d'un jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, reconnu coupable d'avoir participé à la destruction des mausolées, est l'une de ses "victoires" de magistrate.

Pour la première fois, la destruction de biens culturels avait été considérée comme un crime de guerre par la justice.

Mardi, un euro symbolique a été remis par le Fonds des victimes au Mali et à la communauté internationale. D'autres réparations financières sont prévues pour les descendants des saints dont les sépultures ont été attaquées.

"Quand j'ai commencé à enquêter avec mes équipes, les gens ont demandé: +pourquoi Bensouda n'enquête pas sur des crimes de sang, ce ne sont que des bâtiments+", dit-elle.

"Mais c'était très important! Il fallait envoyer le message que détruire des sites classés à l'Unesco ne pouvait se faire dans l'impunité".

Les vieux manuscrits de l'ancienne ville savante sont désormais sauvegardés au centre Ahmed Baba. Chèche rouge sur la tête, le jeune étudiant Sekou Baba tient dans ses mains un Coran, pas encore daté. Il montre comment les feuilles jaunies par les siècles sont stockées, restaurées.

- "Nouvelles de La Haye" -

Soudain, devant la salle d'archivage n°3, deux militaires maliens s'exclament: "Eh ! mais c'est Fatou Bensouda!"

L'ancienne ministre gambienne fait comme si de rien n'était, lâche un sourire en coin derrière son masque, et reprend sa marche. La visite se fait au pas de course et sous la protection de dizaines de Casques bleus de la mission de l'ONU au Mali.

Entre les agissements des jihadistes, des groupes armés et des trafiquants, la situation reste volatile dans la région. Tombouctou elle-même est gangrénée par de vieilles tensions intercommunautaires entre populations sédentaires noires et nomades arabes.

Arguant que la culture est facteur de cohésion, le directeur général adjoint de l'Unesco Xing Qu s'est voulu formel devant les imams des trois grandes mosquées: "Votre patrimoine est notre patrimoine, ce qui est à Tombouctou est à l'humanité".

Les imams ont écouté, puis l'un s'est tourné vers Mme Bensouda: "Al Mahdi a été condamné, mais il agissait sous la responsabilité d'un autre, Iyad Ag Ghaly".

A l'époque à la tête d'Ansar Dine, celui-ci dirige aujourd'hui la principale nébuleuse jihadiste affiliée à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM).

"Notre travail au Mali n'est pas fini", répond la procureure.

Après une énième photo symbolique, Fatou Bensouda vient s'enquérir auprès des journalistes de l'AFP des "nouvelles de La Haye", le siège de la CPI qui statuait le même jour sur l'affaire de crimes contre l'humanité contre l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l'un de ses proches, Charles Blé Goudé. Les deux hommes ont été acquittés en 2019 mais, elle, Fatou Bensouda avait fait appel.

"Ce n'est pas vrai!", lâche-t-elle spontanément quand elle apprend que les acquittements sont confirmés, avant de finir la visite enfermée dans sa voiture blindée, à passer des coups de téléphone. Elle a sobrement tweeté en fin de journée avoir "pris acte" du jugement.

ah/lal/roc

XING AG

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APR 1

A Tombouctou, la procureure de la CPI boucle symboliquement la boucle #

4/1/2021, 2:00 AM
Tombouctou, MLI

Voile sur la tête, du même vert que son large boubou, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda arpente silencieusement les allées de la mosquée Djingarey Bey de Tombouctou, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Elle écoute, studieuse, les explications du maître des lieux, sur le crépissage annuel des murs, sur une entrée d'air. A une centaine de mètres au dehors, les mausolées.

La visite semblerait touristique. Elle ne l'est pas.

Neuf ans après l'occupation de Tombouctou par les jihadistes en 2012, l'Unesco, le gouvernement malien, la CPI et le Fonds des victimes de la CPI sont tous là pour visiter le patrimoine ciblé à l'époque et aujourd'hui reconstruit ou restauré, et la visite de ce mercredi a des airs de revanche sur l'histoire.

