Manche: 72 migrants secourus au large de Calais et Boulogne-sur-mer #
Deux embarcations transportant au total 72 migrants, dont 11 enfants, ont été secourues dimanche au large de Calais et de Boulogne-sur-mer alors qu'elles tentaient de rejoindre les côtes britanniques, a annoncé la préfecture maritime.
En début de matinée, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez a été informé que plusieurs embarcations de migrants se trouvaient en difficulté au large de Calais, a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué.
Une première embarcation avec à son bord 38 personnes - dont quatre femmes et quatre enfants - a été récupérée par le patrouilleur Thémis qui les a déposées à Calais peu après 10H30, selon le communiqué.
Par ailleurs, 34 autres migrants - dont cinq femmes et sept enfants - ont été secourus par un remorqueur affrété par la Marine nationale, et amenés au port de Boulogne-sur-Mer à 11h30.
Tous sains et saufs, ils ont été pris en charge par le du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) et la police aux frontières (PAF) du Pas-de-Calais.
Depuis fin 2018, ces traversées illégales de la Manche par des migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni se multiplient malgré les mises en garde répétées des autorités soulignant le danger lié à la densité du trafic, aux forts courants et à la faible température de l'eau.
En 2020, plus de 9.500 traversées ou tentatives de traversée de ce type ont été recensées, soit quatre fois plus qu'en 2019, selon un bilan de la préfecture maritime. Six personnes y ont trouvé la mort et trois ont disparu, après quatre morts en 2019.
cmk/cab/swi
Une centaine de migrants secourus au large de la Libye par SOS Méditerranée #
L'équipe de l'Ocean Viking, navire-ambulance de SOS Méditerranée, a secouru samedi 106 personnes dont des mineurs au large de la Libye, a annoncé l'ONG française qui effectue sa 2e mission de l'hiver.
L'opération de secours s'est déroulée samedi en fin de matinée à 34 milles nautiques (63 kilomètres) des côtes libyennes auprès d'une "embarcation pneumatique en détresse", a twitté l'association, dont le siège est à Marseille (sud de la France).
Dans le détail, s'y trouvaient 31 hommes, 8 femmes, 67 mineurs dont 51 indiquant être non-accompagnés, a précisé une responsable à l'AFP ajoutant qu'une femme est tombée inconsciente pendant l'opération.
Jeudi, l'Ocean Viking avait déjà secouru 10 personnes dont trois enfants et un bébé qui vomissaient constamment, souffrant visiblement de déshydratation. Ils sont désormais hors de danger, a précisé la responsable.
Lors de sa première mission de l'hiver en janvier-février, l'Ocean Viking avait sauvé quelque 800 personnes.
Il y a actuellement deux navires de secours en opération, l'ONG espagnole Open Arms ayant indiqué jeudi sur Twitter être en route pour "la frontière la plus mortelle du globe".
Les candidats à l'exil de l'Afrique partent pour l'essentiel de Tunisie et de Libye pour rejoindre l'Europe via l'Italie, dont les côtes sont les plus proches.
Plus de 1.200 migrants ont péri en 2020 en Méditerranée, dont la grande majorité sur cette route centrale, selon l'Organisation internationale pour les migrations.
Les navires des ONG, tels l'Ocean Viking, sauvent des vies mais sont aussi accusés depuis plusieurs années de faire le jeu des passeurs. L'Union européenne s'est divisée sur la manière de gérer le problème depuis que la crise des migrants clandestins a débuté en 2015.
Début mars, le Conseil de l'Europe avait vilipendé le "manque de volonté des États européens" à établir des politiques de protection des migrants traversant la Méditerranée, causant la perte de "milliers de vies humaines".
san/abx
Le groupe Etat islamique: même sans califat, des ambitions intactes #
C'était en mars 2019: les forces kurdes annonçaient la fin du "califat" autoproclamé du groupe Etat islamique. Deux ans plus tard, l'organisation jihadiste la plus brutale de l'histoire moderne reste aussi active que dangereuse, sans doute pour longtemps.
Même s'il ne contrôle plus, comme à son apogée, un territoire aussi vaste que le Royaume-Uni à cheval entre Irak et Syrie, l'EI conserve une terrible capacité de nuisance.
"Pour l'instant, il se terre, mais avec pour projet de maintenir son insurrection en Irak et Syrie ainsi qu'une présence cyber planétaire tout en conservant une structure cellulaire qui lui permet de commettre des attentats terroristes", déclarait en février le chef du Commandement central américain, le général Kenneth McKenzie.
Peu après, la France réclamait une réunion de la coalition internationale, sous commandement américain, arguant d'une "forte résurgence de Daech", l'acronyme arabe du groupe.
