Pays-Bas: Mark Rutte pourrait former une nouvelle coalition d'ici l'été #
Le parti du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, prêt à entamer un quatrième mandat, avait bon espoir jeudi de former une nouvelle coalition d'ici l'été, après une victoire massive aux élections législatives.
Au pouvoir depuis 2010, ce qui fait de lui l'un des dirigeants européens en poste depuis le plus longtemps, M. Rutte et son parti libéral VVD s'apprêtent à entamer les discussions avec d'autres partis pour former un nouveau gouvernement.
Le VVD a gagné 35 des 150 sièges à la chambre basse du parlement, soit deux de plus qu'auparavant, après le décompte de la plupart des bulletins.
L'autre vainqueur est le parti de centre-gauche pro-Européen D66, emmené par la ministre du Commerce extérieur et de la Coopérationt, Sigrid Kaag, qui a remporté 23 sièges (+4).
Les progressistes deviennent ainsi le deuxième parti, détrônant la formation du député anti-islam Geert Wilders, rétrogradée à la troisième place avec 17 sièges.
De son côté, le populiste Thierry Baudet a fait de bonnes affaires après avoir mené une campagne contre les restrictions anti-coronavirus. Son Forum pour la Démocratie a désormais 8 sièges, contre 2 auparavant.
La présidente de la chambre basse Khadija Arib a réuni jeudi après-midi les têtes de liste pour discuter de la manière dont vont se dérouler les négociations pour former une nouvelle coalition, selon les médias néerlandais.
Annemarie Jorritsma, membre du VVD, a assuré auprès de la télévision publique NOS que la nouvelle coalition devrait être formée "avant l'été", avertissant toutefois que les négociations formelles qui devraient débuter lundi seraient "complexes".
Les pourparlers pour en créer une après les dernières législatives de 2017 avaient duré sept mois.
Rutte a déclaré mercredi soir qu'il était "évident" que ces négociations se feront quoi qu'il arrive avec le D66, au vu des résultats, et souhaite continuer à travailler avec le CDA (chrétiens-démocrates) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, qui est en recul avec 15 sièges.
Les deux formations faisaient déjà partie de la précédente coalition contrainte de démissionner en janvier après que des milliers de parents avaient été accusés à tort de fraude aux allocations familiales. Le gouvernement est toutefois resté en place pour gérer les affaires courantes.
M. Rutte, qui a d'ores et déjà exclu de travailler avec Geert Wilders ou Thierry Baudet, s'est félicité mercredi soir d'un "vote de confiance massif", après trois jours d'élections législatives dominées par la crise sanitaire.
Il a estimé que la question clé de ces élections était de déterminer comment "reconstruire" le pays après la pandémie.
"Ils auraient dû mieux gérer la situation avec le Covid. Mais je pense qu'une fois que tout le monde est vacciné, il pourrait être très important pour moi de relancer l'économie", a souligné Luke De Brouwer, employé d'une station-service à La Haye.
Corinne Metzlar, une institutrice, a elle affirmé que Rutte était "merveilleux". "Il fait un excellent travail pour notre pays. Et avec D66, avec Mme Kaag, je pense qu'ils formeront un très bon couple", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Surnommé le Premier ministre "Téflon" pour sa capacité à sortir indemne des crises politiques, M. Rutte deviendrait le Premier ministre à la plus grande longévité dans l'histoire des Pays-Bas, s'il parvenait à se maintenir au pouvoir jusqu'à a fin 2022.
Mais former une nouvelle coalition pourrait s'avérer compliqué car le VVD, D66 et CDA seraient à court de deux sièges pour atteindre la majorité de 76 sièges à la chambre basse, ce qui signifie qu'ils devront trouver au moins un autre partenaire dans un paysage politique toujours plus fragmenté.
Il semble que la chambre basse sera désormais composée d'un nombre record de 17 partis, égalant celui de 1918.
Selon des médias locaux, la coalition pourrait se tourner vers la gauche, car le plus petit parti de la coalition actuelle, la formation de centre-droit Christen Unie, pourrait ne plus convenir au D66, qui souhaite une "société plus progressiste et plus verte".
Mais les partis traditionnels de gauche ont passé une bien mauvaise soirée électorale. Le Parti travailliste reste bloqué à 9 sièges, tandis que les écologistes de GroenLinks accusent une lourde chute et tombent à 8 sièges.
L'ambiance était bien plus à la fête chez D66. Mme Kaag est apparue dansant mercredi soir debout sur une table, sur une photo postée sur Twitter.
"Quelle merveilleuse soirée", a-t-elle tweeté, ajoutant qu'il était temps de "se mettre au boulot" car, dit-elle, "l'avenir n'attend pas."
dk-cvo-smt/fjb
Les gagnants et les perdants des législatives néerlandaises #
Alors que le parti de droite libérale du Premier ministre Mark Rutte semble avoir remporté les élections législatives ce mercredi, les progressistes ont créé la surprise en devenant la deuxième force à la place de l'extrême droite.
