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Kenya: le président élu Ruto promet un gouvernement "transparent" qui "rend des comptes" #

Le président élu du Kenya William Ruto a promis mercredi, deux jours après avoir été déclaré vainqueur de l'élection du 9 août, que son futur gouvernement s'empresserait de répondre "aux énormes attentes" des Kényans et rendrait des comptes.

"Nous allons d'ici peu prendre des mesures pour diriger un gouvernement transparent, démocratique, et qui "rend des comptes", s'est engagé William Ruto, élu au terme d'un des scrutins les plus serrés depuis l'indépendance en 1963.

Il s'exprimait à Nairobi à l'issue d'une réunion avec les membres de sa coalition, Kenya Kwanza.

Pour l'instant, seuls les comités parlementaires peuvent demander aux ministres de s'expliquer, via un processus que certains jugent opaque.

"Les attentes des Kényans sont énormes et par conséquent nous n'avons pas le luxe de perdre du temps", a-t-il poursuivi, deux jours après sa victoire annoncée à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, figure de l'opposition soutenue par le président sortant, et qui a rejeté mardi ces résultats.

Selon M. Ruto, les Kényans ont envoyé "un message très clair aux dirigeants: ils veulent que nous fassions avancer le pays", touché par une flambée des prix des denrées alimentaires et de l'essence liée à la pandémie et amplifiée par la guerre en Ukraine.

William Ruto a par ailleurs promis mercredi de veiller à ce que les fonctionnaires servent "tous les Kényans de manière égale", indépendamment de leur "tribu" ou de leurs "affiliations politiques".

"Nous nous assurerons qu'aucune partie du Kenya ne sera laissée pour compte, (...) qu'aucune communauté du Kenya ne sera laissée de côté. Nous allons avancer ensemble, en tant que nation parce que les Kényans sont déjà en train de nous dire que nous avons besoin de changement", a-t-il poursuivi.

Au Kenya, qui compte officiellement 46 ethnies et où l'appartenance communautaire est traditionnellement importante sur l'échiquier politique, "il n'y aura pas de place pour l'exclusion", a-t-il insisté.

Dans ce pays, qui fait figure d'îlot de stabilité démocratique dans la région est-africaine, les résultats des élections ont tous été contestés depuis 2002, en justice ou dans la rue.

En 2017, des dizaines de personnes sont mortes, lors de manifestations réprimées par la police. Dix ans plus tôt, le contentieux post-électoral avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes.

Raila Odinga, cinq fois candidats malheureux à la présidentielle, a déjà contesté les résultats en justice en 2013 et 2017. Mardi, il a indiqué qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

Comme le camp Odinga, le camp Ruto affirme avoir remporté la majorité des sièges au Parlement. Les résultats donnent pour l'instant les deux coalitions au coude à coude mais le vote a notamment été repoussé dans quatre circonscriptions.

ho/al/md/cl

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AUG 16

Kenya: le perdant Raila Odinga rejette les résultats de la présidentielle #

8/16/2022, 3:53 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a rejeté mardi les résultats de l'élection présidentielle du 9 août donnant son rival William Ruto vainqueur, les qualifiant de "parodie" et promettant de poursuivre toutes les options légales à sa disposition.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme en dépit d'une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré lundi soir vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

Les yeux du pays étaient désormais tournés vers cette figure de l'opposition, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et restait invisible et muet depuis lundi.

Depuis son quartier général, Odinga, coiffé d'un large chapeau bleu au couleur de sa coalition, a fermement rejeté ces résultats, parmi les plus serrés de l'histoire du pays (quelques 233.000 voix d'écart).

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution", a-t-il déclaré, appelant ses partisans au calme et assurant qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

"Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il ajouté, sans aller jusqu'à promettre un recours devant la Cour suprême.

Odinga est cependant familier de ces recours, qu'il a déposés en 2013 puis 2017. Cette dernière année, la Cour suprême avait invalidé la présidentielle en raison d'"irrégularités", une première en Afrique.

En 2007, une élection elle aussi très serrée, Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

Ruto, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a été déclaré lundi cinquième président du Kenya depuis l'indépendance en 1963. Il est le deuxième président de sa communauté, les Kalenjin, à accéder à ce poste.

Le riche homme d'affaires de 55 ans a immédiatement assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

L'annonce des résultats a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées dans des bastions d'Odinga, dont des quartiers populaires de Nairobi et Kisumu (ouest) où le calme était revenu mardi.

"La parole de Raila est loi dans cette partie du pays", assure Abel Tom, homme d'affaire de 48 ans qui veut croire qu'"il n'y aura plus de violence dans la ville de Kisumu. Les gens s'inspireront de la déclaration du Premier ministre" Raila Odinga.

Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote, suscitant l'impatience de la population.

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.

De son côté, Raila Odinga, qui s'était notamment engagé à lutter contre la corruption, avait reçu l'appui précieux du président sortant Uhuru Kenyatta et du parti au pouvoir.

"Il avait globalement tout le soutien dont il avait besoin pour arracher la victoire, excepté la majorité des gens", a décrypté pour l'AFP Zaynab Mohamed, une analyste politique pour Oxford Economics.

Le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré mardi que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.

Mardi après-midi, le président du Conseil européen, Charles Michel a félicité dans un tweet le président-élu Ruto, et exhorté "en cas de contestation éventuelle à utiliser les mécanismes de règlement des litiges existants".

La Commission électorale, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, est cette année encore soumise à une intense pression.

Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats lundi, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant dans un coup de théâtre un processus au "caractère opaque".

Mardi, ils ont détaillé devant la presse leurs arguments, dénonçant notamment un total de pourcentages atteignant 100,01%, un chiffre qualifié par eux d'"absurdité mathématique".

Des analystes, dont Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya, ont cependant souligné que cet écart pourrait s'expliquer par le fait d'arrondir les pourcentages.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a déclaré ce dernier sur Twitter.

Si elle est saisie dans la semaine à venir, la Cour suprême aura 14 jours pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines.

md-al-bur/cl

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AUG 16

Kenya: le perdant Raila Odinga rejette les résultats de la présidentielle #

8/16/2022, 2:19 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a rejeté mardi les résultats de l'élection présidentielle du 9 août donnant son rival William Ruto vainqueur, les qualifiant de "parodie" et promettant de poursuivre toutes les options légales à sa disposition.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme en dépit d'une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré lundi soir vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

Les yeux du pays étaient désormais tournés vers ce vétéran de l'opposition aujourd'hui soutenu par le régime, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et restait invisible et muet depuis lundi.

Depuis son quartier général, Raila Odinga, coiffé d'un large chapeau bleu - couleur de sa coalition -, a fermement rejeté ces résultats, parmi les plus serrés de l'histoire du pays (quelques 233.000 voix d'écart).

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution", a-t-il déclaré, appelant ses partisans au calme et assurant qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles.

"Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il ajouté, sans aller jusqu'à promettre un recours devant la Cour suprême.

Odinga est cependant familier de ces recours, qu'il a déposés en 2013 puis 2017. Cette dernière année, la Cour suprême avait invalidé la présidentielle en raison d'"irrégularités", une première en Afrique.

En 2007, une élection elle aussi très serrée, Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

Ruto, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a été déclaré lundi cinquième président du Kenya depuis l'indépendance en 1963. Il est le deuxième président de sa communauté, les Kalenjin, à accéder à ce poste.

Le riche homme d'affaires de 55 ans a immédiatement assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

L'annonce des résultats a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées dans des bastions d'Odinga, dont des quartiers populaires de Nairobi et Kisumu (ouest). Le calme y était revenu mardi matin.

Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote il y a une semaine, suscitant l'impatience de la population.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", estimait Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi.

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.

De son côté, Raila Odinga, qui s'était notamment engagé à réformer le pays et lutter contre la corruption, avait reçu l'appui précieux du président sortant Uhuru Kenyatta et du parti au pouvoir.

"Il avait globalement tout le soutien dont il avait besoin pour arracher la victoire, excepté la majorité des gens", a décrypté pour l'AFP Zaynab Mohamed, une analyste politique pour Oxford Economics.

Le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré mardi que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.

La Commission électorale, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, est cette année encore soumise à une intense pression.

Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats lundi, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant dans un coup de théâtre un processus au "caractère opaque".

Mardi, venus détailler devant la presse leurs arguments, ces quatre "rebelles" ont notamment dénoncé un total de pourcentages atteignant 100,01%, un chiffre qualifié par eux d'"absurdité mathématique".

Des analystes, dont Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya, ont cependant souligné que cet écart pourrait s'expliquer par le fait d'arrondir les pourcentages.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a déclaré ce dernier sur Twitter.

Si elle est saisie dans la semaine à venir, la Cour suprême aura 14 jours pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines.

md-bur/al/cl

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AUG 16

Kenya/présidentielle: Raila Odinga rejette les résultats, une "parodie" #

8/16/2022, 1:29 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a rejeté mardi les résultats de la présidentielle du 9 août au Kenya, annoncés la veille et qui donnent vainqueur sur le fil son rival William Ruto, les qualifiant de "parodie".

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution", a affirmé M. Odinga, vétéran de la politique kényane soutenu par le pouvoir sortant, qui a perdu face à M. Ruto d'environ 230.000 voix.

Le vice-président sortant William Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga.

Raila Odinga, 77 ans, se présentait cette année pour la cinquième fois. En 2013 et 2017, il avait contesté les résultats devant la Cour Suprême, qui avait cette dernière année invalidé le scrutin.

"Nous poursuivrons toutes les options légales et constitutionnelles à notre disposition. Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il déclaré lors de sa première allocution depuis l'annonce de sa défaite.

"Hier, notre démocratie naissante a essuyé un revers majeur" et "le Kenya fait face à une crise politique et légale profonde", a-t-il poursuivi, dénonçant le rôle joué selon lui par la Commission électorale indépendante (IEBC), marquée par des divisions internes.

"Nous sommes conscients des préjugés politiques passés de l'IEBC qui ont plongé ce pays dans son chapitre le plus sombre", a-t-il ajouté, évoquant les "souvenirs horribles des conséquences des élections de 2007 encore fraîches dans les mémoires".

Cette année-là, Raila Odinga avait contesté les résultats. La crise post-électorale qui avait suivi avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes, soit les pires violences depuis l'indépendance du pays en 1963.

al/md/cl

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AUG 16

Kenya/présidentielle: Odinga poursuivra "toutes les options légales" après l'annonce de sa défaite #

Raila Odinga, perdant de la présidentielle du 9 août au Kenya, a affirmé mardi qu'il poursuivrait "toutes les options légales" possibles pour contester les résultats qui ont donné son rival William Ruto vainqueur sur le fil.

"Nous poursuivrons toutes les options légales et constitutionnelles à notre disposition. Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections", a-t-il déclaré, dans sa première allocution depuis l'annonce la veille des résultats.

al/md/jhd

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AUG 16

Kenya: Raila Odinga qualifie de "parodie" le résultat de la présidentielle donnant William Ruto vainqueur #

8/16/2022, 12:58 PM
Nairobi, KEN

Raila Odinga a qualifié mardi de "parodie" le résultat de la présidentielle annoncé la veille au Kenya par le chef de la Commission électorale et donnant son rival William Ruto vainqueur.

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la constitution", a affirmé M. Odinga, vétéran de la politique kényane soutenu par le pouvoir sortant, qui a perdu face à M. Ruto d'environ 230.000 voix lors de l'élection du 9 août.

al/md/jhd

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AUG 16

Kenya: percée historique des femmes lors des élections du 9 août #

8/16/2022, 12:01 PM
Nairobi, KEN

Les Kényanes ont réalisé une percée historique lors des élections du 9 août, décrochant notamment 26 sièges de députées synonymes d'un pas supplémentaire vers la parité.

La campagne avait déjà été atypique avec un nombre record de candidates, dont trois figurant comme colistières des quatre prétendants à la présidence.

Mardi dernier, 22,1 millions d'électeurs devaient choisir leur nouveau président, ainsi que 290 députés, 47 sénateurs, 47 gouverneurs de comté et 1.450 membres des assemblées de comtés.

Parmi les 16.100 candidats, les Kényans ont élu 26 députées, contre 23 en 2017, sept gouverneures, contre trois en 2017, et trois sénatrices.

Les femmes ont remporté la victoire dans les comtés politiquement influents de Kirinyaga et Machakos ainsi que Meru, où l'ancienne représentante des femmes Kawira Mwangaza s'est présentée en tant qu'indépendante et a battu ses concurrents masculins.

Dans la ville de Nakuru, dans la vallée du Rift, les femmes ont décroché huit postes dont un de gouverneure et de sénatrice.

"A présent, asseyez-vous et regardez ce que les femmes peuvent faire quand elles sont en fonction", a déclaré Tabitha Karanja, femme d'affaires à la tête la deuxième plus grande brasserie du Kenya (Keroche Breweries Ltd) et fraîchement élue sénatrice sous l'étiquette de l'United Democratic Alliance(UDA) de William Ruto.

Depuis l'élection de la première femme au Parlement en 1969, le paysage politique au Kenya est resté majoritairement masculin et l'application de la parité parcellaire.

La Constitution de 2010 requiert un équilibre de deux tiers/un tiers entre les hommes et les femmes au Parlement. Mais les deux chambres, dominées par des hommes, n'ont jamais voté de loi en ce sens, malgré des recours en justice pour leur forcer la main.

Le nombre de femmes élues avait déjà progressé en 2017, pour atteindre environ 20% de l'Assemblée nationale. Le Kenya reste toutefois loin de certains de ses voisins, comme le Rwanda, en terme de parité.

Le parcours politique des Kényanes est souvent semé d'embuches et celui des candidates de 2022 n'a pas fait exception.

La campagne "a été entachée de violences visant les femmes" malgré les avertissements et les promesses du gouvernement de s'attaquer au problème, selon la Fédération internationale des droits de l'homme et l'ONG Commission des droits de l'homme du Kenya.

Toutefois "l'émergence de plus de candidatures de femmes confirme que ces tactiques primitives ne fonctionnent plus aussi bien que dans le passé", notait dans son éditorial du 5 août l'influent quotidien kényan Daily Nation.

str-al/jhd

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AUG 16

Kenya: percée historique des femmes lors des élections du 9 août #

8/16/2022, 12:01 PM
Nairobi, KEN

Les Kényanes ont réalisé une percée historique lors des élections du 9 août, décrochant notamment 26 sièges de députées synonymes d'un pas supplémentaire vers la parité.

La campagne avait déjà été atypique avec un nombre record de candidates, dont trois figurant comme colistières des quatre prétendants à la présidence.

Mardi dernier, 22,1 millions d'électeurs devaient choisir leur nouveau président, ainsi que 290 députés, 47 sénateurs, 47 gouverneurs de comté et 1.450 membres des assemblées de comtés.