L'inquiétude n'est pas infondée. Entre la chute de Baghouz (Est syrien) le 23 mars 2019 et fin février 2021, l'EI a revendiqué 5.665 opérations militaires dans 30 pays soit huit par jour, selon un analyste spécialiste de l'EI qui requiert l'anonymat et publie ses recherches sur le compte Twitter Mister_Q.
L'étau continue d'étrangler l'Irak et la Syrie, comme en témoigne l'attentat-suicide qui a fait plus de 30 morts à Bagdad en janvier. Mais au delà du Levant, où l'EI a bâti sa macabre notoriété avec des vidéos de crucifixion, des détenus égorgés en combinaison orange et des prisonniers brûlés vifs dans des cages, le groupe est présent depuis le Mozambique jusqu'en Egypte et du Mali au Sri Lanka en passant par le Caucase et l'Asie du Sud-Est.
Après la mort dans un assaut américain de son chef Abou Bakr al-Baghdadi fin 2019, Amir Mohammed al-Mawla lui a succédé dans la plus grande discrétion. Ses objectifs sont inconnus mais la puissance de son réseau incontestable.
"L'EI maintient un tempo constant", constate Charles Lister, directeur du programme anti-terrorisme au Middle East Institute. "La décision, prise il y a des années, de se cacher et de décentraliser commandement et contrôle reste en vigueur".
Quelle que soit la zone géographique, les franchises de l'EI appliquent une stratégie constante, constate "Mr. Q" : "d'abord exploiter l'instabilité de l'Etat en pilonnant les forces armées dans une sorte de guerre d'usure, ensuite forcer les ennemis du groupe à fuir le territoire et se positionner en garant de la sécurité de la population", résume-t-il pour l'AFP.
La troisième phase, le califat, ne vient qu'après. Mais l'EI a-t-il réellement besoin d'administrer une région et de battre monnaie ? "Dans l'esprit de ses membres, le califat existe encore aujourd'hui", répond Charles Lister. "L'idée selon laquelle il a été aboli relève d'une conception occidentale, étrangère au groupe lui même".
Tore Hamming, chercheur au Département des études de la guerre du King's College de Londres, constate que les fissures au sein de l'EI, espérées fin 2019, n'ont pas prospéré. "Je ne pense pas que le groupe soit d'accord avec l'idée que le califat a pris fin", explique-t-il à l'AFP. "Après tout, leur chef est toujours appelé calife", fait-il valoir, décrivant la "fascinante" capacité d'adaptation de la centrale jihadiste.
D'autant que l'EI opère progressivement une sorte de mue géographique, déplaçant son épicentre notamment vers l'Afrique de l'Ouest. La région du lac Tchad est aujourd'hui l'une des plus actives du groupe à l'échelle mondiale. "Il sera intéressant de regarder si ce déplacement se traduit jusque dans l'organisation formelle du pouvoir" central, relève Tore Hamming.
Mais pour l'heure, la direction est encore au Levant, où la coalition internationale a souffert de la pandémie de Covid-19 et de la volonté de l'administration Trump de réduire les troupes américaines au Moyen-Orient.
Il est trop tôt pour connaître les projets du président Joe Biden, mais Washington veut voir ses "partenaires locaux monter en puissance pour poursuivre le combat contre l'EI dans leurs zones respectives et sans assistance extérieure", explique le général McKenzie.
Le drapeau noir, ajoute-t-il, a d'autant moins fini de flotter que son idéologie perdure. Rien que dans le camp de prisonniers d'Al-Hol, dans la zone syrienne tenue par les rebelles kurdes, vivent selon l'officier américain 62.000 personnes dont les deux-tiers ont moins de 18 ans, la moitié moins de 12 ans. Une jeunesse élevée dans la misère, la violence quotidienne, le fanatisme religieux et la haine de l'Occident.
"Le risque à long terme, c'est l'endoctrinement systémique de cette population", craint-il, décrivant un risque "générationnel" sous forme de bombe à retardement. "Ne pas régler cela signifie que l'EI ne sera jamais réellement battu", estime-t-il. "Ce n'est pas en l'ignorant qu'il va disparaître".
dla/fz/at
Un homme condamné à 8 ans de prison pour le viol d'une prostituée trans sans papier #
Un homme a été condamné jeudi soir par la cour d'assises de Paris à huit ans de prison pour le viol d'une prostituée transgenre en situation irrégulière au Bois de Boulogne en 2018.
Cet homme de 28 ans a été reconnu coupable de "viol commis sous la menace d'une arme", pour lequel il encourait 20 ans de réclusion, "vol" et "récidive de recours à la prostitution". Dès l'ouverture du procès mardi, il a reconnu avoir violé Cristina T., une Péruvienne de 39 ans, sous la menace d'un couteau.