Le scrutin a également entraîné une fragmentation sans précédent du Parlement. Un record de 17 partis devraient remporter des sièges à la chambre basse, avec quelques changements importants et de nouveaux visages faisant leur entrée dans l'hémicycle.
La grande surprise a été le triomphe électoral du D66 pro-UE de centre gauche, désormais en première position pour l'obtention d'un rôle clé au sein du prochain gouvernement de M. Rutte.
Même les dirigeants du parti semblaient surpris: à l'annonce des résultats, sa tête de liste, l'ancienne diplomate Sigrid Kaag, a dansé sur une table.
Le D66 a obtenu 23 sièges, ce qui en fait le deuxième plus grand parti au Parlement, selon le dernier décompte.
La formation pourrait participer à un certain virage vers la gauche de la prochaine coalition, et pourrait tempérer la fermeté de M. Rutte sur l'aide financière aux pays du sud de l'UE - une position critiquée par Mme Kaag lors des débats électoraux.
"Kaag a donné un nouveau style au parti", a déclaré à l'AFP Koen Damhuis, un politologue de l'Université d'Utrecht.
Le leader anti-islam d'extrême droite Geert Wilders a vu son Parti pour la liberté (PVV) perdre sa place de deuxième plus grand parti, se retrouvant à la troisième place avec 17 sièges.
M. Wilders avait lui-même admis à l'AFP que son parti pouvait perdre du terrain alors que la gestion de la pandémie dominait le vote.
Mais le PVV reste une formation importante, M. Rutte qualifiant mercredi ces résultats de "toujours très réussis".
M. Damhuis affirme aussi qu'il "aurait du mal à croire", en cas par exemple de nouvelle crise des migrants, si la popularité de M. Wilders "n'augmentait pas à nouveau".
Le parti populiste Forum pour la démocratie (FVD) devrait constituer une opposition non négligeable au sein du nouveau Parlement, la formation de Thierry Baudet ayant quadruplé son nombre de députés, parvenant à huit sièges.
De nombreux sondeurs avaient cessé de prendre au sérieux le parti après son implosion à la fin de l'année dernière, en raison d'accusations de racisme et d'antisémitisme, M. Baudet ayant démissionné avant d'effectuer un retour.
Celui-ci adhère, depuis plusieurs mois, à des thèses coronasceptiques, et semble avoir séduit une partie des Néerlandais anti-vaccins et anti-mesures sanitaires.
M. Wilders n'a de son côté montré aucun intérêt à travailler avec Thierry Baudet, ce qui signifie que l'extrême droite restera fragmentée.
"Pendant les quatre prochaines années, ils seront dans l'opposition, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne joueront aucun rôle", prévoit M. Damhuis.
L'effondrement des partis traditionnels de gauche s'est poursuivi à un rythme soutenu aux Pays-Bas. Le parti travailliste reste bloqué sur les neuf sièges qu'il détenait en 2017.
L'écologiste Jesse Klaver a quant à lui vu son parti GroenLinks chuter à huit sièges, contre les 14 remportés en 2017, alors qu'ils étaient considérés comme une nouvelle aube pour les partis progressistes.
L'un ou l'autre pourrait cependant se retrouver dans la prochaine coalition de M. Rutte si le D66 fait pression pour un autre parti de centre-gauche.
Une série de nouveaux partis devraient faire leurs débuts parlementaires, grâce à ce que M. Damhuis appelle "l'un des systèmes électoraux les plus ouverts au monde".
Le parti fédéraliste européen Volt est sur le point de remporter ses trois premiers sièges grâce à une vigoureuse campagne sur les réseaux sociaux.
La militante antiraciste et ancienne présentatrice de télévision Sylvana Simons a également remporté un siège après plusieurs tentatives, avec son parti BIJ1.
Le BoerBurgerBeweging (mouvement agriculteur-citoyen) a lui aussi obtenu un siège, après plusieurs manifestations d'agriculteurs contre des mesures climatiques.
"Cela correspond à une sorte de fragmentation de la société qui se reflète au niveau politique", observe M. Damhuis.
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Aux Pays-Bas, le "gestionnaire de crise" Mark Rutte garde une main ferme sur le pouvoir #
Image de stabilité, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte mise depuis longtemps sur un style de gestionnaire, d'autant plus accentué pendant la pandémie de coronavirus.
Mélange de flegme et de jovialité, le leader libéral, qui est au pouvoir depuis 2010, a réussi l'exploit de se rapprocher d'un quatrième mandat après la victoire de son parti de centre droit VVD aux législatives.