A l'époque, au nom de la lutte contre "l'idolâtrie", le groupe jihadiste Ansar Dine, affilié à Al-Qaïda, s'en était pris à la pioche à quatorze mausolées de saints.

"Pour moi, la boucle est bouclée!", explique Fatou Bensouda, qui ne cache pas sa fierté, à quelques semaines de quitter ses fonctions. La condamnation en 2016 d'un jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, reconnu coupable d'avoir participé à la destruction des mausolées, est l'une de ses "victoires" de magistrate.

Pour la première fois, la destruction de biens culturels avait été considérée comme un crime de guerre par la justice.

Mardi, un euro symbolique a été remis par le Fonds des victimes au Mali et à la communauté internationale. D'autres réparations financières sont prévues pour les descendants des saints dont les sépultures ont été attaquées.

"Quand j'ai commencé à enquêter avec mes équipes, les gens ont demandé: +pourquoi Bensouda n'enquête pas sur des crimes de sang, ce ne sont que des bâtiments+", dit-elle.

"Mais c'était très important! Il fallait envoyer le message que détruire des sites classés à l'Unesco ne pouvait se faire dans l'impunité".

Les vieux manuscrits de l'ancienne ville savante sont désormais sauvegardés au centre Ahmed Baba. Chèche rouge sur la tête, le jeune étudiant Sekou Baba tient dans ses mains un Coran, pas encore daté. Il montre comment les feuilles jaunies par les siècles sont stockées, restaurées.

- "Nouvelles de La Haye" -

Soudain, devant la salle d'archivage n°3, deux militaires maliens s'exclament: "Eh ! mais c'est Fatou Bensouda!"

L'ancienne ministre gambienne fait comme si de rien n'était, lâche un sourire en coin derrière son masque, et reprend sa marche. La visite se fait au pas de course et sous la protection de dizaines de Casques bleus de la mission de l'ONU au Mali.

Entre les agissements des jihadistes, des groupes armés et des trafiquants, la situation reste volatile dans la région. Tombouctou elle-même est gangrénée par de vieilles tensions intercommunautaires entre populations sédentaires noires et nomades arabes.

Arguant que la culture est facteur de cohésion, le directeur général adjoint de l'Unesco Xing Qu s'est voulu formel devant les imams des trois grandes mosquées: "Votre patrimoine est notre patrimoine, ce qui est à Tombouctou est à l'humanité".

Les imams ont écouté, puis l'un s'est tourné vers Mme Bensouda: "Al Mahdi a été condamné, mais il agissait sous la responsabilité d'un autre, Iyad Ag Ghaly".

A l'époque à la tête d'Ansar Dine, celui-ci dirige aujourd'hui la principale nébuleuse jihadiste affiliée à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM).

"Notre travail au Mali n'est pas fini", répond la procureure.

Après une énième photo symbolique, Fatou Bensouda vient s'enquérir auprès des journalistes de l'AFP des "nouvelles de La Haye", le siège de la CPI qui statuait le même jour sur l'affaire de crimes contre l'humanité contre l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l'un de ses proches, Charles Blé Goudé. Les deux hommes ont été acquittés en 2019 mais, elle, Fatou Bensouda avait fait appel.

"Ce n'est pas vrai!", lâche-t-elle spontanément quand elle apprend que les acquittements sont confirmés, avant de finir la visite enfermée dans sa voiture blindée, à passer des coups de téléphone. Elle a sobrement tweeté en fin de journée avoir "pris acte" du jugement.

ah/lal/roc

XING AG

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MAR 31

Parly au Mali avec des Européens, en pleine polémique sur des frappes #

3/31/2021, 8:06 PM
Bamako, MLI

La ministre française des Armées est arrivée mercredi au Mali avec ses homologues estonien et tchèque pour annoncer la pleine capacité de "Takuba", unité de forces spéciales européennes censée former l'armée malienne au combat face aux jihadistes, a indiqué le ministère.