La cour a également prononcé une peine de suivi socio-judiciaire de cinq ans, avec notamment l'obligation d'exercer une activité professionnelle ou de suivre une formation à sa sortie de prison.
"Je suis très heureux que Cristina ait eu cette écoute sensible pendant ces trois jours de procès. Elle a été écoutée par la justice française", a réagi l'avocat de la partie civile Julien Fournier.
Le parquet avait requis une peine de neuf ans de prison. Cristina T. "a vécu un viol avec violence, le couteau sur la figure, avec la peur de mourir", a résumé l'avocat général Olivier Auferil lors de ses réquisitions. Si elle n'avait pas avant ces faits "une vie enviable", elle a depuis "une vie brisée".
Les faits se sont déroulés une nuit de novembre 2018. "Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", a-t-elle raconté mercredi à la cour, en larmes. L'accusé a ensuite brandi son couteau et lui a imposé une fellation et un rapport anal non protégés. Il lui a également volé 150 euros.
Chose rare pour une personne prostituée en situation irrégulière, Cristina a déposé plainte. L'enquête a pu avancer rapidement car elle avait mémorisé la plaque d'immatriculation de l'accusé.
"Les travailleurs et travailleuses du sexe constituent des proies faciles, des cibles privilégiées pour les agresseurs sexuels. Pour certains clients, les prostituées sont une espèce de marchandise dont on peut disposer à sa guise", a déclaré l'avocat général. Les prostituées sans papier "évitent les contacts avec la police. Les prédateurs sexuels le savent".
Le magistrat a cependant souligné que l'accusé, détenu depuis novembre 2018, avait entamé "une prise en charge psychologique", et affiché "une prise de conscience" de la gravité de ses actes.
"Il n'a pas eu une vie facile", a-t-il relevé, évoquant son "traumatisme" après avoir fui, enfant, la guerre civile au Congo.
"Peut-on imaginer que quand à 5 ans on a eu peur pour sa vie, ça n'a aucune conséquence sur la suite?", a questionné l'avocat de la défense, Antoine Aussedat, lors des plaidoiries. Il a mis en avant "l'évolution" de l'accusé en détention, "sa maturation porteuse d'espoir".
Il est suivi par un psychologue une fois par semaine en détention. "J'avais enfoui de la violence en moi", a-t-il expliqué à la cour.
ctx/bow
France: lourde amende pour la chaîne CNews pour "incitation à la haine" anti-migrants #
Le régulateur français de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'informations du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence", pour des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour, habitué des saillies racistes.
Le groupe Canal+, maison-mère de CNews, a "déploré" une décision contrevenant "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".
Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" consacré à la question des migrants mineurs isolés, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste", alors même que le polémiste venait d'être condamné pour les mêmes motifs.
"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard", justifie le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans un communiqué. "La maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification".
La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.
CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste, alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à la chaine d'info LCI pour sa retransmission intégrale du discours en direct.
Cette sanction pécuniaire est une première pour une chaîne d'informations en France.
ac-cgu/may/vk/dlm/mba
Eric Zemmour: retour sur plus de 10 ans de poursuites #
Polémiste assumé, Eric Zemmour s'est installé dans le paysage médiatique, désormais en tant que pilier de la chaîne d'info CNews, tout en accumulant les plaintes sur le terrain judiciaire.
En novembre 2008, Patrick Lozès, fondateur du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), porte plainte contre l'éditorialiste pour diffamation. En mai 2012, le parquet le déboute. La décision est confirmée en 2013 en appel.
En avril 2009, cette fois Eric Zemmour attaque pour menaces de crimes et injure publique le rappeur Youssoupha qui le traitait de "con" et appelait à le faire "taire" dans une de ses chansons.
En première instance en 2011, la justice donne raison à Eric Zemmour. Le rappeur et sa maison de disques EMI Musique France écopent d'amendes avec sursis et doivent verser au polémiste des dommages et intérêts.
Au final, le rappeur sera déclaré "non coupable" en 2012 par la cour d'appel de Paris.
En mars 2010, l'éditorialiste, qui officie alors au Figaro et RTL, affirme sur Canal+ dans une émission de Thierry Ardisson que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait". Le même jour, il renchérit sur France Ô estimant que les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs.
Poursuivi par plusieurs associations antiracistes, il est condamné à 2.000 euros d'amende avec sursis pour provocation à la haine raciale.
En 2014, Eric Zemmour cumule deux affaires pour incitation ou provocation à la haine.
La première découle d'une chronique diffusée sur RTL en mai dans laquelle il évoque "les bandes" d'étrangers "qui dévalisent, violentent ou dépouillent". S'ensuit une plainte pour "incitation à la haine raciale" et "diffamation raciale". En septembre 2015, il est relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.
