Nicolas Sarkozy, ancien président rattrapé par les affaires judiciaires #
L'ancien président Nicolas Sarkozy, qui doit comparaître à partir de mercredi pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, deux semaines après avoir été condamné à une peine de prison ferme dans l'affaire dite des "écoutes", vit sa retraite politique sous pression judiciaire.
Nicolas Sarkozy a été condamné le 1er mars 2021 par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence.
Il a été reconnu coupable d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret dans une procédure judiciaire. En échange: la promesse d'un soutien pour un poste à Monaco.
Thierry Herzog et Gilbert Azibert ont été condamnés à la même peine, avec en sus cinq ans d'interdiction professionnelle pour le premier. Les trois prévenus ont fait appel.
Nicolas Sarkozy doit être jugé à partir de mercredi à Paris, pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans le cadre de l'affaire Bygmalion.
Il n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures au coeur de la fraude mais pour avoir dépassé le seuil légal de dépenses électorales de plus de 20 millions d'euros.
Au-delà de l'ex-chef de l'Etat, le juge d'instruction Serge Tournaire a ordonné en 2017 le renvoi en correctionnelle de treize autres personnes.
Leurs différents recours ont été rejetés par la cour d'appel en 2018, puis par le Conseil constitutionnel et la Cour de cassation en 2019.
Des juges enquêtent depuis 2013 sur des accusations de financements libyens de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, formulées par l'intermédiaire Ziad Takieddine et d'anciens dignitaires libyens.
Le 11 novembre 2020, dans une spectaculaire volte-face, M. Takieddine est revenu sur ses accusations. Le parquet national financier (PNF) a rétorqué que les charges contre l'ancien président "ne se limitent pas aux déclarations" de l'intermédiaire.
L'ancien locataire de l'Elysée a été mis en examen le 21 mars 2018 pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, puis le 12 octobre 2020 pour association de malfaiteurs.
Parmi les autres mis en examen figurent l'ex-secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, l'ancien trésorier de la campagne Eric Woerth et l'ancien ministre Brice Hortefeux.
Le PNF a confirmé le 15 janvier 2021 avoir ouvert une enquête pour trafic d'influence et blanchiment de crime ou délit visant des activités de conseil de M. Sarkozy en Russie.
Selon Mediapart, cette enquête a été ouverte à l'été 2020. Elle vise à déterminer si l'ancien chef de l'Etat "se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles" pour le compte d'oligarques russes.
L'ex-président a bénéficié d'un non-lieu dans plusieurs dossiers: ses voyages en jet privé facturés à la société Lov Group de son ami Stéphane Courbit ; ses pénalités réglées par l'UMP pour le dépassement des dépenses de campagne en 2012 ou encore l'affaire des dons octroyés à l'UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017).
Dans l'affaire des sondages surfacturés commandés par l'Elysée, Claude Guéant et d'ex-proches de Nicolas Sarkozy doivent être jugés en correctionnelle, l'ancien président étant couvert par son immunité présidentielle.
doc-paj/ber/alv/it/cb
Affaire Bygmalion: Nicolas Sarkozy à nouveau devant les juges #
Quinze jours après avoir été condamné dans l'affaire dite "des écoutes", Nicolas Sarkozy est jugé à nouveau à partir de mercredi à Paris, cette fois pour les dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012, dans le dossier Bygmalion.
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy a été le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme: trois ans dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d'influence.
Dans l'affaire Bygmalion, l'ancien président encourt un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende pour "financement illégal de campagne électorale".
Il est soupçonné d'avoir laissé filer ses comptes de campagnes au-delà de leur plafond légal malgré les avertissements des experts-comptables.
Même s'il "ne se dérobera pas", M. Sarkozy a fait savoir qu'il n'assisterait qu'aux audiences le concernant.
Mais le procès, prévu jusqu'au 15 avril, a de fortes probabilités d'être renvoyé en raison de l'hospitalisation de l'avocat de Jérôme Lavrilleux, ex-directeur adjoint de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy.
C'est Jérôme Lavrilleux qui avait révélé en 2014 le système de double comptabilité et de fausses factures mis en place pour dissimuler les dépassements de plafonds du compte du candidat.
Le tribunal examinera, dès l'ouverture de l'audience mercredi à 13H30, la demande de renvoi de M. Lavrilleux, à laquelle s'associent tous les avocats de la défense. Le parquet ne devrait pas s'y opposer.
Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française, le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé se rejetant mutuellement la responsabilité de la fraude.
Au total, 14 personnes doivent être jugées. Il s'agit d'anciens cadres de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, devenue Les Républicains, partie civile au procès), des responsables de la campagne de 2012 et des dirigeants de Bygmalion, la société d'événementiel chargée d'organiser les meetings du candidat Sarkozy via sa filiale Event & Cie.
Ils comparaissent pour faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie et financement illégal de campagne électorale, et complicité ou recel de ces délits.
Selon l'accusation, l'ancien président "a incontestablement bénéficié" du système de fausses factures, qui lui a permis de disposer pour la campagne de moyens "bien supérieurs à ce que la loi autorisait".
L'enquête n'a toutefois pas établi que le chef de l'Etat avait décidé de la mise en place du système, ni qu'il y avait participé ou même en avait été informé.
Il est reproché au candidat Sarkozy de ne pas avoir tenu compte de deux alertes alarmantes des experts-comptables pendant sa campagne, en mars et avril 2012.
Jean-François Copé, ancien patron de l'UMP et actuel maire de Meaux, a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire. Il sera entendu comme témoin pendant le procès et "répondra à l'ensemble des questions", a-t-il fait savoir par la voix de son avocat, Hervé Temime. "Je poursuivrai immédiatement en diffamation quiconque au sein du parti me mettra en cause", a averti M. Copé dans L'Opinion.
Les proches de Jean-François Copé n'ont toujours pas digéré un long article du Point, publié en février 2014, qui accusait l'ex-secrétaire général de l'UMP d'"avoir organisé un détournement de fond à son profit" au détriment du parti, grâce à la "puissante machine de guerre" qu'était Bygmalion. M. Copé a obtenu la condamnation du magazine pour cet article et ses partisans voient toujours la main des sarkozystes dans les "révélations" du journal.
Toujours proche de M. Copé, Jérôme Lavrilleux est aujourd'hui retiré de la politique - il gère des gîtes en Dordogne.
Également sur le banc des prévenus, Guillaume Lambert, ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, a assuré dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2 avoir directement prévenu l'ex-candidat sur les dépassements des frais. "Je lui ai indiqué la nécessité de faire des économies dans la campagne, de réduire un certain nombre de postes de dépense", a-t-il dit.
Au total, selon l'accusation, les dépenses de la campagne du candidat Sarkozy se sont élevées à "au moins 42,8 millions d'euros", bien au-delà du plafond légal autorisé. En 2012, ce plafond était de 16,8 millions d'euros pour le premier tour et de 22,5 millions d'euros pour le second.
En juillet 2013, le Conseil constitutionnel, présidé alors par Jean-Louis Debré, avait rejeté les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, en estimant qu'ils avaient dépassé le plafond autorisé de plus de 300.000 euros.
aje-mdh/lbx/dlm
Bygmalion: de la politique à l'hôtellerie, Lavrilleux tente de reconstruire sa vie #
De la politique à la gestion de gîtes, Jérôme Lavrilleux, 51 ans, ancien directeur-adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy reconverti dans l'hôtellerie, est l'un des 13 prévenus au procès de l'affaire Bygmalion, au côté de l'ex-président.
Il tente de reconstruire sa vie en faisant ce qu'il a toujours fait, dit-il: "le ménage pour les autres".
Mercredi doit s'ouvrir à Paris le procès de la tentaculaire affaire qui concerne le dépassement des comptes de campagne en 2012 de l'ancien président.
Le jeune quinquagénaire quitte donc pour quelques temps les deux gîtes cinq étoiles d'Abjat-sur-Bandiat (Dordogne), qu'il loue désormais aux amoureux du Périgord vert.
Le report du procès a toutefois été demandé car l'avocat de M. Lavrilleux a été hospitalisé pour cause de Covid. "Sans avocat, je vais à l'abattoir", lâche-t-il auprès de l'AFP
"J'assume de payer pour ce que j'ai fait, pas pour ce que je n'ai pas fait", affirme-t-il. "Je n'ai pas pris un euro, il n'y a eu aucun détournement d'argent. Ca ne fait pas de moi un ange, pas un monstre non plus. J'ai fait des choses qui n'étaient pas bien, pas des choses que j'estime immorales".