Florence Parly, Kalle Laanet et Lubomir Metnar rencontreront notamment jeudi le président de la transition Bah Ndaw et le ministre malien de la Défense Sadio Camara. Des entretiens qui interviendront au lendemain de la publication d'un rapport des Nations unies faisant état de la mort de 19 civils lors d'une frappe de la force française Barkhane, ce que Paris réfute avec vigueur.

"Les trois ministres acteront la pleine capacité opérationnelle de la task force Takuba, étape majeure pour ce regroupement inédit d'unités de forces spéciales européennes au Sahel", a précisé un communiqué du ministère français des Armées. "Cette étape est majeure d'un point de vue tactique et opérationnel, il s'agit également d'un symbole fort".

Outre les Tchèques et les Estoniens, des soldats suédois et italiens participent à l'opération, sur laquelle Paris compte beaucoup pour partager avec ses partenaires le fardeau de la lutte contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Les ministres se rendront ensuite auprès d'unités sur le terrain.

Mardi, une enquête de la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) a conclu qu'une frappe aérienne conduite par Barkhane avait tué 19 civils au cours d'un mariage. Le rapport constitue la plus grave mise en cause d'une opération française par les Nations unies depuis le début de l'engagement de Paris au Sahel.

Le ministère a réfuté avec force ses conclusions, en maintenant que "le 3 janvier, les forces armées françaises (avaient) effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" et non des civils, près de Bounti (centre). Le ministère a aussi émis "de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" par les enquêteurs de l'Onu.

Mi-février, lors d'un sommet à N'Djamena avec les partenaires du G5 Sahel, le président Emmanuel Macron avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire "dans l'immédiat" les effectifs de Barkhane, appelant d'abord à "décapiter" les groupes jihadistes. Mais les Etats africains peinent à convertir les succès militaires en progrès politiques.

Le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a estimé à cet égard lundi qu'un retrait partiel de Barkhane n'aurait pas "grand effet" sur le terrain si l'appui aérien demeure. "Cet échec relatif, c'est notre échec à tous, l'échec de l'ensemble de la coalition", avait-il expliqué dans une interview sur France 24/RFI.

dla/ayv/

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MAR 30

Frappe antijihadiste ou bavure française au Mali: que sait-on ? #

3/30/2021, 7:22 PM
Bamako, MLI

Des villageois maliens célébrant un mariage ont-ils été victimes du combat mené par les armées nationale et étrangères contre les jihadistes du Sahel ? Un rapport de l'Onu est venu mardi accréditer la thèse d'une bavure française, à nouveau récusée par Paris.

Voici ce qu'on sait des évènements survenus le 3 janvier à Bounti, dans le secteur de Douentza/Hombori dans le centre du Mali, un des foyers de la violence polymorphe qui ensanglante le Sahel.

Que disent les villageois de Bounti ?

La foule s'est rassemblée à environ un kilomètre de Bounti, localité d'habitat clairsemé au pied des falaises et très loin de la ville. Elle célèbre des noces qui ont eu lieu la veille et cherche l'ombre des arbres. Il n'y a que des hommes, en raison de la tradition disent les uns, des pressions des jihadistes qui abondent disent les autres. Les femmes sont en train de préparer le repas. Des villageois rapportent une frappe venue du ciel qui sème la terreur. Le jour même, Tabital Pulakuu, une association pour la promotion de la culture des Peuls, ethnie très présente localement, fait état d'une frappe aérienne qui a tué une vingtaine de civils. Elle publie ensuite une liste de noms.

La force antijihadiste française Barkhane est rapidement montrée du doigt sur les réseaux sociaux.

Que disent les autorités françaises ?

Que c'est bien l'un des nombreux regroupements de jihadistes dans la zone, que Barkahne a frappé et qu'il n'y avait pas de mariage.

