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La Suisse vote sur l'initiative anti-burqa #

3/7/2021, 3:00 AM
Genève, CHE

Les Suisses doivent décider ce dimanche d'adopter ou non l'interdiction de se dissimuler le visage, une mesure qui vise les rares femmes qui portent le niqab dans le pays alpin.

Les sondages donnent une courte majorité à cette intitiative, qui vient après des années de débat.

Si le oui devait l'emporter, la Suisse rejoindrait la France, l'Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark en bannissant le voile intégral.

Si le texte n'évoque ni la burqa - une sorte de longue pièce de tissu qui couvre les femmes de la tête aux pieds et munie d'une fente grillagée à hauteur des yeux - ni le niqab, qui couvre entièrement le corps et le visage à l'exception des yeux, tout le monde comprend qui est visé.

Les slogans sur les affiches de campagne ôtent tout doute: "Stopper l'islamisme radical ou "Stopper l'extrémisme", et montrent des femmes en niqab.

Les affiches des opposants au oui exhortent, eux, à voter "non à une loi +anti-burqa+ islamophobe, absurde et inutile".

Si le oui devait l'emporter, il sera alors interdit de se couvrir complètement le visage en public, mais des exceptions sont prévues pour les lieux de culte par exemple.

"En plus d'être inutile, ce texte est raciste et sexiste. Nous pensons qu'en 2021, en tant que féministes, il n'est pas acceptable que la Constitution suisse ait un article qui prescrive ou interdise une tenue aux femmes quelle qu'elle soit", a déclaré à l'AFP Ines El Shikh, porte-parole du collectif de féministes musulmanes "Les foulards violets".

Pour Mme El Shikh, le projet de loi crée l'illusion d'un problème là où il n'y en a pas et concerne quelques dizaines de femmes seulement.

"La cible de l'initiative, ce ne sont pas les musulmans, nous ne remettons pas en cause leurs pratiques religieuses", affirme à l'AFP Jean-Luc Addor, le porte-parole du oui et membre du parti de la droite populiste UDC. Pour lui, il s'agit de défendre "les valeurs de notre civilisation".

Le camp du oui reste en tête mais son avance initialement confortable dans les sondages a fondu depuis janvier.

Le gouvernement fédéral et le parlement s'opposent à cette mesure en arguant que l'initiative s'attaque à un problème qui n'existe pas.

Leur contre-proposition - qui serait immédiatement adoptée en cas d'échec du oui - obligerait les gens à montrer leur visage à partir du moment où les autorités l'exigent à fin d'identification, aux frontières par exemple.

Des amendes allant jusqu'à 10.000 francs suisses (un peu plus de 9.000 euros) peuvent être infligées aux contrevenants.

La très grande majorité des femmes qui portent le niqab sont des touristes. Il n'était pas rare avant la pandémie de coronavirus de les apercevoir dans les boutiques de luxe du centre de Genève en train d'y faire des emplettes.

La population doit par ailleurs se prononcer sur deux autres sujets dont, pour la première fois, un accord commercial, en l'occurrence avec l'Indonésie.

Le plus grand pays musulman du monde est un immense marché très prometteur, mais c'est l'huile de palme - à la réputation écologique sulfureuse - qui focalise le débat.

Signé en 2018 et approuvé par le parlement suisse en 2019, cet accord prévoit l'abolition des droits de douanes sur une grande partie des produits échangés avec l'Indonésie ainsi qu'un ensemble de règles régissant les échanges de services, la propriété intellectuelle et les investissements.

Les opposants fustigent la déforestation, les violations des droits humains et de l'environnement mais aussi les critères de certification de l'huile de palme eux-mêmes, que contient l'accord.

Un sondage en février donnait un net avantage à l'adoption du texte (à 52% contre 42%).

Le dernier référendum porte sur l'adoption d'une identité électronique approuvée par l'Etat fédéral qui permettrait de faciliter et sécuriser de nombreuses démarches en ligne. Elle serait octroyée sur une base volontaire auprès d'une entreprise agréée par l'Etat fédéal.

Et c'est là que le bât blesse pour les opposants qui s'inquiètent de livrer à des entreprises privées l'accès à des informations sensibles.