"Ma seule erreur fut de ne pas avoir dit +non+ quand on est venu me voir, en mars 2012, pour me dire: +les comptes sont dépassés, il faut que le parti (l'UMP devenue LR) paye+. J'aurais dû refuser".
Il assure n'avoir aucune "nostalgie" du passé. "Quand je fais le ménage dans mes gites, je ne me dis pas +avant, tu étais en jet privé avec Nicolas Sarkozy et Didier Barbelivien en train de chanter+"...
La vie de Jérôme Lavrilleux, du moins sa vie publique, ressemble à un roman: politique, argent, amitiés, coups bas s'y mêlent inextricablement. Son issue est encore incertaine, la justice tranchera. "Ca fait quatre ans que j'attends le procès et je sais que j'en ai encore pour trois ou quatre ans, en tenant compte d'un éventuel appel, renvoi en cassation", dit-il avec fatalisme.
L'opinion a découvert cet homme élancé au physique juvénile, accentué par de fines lunettes rectangulaires, un soir de mai 2014, en regardant BFMTV. C'est là qu'il lâche la petite bombe sur la falsification des comptes de campagne, prémices de "l'affaire Bygmalion". Les yeux embués par les larmes, Lavrilleux apparaît cassé.
"C'était mon arrêt de mort politique", dira-t-il plus tard.
Son amitié - qui perdure aujourd'hui - pour Jean-François Copé, ex-président de l'UMP, l'avait décidé à s'exprimer. Pour ne pas, dira-t-il, que celui-ci paie pour ce qu'il n'a "pas fait" et "jamais su". M. Copé est appelé au procès comme simple témoin.
Au plus fort de la bataille qui avait opposé son mentor à François Fillon pour la présidence de l'UMP, fin 2012, Lavrilleux tient une semaine entière, avec "six heures de sommeil" en tout, face aux fillonistes. Un médecin était même venu de nuit, en cachette, au siège de l'UMP, examiner l'homme terrassé par la fatigue. Au soir de la révélation du "Pénélopegate", qui devait coûter cher à Fillon en 2017, Lavrilleux enverra un SMS à Copé: "comme quoi, Dieu existe"...
Ce fils de garagiste, divorcé et sans enfants, est entré en politique par admiration pour Jacques Chirac.
Titulaire d'un simple BTS de commerce, il aime souligner qu'il n'a fait "ni l'ENA ni les grandes écoles", un peu comme le faisait Nicolas Sarkozy, qui l'a distingué de l'Ordre national du Mérite.
Avant de rejoindre Copé puis Sarkozy, M. Lavrilleux a été neuf ans directeur de cabinet à la mairie de Saint-Quentin et conseiller général. Elu au parlement européen en 2014, il siègera cinq ans comme membre du PPE (Parti populaire européen), bien qu'ayant démissionné dès 2014 de l'UMP.
L'an dernier, il a créé une petite entreprise en "conseils de communication citoyenne", la PACAP, dont il est l'unique actionnaire. Parmi ses rares "clients, figure la mairie de Rilleux-la-Pape - dont le maire, Alexandre Vincendet, est un proche de... Jean-François Copé.
npk/ib/lbx/dlm
Le financement des partis politiques et des campagnes électorales #
Au coeur du procès de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion, le financement des campagnes électorales fait l'objet de règles très strictes en France, dont un plafond de dépenses qu'il est reproché à l'ancien président d'avoir largement dépassé lors de sa tentative ratée de réélection en 2012.
Le financement des activités politiques a longtemps relevé du non-dit, de la débrouille et des arrangements avec la loi, jusqu'à ce qu'une série de scandales retentissants - dont l'affaire Urba à la fin des années 1980 - contraignent les gouvernements à y mettre un peu d'ordre.
Première d'une longue série, la loi du 11 mars 1988 pose le principe du financement public des partis représentés au Parlement, ainsi que des scrutins présidentiel et législatifs (Assemblée nationale et Sénat). Elle met aussi en place un plafonnement des dépenses de campagne et impose à tous les candidats des déclarations de patrimoine.
Celle du 15 janvier 1990 étend le financement public à toutes les élections et tous les partis et les autorise à bénéficier de fonds privés - particuliers ou entreprises - mais limités. Elle instaure aussi une Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Depuis ces deux textes fondateurs, les modalités des dons et leur contrôle ont été amendés à plusieurs reprises. Toujours sous la pression des affaires, des lois de 2013 et 2016 ont également imposé la publicité des déclarations de patrimoine des ministres, élus et candidats.