Après plusieurs jours de surveillance, un drone a détecté une moto avec deux individus, a rapporté l'état-major français en janvier. La moto a rejoint une quarantaine d'hommes, "formellement" identifiés comme un "groupe armé terroriste". Une heure et demie d'observation a écarté la présence de femmes et d'enfants et l'ordre a été donné à une patrouille d'avions de chasse d'attaquer, a-t-il dit. Trois bombes ont "neutralisé" une trentaine de jihadistes; les éléments disponibles "permettent d'exclure la possibilité d'un dommage collatéral", a-t-il assuré.

Le ministère français des Armées a dit mardi maintenir cette version.

Que dit la Minusma ?

Après avoir enquêté, les experts de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) sont "en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma".

Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma, dit la Minusma dans son rapport.

La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

La présence de membres d'un groupe armé ne suffisait pas pour y assimiler les autres participants; et si, comme le dit Paris, il s'agissait bien d'un rassemblement jihadiste, "il apparaît difficile d'exclure la présence de civils dans le groupe d'hommes en si peu de temps". Donc le principe de précaution aurait dû s'appliquer.

Quel est le contexte ?

Le secteur est une zone d'activité et de refuge pour des groupes liés surtout au Jnim, mais aussi des jihadistes rivaux affiliés au groupe Etat islamique (EI). La France et ses alliés y menaient en janvier une vaste opération, intitulée Eclipse.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une crise sécuritaire et une poussée jihadiste qui se sont propagées du nord au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Les violences, jihadistes, intercommunautaires ou autres ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention de forces onusiennes, africaines et françaises. Aucune sortie de crise n'est en vue.

La France, intervenue militairement en janvier 2013 pour aider l'armée malienne, déploie 5.100 soldats au Sahel au sein de Barkhane.

En janvier, Barkhane venait de perdre cinq soldats et était confronté à la critique de l'enlisement.

Qui a raison ?

Les experts de la Minusma ont parlé directement à au moins 115 personnes, par téléphone à une centaine d'autres, sans compter les réunions de groupe: ils se sont rendus sur place et ont analysé une multitude de publications et déclarations, dit la Minusma. Ils ont travaillé "dans un climat de pression médiatique et politique" et préoccupés "par le risque de manipulation de certaines sources".

Les informations de première main en provenance de la zone sont rares. Aucune image n'a circulé de la frappe. Les faits se sont produits dans une zone éloignée et dangereuse où les jihadistes sont très présents et influents.

Le ministère français a émis "de nombreuses réserves quant à la méthodologie" de la Minusma. Il a dit "impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d'éventuels sympathisants terroristes ou d'individus sous influence (y compris la menace) des groupes djihadistes".

bur-lal/ayv/

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MAR 30

Mausolées de Tombouctou: un euro symbolique pour le peuple malien et l'humanité #

3/30/2021, 5:36 PM
Bamako, MLI

La destruction des mausolées des saints musulmans de Tombouctou a symbolisé la violence jihadiste qui s'est abattue sur le Nord du Mali en 2012. Après une reconstruction exemplaire de ce patrimoine de l'humanité, un euro symbolique a été remis mardi aux victimes: l'Etat malien et la communauté internationale tout entière.

En septembre 2016, la Cour pénale internationale (CPI) a condamné le jihadiste malien Ahmad al Faqi al Mahdi à neuf ans de prison pour avoir, en 2012, "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1988.

Il était à l'époque membre d'Ansar Dine, l'un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le Nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d'être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France.

La CPI, qui siège à La Haye, avait estimé que M. al Mahdi avait provoqué pour 2,7 millions d'euros de dégâts et avait ordonné des réparations pour les victimes.

En termes de réparations symboliques, elle avait ordonné le versement d'un euro à l'Etat malien et à la communauté internationale, représentée par l'Unesco.

La remise de cet euro, lors d'une cérémonie mardi à Bamako, constitue le "couronnement d'une décision de justice qui sanctionne la destruction de biens culturels comme crimes de guerre", a souligné le président de transition du Mali, Bah Ndaw.

Il faut que cette décision devienne "un exemple", a-t-il plaidé, alors que les attaques meurtrières des jihadistes se poursuivent dans le Nord et le centre du Mali et dans des pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger.