Parmi les 16.100 candidats, les Kényans ont élu 26 députées, contre 23 en 2017, sept gouverneures, contre trois en 2017, et trois sénatrices.

Les femmes ont remporté la victoire dans les comtés politiquement influents de Kirinyaga et Machakos ainsi que Meru, où l'ancienne représentante des femmes Kawira Mwangaza s'est présentée en tant qu'indépendante et a battu ses concurrents masculins.

Dans la ville de Nakuru, dans la vallée du Rift, les femmes ont décroché huit postes dont un de gouverneure et de sénatrice.

"A présent, asseyez-vous et regardez ce que les femmes peuvent faire quand elles sont en fonction", a déclaré Tabitha Karanja, femme d'affaires à la tête la deuxième plus grande brasserie du Kenya (Keroche Breweries Ltd) et fraîchement élue sénatrice sous l'étiquette de l'United Democratic Alliance(UDA) de William Ruto.

Depuis l'élection de la première femme au Parlement en 1969, le paysage politique au Kenya est resté majoritairement masculin et l'application de la parité parcellaire.

La Constitution de 2010 requiert un équilibre de deux tiers/un tiers entre les hommes et les femmes au Parlement. Mais les deux chambres, dominées par des hommes, n'ont jamais voté de loi en ce sens, malgré des recours en justice pour leur forcer la main.

Le nombre de femmes élues avait déjà progressé en 2017, pour atteindre environ 20% de l'Assemblée nationale. Le Kenya reste toutefois loin de certains de ses voisins, comme le Rwanda, en terme de parité.

Le parcours politique des Kényanes est souvent semé d'embuches et celui des candidates de 2022 n'a pas fait exception.

La campagne "a été entachée de violences visant les femmes" malgré les avertissements et les promesses du gouvernement de s'attaquer au problème, selon la Fédération internationale des droits de l'homme et l'ONG Commission des droits de l'homme du Kenya.

Toutefois "l'émergence de plus de candidatures de femmes confirme que ces tactiques primitives ne fonctionnent plus aussi bien que dans le passé", notait dans son éditorial du 5 août l'influent quotidien kényan Daily Nation.

str-al/jhd

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AUG 16

Pouvoir d'achat, dette, corruption: les défis du nouveau président kényan #

De la lutte contre la vie chère à celle contre la corruption endémique, nombreux sont les défis qui attendent le nouveau président élu du Kenya, William Ruto, pour maintenir le cap de cette dynamique économie d'Afrique de l'Est.

La problématique de la vie chère s'est imposée durant la campagne.

Des centaines de manifestants déjà durement touchés par les retombées économiques du Covid-19 ont menacé début juillet de bouder les urnes le 9 août si les prix de l'essence et des denrées alimentaires ne baissaient pas.

Le gouvernement a évoqué le 20 juillet une subvention pour réduire le prix de la farine de maïs, qui sert à préparer le plat de base dans le pays, l'ugali.

Mais la promesse est restée lettre morte. Ces coups de pouce sont de plus temporaires, "populistes" et "simplistes" au moment où l'inflation grimpe à des niveaux inédits depuis cinq ans pour atteindre 8,3% en juillet, selon Jared Osoro, économiste à l'université de Nairobi.

Les impacts du conflit en Ukraine sont venus assombrir les perspectives de reprise économique.

De 7,5% en 2021, la croissance devrait s'établir à 5,5% en 2022, selon la Banque mondiale qui prévoit par ailleurs une détérioration de la balance commerciale cette année. Le Kenya importe habituellement un cinquième de ses céréales de Russie et 10% d'Ukraine, selon les chiffres officiels.

L'agriculture (plus de 22% du PIB) pâtit aussi de l'envol des prix des engrais et se voit par ailleurs menacée par la sécheresse.

D'ici 2050, la moitié de la population vivra en ville, ce qui entraînera "une myriade de défis" dont l'éducation et l'accès à la santé, note Oxfam. Selon l'ONG, 34% des 17 millions de personnes pauvres au Kenya vivent dans des zones urbaines, pour la plupart dans des logements informels.

Pour accompagner le développement du pays, les gouvernements successifs depuis 2008 poursuivent l'ambitieux programme Vision2030, principalement axé sur les grands projets d'infrastructures.

Conséquence: sous l'ère Uhuru Kenyatta (2013-2022), la dette a plus que quadruplé pour avoisiner 70 milliards de dollars.

La Chine est désormais le deuxième bailleur du Kenya, derrière la Banque mondiale. Pékin a notamment prêté 5 milliards de dollars pour l'emblématique ligne de train reliant Nairobi au port de Mombasa.

Le Fonds monétaire international, qui a prêté l'année dernière 2,34 milliards de dollars au Kenya, a salué en juillet la poursuite du rebond économique et l'augmentation des recettes fiscales.

Mais "le Kenya reste exposé à des risques élevés de surendettement, et c'est pour cela qu'il est important qu'il reste fermement sur la trajectoire fixée pour réduire la vulnérabilité de la dette", commente Mary Goodman, cheffe de la mission du FMI.

Le bilan en la matière a "stagné", selon l'ONG Transparency International qui plaçait le pays 128e sur 180 dans son dernier index mondial de perception de la corruption.

Sous la pression internationale, de bailleurs et d'investisseurs en particulier, il y a eu un "renforcement des institutions de contrôle", une médiatisation du phénomène incrusté dans toutes les strates de la société et "un assainissement du milieu des affaires", énumère Alexia Van Rij, spécialiste en évaluation des politiques publiques du développement.

La justice s'est par ailleurs penchée sur quelques affaires troubles, dont l'enrichissement du nouveau vice-président élu, Rigathi Gachagua.

Si des dizaines de hauts responsables ont été inculpés depuis 2018, dont l'ex-ministre des Finances Henry Rotich, "aucun gros poisson n'a été pris", relève Alexia Van Rij.

Avec les trois-quarts de la population âgés de moins de 34 ans, la jeunesse est un des atouts du Kenya, mais son insertion dans l'emploi reste un défi.

Ils sont environ 500.000 chaque année à décrocher un diplôme dans le supérieur. Mais la corruption, le népotisme ou l'exigence d'expérience constituent autant d'obstacles à leur entrée dans la vie active.

Selon des chiffres officiels publiés en 2020, 5 millions de jeunes étaient sans emploi.

La jeunesse est une "bombe à retardement démographique, sociale et économique", estime Alex Awiti, chercheur kényan en politique publique.

Une des pistes est selon lui de "créer des emplois à une échelle industrielle" avec des incitations financières, notamment pour développer le secteur privé dans un pays où 80% de la main d'oeuvre se trouve dans l'économie informelle.

Il faut aussi, selon lui, développer l'agriculture et "renforcer les compétences dans le secteur industriel et les opportunités dans le secteur manufacturier".

Fait inédit depuis 2002, le nouveau président élu n'est pas issu de l'influente ethnie kikuyu au solide réseau économique.

William Ruto est kalenjin, comme l'ancien président Daniel arap Moi (1978-2002). Il devra donc bâtir un nouvel équilibre politico-ethnique dans un pays aux 46 ethnies, où l'appartenance communautaire, instrumentalisée depuis les Britanniques, est un pion essentiel de l'échiquier politique.

al/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya attend la réaction d'Odinga, perdant d'une présidentielle serrée #

8/16/2022, 11:17 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya attendait mardi l'allocution de Raila Odinga, silencieux depuis l'annonce la veille de la victoire de son rival William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers ce vétéran de l'opposition désormais soutenu par le régime, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois et est en droit de contester le résultat. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi.

L'ancien prisonnier politique doit tenir une conférence de presse en début d'après-midi.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

"C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait "Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963.

Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

Après des manifestations violentes mais localisées survenues lundi soir dans des bastions d'Odinga, dans des quartiers populaires de Nairobi et dans la grande ville de l'Ouest, fief luo, de Kisumu, le calme était revenu mardi matin.

Mais de nombreux commerces restent fermés et l'économie tourne au ralenti depuis le vote il y a une semaine, suscitant l'impatience de la population.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", estimait Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi.

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, en particulier des produits de base, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait de ce thème son cheval de bataille.

"J'attends du président qu'il améliore l'économie du Kenya, que nous ayons plus d'opportunités en terme d'emplois pour la jeunesse. Tous les jeunes vous dirons que nous peinons à trouver des emplois", a expliqué à l'AFP Judy Kosgei, 31 ans, vendeuse de produits de beauté à Eldoret, fief de Ruto.

Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.

"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.

Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.

Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.

En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, avec plus de 1.100 morts dans des affrontements interethniques.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.

Un coup de théâtre a semé le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".

Mardi, le Groupe d'observation des élections (Elog), association qui scrute depuis 2010 le bon déroulement des votes, a déclaré que ses calculs "concordaient" avec les résultats de l'IEBC, avec 50,7% pour Ruto et 48,7% pour Odinga.

Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.

al-bur/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya se réveille avec un nouveau président élu et des interrogations #

8/16/2022, 8:42 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya se demandait mardi quelle tournure allaient prendre les évènements au lendemain de l'annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

"C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait "Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi, tandis que ses partisans laissaient éclater leur déception après l'annonce.

Des manifestations ont secoué lundi soir plusieurs quartiers populaires de Nairobi, comme Mathare et Kibera, des bastions du vieux leader. Le calme y était revenu mardi matin, mais les rues restaient souvent vides et les boutiques fermées.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", a déclaré Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi, marquée depuis une semaine par une chute drastique de l'activité.

A Kisumu (ouest), autre bastion d'Odinga, la colère a pris la forme de barricades, des magasins ont été pillés et la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. De même, le calme était revenu mardi, vendeurs de rue et motos-taxis reprenant leur activité malgré les décombres jonchant certaines artères.

Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

Ruto avait fait du pouvoir d'achat son cheval de bataille, promettant des emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté.

Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.

"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kenya a félicité "le peuple kényan" pour le déroulé de ces élections où 22,1 millions d'électeurs devaient également choisir leurs parlementaires et leurs élus locaux. L'IEBC doit annoncer les résultats complets de ces scrutins mardi.

Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.

Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.

En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, tuant plus de 1.100 personnes dans des affrontements interethniques.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.

Un coup de théâtre est venu semer le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".

Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait ensuite de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.

al-bur/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya se réveille avec un nouveau président élu et des interrogations #

8/16/2022, 8:42 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya se demandait mardi quelle tournure allaient prendre les évènements au lendemain de l'annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées.

Six jours après l'élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes.

"C'est Ruto!", affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait "Ruto le 5e", le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l'indépendance en 1963.

Tous les yeux sont maintenant tournés vers Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois. "Le mystérieux", comme on le surnomme dans sa communauté luo, est resté invisible et muet lundi, tandis que ses partisans laissaient éclater leur déception après l'annonce.

Des manifestations ont secoué lundi soir plusieurs quartiers populaires de Nairobi, comme Mathare et Kibera, des bastions du vieux leader. Le calme y était revenu mardi matin, mais les rues restaient souvent vides et les boutiques fermées.

"La vie doit reprendre son cours normal. Les politiciens ne devraient pas faire que la vie s'arrête", a déclaré Bernard Isedia, 32 ans, électeur d'Odinga et chauffeur de taxi à Nairobi, marquée depuis une semaine par une chute drastique de l'activité.

A Kisumu (ouest), autre bastion d'Odinga, la colère a pris la forme de barricades, des magasins ont été pillés et la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. De même, le calme était revenu mardi, vendeurs de rue et motos-taxis reprenant leur activité malgré les décombres jonchant certaines artères.

Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a assuré qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques, promettant un pays "transparent, ouvert et démocratique".

La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, la locomotive économique d'Afrique de l'Est étant durement touchée par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

Ruto avait fait du pouvoir d'achat son cheval de bataille, promettant des emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté.

Plusieurs pays voisins, dont l'Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales.

"Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts", a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : "Tuko Pamoja" - "Nous sommes ensemble" en swahili, la langue commune aux deux pays.

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kenya a félicité "le peuple kényan" pour le déroulé de ces élections où 22,1 millions d'électeurs devaient également choisir leurs parlementaires et leurs élus locaux. L'IEBC doit annoncer les résultats complets de ces scrutins mardi.

Le faible écart de voix (environ 233.000) laisse présager une contestation en justice des résultats par Odinga, comme il l'avait fait en 2017.

Sur fond de manifestations et de dizaines de décès liés à la répression policière, la Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité "des irrégularités" constatées sur l'IEBC.

En 2007, une élection elle aussi très serrée (environ 200.000 voix), Odinga avait également refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l'histoire du pays, tuant plus de 1.100 personnes dans des affrontements interethniques.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des projecteurs.

Un coup de théâtre est venu semer le trouble lundi. Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats, quatre de ses sept membres s'en sont désolidarisés, rejetant un processus au "caractère opaque".

Le camp Odinga a sept jours pour déposer un recours devant la Cour suprême, qui disposerait ensuite de deux semaines pour rendre sa décision. Dans le cas contraire, William Ruto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

"Attendez-vous à beaucoup de controverses. Attendez-vous à un recours en justice. Attendez-vous à ce que cela dure et dure" encore, a affirmé sur Twitter Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni) et fin connaisseur du Kenya.

al-bur/md/jhd

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AUG 16

Le Kenya se réveille avec un nouveau président élu et des interrogations #

8/16/2022, 2:00 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya se demandait mardi quelle tournure allaient prendre les évènements au lendemain de l'annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché de violentes manifestations localisées dans certaines régions du pays.

Après six jours d'attente et de calme, malgré l'impatience palpable, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur lundi de l'élection du 9 août avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, Raila Odinga.

Ruto avait fait du pouvoir d'achat son cheval de bataille, promettant des emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté dans un pays éprouvé par les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine et où l'inflation a explosé.

Sitôt les résultats donnés par une Commission électorale indépendante sous haute pression, et agitée par des divisions internes, des partisans de Raila Odinga ont laissé éclater leur déception.

Des manifestations ont secoué plusieurs quartiers populaires de la capitale Nairobi, comme Mathare, Kayole et Kibera. Des pneus ont été enflammés pour bloquer des rues dans ce bidonville fidèle à Odinga, figure de l'opposition à qui le président sortant Uhuru Kenyatta avait apporté son soutien pour cette présidentielle.

A Kisumu (ouest), autre bastion d'Odinga, la colère a pris la forme de barricades et de jets de pierre, des magasins ont été pillés et la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

Le président élu Ruto avait assuré lundi soir qu'il travaillerait avec "tous les leaders" politiques.

Plusieurs pays africains, dont l'Ethiopie et la Somalie voisines, ont félicité Ruto qui doit prendre la tête d'un pays considéré comme un moteur économique et une figure démocratique dans la région, bien que son histoire a été plusieurs fois marquée par des contestations et des violences post-électorales

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kenya a félicité "le peuple kényan d'avoir exercé son droit de vote lors des élections du 9 août" lors desquelles les 22,1 millions d'électeurs inscrits devaient également choisir leurs parlementaires et leurs élus locaux. L'IEBC doit annoncer le résultat de ces élections mardi.