Les résultats sont attendus dans l'après-midi, les bureaux de vote fermant tous à 11H00 GMT.

La grande majorité des Suisses votent à l'avance.

rjm-bur/vog/ybl

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MAR 4

Suisse: l'huile de palme au coeur d'un vote sur traité commercial avec l'Indonésie #

3/4/2021, 8:22 AM
Zurich, CHE

Les Suisses voteront dimanche sur un classique accord de libre-échange avec l'Indonésie, un immense marché très prometteur, mais c'est l'huile de palme -à la réputation écologique sulfureuse- qui focalise le débat.

Signé en 2018 et approuvé par le parlement suisse en 2019, cet accord prévoit l'abolition des droits de douanes sur une grande partie des produits échangés avec l'Indonésie ainsi qu'un ensemble de règles régissant les échanges de services, la propriété intellectuelle et les investissements.

Des exceptions sont cependant prévues pour les produits agricoles, notamment afin de protéger la production d'huile de tournesol et de colza en Suisse.

Pour l'huile de palme en particulier, les droits de douanes ne seront pas supprimés mais réduits d'environ 20% à 40%. Ces réductions ne seront accordées que sur un volume limité à 12.500 tonnes par an. Pour en bénéficier, les importateurs devront apporter la preuve que l'huile de palme a été produite de manière durable.

L'objectif de cet accord est de renforcer les liens avec l'Indonésie qui n'est actuellement pour la Suisse que son 44ème partenaire économique au niveau mondial, et seulement son 16ème marché d'exportations en Asie. En 2020, les exportations suisses vers l'Indonésie se limitaient à 498 millions de francs suisses (450 millions d'euros), selon les douanes.

"C'est la première fois que le peuple sera appelé à se prononcer sur un accord de commerce", a expliqué Guy Parmelin, le président de la Confédération, lors d'une conférence de presse où il présentait les enjeux du vote.

La Suisse s'appuie déjà sur une trentaine d'accords de ce type qui habituellement ne soulèvent pas d'objections, a-t-il rappelé, voyant toutefois dans ce référendum une opportunité de répondre à des "préoccupations légitimes" mais aussi de "dé-diaboliser le libre-échange".

Ce type de traité est d'importance "primordiale" pour une économie fortement exportatrice comme la Suisse, qui ne dispose ni d'importantes ressources naturelles, ni d'un grand marché intérieur et réalise près de la moitié de son revenu national à l'étranger.

Faute d'accord, les entreprises suisses se trouveraient désavantagées, a-t-il insisté, rappelant que l'Union Européenne est elle aussi en train de négocier un accord avec l'Indonésie.

Quatrième pays le plus peuplé du monde, l'Indonésie est une économie en pleine croissance avec une classe moyenne de plus en plus aisée, qui présente un potentiel "considérable" pour les entreprises suisses.

Le gouvernement a recommandé de voter oui, mettant en avant les importantes restrictions mises en place pour garantir la durabilité de l'huile de palme importée d'Indonésie.

"L'huile de palme est un produit emblématique du libre-échange", estime de son côté Willy Cretegny, le vigneron bio à l'origine du référendum, lors d'un entretien avec l'AFP, fustigeant la déforestation, les violations des droits humains et de l'environnement mais aussi les critères de certification de l'huile de palme eux-même.

"Le problème numéro un du libre-échange, c'est que c'est un outil d'incitation à la consommation, voire à la surconsommation, qui nous permet d'avoir de plus en plus de produits à bas prix qu'on répare pas", a-t-il ajouté, mettant en cause les "aberrations" d'une monoculture tournée vers l'exportation au détriment de l'agriculture vivrière pour les populations locales.

"On met des terres en jachère d'un côté en Suisse, et on déforeste ailleurs. Cela n'a pas de sens", a jugé cet exploitant qui fédéré autour de lui un comité rassemblant notamment les verts, les jeunes socialistes mais aussi des syndicats et organisations agricoles.

Si les électeurs étaient partagés au début de la campagne, 52% des personnes interrogées pensaient voter en faveur de ce traité selon les derniers sondages publiés le 24 février par le groupe de presse Tamedia. 42% pensaient voter contre, pour 6% d'indécis.

noo/vog/nth

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MAR 4

Les Suisses se prononcent dimanche sur l'initiative anti-burqa #

3/4/2021, 5:45 AM

Les Suisses doivent voter dimanche sur l'interdiction de se dissimuler le visage en public, une initiative qui vise directement les femmes musulmanes portant le niqab, même si elles sont très rares dans le pays alpin.