Cet euro est "un symbole incommensurable du tort que nous avons tous subi et de notre volonté de dire +Plus jamais ça!+", a assuré Mama Koité Doumbia, présidente du Fonds au profit des victimes, organe indépendant mis en place par le statut de Rome, traité fondateur de la CPI.

La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a pour sa part réaffirmé l'engagement de ses services à "défendre ce qui fonde notre identité commune".

Le patrimoine culturel malien est "le miroir de l'humanité", a-t-elle dit, en martelant que "l'impunité n'est pas une option" et que "les victimes doivent être réparées et leur dignité restaurée".

- Reconstruits à l'identique -

Les personnages vénérés dans la vingtaine de mausolées islamiques de Tombouctou, dont les plus anciens remontent au XIVe siècle, valent à la ville son surnom de "Cité des 333 saints".

Détruits à coups de pioche, de burin et de houe, ils ont été reconstruits à l'identique entre mars 2014 et juillet 2015 dans le cadre d'un programme mis en oeuvre par l'Unesco et financé par plusieurs pays et institutions, avec l'aide d'un groupe de maçons locaux.

Le patrimoine de Tombouctou a été "pris pour cible (par les jihadistes) car il racontait une histoire riche de sens pour le peuple malien. Les mausolées sont désormais debout et les manuscrits sauvegardés en lieux sûrs", a souligné mardi à Bamako le directeur général adjoint de l'Unesco, Xing Qu.

Le représentant des victimes de Tombouctou, Harber Kounta, a remercié la CPI, mais a souligné que "le paysage architectural qui faisait la fierté de Tombouctou demeure en souffrance", en citant les problèmes d'urbanisme, le manque de moyens et la pollution.

Le procès d'un autre jihadiste malien, Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, considéré comme le commissaire de la police islamique à Tombouctou, s'est ouvert devant la CPI en juillet 2020.

Il est poursuivi pour avoir lui aussi participé à la destruction de mausolées à Tombouctou et pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, viols et esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés.

ah/siu/ayv/

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MAR 30

Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU #

3/30/2021, 5:15 PM
Bamako, MLI

Une enquête de l'ONU conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour célébrer un mariage, et pas seulement des jihadistes, comme Paris a persisté à le dire mardi.

Le rapport publié mardi par la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) constitue la plus grave mise en cause d'une opération de la force antijihadiste Barkhane par les Nations unies depuis le début de l'engagement français au Sahel en 2013.

Le ministère français des Armées a de nouveau réfuté toute bavure. Il "maintient avec constance et réaffirme avec force" que "le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" près de Bounti (centre). Il "émet de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" et "ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve" contredisant sa version.

Le rapport, rédigé à partir des investigations de la Division des droits de l'Homme de la Minusma appuyée par la police scientifique de l'ONU, indique au contraire que le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire".

Une centaine d'hommes, des civils, étaient réunis à l'ombre des arbres pour célébrer un mariage qui avait eu lieu la veille dans les parages, séparément des femmes et des enfants selon la tradition locale, dit le rapport, qui s'appuie sur des dizaines d'entretiens.

Parmi eux "se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la katiba Serma", appartenant au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

- "Préoccupations importantes" -

Cette région aride de forêts clairsemées et de brousses surplombées d'un impressionnant massif rocheux est une zone d'activité et de refuge pour des groupes liés au Jnim mais aussi des jihadistes rivaux affiliés au groupe Etat islamique (EI). Le secteur, ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins, étaient à l'époque le théâtre d'une vaste opération antijihadiste, Eclipse, menée par Barkhane et ses partenaires locaux.

Cinq soldats français venaient d'être tués au Mali entre fin décembre et début janvier.

Au moins 22 personnes ont été tuées dans la frappe de Bounti, dont trois membres présumés de la katiba Serma; 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, dit la Minusma.

Les autorités françaises ont toujours assuré qu'il n'y avait pas de mariage, que le renseignement avait "formellement" établi qu'il s'agissait d'un rassemblement de jihadistes et que l'intervention d'une patrouille d'avions français lâchant trois bombes avait "neutralisé" une trentaine de jihadistes.