L'ambassade des Etats-Unis a par ailleurs appelé "toutes les parties à travailler ensemble pour résoudre pacifiquement" l'issue de ces élections, et "demandé aux dirigeants des partis politiques de continuer d'exhorter leurs partisans à (... ) s'abstenir de toute violence pendant le processus électoral".

Raila Odinga ne s'est pas exprimé lundi soir. Mais le filet de voix (environ 233.000) qui le sépare de William Ruto laisse présager une contestation en justice des résultats, comme il l'a déjà fait en 2007 - la crise post-électorale avait provoqué des affrontements inter-ethniques et la mort de 1.100 personnes - , et en 2017. La Cour suprême avait alors invalidé la présidentielle, faisant peser la responsabilité de ce scrutin "ni transparent, ni vérifiable" sur l'IEBC.

La Commission indépendante, bien que saluée par les observateurs internationaux et locaux pour sa gestion le jour du scrutin, se trouve cette année encore sous le feu des critiques.

Un coup de théâtre est venu semer le trouble lundi.

Quelques minutes avant que son président n'annonce les résultats de la présidentielle, quatre de ses sept membres se sont désolidarisés de l'organisme indépendant, expliquant brièvement lors position lors d'une conférence de presse surprise par le "caractère opaque du processus".

Tout recours en justice doit désormais être déposé auprès de la Cour suprême dans les sept jours après l'annonce des résultats.

La plus haute instance judiciaire du pays dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision, et, en cas d'annulation du scrutin, une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours.

Si personne ne saisit la justice, William Auto prendra ses fonctions dans les deux semaines à venir.

al-bur/jnd

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AUG 15

William Ruto élu sur le fil président du Kenya dans une ambiance chaotique #

Le vice-président sortant William Ruto a été déclaré lundi vainqueur de l'élection présidentielle du 9 août, dans une ambiance houleuse marquée par des désaccords au sein de la Commission électorale et l'éruption de violences localisées.

A l'issue d'un scrutin pacifique et d'une interminable attente de six jours, l'ambitieux et riche homme d'affaires de 55 ans, parti de rien, a été déclaré vainqueur.

Le vice-président sortant qui faisait figure de challenger a cumulé 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, l'ancien opposant historique Raila Odinga soutenu par le pouvoir, selon le président de la Commission électorale (IEBC), de laquelle se sont désolidarisés la majorité de ses membres.

Dans un pays historiquement marqué par les tensions tribales, il est le deuxième membre de l'ethnie kalenjin à devenir chef d'Etat après Daniel arap Moi (1978-2002) depuis l'indépendance en 1963.

Il succède à Uhuru Kenyatta, un Kikuyu, pour être le cinquième président du Kenya au terme d'une des élections les plus serrées de l'histoire de son pays.

"Je travaillerai avec tous les leaders" politiques, dans un pays "transparent, ouvert et démocratique", a immédiatement assuré Ruto dans un discours télévisé.

"il n'y a pas de place pour la vengeance", a-t-il poursuivi, se disant "totalement conscient" que le Kenya "est à un stade où nous avons besoin de tout le monde sur le pont".

A Eldoret, son bastion, une foule de plusieurs milliers de personnes a laissé éclater sa joie, certains allant jusqu'à oublier d'écouter le discours de leur leader, chantant ou prononçant des prières les yeux fixés au ciel, tandis que des motos-taxis faisaient hurler leurs klaxons à travers la ville.

"C'est la victoire de tous les gens qui sont en bas de l'échelle, les boda bodas, les mama mbogas" qui vendent des légumes sur les bords de route, s'est réjoui Winnie Ndalut, professeure de biologie de 35 ans.

En début de soirée, depuis le centre national de comptage de la Commission électorale sous haute surveillance policière, son président Wafula Chebukati a annoncé la victoire de William Ruto avec 7,17 millions de votes contre 6,94 millions pour Odinga. Dans un contexte de pression extrême, le président de l'IEBC a par ailleurs déclaré avoir subi "intimidations et harcèlement".

Quelques minutes avant cette annonce, quatre des sept commissaires de l'IEBC ont tenu une conférence de presse inattendue, dans un hôtel de Nairobi, affirmant qu'ils rejetaient ces résultats. Ils n'ont cependant pas le pouvoir de les annuler.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré la vice-présidente de l'IEBC Juliana Cherera.

Des violences ont éclaté lundi soir dans certains quartiers populaires de la capitale Nairobi, dont Mathare et Kibera, deux bastions d'Odinga.

A Kisumu, un autre de ses bastions, la police a tiré des gaz lacrymogènes face à des manifestants qui jetaient des pierres et érigeaient des barrages avec de grosses pierres. Des magasins ont été pillés.

"Nous avons été dupés", a déclaré Isaac Onyango, 24 ans, dans une rue bouclée par deux grands brasiers et des pierres.

Les résultats de toutes les présidentielles depuis 2002 y ont été contestés. Celle de 2017 avait même été annulée par la Cour Suprême - une première en Afrique -, saisie alors par M. Odinga.

Dix ans plut tôt, la contestation des résultats de la présidentielle, également par M. Odinga, avait conduit à des affrontements interethniques faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Malgré ces épisodes post-électoraux mouvementés, le Kenya est considéré comme un îlot de stabilité dans la région, dont plusieurs dirigeants ont félicité lundi soir la victoire de William Ruto.

L'ambassade des Etats-Unis a quant à elle réservé ses félicitations au peuple kényan et à l'IEBC, demandant aux chefs de partis d'appeler leurs soutiens à s'abstenir de toute violence et d'employer les "mécanismes existants pour la résolution de conflit".

Durant la campagne, MM. Odinga et Ruto, qui se connaissent bien pour avoir été alliés par le passé, ont assuré qu'ils respecteraient les résultats d'élections libres et transparentes, s'engageant à porter leurs éventuels griefs en justice.

Etant donné le faible écart de voix - environ 233.000 - un recours devant la Cour Suprême est fort probable.

Le camp d'Odinga aura sept jours pour le déposer. Le candidat lui-même ne s'est pas exprimé mais sa colistière Martha Karua a déclaré sur Twitter : "Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini".

Avant elle, un membre de leur coalition Azimio la Umoja, Saitabao Kanchory, avait évoqué des "piratages" et des "irrégularités" lors de l'élection qui, selon lui est "peut-être la plus mal gérée de l'histoire de notre pays".

Le scrutin, qui comprenait également les élections législatives et locales, a été marqué par une participation en baisse, à environ 65%, contre 78% en 2017.

Une certaine désillusion envers le politique mais aussi l'actuelle flambée des prix ont dominé la campagne électorale. La pandémie, puis la guerre en Ukraine ont en effet durement touché cette locomotive économique régionale, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très inégalitaire.

Défendant une "économie du bas vers le haut", William Ruto s'est proclamé porte-parole des "débrouillards" face aux dynasties politiques incarnées par Kenyatta et Odinga.

Il devra également avec son vice-président Rigathi Gachagua, comme lui empreint d'une réputation sulfureuse, faire face à l'envolée de la dette et à la corruption endémique.

md-bur-al/cl/jnd/roc

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AUG 15

William Ruto élu sur le fil président du Kenya dans une ambiance chaotique #

Le vice-président sortant William Ruto a été déclaré lundi vainqueur de l'élection présidentielle du 9 août, dans une ambiance houleuse marquée par des désaccords au sein de la Commission électorale et l'éruption de violences localisées.

A l'issue d'un scrutin pacifique et d'une interminable attente de six jours, l'ambitieux et riche homme d'affaires de 55 ans, parti de rien, a été déclaré vainqueur.

Le vice-président sortant qui faisait figure de challenger a cumulé 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, l'ancien opposant historique Raila Odinga soutenu par le pouvoir, selon le président de la Commission électorale (IEBC), de laquelle se sont désolidarisés la majorité de ses membres.

Dans un pays historiquement marqué par les tensions tribales, il est le deuxième membre de l'ethnie kalenjin à devenir chef d'Etat après Daniel arap Moi (1978-2002) depuis l'indépendance en 1963.

Il succède à Uhuru Kenyatta, un Kikuyu, pour être le cinquième président du Kenya au terme d'une des élections les plus serrées de l'histoire de son pays.

"Je travaillerai avec tous les leaders" politiques, dans un pays "transparent, ouvert et démocratique", a immédiatement assuré Ruto dans un discours télévisé.

"il n'y a pas de place pour la vengeance", a-t-il poursuivi, se disant "totalement conscient" que le Kenya "est à un stade où nous avons besoin de tout le monde sur le pont".

A Eldoret, son bastion, une foule de plusieurs milliers de personnes a laissé éclaté sa joie, certains allant jusqu'à oublier d'écouter le discours de leur leader, chantant ou prononçant des prières les yeux fixés au ciel, tandis que des motos-taxis faisaient hurler leur klaxon à travers la ville.

"C'est la victoire de tous les gens qui sont en bas de l'échelle, les boda bodas, les mama mbogas" qui vendent des légumes sur les bords de route, s'est réjoui Winnie Ndalut, professeure de biologie de 35 ans.

En début de soirée, depuis le centre national de comptage de la Commission électorale sous haute surveillance policière, son président Wafula Chebukati a annoncé la victoire de William Ruto avec 7,17 millions de votes contre 6,94 millions pour Odinga. Dans un contexte de pression extrême, le président de l'IEBC a par ailleurs déclaré avoir subi "intimidations et harcèlement".

Quelques minutes avant cette annonce, quatre des sept commissaires de l'IEBC ont tenu une conférence de presse inattendue, dans un hôtel de Nairobi, affirmant qu'ils rejetaient ces résultats - ce qui n'a cependant pas le pouvoir de les annuler.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré la vice-présidente de l'IEBC Juliana Cherera.

Des violences ont éclaté lundi soir dans certains quartiers populaires de la capitale Nairobi, dont Mathare et Kibera, deux bastions d'Odinga.

A Kisumu, un autre de ses bastions, la police a tiré des gaz lacrymogènes face à des manifestants qui jetaient des pierres et érigeaient des barrages avec de grosses pierres. Des magasins ont été pillés.

Les résultats de toutes les présidentielles depuis 2002 y ont été contestés. Celle de 2017 avait même été annulée par la Cour Suprême - une première en Afrique -, saisie alors par M. Odinga.

Dix ans plut tôt, la contestation des résultats de la présidentielle, également par M. Odinga, avait conduit à des affrontements interethniques faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Malgré ces épisodes post-électoraux mouvementés, le Kenya est considéré comme un allié diplomatique et un îlot de stabilité dans la région, dont plusieurs dirigeants ont félicité lundi soir la victoire de William Ruto.

Durant la campagne, MM. Odinga et Ruto, qui se connaissent bien pour avoir été alliés par le passé, ont assuré qu'ils respecteraient les résultats d'élections libres et transparentes, s'engageant à porter leurs éventuels griefs en justice.

Etant donné le faible écart de voix - environ 233.000 - un recours devant la Cour Suprême est fort probable.

Le camp d'Odinga aura sept jours pour le déposer. Le candidat lui-même ne s'est pas exprimé mais sa colistière Martha Karua a déclaré sur Twitter : "Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini".

Avant elle, un membre de leur coalition Azimio la Umoja, Saitabao Kanchory, avait évoqué des "piratages" et des "irrégularités" lors de l'élection qui, selon lui est "peut-être la plus mal gérée de l'histoire de notre pays".

Le scrutin, qui comprenait également les élections législatives et locales, a été marqué par une participation en baisse, à environ 65%, contre 78% en 2017.

Une certaine désillusion envers le politique mais aussi l'actuelle flambée des prix ont dominé la campagne électorale. La pandémie, puis la guerre en Ukraine ont en effet durement touché cette locomotive économique régionale, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très inégalitaire.

Défendant une "économie du bas vers le haut", William Ruto s'est proclamé porte-parole des "débrouillards" face aux dynasties politiques incarnées par Kenyatta et Odinga.

Il devra également avec son vice-président Rigathi Gachagua, comme lui empreint d'une réputation sulfureuse, faire face à l'envolée de la dette et à la corruption endémique.

md-bur-al/cl

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AUG 15

Au Kenya, liesse, colère et lacrymogènes pour l'élection de Ruto #

La retenue et la patience qui prévalaient jusqu'alors ont sauté lundi. A l'annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle kényane âprement disputée, la joie a éclaté ici, ailleurs la colère et, parfois la violence.

Le calme de ces dernières semaines avait accompagné les premières heures de la journée.

A Kisumu dans l'ouest du pays, des partisans de "Baba", "papa" en swahili comme ils surnomment l'ancien prisonnier politique Raila Odinga, dansaient, agitaient des drapeaux, convaincus que l'heure du couronnement de leur candidat allait enfin sonner. La cinquième candidature serait la bonne.

Malgré le duel au coude-à-coude qui a tenu le pays en haleine depuis le début du dépouillement, le 9 août au soir, la plupart de ces partisans étaient incapables -- ou réticents -- à envisager une autre issue que la victoire pour Raila Odinga.

Pourtant en fin d'après-midi, les résultats à peine proclamés et la nuit pas encore tombée, des barricades étaient dressées, des feux allumés, enveloppant l'air de fumées noires.

Des jeunes marchaient dans la rue, pierres à la main, criant "Pas de +papa+, pas de paix".

La déception a submergé ce bastion de Raila Odinga, vétéran de l'opposition défait lors de la présidentielle finalement remportée par William Ruto, à quelques 230.000 voix près.

"C'était notre tour de gouverner !", se désole Collins Odoyo, 26 ans, pressé de rejoindre, pieds nus, la foule de mécontents, un vuvuzela pendu autour du cou.

"Le gouvernement doit nous écouter. Il doit refaire les élections. Raila Odinga doit être président", dénonce en écho Isaac Onyango, 24 ans, les yeux irrités par les tirs de gaz lacrymogène lancés par la police pour disperser la foule.

"Nous continuerons à protester jusqu'à ce que la Cour Suprême du Kenya nous écoute", prévient-il en référence à la présidentielle d'août 2017 annulée par la plus haute juridiction du pays en raison d'"irrégularités".

Ce scrutin avait été contesté, comme tous ceux depuis 2002 que ce soit dans la rue ou devant la justice.

"Le vote de +Baba+ a été volé", fustige Emmanuel Otieno, un chauffeur de moto-taxi depuis Kibera, l'un des bidonvilles de la capitale Nairobi secoué lundi soir par des manifestations.

Des pneus ont été enflammés pour bloquer des rues de cet autre fief d'Odinga, où des jeunes lançaient des pierres pendant que d'autres soufflaient dans des vuvuzelas et des sifflets.