Cet arsenal de plus en plus complet n'est toutefois pas parvenu à éviter les scandales, comme l'affaire Bygmalion ou les soupçons de financement de l'ex-Front national devenu Rassemblement national par des banques russes, ni supprimé les difficultés de financement de nombreux partis.
En arrivant en 2017 au ministère de la Justice, François Bayrou a proposé de nouvelles règles et la création d'une "banque de la démocratie". Son projet n'a pas survécu à son départ précipité de la Chancellerie quelques semaines plus tard... à cause de soupçons d'emplois fictifs visant son parti le MoDem.
Le plafond des dépenses autorisées est de 22,509 millions d'euros pour chacun des deux candidats en lice au second tour et de 16,851 millions pour chacun des autres prétendants.
Les dons et aides matérielles des personnes morales, notamment des entreprises, sont strictement interdits. Ceux des particuliers sont autorisés mais dans une stricte limite: un citoyen peut donner 4.600 euros maximum, quel que soit le nombre de candidats qu'il soutient.
En plus de ces dons, le candidat peut recourir à des fonds personnels, des aides de partis ou à des emprunts bancaires.
Les dépenses sont remboursées par l'Etat à hauteur de 47,5% du plafond pour les candidats ayant obtenu plus de 5% des voix, et de 4,75% pour les autres.
Chacun d'entre eux reçoit une avance forfaitaire à partir du moment où il a réuni les 500 parrainages requis. Tout juste adopté au Parlement, un toilettage de la loi fait passer cette avance à 200.000 euros pour 2022, contre 153.000 auparavant. Les comptes de la campagne présidentielle à venir seront aussi publiés en "open data" (libre accès en ligne), comme c'est la règle pour les autres élections.
L'Etat prend en outre en charge les frais de la campagne officielle à la télévision et à la radio, les frais d'impression et de distribution des professions de foi, les frais d'impression et d'apposition des affiches sur les panneaux officiels.
Chaque candidat doit nommer un mandataire financier, personne physique ou association, qui est "l'intermédiaire obligatoire entre le candidat" et ceux qui le financent.
Le compte de campagne recense toutes les recettes et les dépenses, présentées ensuite à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CCNCFP), composée de neuf hauts magistrats nommés pour cinq ans renouvelables par décret du Premier ministre.
Cette commission approuve ou rejette les comptes, avec des conséquences financières lourdes: un rejet prive le candidat du remboursement public. S'il est prononcé pour dépassement du plafond, il entraîne une amende équivalente à ce dépassement.
doc-pa/alv/lbx/it
Nicolas Sarkozy, ancien président rattrapé par les affaires judiciaires #
L'ancien président Nicolas Sarkozy, qui doit comparaître à partir de mercredi pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, deux semaines après avoir été condamné à de la prison ferme dans l'affaire dite des "écoutes", vit sa retraite politique sous pression judiciaire.
Nicolas Sarkozy a été condamné le 1er mars 2021 par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence.
Il a été reconnu coupable d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret dans une procédure judiciaire. En échange: la promesse d'un soutien pour un poste à Monaco.
Thierry Herzog et Gilbert Azibert ont été condamnés à la même peine, avec en sus cinq ans d'interdiction professionnelle pour le premier. Les trois prévenus ont fait appel.
Nicolas Sarkozy doit être jugé à partir de mercredi à Paris, pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans le cadre de l'affaire Bygmalion.
Il n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures au coeur de la fraude mais pour avoir dépassé le seuil légal de dépenses électorales de plus de 20 millions d'euros.
Au-delà de l'ex-chef de l'Etat, le juge d'instruction Serge Tournaire a ordonné en 2017 le renvoi en correctionnelle de treize autres personnes.
Leurs différents recours ont été rejetés par la cour d'appel en 2018, puis par le Conseil constitutionnel et la Cour de cassation en 2019.
Des juges enquêtent depuis 2013 sur des accusations de financement libyens de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, formulées par l'intermédiaire Ziad Takieddine et d'anciens dignitaires libyens.
Le 11 novembre 2020, dans une spectaculaire volte-face, M. Takieddine est revenu sur ses accusations. Le parquet national financier (PNF) a rétorqué que les charges contre l'ancien président "ne se limitent pas aux déclarations" de ce dernier.