Les sondages donnent une courte victoire à l'initiative dite "anti-burqa" après des années de débats et l'adoption de mesures similaires dans d'autres pays européens.

Si le texte n'évoque ni burqa -une sorte de longue étole qui couvre les femmes de la tête aux pieds et munie d'une fente grillagée à hauteur des yeux- ni le niqab, qui couvre entièrement le corps et le visage à l'exception des yeux, il est clair pour tout le monde qui est visé.

Pour ceux qui n'auraient pas compris, les posters de campagne "Stopper l'islamisme radical ou "Stopper l'extrémisme" figurent des femmes en niqab.

Les posters des opposants au oui, exhortent à voter "non à une loi 'anti-burqa' islamophobe, absurde et inutile".

Si le oui devait l'emporter, il sera alors interdit de se couvrir complètement le visage en public, mais des exceptions sont prévues pour les lieux de culte par exemple.

"La cible de l'initiative, ce ne sont pas les musulmans, nous ne remettons pas en cause leurs pratiques religieuses", affirme à l'AFP Jean-Luc Addor, le porte-parole du oui et membre du parti de la droite populiste UDC. Pour lui il s'agit de défendre "les valeurs de notre civilisation".

Il reconnaît qu'il n'y a que très peu de femmes qui portent ce genre d'habits en Suisse. Mais, explique M. Addor: "Quand on identifie un problème, qu'un problème existe, on le traite avant qu'il ne devienne hors de contrôle".

De nombreuses organisations féministes s'opposent à l'interdiction.

"En plus d'être inutile, ce texte est raciste et sexiste, nous pensons qu'en 2021, en tant que féministes, il n'est pas acceptable que la Constitution suisse ait un article qui prescrive ou interdise une tenue aux femmes quelle qu'elle soit", a déclaré à l'AFP, Ines El Shikh, porte-parole du collectif de féministes musulmanes "Les foulards violets". Pour Mme El Shikh, le projet de loi crée l'illusion d'un problème là où il n'y en a pas et concerne quelques dizaines de femmes seulement.

Le camp du oui reste en tête mais son avance initialement confortable dans les sondages a fondu depuis janvier.

Le gouvernement fédéral et le parlement s'opposent à cette mesure en arguant que l'initiative s'attaque à un problème qui n'existe pas.

Leur contre-proposition-qui serait immédiatement adoptée en cas d'échec du oui - obligerait les gens à montrer leur visage à partir du moment où les autorités l'exigent à fin d'identification, aux frontières par exemple.

Des amendes allant jusqu'à 10.000 francs suisses (un peu plus de 9.000 euros) peuvent être infligées aux contrevenants.

La ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter, a souligné que la très grande majorité des femmes qui portent le niqab sont des touristes. Il n'était pas rare avant la pandémie de coronavirus de les apercevoir dans les boutiques de luxe du centre de Genève en train d'y faire des emplettes.

Des libéraux et des politiciens de gauche se sont joints à l'initiative de l'UDC au nom de la protection des droits des femmes.

En Suisse, il suffit de 100.000 signatures en faveur d'une proposition pour que les citoyens se prononcent dessus, à l'occasion de ces scrutins qui se déroulent plusieurs fois par an. Une démocratie directe qui fait la fierté de ce pays opulent aux 8,6 millions d'habitants. Pour que le oui l'emporte, il lui faudra la majorité des voix et qu'il l'emporte dans la majorité des 26 cantons.

Selon les chiffres de l'Office des statistiques de 2019, environ 5,5% de la population suisse est musulmane, essentiellement avec des racines en ex-Yougoslavie, d'où cette tradition vestimentaire est absente.

En 2009, les Suisses avaient voté l'interdiction de la construction de minarets sur les mosquées, provoquant la colère dans les pays musulmans et l'approbation des partis nationalistes européens.

Deux cantons ont déjà instauré une interdiction de se couvrir le visage.

rjm-bur/vog/plh

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