A Eldoret, fief de William Ruto, l'euphorie qui s'est emparée de la ville aux premières heures de la matinée s'est, elle, poursuivie jusque tard dans la soirée.

Des milliers de personnes se sont réunis des heures durant devant un écran géant, dans une ambiance festive, avant de laisser éclater leur joie à la seconde où les mots "sept millions de vote" ont été prononcés.

Oubliant le discours de leur leader fraîchement élu, ils se sont mis à chanter et danser, brandissant des portraits de Ruto ou remerciant Dieu, les yeux levés au ciel, tandis que des boda-bodas (motos-taxis) faisaient hurler leur klaxon à travers la ville.

"C'est un jour fantastique ! Je me sens très, très heureux, très fier. Ce pays avait besoin de changement", a déclaré à l'AFP James Kipror, 32 ans.

Célébrant Ruto l'enfant du pays dès le matin, Winnie Ndalut, professeure de biologie de 35 ans, saluait la réussite de celui qui était "vendeur de poulets et se retrouve maintenant Président de la République du Kenya".

"C'est la victoire de tous les gens qui sont en bas de l'échelle, les boda bodas, les mama mbogas" qui vendent des légumes sur les bords de route, ajoute-t-elle, persuadée qu'il "sera la personne qui nous portera, des tréfonds jusqu'au sommet".

Laban Keter demandait, lui, "à ceux qui soutiennent le camp d'en face d'accepter le verdict du peuple": "Faisons avancer ce pays en maintenant la paix".

al-np-sva/cl

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AUG 15

Rigathi Gachagua, nouveau vice-président kényan à la réputation sulfureuse #

8/15/2022, 6:46 PM
Nairobi, KEN

Homme d'affaires connu pour son franc-parler et ancien assistant personnel du président sortant du Kenya, Geoffrey Rigathi Gachagua a fait fi des accusations de corruption et édulcoré son passé sous le régime autoritaire de Daniel arap Moi pour ravir le poste de vice-président.

M. Gachagua est né en 1965 dans une famille du village d'Hiriga (centre) qui avait pris les armes contre les colons britanniques lors de la révolte Mau Mau dans les années 1950. Il est le huitième d'une fratrie de neuf.

Après des études de sciences politiques et de littérature à l'Université de Nairobi à la fin des années 1980, il suit une formation paramilitaire pour devenir officier de district chargé de la sécurité intérieure.

En 1991, le jeune Gachagua entre dans la fonction publique. Il gravit les échelons et se fait rapidement un nom en tant qu'administrateur de district, à une époque où ces officiers jouissaient d'un pouvoir énorme, utilisés par le régime autoritaire de Daniel arap Moi (1978-2002) pour museler toute opposition.

Connu pour son sens des affaires, il quitte la fonction publique pour se consacrer à l'entrepreneuriat.

En 2001, il décide de rejoindre l'équipe d'Uhuru Kenyatta, alors ministre du gouvernement local dans l'administration d'arap Moi, et devient son assistant, y compris quand Kenyatta convoite la présidence de la République en 2002.

Le duo unit à nouveau ses forces en 2017 lorsque Kenyatta brigue un second mandat de président et Gachagua un poste de député dans la circonscription de sa ville natale Mathira, riche en thé et en café.

Puisant dans son réseau tissé dans l'administration, l'homme d'affaires devenu un politicien au franc-parler apparaît comme un pilier de la campagne de Kenyatta.

Les deux hommes remportent alors leurs sièges.

Mais quand la relation se fait acrimonieuse entre Kenyatta et son vice-président William Ruto, Gachagua choisit le camp de ce dernier.

Ils se disent les cibles injustifiées des salves anti-corruption lancées par Kenyatta.

Alors que la rupture apparaît claire entre le président et le vice-président après l'alliance inattendue entre Kenyatta et son ennemi de toujours Raila Odinga en 2018, Gachagua est particulièrement prompt à fustiger son ancien patron.

Lorsque Rigathi Gachagua a été accusé l'année dernière d'avoir acquis plus de 7,3 milliards de shillings kényans (60 millions d'euros) de manière douteuse, il ne s'est pas démonté.

Malgré ces remous judiciaires, Ruto l'a pris comme colistier, un choix qui a pu surprendre mais pourrait, selon certains observateurs, s'avérer payant.

Ruto est issu de l'ethnie kalenjin, et Gachagua de l'influente communauté kikuyu, originaire de la région du mont Kenya qui a donné trois des quatre présidents du Kenya depuis l'indépendance en 1963.

Les avis sont partagés sur le rôle que l'ambitieux Gachagua pourrait jouer à l'avenir, en dépit de sa réputation ternie, dans cette région stratégique de la politique kényane.

Gachagua, marié et père de deux enfants, devrait toutefois répondre des allégations de corruption avant de tenter un jour de séduire les électeurs du Mont Kenya, estime Macharia Munene, professeur d'histoire et de relations internationales à l'Université internationale des États-Unis à Nairobi.

"il aurait clairement ses chances (...) mais pour le moment, il a une série de problèmes à résoudre", a-t-il déclaré.

Les soupçons de corruption n'ont semble-t-il, pour l'instant, guère nui à ses ambitions.

Moins de deux semaines avant le présidentielle du 9 août, un tribunal a ordonné au quinquagénaire de renoncer à près de 1,6 million d'euros qui avaient été gelés dans le cadre d'une enquête sur une affaire de corruption.

La justice a estimé que Gachagua n'avait pas expliqué la source de cette somme retrouvée sur son compte bancaire et devait donc rendre la rendre à l'État.

Imperturbable, Gachagua a interjeté appel, accusant à son tour le juge de "mener un simulacre de procès".

ho/amu/al/md/cl

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AUG 15

William Ruto élu sur le fil président du Kenya dans une ambiance chaotique #

Le vice-président sortant William Ruto a été déclaré lundi vainqueur de l'élection présidentielle du 9 août, dans une ambiance chaotique marquée par des désaccords au sein de la Commission électorale et l'éruption de violences localisées.

A l'issue d'un scrutin pacifique et d'une interminable attente de six jours, celui qui faisait figure de challenger a cumulé 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, l'ancien opposant historique Raila Odinga soutenu par le pouvoir, selon le président de la Commission électorale (IEBC), de laquelle se sont désolidarisés la majorité de ses membres.

A 55 ans, l'ambitieux William Ruto, un riche homme d'affaires parti de rien, devient le cinquième président du Kenya au terme d'une des élections les plus serrées de l'histoire de son pays.

Dans un pays historiquement marqué par les tensions tribales, il est le deuxième membre de l'ethnie kalenjin a être élu chef d'Etat après Daniel arap Moi (1978-2002) depuis l'indépendance en 1963. Il succède à Uhuru Kenyatta, un Kikuyu.

"Je travaillerai avec tous les leaders" politiques, dans un pays "transparent, ouvert et démocratique", a immédiatement assuré Ruto dans un discours télévisé.

"il n'y a pas de place pour la vengeance", a-t-il poursuivi, se disant "totalement conscient" que le Kenya "est à un stade où nous avons besoin de tout le monde sur le pont".

A Eldoret, bastion de Ruto, une foule de plusieurs milliers de personnes a laissé éclaté sa joie, certains allant jusqu'à oublier d'écouter le discours de leur leader, chantant ou prononçant des prières les yeux fixés au ciel, tandis que des motos-taxis faisaient hurler leur klaxon à travers la ville.

"C'est un jour fantastique ! Je me sens très, très heureux, très fier. Ce pays avait besoin de changement", a déclaré à l'AFP James Kipror, 32 ans.

A la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale, sur lequel les yeux de tout le pays étaient rivés, s'est rempli de représentants des partis, observateurs et diplomates, qui ont attendu l'annonce pendant plusieurs heures, divertis par des chorales, sous forte surveillance policière.

En début de soirée, Wafula Chebukati a annoncé devant eux la victoire de William Ruto avec 7,17 millions de votes contre 6,94 millions pour Odinga. Dans un contexte de pression extrême, le président de l'IEBC a par ailleurs déclaré avoir subi "intimidations et harcèlement".

Quelques minutes avant cette annonce, quatre des sept commissaires de l'IEBC ont tenu une conférence de presse inattendue, dans un hôtel de Nairobi, affirmant qu'ils rejetaient ces résultats - ce qui n'a cependant pas le pouvoir de les annuler.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré la vice-présidente de l'IEBC Juliana Cherera, appelant également les Kényans au "calme".

Des violences ont éclaté lundi soir dans certains quartiers populaires de la capitale Nairobi, dont Mathare et Kibera, deux bastions d'Odinga.

A Kisumu, un autre de ses bastions, la police a tiré des gaz lacrymogènes face à des manifestants qui jetaient des pierres et érigeaient des barrages avec de grosses pierres.

Si le Kenya, pays de 50 millions d'habitants, est considéré comme un îlot de stabilité dans une région tourmentée, les résultats de toutes les présidentielles depuis 2002 y ont été contestés. Celle de 2017 avait même été annulée par la Cour Suprême - une première en Afrique -, saisie alors par M. Odinga.

Le pays a connu des crises post-électorales violentes, comme en 2007-2008 où la contestation des résultats, également par M. Odinga, avait conduit à des affrontements interethniques faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Durant la campagne, MM. Odinga et Ruto, qui se connaissent bien pour avoir été alliés par le passé, ont assuré qu'ils respecteraient les résultats d'élections libres et transparentes, s'engageant à porter leurs éventuels griefs en justice.

Etant donné le faible écart de voix - à environ 233.000 - un recours devant la Cour Suprême ne fait guère de doute.

Le camp d'Odinga aura sept jours pour le déposer. Le candidat lui-même ne s'est pas exprimé mais sa colistière Martha Karua a déclaré sur Twitter : "Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini".

Le scrutin, qui comprenait également les élections législatives et locales, a été marqué par une participation en baisse, à environ 65%, contre 78% en 2017.

Une certaine désillusion envers le politique mais aussi l'actuelle flambée des prix ont dominé la campagne électorale. La pandémie, puis la guerre en Ukraine ont en effet durement touché cette locomotive économique régionale, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très inégalitaire.

Défendant une "économie du bas vers le haut", William Ruto s'est proclamé porte-parole des "débrouillards" face aux dynasties politiques incarnées par Kenyatta et Odinga.

Le nouveau président et son vice-président Rigathi Gachagua, tous deux empreints d'une réputation sulfureuse, devront également faire face à l'envolée de la dette et à la corruption endémique.

md-bur/al/cl

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AUG 15

Rigathi Gachagua, nouveau vice-président kényan à la réputation sulfureuse #

8/15/2022, 6:07 PM
Nairobi, KEN

Homme d'affaires connu pour son franc-parler et ancien assistant personnel du président sortant du Kenya, Geoffrey Rigathi Gachagua a fait fi des accusations de corruption et édulcoré son passé sous le régime autoritaire de Daniel arap Moi pour ravir le poste de vice-président.

M. Gachagua est né en 1965 dans une famille du village d'Hiriga (centre) qui avait pris les armes contre les colons britanniques lors de la révolte Mau Mau dans les années 1950. Il est le huitième d'une fratrie de neuf.

Après des études de sciences politiques et de littérature à l'Université de Nairobi à la fin des années 1980, il suit une formation paramilitaire pour devenir officier de district chargé de la sécurité intérieure.

En 1991, le jeune Gachagua entre dans la fonction publique. Il gravit les échelons et se fait rapidement un nom en tant qu'administrateur de district, à une époque où ces officiers jouissaient d'un pouvoir énorme, utilisés par le régime autoritaire de Daniel arap Moi (1978-2002) pour museler toute opposition.

Connu pour son sens des affaires, il quitte la fonction publique pour se consacrer à l'entrepreneuriat.

En 2001, il décide de rejoindre l'équipe d'Uhuru Kenyatta, alors ministre du gouvernement local dans l'administration d'arap Moi, et devient son assistant, y compris quand Kenyatta convoite la présidence de la République en 2002.

Le duo unit à nouveau ses forces en 2017 lorsque Kenyatta brigue un second mandat de président et Gachagua un poste de député dans la circonscription de sa ville natale Mathira, riche en thé et en café.

Puisant dans son réseau tissé dans l'administration, l'homme d'affaires devenu un politicien au franc-parler apparaît comme un pilier de la campagne de Kenyatta.

Les deux hommes remportent alors leurs sièges.

Mais quand la relation se fait acrimonieuse entre Kenyatta et son vice-président William Ruto, Gachagua choisit le camp de ce dernier.

Ils se disent les cibles injustifiées des salves anti-corruption lancées par Kenyatta.

Alors que la rupture apparaît claire entre le président et le vice-président après l'alliance inattendue entre Kenyatta et son ennemi de toujours Raila Odinga en 2018, Gachagua est particulièrement prompt à fustiger son ancien patron.

Lorsque Rigathi Gachagua a été accusé l'année dernière d'avoir acquis plus de 7,3 milliards de shillings kényans (60 millions d'euros) de manière douteuse, il ne s'est pas départi.

Malgré ces remous judiciaires, Ruto l'a pris comme colistier, un choix qui a pu surprendre mais pourrait, selon certains observateurs, s'avérer payant.

Ruto est issu de l'ethnie kalenjin, et Gachagua de l'influente communauté kikuyu, originaire de la région du mont Kenya qui a donné trois des quatre présidents du Kenya depuis l'indépendance en 1963.

Les avis sont partagés sur le rôle que l'ambitieux Gachagua pourrait jouer à l'avenir, en dépit de sa réputation ternie, dans cette région stratégique de la politique kényane.

Gachagua, marié et père de deux enfants, devrait toutefois répondre des allégations de corruption avant de tenter un jour de séduire les électeurs du Mont Kenya, estime Macharia Munene, professeur d'histoire et de relations internationales à l'Université internationale des États-Unis à Nairobi.

"il aurait clairement ses chances (...) mais pour le moment, il a une série de problèmes à résoudre", a-t-il déclaré.

Les soupçons de corruption n'ont semble-t-il, pour l'instant, guère nui à ses ambitions.

Moins de deux semaines avant le présidentielle du 9 août, un tribunal a ordonné au quinquagénaire de renoncer à près de 1,6 million d'euros qui avaient été gelés dans le cadre d'une enquête sur une affaire de corruption.

La justice a estimé que Gachagua n'avait pas expliqué la source de cette somme retrouvée sur son compte bancaire et devait donc rendre la rendre à l'État.

Imperturbable, Gachagua a interjeté appel, accusant à son tour le juge de "mener un simulacre de procès".

ho/amu/al/md/cl

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AUG 15

Kenya: Raila Odinga, l'éternel vétéran et candidat malheureux à la présidentielle #

8/15/2022, 5:31 PM
Nairobi, KEN

Ancien prisonnier politique qui a incarné durant des décennies l'opposition au pouvoir, Raila Odinga vient d'essuyer une cinquième défaite, battu sur le fil par William Ruto dans une course à la présidentielle âprement disputée.