L'ancien locataire de l'Elysée a été mis en examen le 21 mars 2018 pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, puis le 12 octobre 2020 pour association de malfaiteurs.
Parmi les autres mis en examen figurent l'ex-secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, l'ancien trésorier de la campagne Eric Woerth et l'ancien ministre Brice Hortefeux.
Le PNF a confirmé le 15 janvier 2021 avoir ouvert une enquête pour trafic d'influence et blanchiment de crime ou délit visant des activités de conseil de M. Sarkozy en Russie.
Selon Mediapart, cette enquête a été ouverte à l'été 2020. Elle vise à déterminer si l'ancien chef de l'Etat "se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles" pour le compte d'oligarques russes.
L'ex-président a bénéficié d'un non-lieu dans plusieurs dossiers: ses voyages en jet privé facturés à la société Lov Group de son ami Stéphane Courbit ; ses pénalités réglées par l'UMP pour le dépassement des dépenses de campagne en 2012 ou encore l'affaire des dons octroyés à l'UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017).
Dans l'affaire des sondages surfacturés commandés par l'Elysée, Claude Guéant et d'ex-proches de Nicolas Sarkozy doivent être jugés en correctionnelle, l'ancien président étant couvert par son immunité présidentielle.
doc-paj/ber/alv/it
Marine Le Pen cherche à normaliser son discours pour "rassurer" les Français #
Marine Le Pen, candidate à l'Elysée, veut "rassurer" les Français sur sa capacité à exercer le pouvoir, en s'efforçant de normaliser toujours plus son discours, dont elle assume aussi les imprécisions.
"Décidément, que de témoignages de recentrage", s'est exclamé jeudi soir la présidente du Rassemblement national sur BFMTV, où elle a été interrogée pendant plus de deux heures.
Sur un ton mesuré, loin des outrances de 2017, la dirigeante d'extrême droite a défendu un projet, selon elle, "raisonnable" destiné à "rassurer" les Français qui ont "entendu beaucoup de (...) choses fausses" et "caricaturales" à son égard.
"La raison, l'équilibre, le bon sens" seront les "valeurs" qu'elle défendra dans sa campagne, relève son numéro deux Jordan Bardella. Campagne que Marine Le Pen aborde avec "combativité" face à Emmanuel Macron et une droite affaiblie, mais aussi "modestie".
Si les Français la trouvent --à 65% selon Elabe-- "arrogante", "cela doit être corrigé", assure la cheffe du RN.
"Je n'ai pas peur des étrangers", a affirmé aussi Mme Le Pen, qui revendique une "dédiabolisation" de son parti des accusations d'antisémitisme et de racisme depuis son arrivée à sa tête en 2011, et défend une politique hostile à l'immigration.
Mais en invoquant l'Outremer, où le RN est arrivé en tête aux européennes de 2019, pour justifier qu'elle n'était pas xénophobe, la dirigeante d'extrême droite s'est attiré les foudres de toute la macronie.
"Faut-il comprendre que Madame Le Pen considère les Ultramarins comme des étrangers ? Les Outremer, c'est bien la France. La couleur de peau de nos compatriotes n'y change rien", a tweeté le ministre des Outremer Sébastien Lecornu.
Accusée de manquer de personnel politique, la cheffe du RN a cité quelques ministres potentiels, comme l'ancien député LR Jean-Paul Garraud pour la Justice, ou l'ancien conseiller de Raymond Barre devenu le chantre au RN d'une écologie identitaire, Hervé Juvin, pour l'Ecologie. Les mêmes que Mme Le Pen avait investis sur la liste du RN arrivée en tête aux élections européennes et qu'elle a désignés comme têtes de liste aux régionales.
En quête de voix pour franchir la barre des 50%, alors que les sondages la portent aux rives de la majorité au second tour, Mme Le Pen a défendu l'idée de former, si elle était élue, un "gouvernement d'union nationale", n'excluant pas d'y intégrer sa nièce Marion Maréchal, qui plaide pour une "union des droites".
Mais en s'inscrivant déjà dans une victoire potentielle, la candidate risque de démobiliser son électorat traditionnel. Son père et ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Pen l'a prévenue qu'elle ne devait "pas du tout céder à cette attraction centriste avant le deuxième tour", parce qu'au premier tour, "il faut rassembler tous les Français qui sont légitimement excédés".