Décembre 2014, Eric Zemmour replonge dans la controverse après une interview au Corriere della Sera dans laquelle il déclare que les musulmans "ont leur code civil, c'est le Coran", qu'ils "vivent entre eux, dans les banlieues" et que "les Français ont été obligés de les quitter".
Face au tollé, la chaîne d'information ITélé (devenue CNews en 2017) met fin à son contrat quelques jours plus tard. En février, Zemmour contre-attaque et poursuit la chaîne pour rupture "brutale et abusive" de son contrat. Sur le terrain judiciaire, il finit par être relaxé.
En 2016, sur le plateau de "C à vous" (France 5), l'auteur du "Destin français" estime qu'il faut donner aux musulmans "le choix entre l'islam et la France" et que la France vit "depuis 30 ans une invasion", avec dans certaines banlieues une "lutte pour islamiser un territoire".
Ces propos entraîneront une condamnation définitive pour provocation à la haine religieuse, en septembre 2019, à 3.000 euros d'amende. Reprochant à la France de violer sa liberté d'expression, le polémiste a saisi en décembre 2019 la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
En 2018, Eric Zemmour qualifie le prénom de la chroniqueuse Hapsatou Sy d'"insulte à la France" qui lui répond par une plainte pour "injure raciste".
En septembre 2019, il prononce une violente diatribe sur l'islam et l'immigration lors d'un rassemblement politique à Paris. Il est condamné un an plus tard à 10.000 euros d'amende pour injure et provocation à la haine.
Fin septembre 2020, Eric Zemmour dérape sur CNews sur les migrants mineurs isolés qu'il traite de "voleurs", "assassins" et "violeurs". De multiples plaintes sont déposées par des départements notamment. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste.
Début février, le chroniqueur a été relaxé par le tribunal de Paris où il était jugé pour "contestation de crime contre l'humanité" après avoir soutenu que le maréchal Pétain avait "sauvé" les Juifs français.
Peu après, le journaliste Taha Bouhafs poursuit l'éditorialiste pour "injure publique" après s'être fait qualifié de "militant islamiste" sur CNews en novembre dernier.
cgu-ac/may/bow
Viol d'une prostituée trans sans papier: 9 ans de prison requis contre l'accusé #
Une peine de neuf ans de prison a été requise jeudi contre un homme jugé devant la cour d'assises de Paris pour le viol d'une prostituée transgenre en situation irrégulière au Bois de Boulogne en 2018.
Cristina T., une Péruvienne de 39 ans, "a vécu un viol avec violence, le couteau sur la figure, avec la peur de mourir", a résumé l'avocat général Olivier Auferil. Si elle n'avait pas avant ces faits "une vie enviable", elle a depuis "une vie brisée".
L'accusé, un homme de 28 ans, est jugé pour "viol commis sous la menace d'une arme", peine pour laquelle il encourt 20 ans de réclusion, "vol", "récidive de recours à la prostitution". Dès l'ouverture du procès mardi, il a reconnu avoir violé Cristina, sous la menace d'un couteau.
Cette femme transgenre se prostituait au Bois de Boulogne. Les faits se sont déroulées une nuit de novembre 2018. "Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", a-t-elle raconté mercredi à la cour, en larmes. L'accusé a ensuite brandi son couteau et lui a imposé une fellation et un rapport anal non protégés.
Chose rare pour une personne prostituée en situation irrégulière, Cristina a déposé plainte. L'enquête a pu avancer rapidement car elle avait mémorisé la plaque d'immatriculation de l'accusé.
"Les travailleurs et travailleuses du sexe constituent des proies faciles, des cibles privilégiées pour les agresseurs sexuels. Pour certains clients, les prostituées sont une espèce de marchandise dont on peut disposer à sa guise", a déclaré l'avocat général. Les prostituées sans papier "évitent les contacts avec la police. Les prédateurs sexuels le savent".
Le magistrat a cependant souligné que l'accusé, détenu depuis novembre 2018, avait entamé "une prise en charge psychologique", et affiché "une prise de conscience" de la gravité de ses actes.
"Il n'a pas eu une vie facile", a-t-il relevé, évoquant son "traumatisme" après avoir fui, enfant, la guerre civile au Congo.
"Peut-on imaginer que quand à 5 ans on a eu peur pour sa vie, ça n'a aucune conséquence sur la suite?", a questionné son avocat, Antoine Aussedat. Il a mis en avant "l'évolution" de l'accusé en détention, "sa maturation porteuse d'espoir".
L'accusé est suivi par un psychologue une fois par semaine en détention. "J'avais enfoui de la violence en moi", a-t-il expliqué à la cour.
Le verdict doit être rendu jeudi soir.
ctx/els/swi