Candidat malheureux en 1997, 2007, 2013 et 2017, "Baba" ("papa" en swahili) comme le surnomment ses partisans, reste donc aux portes de State House, le palais présidentiel.

Le candidat de 77 ans avait reçu pour cette élection, qui semblait son ultime chance, le soutien du président sortant Uhuru Kenyatta. Mais sa pugnacité qui a été au coeur de l'histoire récente du Kenya, n'aura pas suffi à arracher la victoire tant convoitée.

Engagé dès le début des années 1980 contre le régime de parti unique, Raila Amolo Odinga a connu la détention arbitraire (près de huit ans, sans procès, entre 1982 et 1991), un bref exil en Norvège, avant d'entrer au Parlement lors des premières élections multipartites de 1992.

C'est lors des scrutins présidentiels successifs que ce leader de la communauté luo s'imposera comme un acteur politique incontournable, toujours candidat opposé au pouvoir.

Son soutien à Mwai Kibaki lors de la présidentielle de 2002 contribuera à mettre fin aux 24 ans de règne de l'autocrate Daniel arap Moi.

En 2007, sa contestation de la réélection de Kibaki - avec qui il s'est brouillé - plongera le pays dans de sanglantes violences ethniques, faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

La crise se résoudra par un accord de partage du pouvoir, M. Odinga héritant du poste de Premier ministre (2008-2013). Durant cette période, il est l'un des artisans de la Constitution de 2010, considérée comme l'une des plus progressistes du continent.

En 2013 et 2017, il a pour adversaire Uhuru Kenyatta, avec qui la rivalité est historique.

Son père, Jaramogi Oginga Odinga, fut le grand perdant de la lutte pour le pouvoir après l'indépendance du Kenya en 1963, au profit du premier président Jomo Kenyatta... père d'Uhuru.

En 2017, Raila Odinga fait invalider le scrutin par la Cour suprême, une première en Afrique, à la fureur d'Uhuru Kenyatta, arrivé en tête. Ce dernier sera réélu quelques semaines plus tard lors d'un nouveau vote boycotté par M. Odinga.

Contestant la légitimité du chef de l'Etat, "RAO" se fera symboliquement investir "président du peuple".

Mais pour l'élection de 2022, il n'apparaissait plus comme un challenger du pouvoir aux yeux de beaucoup de Kényans.

Son image d'éternel opposant a été écornée par son rapprochement avec Uhuru Kenyatta depuis quatre ans.

Après des violences post-électorales en 2017 qui ont fait des dizaines de morts, les deux rivaux ont, à la surprise générale, décidé d'une trêve, symbolisée en mars 2018 par une poignée de main restée célèbre.

Certains ont vu dans ce rapprochement avec M. Kenyatta - qui ne pouvait briguer un troisième mandat et a soutenu Raila Odinga pour le scrutin du 9 août - un ralliement opportuniste pour enfin accéder au pouvoir.

Lui assure avoir agi dans l'intérêt du Kenya, pour éviter une fracture profonde dans le pays.

Les Kényans "savent que je suis une personne indépendante, une personne de conscience avec de très fortes convictions", a-t-il répété devant la presse durant la campagne: "Je ne peux pas être le larbin ou le candidat de quelqu'un".

"Raila est tout à fait conscient qu'une grande partie du soutien dont il bénéficie vient du fait qu'il est une figure anti-establishment depuis si longtemps. Le +handshake+ (poignée de mains, ndlr) a sapé ce récit", explique à l'AFP Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne).

Egalement surnommé "Agwambo" ("le mystérieux", en langue luo), Odinga est un homme de contradictions.

Ses plus fidèles partisans le considèrent toujours comme un combattant de la démocratie et un réformateur social indispensable dans un pays profondément inégalitaire. Ses détracteurs décrivent un agitateur populiste, prompt à jouer des rivalités ethniques pour assouvir son ambition.

Ces derniers l'ont également souvent épinglé comme "socialiste". S'il a certes suivi des études d'ingénieur à Leipzig, en Allemagne de l'Est communiste, et prénommé Fidel son fils aîné - décédé en 2015 - en hommage à Fidel Castro, ce riche homme d'affaires est à la tête d'un solide patrimoine économique, notamment dans le secteur de l'éthanol et du pétrole.

Réputé pour ses talents d'orateur, il a vu son charisme s'éteindre quelque peu avec l'âge. Lors de la campagne, ce grand-père de cinq petits-enfants est apparu vieillissant, bredouillant, l'élocution parfois confuse.

Mais il ne se départit pas de sa passion pour le club anglais d'Arsenal et surtout pour le reggae.

L'élection de 2022 a toutefois fait mentir la chanson de Lucky Dube dont il martèle le titre comme une devise: "Nobody can stop reggae" ("Personne ne peut arrêter le reggae").

bur-sva/al/md/ial/

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AUG 15

Kenya: colère et joie après l'annonce de l'élection de Ruto #

8/15/2022, 5:22 PM
Nairobi, KEN

Des manifestations, parfois violentes et dispersées par des gaz lacrymogènes, ont éclaté lundi dans des points localisés du Kenya après l'annonce en fin d'après-midi de la victoire du vice-président sortant William Ruto à l'élection présidentielle du 9 août.

A 55 ans, William Ruto a été élu dès le premier tour avec 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, figure historique de l'opposition soutenue cette année par le pouvoir dans ce scrutin à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est.

Alors que le pays était resté jusqu'ici calme malgré l'interminable attente des résultats, l'ambiance s'est tendue lundi et la police a été massivement déployée dans certaines zones de ce pays secoué dans le passé par des contestations et violences post-électorales parfois meurtrières.

Des manifestations ont ainsi éclaté dans plusieurs quartiers populaires de la capitale Nairobi, comme Mathare, Kayole et Kibera. Des pneus ont été enflammés pour bloquer des rues dans ce bidonville et bastion d'Odinga, où des jeunes lançaient des pierres pendant que d'autres soufflaient dans des vuvuzelas et des sifflets.

"Le vote de Baba" ("papa", en Swahili, le surnom donné par ses partisans à Raila Odinga) "a été volé", a dénoncé Emmanuel Otieno, un chauffeur de moto-taxi.

A Kisumu (ouest), autre fief du vétéran de la politique kényane de 77 ans, des manifestations ont éclaté et ont été dispersées par des gaz lacrymogènes.

"Le gouvernement doit nous écouter. Il doit refaire les élections. Raila Odinga doit être président", a affirmé à l'AFP Isaac Onyango, 24 ans les yeux irrités par les tirs de lacrymogènes lancés par la police pour disperser la foule.

"Nous continuerons à protester jusqu'à ce que la Cour Suprême du Kenya nous écoute", a-t-il assuré en référence à la présidentielle d'août 2017 annulée par la plus haute juridiction du pays en raison d'"irrégularités".

Ailleurs, des milliers de Kényans sont descendus dans la rue pour laisser exploser leur joie, comme à Eldoret, dans la vallée du Rift, pour célébrer la victoire de l'enfant du pays.

Une foule de plusieurs milliers de personnes réunie depuis des heures devant un écran géant était en liesse à la seconde où les mots "sept millions de vote" ont été prononcés.

"C'est un jour fantastique ! Je me sens très, très heureuse, très fière. Ce pays avait besoin de changement", a déclaré à l'AFP James Kipror, 32 ans.

Toutes les présidentielles ont été contestées dans la rue ou devant la justice depuis 2002.

En 2007-2008, 1.100 personnes avaient été tuées dans l'épisode le plus sanglant du pays.

bur-al/md/cl

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AUG 15

Cinq choses à savoir sur le Kenya #

8/15/2022, 4:29 PM
Nairobi, KEN

Le Kenya, riche de sa faune, ses plages et ses terres agricoles, est un moteur économique de l'Afrique de l'Est, et ce malgré la pandémie et une sécheresse inédite depuis 40 ans.

Voici cinq choses à savoir sur ce pays niché entre les Grands Lacs et l'océan Indien qui vient d'élire le vice-président sortant William Ruto à sa tête.

Le Kenya accède à l'indépendance en 1963 après huit ans de rébellion contre le régime colonial britannique. Jomo Kenyatta devient le premier président de cette jeune République, remplacé à sa mort en 1978 par Daniel arap Moi.

En 2002, onze ans après l'abandon du régime du parti unique, première alternance démocratique: l'opposant Mwai Kibaki remporte la présidentielle.

Mais en 2007, l'annonce contestée de sa réélection entraîne des violences politico-ethniques inédites qui se soldent par plus de 1.100 morts. En 2008, un gouvernement d'union nationale est mis en place, dont Raila Odinga, aujourd'hui candidat, est Premier ministre.

Ce dernier est battu à la présidentielle de 2013 par le fils de Jomo Kenyatta, Uhuru, pourtant alors inculpé par la Cour pénale internationale pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007-2008.

Bis repetita en août 2017. La présidentielle est cependant annulée pour "irrégularités" par la Cour suprême, une première en Afrique. Uhuru Kenyatta est élu lors d'un nouveau scrutin, boycotté par son opposant de toujours, Raila Odinga.

Les deux hommes scellent une alliance surprenante en 2018, aux dépens du vice-président et dauphin désigné William Ruto.

Ce dernier est finalement élu avec 50,49% des voix au terme d'un scrutin très serré, selon les résultats de la Commission électorale proclamés lundi par son président, mais contestés par une partie des commissaires électoraux.

Le pays compte une cinquantaine de parcs et réserves naturelles qui ont attiré 1,5 million de visiteurs en 2021. Parmi ses joyaux, plus de 30.000 girafes et le célèbre "Big five": lion, éléphant, rhinocéros, buffle et léopard.

Wangari Maathai est une des ambassadrices les plus connues de cette biodiversité, récompensée en 2004 par le prix Nobel de la paix pour, entre autres, son travail autour de la plantation d'arbres.

Le Kenya est aussi surnommé "le berceau de l'humanité".

La vallée du Rift, qui s'étend de la Tanzanie à l'Éthiopie en passant par le Kenya, a été le théâtre de découvertes majeures de fossiles. Des restes d'hominidés vieux de près de 6 millions d'années ont été trouvés dans la région du Turkana.

Le Kenya est l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique de l'Est et soigne son image de hub régional.

Son profil est atypique en Afrique: relativement peu de ressources naturelles mais un dynamisme économique et un secteur des services remarquables. L'agriculture est aussi un de ses piliers (plus de 22% du PIB) et la source principale des exportations (thé, fleurs, café).

Après un recul de 0,3% en 2020 lié à la pandémie, l'économie du Kenya a amorcé une reprise en 2021. Mais les prix du carburant et des denrées alimentaires ont explosé, en particulier celui de la farine de maïs - nourriture de base -, attisant la frustration dans ce pays rongé par une corruption endémique. En 2021, il était classé 128e sur 180 pays et territoires par Transparency International.

Les inégalités sont criantes dans le pays, où golfs et bidonvilles peuvent être mitoyens et où le salaire minimum mensuel est de 15.120 shillings (124 euros). Selon l'ONG Oxfam, la fortune des deux Kényans les plus riches est supérieure aux revenus cumulés de 30% de la population, soit 16,5 millions de personnes.

La population d'environ 50 millions d'habitants, selon les chiffres officiels, est en majorité jeune et chrétienne.

Sur les plus de 40 ethnies recensées, les Kikuyu sont le premier groupe numériquement, devant les Luhya, les Kalenjin et les Luo.

Le Kenya fait partie des grandes nations de la course de fond et demi-fond, avec des champions comme Eliud Kipchoge ou Faith Kipyegon.

Le sprinter Ferdinand Omanyala s'est également fait un nom au pays des coureurs de fond, en signant le record d'Afrique du 100 m en 2021 (9.77), puis en réalisant la troisième meilleure performance mondiale en 2022 (9.85).

Mais l'ombre du dopage plane régulièrement. Le pays a été à deux doigts de l'exclusion des Jeux de Rio en 2016 avant d'annoncer l'introduction de mesures spécifiques comme l'adoption d'une loi antidopage.

Le 7 août 1998, un attentat visant l'ambassade américaine à Nairobi fait 213 morts et 5.000 blessés. Il est revendiqué par Al-Qaïda.

Après l'entrée en 2011 de l'armée kényane en Somalie pour y combattre les islamistes radicaux shebab, les attaques se sont multipliées, avec notamment celles du Westgate à Nairobi en 2013 puis de Garissa en 2015. Elles feront respectivement 67 et 148 morts.

En 2019, 21 personnes meurent dans un nouvel attentat mené contre le complexe hôtelier Dusit, à Nairobi.

Depuis, les attaques se font plus sporadiques, concentrées dans l'est du pays.

bur-al/sva/md/cl

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AUG 15

Kenya: William Ruto, le "débrouillard en chef" au sommet de l'Etat #

8/15/2022, 4:28 PM
Nairobi, KEN

A 55 ans, l'ambitieux William Ruto a été déclaré lundi vainqueur de la présidentielle au Kenya, après avoir travaillé à polir sa réputation sulfureuse en se proclamant porte-parole des "débrouillards" du petit peuple face au pouvoir des dynasties.

"Hustler": le mot a été au coeur de la campagne de Ruto.

Le vice-président sortant, à la tête d'une des plus grandes fortunes du Kenya, s'est proclamé "hustler in chief" ("débrouillard en chef"), leader de la ""hustler nation" ("nation des débrouillards") formée des millions de travailleurs pauvres qui tentent de survivre dans un pays en proie aux difficultés économiques.

Son accession à la fonction suprême vient parachever la légende du "self made man" construite par cet enfant d'une famille modeste de la vallée du Rift (ouest).

Ce diplômé en sciences, professeur avant de se lancer en politique dans les années 1990, au sein des jeunesses du parti de l'autocrate Daniel arap Moi, aime à rappeler qu'il n'a eu sa première paire de chaussures qu'à l'âge de 15 ans et qu'il vendait des poulets en bord de route.

Il est aujourd'hui à la tête d'une grande entreprise de volailles, un des piliers de sa fortune qui comprendrait également des hôtels, des milliers d'hectares de terres...

L'étendue de ses actifs a fait l'objet en septembre 2021 d'une vive controverse entre le ministère de l'Intérieur et le vice-président, qui a accusé le pouvoir de vouloir le discréditer.

La rupture entre Ruto et le président Uhuru Kenyatta, aux côtés duquel il a été élu en 2013 et 2017, est consommée depuis plusieurs années.

Le chef de l'Etat l'avait en effet adoubé, l'assurant du soutien du parti présidentiel pour l'élection de 2022, n'ayant pas lui-même le droit de briguer un troisième mandat.