En revanche, pour l'ONU le rapport "soulève des préoccupations très importantes sur le respect de la conduite des hostilités", a déclaré le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, en réponse à une question sur la réaction de M. Guterres.

Ces préoccupations portent aussi sur "l'obligation des États membres de tout faire pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires", a ajouté le porte-parole.

La Minusma invoque les principes de protection des civils pour dire que la présence de membres d'un groupe armé ne suffisait pas pour y assimiler les autres participants. En outre, si, comme le dit l'armée française, il s'agissait d'un groupe jihadiste, "il apparaît difficile d'exclure la présence de civils dans le groupe d'hommes en si peu de temps".

Les experts de l'ONU qui se sont rendus sur place n'ont trouvé aucune trace d'armes ou de motos, moyen de déplacement privilégié des jihadistes, dit-elle.

- "Guerre informationnelle" -

Depuis des rébellions indépendantiste puis jihadiste en 2012 dans le Nord, le Mali est en proie à une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention de forces de l'ONU, africaines et françaises.

La France, qui engage environ 5.100 hommes au sein de Barkhane, a déjà été en butte à des soupçons de bavure, mais jamais encore à un rapport aussi circonstancié de l'ONU.

L'accès à l'information est extrêmement difficile dans une zone aussi reculée et dangereuse. Aucune image n'a été diffusée de la frappe. Les forces françaises n'avaient pas immédiatement réagi en janvier aux premières mises en cause et aux premières déclarations de villageois.

La ministre française des Armées Florence Parly a parlé de "guerre informationnelle" que livreraient les groupes jihadistes. Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France.

Mais plusieurs ONG réclamaient une enquête indépendante.

La Minusma "recommande" aux autorités maliennes et françaises de mener une telle enquête, de rechercher les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

La frappe "soulève de sérieuses inquiétudes quant au fait que l'attaque était illégalement disproportionnée", a jugé Jonathan Pedneault, chercheur auprès de Human Rights Watch (HRW), lui aussi favorable à une "enquête complète et impartiale".

sd-lal-prh/sst

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MAR 30

Mausolées de Tombouctou: un euro symbolique remis au Mali et à l'Unesco #

3/30/2021, 3:11 PM
Bamako, MLI

Un euro symbolique a été remis mardi à Bamako à l'Etat malien et à la communauté internationale, représentée par l'Unesco, en réparation de la destruction en 2012 par des jihadistes d'une partie des mausolées de Tombouctou, dans le Nord du pays.

Ce dédommagement avait été accordé à l'issue du procès historique d'un jihadiste malien par la Cour pénale internationale (CPI), laquelle avait pour la première fois considéré la destruction de biens culturels comme un crime de guerre.

Cet euro est "un symbole incommensurable du tort que nous avons tous subi et de notre volonté de dire +Plus jamais ça!+", a déclaré lors d'une cérémonie dans la capitale malienne Mama Koité Doumbia, présidente du Fonds au profit des victimes, organe indépendant mis en place par le statut de Rome, traité fondateur de la CPI.

La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a réaffirmé l'engagement de la justice internationale à "défendre ce qui fonde notre identité commune".

Le patrimoine culturel malien est "le miroir de l'humanité", a-t-elle dit, en martelant que "l'impunité n'est pas une option" et que "les victimes doivent être réparées et leur dignité restaurée".

Cette remise de l'euro symbolique est "le couronnement d'une décision de justice qui sanctionne la destruction de biens culturels comme crimes de guerre", a souligné le président de transition du Mali, Bah Ndaw.

En septembre 2016, la CPI, dont le siège est à La Haye, a condamné le jihadiste malien Ahmad al Faqi al Mahdi à neuf ans de prison pour avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1988.

Il était à l'époque membre d'Ansar Dine, l'un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le Nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d'être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France.