En quête de crédibilité notamment sur l'économie, Mme Le Pen a redit jeudi qu'elle était désireuse de rembourser la dette Covid mais sans "austérité budgétaire" et a défendu une politique d'investissements financée par "un grand emprunt national".
La France insoumise a dénoncé son manque de "propositions sérieuses" en matière économique. "Dès qu'elle sort de son bac à sable +immigration-voile-délinquance+, il n'y a plus personne", a fustigé le député Adrien Quatennens.
Accusée d'incompétence face à M. Macron en 2017, Mme Le Pen a minimisé ses erreurs. "Que la langue d'un responsable politique fourche, les Français, ils s'en moquent".
Pour la candidate, "l'économie ce n'est pas tant des chiffres que du bon sens" et, à cet égard, un "gouvernement d'experts, c'est catastrophique".
Malgré ses imprécisions, Jean-Daniel Levy, directeur délégué d'Harris Interactive, relève que "les électeurs ont tendance à considérer de plus en plus qu'elle est crédible sur des sujets où elle ne l'était pas par le passé".
Aux élections européennes, elle a progressé auprès des populations âgées de 50 ans et plus qui ne votaient pas d'habitude pour elle à cause du Frexit (sortie de la France de l'UE), auquel elle a renoncé après la présidentielle de 2017, rappelle-t-il.
Et géographiquement, le vote RN s'est étendu vers l'Ouest "auprès de populations jusqu'à présent rétives à voter pour lui".
are/jk/tes
LFI pilonne la prestation de Marine Le Pen sur BFMTV #
La France insoumise a dénoncé dans une salve de tweets "les mensonges" de Marine Le Pen et son manque de "propositions sérieuses" en matière économique après son entretien jeudi soir sur BFMTV.
"En face de la droite ultra libérale macroniste, Mme Le Pen a pris avec succès l'habit de la droite conservatrice traditionnelle. Le Système peut compter sur elle", a dénoncé le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon jeudi soir.
"Dès qu'elle sort de son bac à sable +immigration-voile-délinquance+, il n'y a plus personne. 2h30 d'émission, pas un mot sur les 10 millions de pauvres en France. Seule idée neuve: rembourser la dette. Waouh!", a ironisé le numéro deux du mouvement et député du Nord Adrien Quatennens.
Pour le député de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, elle n'a fait qu'"enfiler des perles plutôt que de répondre et de dire comment elle compte gouverner". "Eh oui, pas facile quand on n'a aucune proposition sérieuse et concrète et qu'on se contente de surfer sur le désespoir et la haine en trompant le peuple", a-t-il critiqué.
Sur le terrain économique, M. Mélenchon s'est inscrit en faux contre l'affirmation de la présidente du RN selon laquelle "plus personne ne parle" des critères de Maastricht qui imposent que le déficit public n'excède pas 3% du produit intérieur brut (PIB).
Et l'eurodéputée Manon Aubry a appelé BFMTV à proposer "au RN un débat économique sérieux".
"Économie: Immigration. Écologie: Immigration. Chômage: Immigration. Crise sociale: Immigration. Crise sanitaire: Immigration. Bref du Le Pen, depuis 40 ans", a résumé la députée du Val-de-Marne Mathilde Panot.
Marine Le Pen a redit jeudi soir qu'elle rembourserait la dette Covid mais qu'elle ne voulait pas de politique "d'austérité budgétaire", jugeant que "c'est par la relance des investissements qu'on recréera de la croissance et de l'emploi".
Les députés de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain et Alexis Corbière l'ont de leur côté accusée de caricaturer le département, leur homologue Eric Coquerel dénonçant une "ignorance" et des "mensonges à la hauteur de son mépris de classe".
A droite, l'ex-ministre Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement, a estimé vendredi sur BFMTV que "l'installation médiatique et sondagière du duel Macron-Le Pen (pour la présidentielle de 2022, NDLR) ça un seul objectif: priver les Français de cette élection".
Le député ex-LREM Aurélien Taché a de son côté critiqué le "niveau de complaisance" de BFMTV: "Ils ne font pas que lui dégager la voie... ils la propulsent".
Le ministre MoDem des Relations avec le Parlement Marc Fesneau s'est lui borné sur RFI vendredi à appeler à travailler à "résoudre la crise" pour les Français, ce qui "permettra de lutter contre toutes les formes de populismes".
ggy/cg/or