Mais après sa réélection en 2017, suivie de violences qui avaient causé des dizaines de morts, M. Kenyatta s'est progressivement rapproché de son opposant historique Raila Odinga, à qui il a finalement accordé son soutien.

Pour beaucoup d'observateurs, une des raisons de ce revirement est l'incontrôlable ambition de M. Ruto.

"Ce qui rend Ruto singulier, c'est la rapidité de son ascension, son ambition", souligne l'analyste politique kényane Nerima Wako-Ojiwa.

"Il est allé à contre-courant (des pratiques). Il est passé devant beaucoup de gens sans demander l'autorisation", ajoute-t-elle soulignant que "beaucoup de gens (avaient) peur que s'il arrive au pouvoir, il soit impossible à déloger ensuite".

William Ruto est alors parti en croisade contre l'alliance des "dynasties" kényanes incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Il a notamment été un des plus virulents opposants à un projet de révision constitutionnelle défendu par le duo Kenyatta-Odinga, invalidé par la Cour suprême au terme d'une féroce bataille judiciaire.

En août 2021, Uhuru Kenyatta avait mis son vice-président au défi de démissionner "s'il n'est pas content". "Désolé, mais je suis en mission", avait répondu celui qui prône une économie "du bas vers le haut (...) afin de sortir des millions de personnes du désespoir".

Uhuru Kenyatta le Kikuyu - la première ethnie du pays - et William Ruto le Kalenjin - la troisième en nombre - s'étaient alliés en 2012 pour conquérir le pouvoir, dans ce qui avait été surnommé la "coalition des accusés".

Ils étaient tous deux poursuivis pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) pour leur rôle dans les violences post-électorales de 2007-2008, les pires depuis l'indépendance (plus de 1.100 morts et 600.000 déplacés).

Les deux hommes étaient à l'époque dans des camps opposés, et Ruto allié à Raila Odinga.

La CPI avait décrit M. Ruto comme le principal planificateur des violences contre la communauté kikuyu dans son fief kalenjin de la vallée du Rift, avant d'abandonner toutes les poursuites en 2016.

Celui qui était l'un des hommes les plus craints du pays s'est employé à polir sa réputation sulfureuse qui mêlait accusations de violences, de corruption, d'appropriation de terres et de détournement de fonds qu'il ne cesse de démentir.

"Il est considéré comme un des stratèges les plus efficaces de la politique kényane", souligne Nic Cheeseman, professeur à l'université de Birmingham (Royaume-Uni).

Dès les prémisses du rapprochement Odinga-Kenyatta, Ruto est parti en campagne, sillonnant le pays en casquette et polo, s'affichant sur les réseaux sociaux.

Ce quinquagénaire, chrétien "born again" revendiqué et père de six enfants, se montre souvent affable.

Sa rhétorique des "débrouillards", misant sur un clivage social plus qu'ethnique, a notamment trouvé un écho chez les jeunes.

Ce discours n'est "pas nouveau", estime Nerima Wako-Ojiwa, mais "c'était le timing parfait".

sva/al/md/at

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AUG 15

Les crises électorales au Kenya #

8/15/2022, 4:22 PM
Nairobi, KEN

William Ruto a été élu lundi président de la République du Kenya après le scrutin du 9 août, l'un des plus serrés de l'histoire du pays, qui scelle la fin de l'ère Kenyatta, au pouvoir depuis 2013.

Le calme a prévalu lors de l'élection et des six jours d'attente des résultats, en dépit de flots de désinformation sur les réseaux sociaux.

À l'annonce des résultats par le président de la Commission électorale, rejetés par la majorité des membres de cet organe indépendant, la tension est montée d'un cran dans ce pays qui espère ne pas replonger dans les contestations ou violences qui l'ont secoué à chaque scrutin depuis 2002.

Le 29 décembre 1992, Daniel arap Moi, au pouvoir depuis 1978, est élu président lors du premier scrutin multipartite face à une opposition divisée.

Des violences opposant les Kalenjin, ethnie minoritaire du président, aux Kikuyu, majoritaires et soutenant les partis d'opposition, précèdent puis suivent le scrutin, faisant des centaines de morts dans la vallée du Rift.

Le 27 décembre 2007, des émeutes éclatent après la réélection contestée de Mwai Kibaki à la présidence, face à Raila Odinga, ancien allié devenu rival.

La vallée du Rift devient l'épicentre d'affrontements entre des membres des communautés kalenjin et luo qui ont majoritairement soutenu M. Odinga, et leurs voisins kikuyu, l'ethnie de M. Kibaki.

En février 2008, les deux leaders signent un accord sous la pression de la communauté internationale, aboutissant à un gouvernement de coalition dirigé par Raila Odinga. Les violences ont fait plus de 1.100 morts et 600.000 déplacés, dans un pays jusqu'alors réputé stable.

En mars 2010, la Cour pénale internationale (CPI) autorise l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité sur ces violences et en 2012, ses juges confirment les accusations contre quatre Kényans. Parmi eux, Uhuru Kenyatta, fils du premier président kényan et candidat à la présidentielle de 2013, ainsi que William Ruto, son colistier.

Le 4 mars 2013, Uhuru Kenyatta remporte la présidentielle.

Le 8 octobre 2014, il devient le premier chef d'État à comparaître en cours de mandat devant la CPI.

En décembre, la Cour abandonne les poursuites contre lui, faute de preuves suffisantes. En 2016, elle abandonne pour la même raison des poursuites contre son vice-président William Ruto.

La présidentielle est remportée par Uhuru Kenyatta face à Raila Odinga, qui rejette les résultats, manipulés, selon lui, par piratage informatique, et dépose un recours.

L'annonce des résultats déclenche des émeutes et des pillages dans des fiefs de l'opposition.

Le 1er septembre, la Cour suprême invalide le scrutin pour "irrégularités" et ordonne une nouvelle élection, une première en Afrique.

En octobre, Uhuru Kenyatta est réélu lors d'un nouveau vote boycotté par l'opposition et terni par un faible taux de participation (39%).

Des violences post-électorales font des dizaines de morts, principalement lors de la brutale répression des manifestations de l'opposition par la police.

En 2018, Kenyatta et Odinga sidèrent le pays en se serrant la main et en déclarant une trêve, un retournement d'alliance toutefois courant au Kenya. Le vice-président d'alors, William Ruto, endosse progressivement le rôle d'opposant.

acm-ang-al/jg

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AUG 15

William Ruto élu sur le fil président du Kenya dans une ambiance chaotique #

8/15/2022, 4:22 PM
Nairobi, KEN

William Ruto a été déclaré lundi vainqueur de l'élection présidentielle du 9 août face à Raila Odinga, selon des résultats annoncés par le président de la Commission électorale (IEBC) mais rejetés par la majorité des membres de cet organe indépendant.

Wafula Chebukati a annoncé que le vice-président sortant Ruto avait cumulé plus de 7,17 millions de votes, soit 50,49% des voix, contre 6,94 millions, soit 48.85% pour M. Odinga, figure historique de l'opposition soutenue cette année par le pouvoir, remportant l'une des élections les plus serrées de l'histoire du pays.

"Conformément à la loi, je (...) déclare par la présente que Ruto William Samoei a été dûment élu président", a déclaré M. Chebukati, ajoutant dans un contexte de pression extrême avoir subi "intimidations et harcèlement".

A 55 ans, William Ruto devient le cinquième président du Kenya, et le premier membre de l'ethnie kalenjin a être élu chef d'Etat depuis vingt ans, succédant à deux présidents de la communauté kikuyu - dont le sortant Uhuru Kenyatta.

L'ambitieux vice-président avait âprement fait campagne ces dernières années tandis qu'il était mis sur la touche par une alliance inattendue entre Kenyatta et Odinga, travaillant à polir sa réputation sulfureuse.

Cet enfant d'une famille modeste de la vallée du Rift devenu l'une des premières fortunes du pays aime à rappeler son histoire de "self made man" parti de rien et s'est proclamé porte-parole des "débrouillards" du petit peuple face au pouvoir des dynasties politiques incarnées par Kenyatta et Odinga.

Il a devancé de 233.211 voix M. Odinga au terme d'un scrutin globalement paisible mais marqué par une participation en baisse, à environ 65% des 22,1 millions d'électeurs, suivi d'une interminable attente de six jours qui a mis à rude épreuve la patience des Kényans.

A la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale, sur lequel les yeux de tout le pays sont rivés, s'était rempli de représentants des partis, observateurs et diplomates, qui ont attendu l'annonce pendant plusieurs heures, divertis par des chorales, sous forte surveillance policière.

Quelques minutes avant cette annonce, quatre des sept commissaires de l'IEBC ont tenu une conférence de presse dans un hôtel de la capitale pour dire qu'ils rejetaient ces résultats.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré la vice-présidente de l'IEBC Juliana Cherera, entourée de trois autres commissaires.

Elle a appelé les Kényans au "calme".

Des violences ont éclaté lundi soir dans certains quartiers populaires de Nairobi, dont Mathare et Kibera, deux bastions d'Odinga, dès l'annonce de la victoire de Ruto. A Kisumu, autre bastion d'Odinga, la police a tiré des gaz lacrymogènes face à des manifestants.

Si le Kenya est considéré comme un îlot de stabilité et de croissance dans une région tourmentée, les résultats de toutes les présidentielles depuis 2002 y ont été contestés. Celle de 2017 avait même été annulée par la Cour Suprême - une première en Afrique -, saisie alors par M. Odinga.

Certaines crises post-électorales ont plongé le pays dans la violence, comme en 2007-2008 où la contestation des résultats, déjà par M. Odinga, avait conduit à des affrontements intercommunautaires, faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Durant la campagne, MM. Odinga et Ruto, qui se connaissent bien pour avoir été alliés par le passé, ont assuré qu'ils respecteraient les résultats d'élections libres et transparentes, s'engageant à porter leurs éventuels griefs en justice et non à les régler par la violence.

Etant donné le faible écart de voix, une contestation des résultats devant la Cour Suprême ne fait guère de doute.

Le camp d'Odinga a sept jours pour déposer un recours. Dans le cas contraire, le nouveau président prendra ses fonctions dans les deux semaines.

Une certaine désillusion envers les hommes politiques mais aussi les enjeux économiques, à commencer par la flambée des prix - avec une inflation à 8,3% en juillet -, ont imprégné la campagne électorale, dans ce pays de 50 millions d'habitants où domine historiquement le vote tribal.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ont durement touché cette locomotive économique régionale, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très inégalitaire - trois Kényans sur dix vivent avec moins de 1,90 dollar par jour selon la Banque Mondiale.

Défendant une "économie du bas vers le haut", William Ruto a promis pendant la campagne de "réduire le coût de la vie" et de défendre l'emploi des jeunes, qui représentent environ 40% des électeurs.

Le nouveau président devra également faire face à l'envolée de la dette et à la corruption endémique.

md-bur/al/cl

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AUG 15

Le président élu du Kenya William Ruto promet de travailler avec "tous les leaders" politiques #

8/15/2022, 3:47 PM
Nairobi, KEN

Le président élu du Kenya William Ruto a promis lundi, dans un discours prononcé juste après l'annonce de sa victoire sur son concurrent Raila Odinga, figure historique de l'opposition soutenue cette année par le pouvoir, de travailler avec "tous les leaders".

"Je travaillerai avec tous les leaders" politiques, dans un pays "transparent, ouvert et démocratique", a assuré le vice-président sortant, déclaré vainqueur par le président de la Commission électorale avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son rival.

"il n'y a pas de place pour la vengeance", a-t-il poursuivi, se disant "totalement conscient" que le pays "est à un stade où nous avons besoin de tout le monde sur le pont".

A l'issue de l'élection du 9 août qui s'est tenue dans le calme, William Samoei Ruto devient le cinquième président du Kenya, succédant à Uhuru Kenyatta qui, après deux mandats depuis 2013, n'avait pas le droit d'en briguer un troisième.

Le Kenya, figure de stabilité politique dans la région est-africaine, a toutefois été secoué à plusieurs reprises par des contestations et violences post-électorales, parfois sanglantes.

Toutes les présidentielles depuis 2002 ont été contestées, dans la rue ou devant la justice.

William Ruto a devancé de 233.211 voix M. Odinga au terme d'une campagne et d'un scrutin globalement paisible suivi d'une interminable attente de six jours.

Il devient le premier Kalenjin a être élu président depuis vingt ans, succédant à deux présidents issues de la communauté kikuyu.

A 55 ans, l'ambitieux William Ruto a âprement fait campagne ces dernières années à mesure qu'il était mis sur la touche par une alliance inattendue entre Kenyatta et Odinga.

al/md/cl

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AUG 15

Le président élu du Kenya William Ruto promet de travailler avec "tous les leaders" politiques #

8/15/2022, 3:35 PM
Nairobi, KEN

Le président élu du Kenya William Ruto a promis lundi, dans un discours prononcé juste après l'annonce de sa victoire sur son concurrent Raila Odinga, figure historique de l'opposition soutenue cette année par le pouvoir, de travailler avec "tous les leaders".

"Je travaillerai avec tous les leaders" politiques, dans un pays "transparent, ouvert et démocratique", a assuré le vice-président sortant, déclaré vainqueur par le président de la Commission électorale avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son rival.

al/md/cl

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AUG 15

Kenya: le président de la Commission électorale déclare William Ruto vainqueur de la présidentielle #

8/15/2022, 3:33 PM
Nairobi, KEN

Le président de la Commission électorale du Kenya a déclaré lundi William Ruto vainqueur de l'élection présidentielle face à Raila Odinga, après six jours d'attente et le rejet surprise des résultats par une partie de cet organe indépendant.

Wafula Chebukati a annoncé que le vice-président sortant Ruto avait cumulé plus de 7,17 millions de votes, soit 50,49% des voix, contre 6,94 millions, soit 48.85%, pour M. Odinga, remportant l'une des élections les plus serrées de l'histoire du pays.

William Samoei Ruto devient le cinquième président du Kenya, succédant à Uhuru Kenyatta qui, après deux mandats depuis 2013, n'avait pas le droit d'en briguer un troisième.

Il a devancé de 233,211 voix M. Odinga au terme d'une campagne et d'un scrutin globalement paisibles suivis d'une interminable attente de six jours qui a mis à rude épreuve la patience des Kényans.

M. Ruto devient le premier membre de l'ethnie Kalenjin a être élu président depuis vingt ans, succédant à deux présidents de la communauté kikuyu.

A 55 ans, l'ambitieux Ruto a âprement fait campagne ces dernières années à mesure qu'il était mis sur la touche par une alliance inattendue entre Kenyatta et Odinga, travaillant à polir sa réputation sulfureuse.

Cet enfant d'une famille modeste de la vallée du Rift devenu l'une des premières fortunes du pays aime à rappeler son histoire de "self made man" parti de rien et s'est proclamé porte-parole des "débrouillards" du petit peuple face au pouvoir des dynasties politiques incarnées par Kenyatta et Odinga.