La CPI a estimé qu'il avait provoqué pour 2,7 millions d'euros de dégâts et a ordonné des réparations pour les victimes, les premières pour destruction de biens culturels. En termes de réparations symboliques, elle a ordonné le versement d'un euro à l'Etat malien et à la communauté internationale représentée par l'Unesco.

Les personnages vénérés dans les mausolées islamiques de Tombouctou, dont les plus anciens remontent au XIVe siècle, valent à la ville son surnom de "Cité des 333 saints".

ah/siu/ayv

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MAR 30

Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU #

3/30/2021, 2:00 PM
Bamako, MLI

Une enquête des Nations unies conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, et pas seulement des jihadistes, selon un rapport consulté mardi par l'AFP, contesté par Paris.

Le rapport de la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) constitue la plus sérieuse mise en cause d'une opération de la force antijihadiste Barkhane par les Nations unies depuis le début de l'engagement français au Sahel en 2013.

Le ministère français des Armée a à nouveau réfuté mardi toute bavure. Il "maintient avec constance et réaffirme avec force" que "le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" près de Bounti (centre) et "émet de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" et "ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises".

Le document de l'ONU, rédigé à partir des investigations de la Division des droits de l'Homme de la Minusma appuyée par la police scientifique des Nations unies, indique que c'est bien un groupe d'hommes réunis par un mariage près de la localité de Bounti qui a été atteint par une frappe aérienne de Barkhane le 3 janvier dans le centre du pays en guerre.

Les autorités françaises ont toujours assuré qu'il n'y avait pas de mariage, que le renseignement avait "formellement" établi avoir affaire à un des nombreux rassemblements de jihadistes dans la région et que l'intervention d'une patrouille d'avions français lâchant trois bombes avait "neutralisé" une trentaine de jihadistes.

Les éléments disponibles "permettent d'exclure la possibilité d'un dommage collatéral", avait déjà fait savoir en janvier l'état-major français dans un communiqué.

Au terme de l'enquête, d'entretiens directs avec au moins 115 personnes, presqu'autant d'entretiens téléphoniques et un certain nombre d'entretiens de groupes, la Minusma "est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma", dit le résumé du rapport.

La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma; 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, dit le document.

- "Guerre informationnelle" -

Le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire", dit le texte. Les experts de l'ONU n'ont trouvé sur place aucun élément attestant la présence d'armes ou de motos, moyen de déplacement privilégié des jihadistes, dit le texte sans expliquer l'apparente contradiction avec le fait que des membres présumés de la Katiba Serma étaient armés.

Cette frappe "soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution", selon le document.

La Minusma recommande aux autorités maliennes et françaises de diligenter "une enquête indépendante, crédible et transparente". Elle préconise d'examiner les processus préalables aux frappes, voire de les modifier.

Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

La France engage environ 5.100 hommes au Sahel au sein de la force Barkhane. Elle a déjà en butte par le passé à des soupçons de bavure.

La frappe de Bounti, dans une région de forêts clairsemées et de brousses surplombées d'un massif rocheux où sont implantés des éléments du Jnim mais où opèrent aussi d'autres groupes liés pour leur part à l'organisation Etat islamique (EI), s'inscrivait dans le cadre d'"Eclipse", une opération antijihadiste menée principalement dans le centre du Mali, mais également au Burkina Faso et au Niger voisins par Barkhane et ses partenaires locaux.

La ministre française des Armées Florence Parly avait assuré que les affirmations sur une bavure française relevait d'une "guerre informationnelle". Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France.

sd-lal/ayv/

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MAR 30

Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU #

3/30/2021, 1:56 PM
Bamako, MLI

Une enquête des Nations unies conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, et pas seulement des jihadistes, selon un rapport consulté mardi par l'AFP, conttesté par Paris.

Le rapport de la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) constitue la plus sérieuse mise en cause d'une opération de la force antijihadiste Barkhane par les Nations unies depuis le début de l'engagement français au Sahel en 2013.

Le ministère français des Armée a à nouveau réfuté mercredi toute bavure. Il "maintient avec constance et réaffirme avec force" que "le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" près de Bounti (centre) et "émet de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" et "ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises".