A la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale, sur lequel les yeux de tout le pays sont rivés, s'était rempli de représentants des partis, observateurs et diplomates, qui ont attendu l'annonce pendant plusieurs heures, divertis par des chorales, sous forte surveillance policière.

Quelques minutes avant cette annonce, quatre des sept commissaires de l'IEBC ont tenu une conférence de presse dans un hôtel de la capitale pour annoncer qu'ils rejetaient ces résultats.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré la vice-présidente de l'IEBC Juliana Cherera entourée de trois autres commissaires.

Elle a appelé les Kényans au "calme".

L'élection de 2022 s'est déroulée de manière pacifique mais a été marquée par une participation en forte baisse: environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes mardi, contre 78% lors du dernier scrutin de 2017.

md/al/cl

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AUG 15

Kenya: le président de la Commission électorale déclare William Ruto vainqueur de la présidentielle #

8/15/2022, 3:14 PM
Nairobi, KEN

Le président de la Commission électorale du Kenya a déclaré lundi William Ruto vainqueur de l'élection présidentielle face à Raila Odinga, après six jours d'attente et le rejet des résultats par une partie de cet organe indépendant.

Wafula Chebukati a annoncé que le vice-président sortant Ruto avait cumulé plus de 7,17 millions de votes, soit 50,49% des voix, contre 6,94 millions, soit 48.85% pour M. Odinga, remportant l'une des élections les plus serrées de l'histoire du pays.

md/al/cl

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AUG 15

Présidentielle au Kenya: une partie de la Commission électorale rejette les résultats à venir #

Quatre des sept membres de la Commission électorale du Kenya ont rejeté lundi les résultats à venir de l'élection présidentielle, a annoncé lors d'une conférence de presse la vice-présidente de cet organe indépendant soumis à une intense pression après six jours d'attente.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré en appelant les Kényans au "calme" la vice-présidente Juliana Cherera, entourée de trois autres commissaires.

"Les gens peuvent aller en justice et pour cette raison nous appelons les Kényans à être pacifiques parce que l'Etat de droit prévaudra", a-t-elle ajouté alors que la tension montait et des échauffourées éclataient dans le centre où la Commission (IEBC) gère les résultats.

Dès la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale à Nairobi, sur lequel les yeux de tout le pays sont rivés, s'était rempli de représentants des partis, observateurs et diplomates, qui ont attendu l'annonce pendant plusieurs heures, divertis par des chorales, sous forte surveillance policière.

Le 9 août, 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner leur cinquième président. L'IEBC a jusqu'à mardi soir pour annoncer les résultats de ce scrutin très serré entre les deux favoris Raila Odinga et William Ruto.

md-al/cl

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AUG 15

Présidentielle au Kenya: une partie de la Commission électorale rejette les résultats à venir #

Quatre des sept membres de la Commission électorale du Kenya ont rejeté lundi les résultats à venir de l'élection présidentielle, a annoncé lors d'une conférence de presse la vice-présidente de cet organe indépendant soumis à une intense pression après six jours d'attente.

"A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré en appelant les Kényans au "calme" la vice-présidente Juliana Cherera, entourée de trois autres commissaires.

md/al/cl

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AUG 15

Kenya: annonce imminente des résultats d'une présidentielle très serrée #

8/15/2022, 10:15 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya s'approchait lundi de l'annonce des résultats d'une élection présidentielle à forts enjeux et très serrée, après six jours d'attente qui ont mis à rude épreuve la patience de la population.

Lundi à la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale indépendante (IEBC), sur lequel les yeux de tout le pays sont rivés, se remplissait de représentants des partis, observateurs et diplomates. La commission a invité la presse à 15h00 (locales, 12h00 GMT) pour l'annonce des résultats de la présidentielle

Selon le décompte du Daily Nation, plus important quotidien du pays, citant les données officielles de 80% des circonscriptions, William Ruto, vice-président sortant menait lundi matin avec un peu plus de 51% des voix, contre environ 48% pour Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir.

"Je suis prêt quel que soit le résultat. Que ce soit Ruto ou Raila, nous devons avancer, nous avons attendu trop longtemps", a affirmé dans le centre financier de Nairobi Livingstone Wabwire, un cireur de chaussures de 27 ans.

Dimanche, en se rendant dans des églises de Nairobi, capitale de ce pays très croyant, MM. Ruto et Odinga ont tous deux appelé au calme malgré la fébrilité qui pointe au sein de leur coalition respective.

Le Kenya est un point d'ancrage démocratique dans une région est-africaine troublée, mais il a connu plusieurs phases de violences post-électorales, parfois très meurtrières, notamment en 2007-2008 (plus de 1.100 morts, des centaines de milliers de déplacés).

Les résultats de toutes les présidentielles y ont par ailleurs été contestés depuis 2002, dans la rue ou devant la justice.

Quelques 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes le 9 août pour désigner le successeur du président sortant Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et quelque 1.500 élus locaux.

A 55 ans, l'ambitieux William Ruto a malgré son statut de vice-président fait figure de challenger durant la campagne électorale, face à un Raila Odinga, 77 ans, soutenu par Kenyatta et le parti présidentiel.

Le scrutin s'est très largement déroulé dans le calme, mais a été marqué par une forte hausse de l'abstention, avec une participation d'environ 65% - contre 78% en août 2017 -, sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie depuis la pandémie et la guerre en Ukraine.

Les résultats des scrutins parlementaires et locaux tombent au compte-gouttes et ne laissent pas présager quel camp en ravira la majorité. La ville de Nairobi, métropole dynamique et coeur économique du pays, a elle déjà nommé à sa tête Johnson Sakaja, du parti de Ruto, l'UDA (United Democratic Alliance).

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. En plus des deux grands favoris, deux "petits" candidats concouraient : l'avocat David Mwaure, et l'excentrique ancien espion George Wajackoyah. Ces derniers sont crédités à eux deux de moins de 1% des voix.

Si ni Ruto ni Odinga ne recueille plus de 50% des vote plus une voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

"L'anxiété du public atteint sa limite alors que le pays attend l'annonce du vainqueur", écrit le quotidien The Star lundi, notant que cette attente a été marquée par la patience et l'absence d'incidents. "Il s'agit d'un signe fort du fait que le Kenya a mûri en tant que démocratie", ajoute le journal.

Le pays, locomotive économique de la région, scruté par ses voisins, tourne au ralenti depuis le scrutin et ses écoles restent fermées.

La Commission électorale, qui a jusqu'à mardi soir pour annoncer l'ensemble des résultats, est donc sous pression. Elle fut vivement critiquée il y a cinq ans après l'invalidation de la présidentielle par la Cour suprême - une première en Afrique.

Vendredi, elle a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

md-bur/al/cpy

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AUG 15

Kenya: annonce imminente des résultats d'une présidentielle très serrée #

8/15/2022, 10:15 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya s'approchait lundi de l'annonce des résultats d'une élection présidentielle à forts enjeux et très serrée, après six jours d'attente qui ont mis à rude épreuve la patience de la population.

Lundi à la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale indépendante (IEBC), sur lequel les yeux de tout le pays sont rivés, se remplissait de représentants des partis, observateurs et diplomates. La commission a invité la presse à 15h00 (locales, 12h00 GMT) pour l'annonce des résultats de la présidentielle

Selon le décompte du Daily Nation, plus important quotidien du pays, citant les données officielles de 80% des circonscriptions, William Ruto, vice-président sortant menait lundi matin avec un peu plus de 51% des voix, contre environ 48% pour Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir.

"Je suis prêt quel que soit le résultat. Que ce soit Ruto ou Raila, nous devons avancer, nous avons attendu trop longtemps", a affirmé dans le centre financier de Nairobi Livingstone Wabwire, un cireur de chaussures de 27 ans.

Dimanche, en se rendant dans des églises de Nairobi, capitale de ce pays très croyant, MM. Ruto et Odinga ont tous deux appelé au calme malgré la fébrilité qui pointe au sein de leur coalition respective.

Le Kenya est un point d'ancrage démocratique dans une région est-africaine troublée, mais il a connu plusieurs phases de violences post-électorales, parfois très meurtrières, notamment en 2007-2008 (plus de 1.100 morts, des centaines de milliers de déplacés).

Les résultats de toutes les présidentielles y ont par ailleurs été contestés depuis 2002, dans la rue ou devant la justice.

Quelques 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes le 9 août pour désigner le successeur du président sortant Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et quelque 1.500 élus locaux.

A 55 ans, l'ambitieux William Ruto a malgré son statut de vice-président fait figure de challenger durant la campagne électorale, face à un Raila Odinga, 77 ans, soutenu par Kenyatta et le parti présidentiel.

Le scrutin s'est très largement déroulé dans le calme, mais a été marqué par une forte hausse de l'abstention, avec une participation d'environ 65% - contre 78% en août 2017 -, sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie depuis la pandémie et la guerre en Ukraine.

Les résultats des scrutins parlementaires et locaux tombent au compte-gouttes et ne laissent pas présager quel camp en ravira la majorité. La ville de Nairobi, métropole dynamique et coeur économique du pays, a elle déjà nommé à sa tête Johnson Sakaja, du parti de Ruto, l'UDA (United Democratic Alliance).

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. En plus des deux grands favoris, deux "petits" candidats concouraient : l'avocat David Mwaure, et l'excentrique ancien espion George Wajackoyah. Ces derniers sont crédités à eux deux de moins de 1% des voix.

Si ni Ruto ni Odinga ne recueille plus de 50% des vote plus une voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

"L'anxiété du public atteint sa limite alors que le pays attend l'annonce du vainqueur", écrit le quotidien The Star lundi, notant que cette attente a été marquée par la patience et l'absence d'incidents. "Il s'agit d'un signe fort du fait que le Kenya a mûri en tant que démocratie", ajoute le journal.

Le pays, locomotive économique de la région, scruté par ses voisins, tourne au ralenti depuis le scrutin et ses écoles restent fermées.

La Commission électorale, qui a jusqu'à mardi soir pour annoncer l'ensemble des résultats, est donc sous pression. Elle fut vivement critiquée il y a cinq ans après l'invalidation de la présidentielle par la Cour suprême - une première en Afrique.

Vendredi, elle a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

md-bur/al/cpy

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AUG 15

Le Kenya s'approche de l'annonce des résultats dans une présidentielle serrée #

8/15/2022, 7:47 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya s'approchait lundi de l'annonce des résultats d'une élection présidentielle à forts enjeux et très serrée, après six jours d'attente qui mettent à rude épreuve la patience de la population.

Selon le décompte du Daily Nation, plus important quotidien du pays, citant les données officielles de 80% des circonscriptions, William Ruto, vice-président sortant menait lundi matin avec un peu plus de 51% des voix, contre environ 48% pour Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir.

Dimanche, en se rendant dans des églises de Nairobi, capitale de ce pays très croyant, MM. Ruto et Odinga ont tous deux appelé au calme malgré la fébrilité qui pointe au sein de leur coalition respective.

Le Kenya est un point d'ancrage démocratique dans une région est-africaine troublée, mais il a connu plusieurs phases de violences post-électorales, parfois très meurtrières, et les résultats de toutes les présidentielles y ont été contestés depuis 2002.

Quelques 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes le 9 août pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et quelque 1.500 élus locaux.

Le scrutin s'est très largement déroulé dans le calme, mais a été marqué par une forte hausse de l'abstention, avec une participation d'environ 65% - contre 78% en août 2017 -, sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie.

Les résultats des scrutins locaux tombent au compte-gouttes. Ils ne laissent pas présager quel camp ravira la majorité parlementaire.

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. Si aucun candidat ne recueille plus de 50% des vote plus une voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

"L'anxiété du public atteint sa limite alors que le pays attend l'annonce du vainqueur", écrit le quotidien The Star lundi, notant que cette attente a été marquée par la patience et l'absence d'incidents. "Il s'agit d'un signe fort du fait que le Kenya a mûri en tant que démocratie", ajoute le journal.

Le pays, locomotive économique de la région, scruté par ses voisins, tourne au ralenti depuis le scrutin et ses écoles restent fermées.

La Commission électorale indépendante (IEBC), qui a jusqu'à mardi pour annoncer l'ensemble des résultats, est donc sous pression. Elle fut vivement critiquée il y a cinq ans après l'invalidation de la présidentielle par la Cour suprême - une première en Afrique.

Vendredi, elle a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

txw/amu/md/al/cpy

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AUG 15

Le Kenya s'approche de l'annonce des résultats dans une présidentielle serrée #

8/15/2022, 7:47 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya s'approchait lundi de l'annonce des résultats d'une élection présidentielle à forts enjeux et très serrée, après six jours d'attente qui mettent à rude épreuve la patience de la population.

Selon le décompte du Daily Nation, plus important quotidien du pays, citant les données officielles de 80% des circonscriptions, William Ruto, vice-président sortant menait lundi matin avec un peu plus de 51% des voix, contre environ 48% pour Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir.

Dimanche, en se rendant dans des églises de Nairobi, capitale de ce pays très croyant, MM. Ruto et Odinga ont tous deux appelé au calme malgré la fébrilité qui pointe au sein de leur coalition respective.

Le Kenya est un point d'ancrage démocratique dans une région est-africaine troublée, mais il a connu plusieurs phases de violences post-électorales, parfois très meurtrières, et les résultats de toutes les présidentielles y ont été contestés depuis 2002.

Quelques 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes le 9 août pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et quelque 1.500 élus locaux.

Le scrutin s'est très largement déroulé dans le calme, mais a été marqué par une forte hausse de l'abstention, avec une participation d'environ 65% - contre 78% en août 2017 -, sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie.

Les résultats des scrutins locaux tombent au compte-gouttes. Ils ne laissent pas présager quel camp ravira la majorité parlementaire.

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. Si aucun candidat ne recueille plus de 50% des vote plus une voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

"L'anxiété du public atteint sa limite alors que le pays attend l'annonce du vainqueur", écrit le quotidien The Star lundi, notant que cette attente a été marquée par la patience et l'absence d'incidents. "Il s'agit d'un signe fort du fait que le Kenya a mûri en tant que démocratie", ajoute le journal.

Le pays, locomotive économique de la région, scruté par ses voisins, tourne au ralenti depuis le scrutin et ses écoles restent fermées.

La Commission électorale indépendante (IEBC), qui a jusqu'à mardi pour annoncer l'ensemble des résultats, est donc sous pression. Elle fut vivement critiquée il y a cinq ans après l'invalidation de la présidentielle par la Cour suprême - une première en Afrique.

Vendredi, elle a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

txw/amu/md/al/cpy

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AUG 15

Le Kenya s'approche de l'annonce des résultats dans une présidentielle serrée #

8/15/2022, 7:47 AM
Nairobi, KEN

Le Kenya s'approchait lundi de l'annonce des résultats d'une élection présidentielle à forts enjeux et très serrée, après six jours d'attente qui mettent à rude épreuve la patience de la population.

Selon le décompte du Daily Nation, plus important quotidien du pays, citant les données officielles de 80% des circonscriptions, William Ruto, vice-président sortant menait lundi matin avec un peu plus de 51% des voix, contre environ 48% pour Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir.

Dimanche, en se rendant dans des églises de Nairobi, capitale de ce pays très croyant, MM. Ruto et Odinga ont tous deux appelé au calme malgré la fébrilité qui pointe au sein de leur coalition respective.

Le Kenya est un point d'ancrage démocratique dans une région est-africaine troublée, mais il a connu plusieurs phases de violences post-électorales, parfois très meurtrières, et les résultats de toutes les présidentielles y ont été contestés depuis 2002.

Quelques 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes le 9 août pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et quelque 1.500 élus locaux.

Le scrutin s'est très largement déroulé dans le calme, mais a été marqué par une forte hausse de l'abstention, avec une participation d'environ 65% - contre 78% en août 2017 -, sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie.

Les résultats des scrutins locaux tombent au compte-gouttes. Ils ne laissent pas présager quel camp ravira la majorité parlementaire.

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. Si aucun candidat ne recueille plus de 50% des vote plus une voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

"L'anxiété du public atteint sa limite alors que le pays attend l'annonce du vainqueur", écrit le quotidien The Star lundi, notant que cette attente a été marquée par la patience et l'absence d'incidents. "Il s'agit d'un signe fort du fait que le Kenya a mûri en tant que démocratie", ajoute le journal.

Le pays, locomotive économique de la région, scruté par ses voisins, tourne au ralenti depuis le scrutin et ses écoles restent fermées.

La Commission électorale indépendante (IEBC), qui a jusqu'à mardi pour annoncer l'ensemble des résultats, est donc sous pression. Elle fut vivement critiquée il y a cinq ans après l'invalidation de la présidentielle par la Cour suprême - une première en Afrique.

Vendredi, elle a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

txw/amu/md/al/cpy

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AUG 14

Kenya: duel serré pour la présidence, les appels à l'unité se multiplient #

8/14/2022, 7:48 PM
Nairobi, KEN

Les appels à la paix et à l'unité ont résonné dimanche à travers le Kenya, plongé dans l'interminable attente des résultats de la présidentielle du 9 août qui apparaît particulièrement serrée, selon des résultats officiels partiels.

Dimanche matin, selon le décompte de la Commission électorale (IEBC) sur près de la moitié des bureaux de vote, le vice-président William Ruto menait ce coude-à-coude avec 51,25% des voix, contre 48,09% pour Raila Odinga, figure historique de l'opposition aujourd'hui soutenue par le président sortant Uhuru Kenyatta.

La commision a ensuite coupé la diffusion en direct des résultats, sans donner d'explication.

Mais un décompte du quotidien Daily Nation, citant les données officielles sur 70% des bureaux de vote, indiquait en soirée que M. Ruto avait obtenu jusqu'à présent 52,54% des suffrages tandis que M. Odinga en avait obtenu 46,78%.

Depuis leur vote de mardi, les Kényans retiennent leur souffle devant ce duel présidentiel qui pourrait être l'un des plus serrés de l'histoire du pays. Leur patience est unanimement saluée dans un pays qui a connu ces dernières décennies plusieurs épisodes de tensions et violences post-électorales, parfois sanglantes.

Dimanche, MM. Ruto et Odinga se sont rendus dans des églises de la capitale Nairobi.

Chemise blanche et veste légère, William Ruto a appelé à une suite pacifique du processus électoral lors d'un service religieux: "Nous avons voté pacifiquement, nous avons traversé ce processus pacifiquement et ma prière, c'est que nous terminions ce processus pacifiquement".

Raila Odinga, vêtu d'une tunique bleue, sa couleur de campagne, a, lui, récité une prière de Saint-François: "Je veux devenir un instrument pour apporter la paix, guérir, unir et garder l'espoir vivant dans notre pays".

Ailleurs, les offices dominicaux, très fréquentés dans ce pays religieux, ont été l'occasion d'appels à la responsabilité.

À l'annonce des résultats, "ne créez pas de problèmes ou de chaos, mais priez pour le nouveau président que Dieu nous a donné", a lancé l'évêque Washington Ogonyo Ngede devant 300 fidèles réunis à Kisumu, fief d'Odinga dans l'ouest du pays.

"Les dirigeants vont et viennent, mais le Kenya vit pour toujours", a ajouté cet ami de longue date de la famille Odinga.

A Eldoret, bastion de Ruto dans la vallée du Rift, l'évêque du diocèse catholique Dominic Kimengich a également appelé au calme, exhortant les hommes politiques à être "très prudents dans leurs propos".

"Nous avons connu cela en tant que Kényans, nous savons que toute remarque imprudente (...) peut facilement déclencher un conflit", a-t-il déclaré à l'AFP avant une messe dans la paroisse de Yamumbi. il a demandé aux responsables politiques d'"accepter la volonté du peuple" exprimée dans les urnes.

En écho au secrétaire d'État américain Antony Blinken samedi sur Twitter, une quinzaine d'ONG et de syndicats, dont Amnesty International, ont appelé dimanche "à la patience".

"Nous applaudissons les Kényans pour leur conduite pacifique pendant les élections et appelons au calme pendant que les résultats sont vérifiés", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Quelque 22,1 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes mardi pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et élus locaux.

Les résultats des scrutins locaux tombent au compte-gouttes. Ils ne laissent pas présager quel camp ravira la majorité parlementaire, mais ils dessinent d'ores et déjà une percée historique des femmes.

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. Si aucun de ces deux candidats ne recueille plus de 50% des voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

L'IEBC est donc sous pression. Non seulement parce que le pays, locomotive économique de l'Afrique de l'Est; tourne au ralenti dans l'attente des résultats, mais aussi parce qu'elle a été vivement critiquée il y a cinq ans après une présidentielle invalidée par la Cour suprême.

Vendredi, la commission a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

Cette élection est scrutée de près par la communauté internationale. Le Kenya est en effet un point d'ancrage démocratique dans la région et les résultats de toutes les présidentielles y ont été contestés depuis 2002.

Le scrutin de mardi dernier a été marqué par un taux de participation d'environ 65% (contre 78% en août 2017), sur fond d'une inflation galopante et de frustration à l'égard de l'élite politique.

bur-al/sva/cpy/emp

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AUG 14

Kenya: duel serré pour la présidence, les appels à l'unité se multiplient #

8/14/2022, 6:05 PM
Nairobi, KEN

Les appels à la paix et à l'unité ont résonné dimanche à travers le Kenya, plongé dans l'interminable attente des résultats de la présidentielle du 9 août qui apparaît particulièrement serrée, selon des résultats officiels partiels.

Dimanche matin, selon le décompte de la Commission électorale (IEBC) sur près de la moitié des bureaux de vote, le vice-président William Ruto menait ce coude-à-coude avec 51,25% des voix, contre 48,09% pour Raila Odinga, figure historique de l'opposition aujourd'hui soutenue par le président sortant Uhuru Kenyatta.

L'IEBC a ensuite coupé la diffusion en direct des résultats, sans donner d'explication.

Depuis leur vote de mardi, les Kényans retiennent leur souffle devant ce duel présidentiel qui pourrait être l'un des plus serré de l'histoire du pays. Leur patience est unanimement saluée dans un pays qui a connu ces dernières décennies plusieurs épisodes de tensions et violences post-électorales, parfois sanglantes.

Dimanche, MM. Ruto et Odinga se sont rendus dans des églises de la capitale Nairobi.

Chemise blanche et veste légère, William Ruto s'est montré serein, et n'a fait aucune déclaration.

Raila Odinga, vêtu d'une tunique bleue, sa couleur de campagne, a, lui, récité une prière de Saint-François: "Je veux devenir un instrument pour apporter la paix, guérir, unir et garder l'espoir vivant dans notre pays".

Ailleurs, les offices dominicaux, très fréquentés dans ce pays religieux, ont été l'occasion d'appels à la responsabilité.

À l'annonce des résultats, "ne créez pas de problèmes ou de chaos, mais priez pour le nouveau président que Dieu nous a donné", a lancé l'évêque Washington Ogonyo Ngede devant 300 fidèles réunis à Kisumu, fief d'Odinga dans l'ouest du pays.

"Les dirigeants vont et viennent, mais le Kenya vit pour toujours", a ajouté cet ami de longue date de la famille Odinga.

A Eldoret, bastion de Ruto dans la vallée du Rift, l'évêque du diocèse catholique Dominic Kimengich a également appelé au calme, exhortant les hommes politiques à être "très prudents dans leurs propos".

"Nous avons connu cela en tant que Kényans, nous savons que toute remarque imprudente (...) peut facilement déclencher un conflit", a-t-il déclaré à l'AFP avant une messe dans la paroisse de Yamumbi. il a demandé aux responsables politiques d'"accepter la volonté du peuple" exprimée dans les urnes.

Présente à cet office, Mary Wanjiru, 59 ans, a également dit "prier pour qu'il n'y ait pas de violence": "Nous voulons un Kenya en paix".

En écho au secrétaire d'État américain Antony Blinken samedi sur Twitter, une quinzaine d'ONG et de syndicats, dont Amnesty International, ont appelé dimanche "à la patience".

"Nous applaudissons les Kényans pour leur conduite pacifique pendant les élections et appelons au calme pendant que les résultats sont vérifiés", ont-ils déclaré dans un communiqué.

"Nous demandons aux candidats, à leurs partisans et au public à faire preuve de retenue", ont-ils ajouté.

Quelque 22,1 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes mardi pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et élus locaux.

Les résultats des scrutins locaux tombent au compte-gouttes. Ils ne laissent pas présager quel camp ravira la majorité parlementaire, mais ils dessinent d'ores et déjà une percée historique des femmes.

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. Si aucun de ces deux candidats ne recueille plus de 50% des voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

L'IEBC est donc sous pression. Non seulement parce que le pays, locomotive économique de l'Afrique de l'Est; tourne au ralenti dans l'attente des résultats, mais aussi parce qu'elle a été vivement critiquée il y a cinq ans après une présidentielle invalidée par la Cour suprême.

Vendredi, la commission a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

Cette élection est scrutée de près par la communauté internationale. Le Kenya est en effet un point d'ancrage démocratique dans la région et les résultats de toutes les présidentielles y ont été contestés depuis 2002.

Le scrutin de mardi dernier a été marqué par un taux de participation d'environ 65% (contre 78% en août 2017), sur fond d'une inflation galopante et de frustration à l'égard de l'élite politique.

bur-al/sva/cpy

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AUG 14

Kenya: duel serré pour la présidence, les appels à l'unité se multiplient #

8/14/2022, 2:11 PM

Les deux favoris de la présidentielle du 9 août au Kenya se tiennent dans un mouchoir de poche, selon des résultats officiels partiels diffusés dimanche dans ce pays plongé dans l'expectative, où les appels au calme et à l'unité se multiplient.

Selon le décompte officiel de la commission électorale (IEBC) portant sur près de la moitié des bureaux de vote, le vice-président sortant William Ruto comptabilisait dimanche 51,25% des voix, contre 48,09% pour Raila Odinga, figure historique de l'opposition aujourd'hui soutenu par le président sortant.

Devant ce duel présidentiel qui pourrait être le plus serré de l'histoire du Kenya, la population retient son souffle.

Des appels ont été lancés au maintien du calme ayant prévalu durant le scrutin et l'ambiance à travers le pays restait apaisée, loin des tensions et violences post-électorales passées, parfois sanglantes.

Dimanche, les deux principaux candidats ont affiché une image de sérénité. En chemise blanche et veste légère, William Ruto est apparu décontracté, chantant main dans la poche lors d'une messe à Nairobi.

Raila Odinga, en tunique bleue, sa couleur de campagne, a prié dans une autre église de la capitale.

Ailleurs dans le pays, les offices dominicaux, très fréquentés dans ce pays religieux, ont été l'occasion d'appels à la responsabilité.

L'évêque Washington Ogonyo Ngede, ami de longue date de la famille Odinga, a exhorté de Kisumu - fief d'Odinga situé dans l'ouest du pays - à dépasser les clivages.

À l'annonce des résultats, "ne créez pas de problèmes ou de chaos, mais priez pour le nouveau président que Dieu nous a donné (...). Les dirigeants vont et viennent mais le Kenya vit pour toujours", a-t-il lancé, acclamé par les quelque 300 fidèles présents.

Dans le diocèse d'Eldoret, bastion de Ruto dans la vallée du Rift, l'évêque Dominic Kimengich a également indiqué prier pour la paix. "Les gens ont exprimé leur préférence. Les hommes politiques doivent accepter la volonté du peuple", a-t-il estimé avant une messe dans la paroisse de Yamumbi.

En écho au secrétaire d'État américain Antony Blinken samedi sur Twitter, une quinzaine d'ONG et de syndicats, dont Amnesty Inernational, ont appelé dimanche "à la patience".

"Nous applaudissons les Kényans pour leur conduite pacifique pendant les élections et appelons au calme pendant que les résultats sont vérifiés", ont-ils déclaré dans un communiqué, se disant "vraiment impressionnés par les nombreux candidats qui ont gracieusement concédé leur défaite et plaidé pour travailler avec les vainqueurs".

Quelque 22,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes mardi pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et élus locaux.

Les résultats des scrutins locaux tombent également au compte-gouttes. Ils ne laissent pas présager quel camp ravira la majorité parlementaire, mais ils dessinent d'ores et déjà une percée historique des femmes.

Pour la présidentielle, le suspense est maximal. Si aucun de ces deux candidats ne recueille plus de 50% des voix, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour.

L'IEBC est donc sous pression. Non seulement parce que la locomotive économique de l'Afrique de l'Est tourne au ralenti dans l'attente des résultats, mais aussi parce que cette commission a été vivement critiquée il y a cinq ans après une présidentielle invalidée par la Cour suprême, puis reprogrammée.

Vendredi, l'IEBC a reconnu que les opérations de collecte, comptage et vérification des résultats étaient plus longues que prévu, ralenties, selon elle, par l'interférence de partisans des partis politiques.

Quelques heurts ont opposé dans la nuit de samedi à dimanche des militants dans la salle où l'IEBC mène la vérification des résultats.

Cette élection est scrutée de près par la communauté internationale.

Le Kenya est en effet un point d'ancrage démocratique dans la région et les résultats de toutes les présidentielles y ont été contestés depuis 2002.

Le scrutin de mardi dernier a été marqué par un taux de participation d'environ 65% (contre 78% en août 2017), sur fond d'une inflation galopante et de frustration à l'égard de l'élite politique.

bur-al/sva/jg

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