Le document de l'ONU, rédigé à partir des investigations de la Division des droits de l'Homme de la Minusma appuyée par la police scientifique des Nations unies, indique que c'est bien un groupe d'hommes réunis par un mariage près de la localité de Bounti qui a été atteint par une frappe aérienne de Barkhane le 3 janvier dans le centre du pays en guerre.

Les autorités françaises ont toujours assuré qu'il n'y avait pas de mariage, que le renseignement avait "formellement" établi avoir affaire à un des nombreux rassemblements de jihadistes dans la région et que l'intervention d'une patrouille d'avions français lâchant trois bombes avait "neutralisé" une trentaine de jihadistes.

Les éléments disponibles "permettent d'exclure la possibilité d'un dommage collatéral", avait déjà fait savoir en janvier l'état-major français dans un communiqué.

Au terme de l'enquête, d'entretiens directs avec au moins 115 personnes, presqu'autant d'entretiens téléphoniques et un certain nombre d'entretiens de groupes, la Minusma "est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma", dit le résumé du rapport.

La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma; 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, dit le document.

- "Guerre informationnelle" -

Le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire", dit le texte. Les experts de l'ONU n'ont trouvé sur place aucun élément attestant la présence d'armes ou de motos, moyen de déplacement privilégié des jihadistes, dit le texte sans expliquer l'apparente contradiction avec le fait que des membres présumés de la Katiba Serma étaient armés.

Cette frappe "soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution", selon le document.

La Minusma recommande aux autorités maliennes et françaises de diligenter "une enquête indépendante, crédible et transparente". Elle préconise d'examiner les processus préalables aux frappes, voire de les modifier.

Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

La France engage environ 5.100 hommes au Sahel au sein de la force Barkhane. Elle a déjà en butte par le passé à des soupçons de bavure.

La frappe de Bounti, dans une région de forêts clairsemées et de brousses surplombées d'un massif rocheux où sont implantés des éléments du Jnim mais où opèrent aussi d'autres groupes liés pour leur part à l'organisation Etat islamique (EI), s'inscrivait dans le cadre d'"Eclipse", une opération antijihadiste menée principalement dans le centre du Mali, mais également au Burkina Faso et au Niger voisins par Barkhane et ses partenaires locaux.

La ministre française des Armées Florence Parly avait assuré que les affirmations sur une bavure française relevait d'une "guerre informationnelle". Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France.

sd-lal/ayv/

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MAR 30

Mali: une frappe française a tué 19 civils, selon une enquête de l'ONU #

3/30/2021, 12:57 PM
Bamako, MLI

Une enquête des Nations unies conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, et non pas seulement des jihadistes, comme l'a soutenu Paris jusqu'alors, selon un rapport consulté par l'AFP.

Au terme de l'enquête menée par la Division des droits de l'Homme de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), appuyée par la police scientifique des Nations unies, sur les évènements survenus le 3 janvier près de Bounti (centre), la Minusma "est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma", assure le résumé du rapport, consulté par l'AFP.

La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma - 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, affirme le document.

Le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire", dit la Minusma.

La Minusma "recommande" aux autorités maliennes et françaises de diligenter "une enquête indépendante, crédible et transparente". Elle préconise d'examiner les processus préalables aux frappes, voire de les modifier. Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

sd-lal/jhd

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MAR 30

Mali: une frappe française a tué 19 civils, selon une enquête de l'ONU #

3/30/2021, 12:46 PM

Une enquête des Nations unies conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, et non pas seulement des jihadistes, comme l'a soutenu Paris jusqu'alors, selon un rapport consulté par l'AFP.

Au terme de l'enquête menée par la Division des droits de l'Homme de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), appuyée par la police scientifique des Nations unies, sur les évènements survenus le 3 janvier près de Bounti (centre), la Minusma "est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma", assure le résumé du rapport, consulté par l'AFP.

sd-lal/jhd

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