Se déplaçant la majeure partie du temps à vélo, même pour aller voter mercredi, Mark Rutte est l'incarnation du "Monsieur tout le monde", un personnage qu'il a su entretenir au fil des ans.
Accusé par certains de ses opposants de manquer de vision, le plus grand défi à venir de M. Rutte, s'il parvient à former une nouvelle coalition, consistera à assurer la bonne santé de l'économie néerlandaise après la pandémie.
"Rutte a joué de façon très intelligente son rôle de leader de la nation, de gestionnaire de crise", observe Koen Damhuis, politologue de l'Université d'Utrecht. "Il a vraiment essayé de minimiser les conflits politiques, en disant qu'on traversait cette crise ensemble - avec lui comme chef, évidemment. Et ca a porté ses fruits".
Mark Rutte a débuté sa carrière bien loin de la politique, travaillant d'abord en tant que responsable des ressources humaines chez le géant anglo-néerlandais Unilever. Cette première expérience de manager semble lui avoir conféré un sens de la diplomatie qui s'avérera utile par la suite.
Après s'être lancé en politique, il devient rapidement le chef du VVD en 2006, avant d'être élu Premier ministre quatre ans plus tard.
Des instincts politiques aiguisés, ainsi que de solides alliés, lui ont déjà permis de former trois gouvernements de coalition.
M. Rutte a toutefois admis mercredi que "tout ne s'est pas bien passé au cours des 10 dernières années".
Malgré sa capacité à esquiver les crises, il avait été contraint de démissionner en janvier après que des milliers de parents avaient été accusés à tort de fraude aux allocations familiales.
Son gouvernement était resté en place pour s'occuper des affaires courantes dans l'attente des élections.
"Je pense qu'il a un grand talent politique, mais il utilise son talent pour rester au pouvoir au lieu de faire de son mieux pour le pays", a regretté Jesse Klaver, chef du parti écologiste GroenLinks.
"Nous l'appelons le Premier ministre +Téflon+. il n'a pas d'idée personnelle, il suit le courant", a-t-il déclaré à l'AFP en marge des élections.
Au sein de l'UE, Mark Rutte divise, prônant l'austérité budgétaire durant la crise de la dette de la zone euro et affichant dernièrement une position ferme sur le plan de relance post-coronavirus, qui a agacé certains Etats membres du Sud.
Son intransigeance en matière de dépenses européennes semble pourtant avoir bien fonctionné auprès des électeurs néerlandais.
A 54 ans, Mark Rutte se décrit lui-même comme un "homme d'habitude et de tradition". Très discret sur sa vie privée, ce dernier d'une famille de sept enfants, qui rêvait tout d'abord d'une carrière de pianiste, habite depuis toujours à La Haye.
Jamais marié, il vit dans le même appartement qu'il a acheté après avoir obtenu son diplôme, conduit une Saab d'occasion lorsqu'il ne se déplace pas à vélo et enseigne l'instruction civique en tant que bénévole dans un collège.
"Il fait du vélo. C'est l'incarnation d'un type normal", résume le politologue André Krouwel, qui enseigne à l'Université libre d'Amsterdam.
Le dirigeant libéral a aussi été salué lorsqu'il est apparu qu'il n'avait rendu visite à sa mère mourante que peu avant son décès, se pliant aux restrictions sanitaires.
Mark Rutte, qui pourrait devenir le Premier ministre néerlandais le plus longtemps en poste, a déjà fait savoir qu'il n'était pas prêt à renoncer au pouvoir.
"Moi? J'ai de l'énergie pour encore 10 ans", a-t-il lancé, rayonnant, peu après l'annonce des résultats.
dk-amo/smt/mba
Pays-Bas: Mark Rutte aux manettes pour former une nouvelle coalition #
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, prêt à entamer un quatrième mandat, abordait jeudi des négociations pour former une nouvelle coalition gouvernementale après une victoire massive aux élections législatives, marquées par la crise sanitaire.
En poste depuis 2010, ce qui fait de lui un des dirigeants européens en poste depuis le plus longtemps, M. Rutte et son parti libéral VVD s'apprêtent à entamer les discussions avec d'autres partis pour former un nouveau gouvernement après avoir gagné 35 des 150 sièges à la chambre basse du parlement, soit deux de plus qu'auparavant, après le décompte de 88% des voix.
L'autre vainqueur est le parti de centre-gauche pro-Européen D66, emmené par la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération pour le développement, Sigrid Kaag, qui a remporté 24 sièges, soit 5 supplémentaires.
Les progressistes deviennent ainsi le deuxième parti, détrônant la formation du député anti-islam Geert Wilders, rétrogradée à la troisième place avec 17 sièges.
De son côté, le populiste Thierry Baudet à fait de bonnes affaires après avoir mené une campagne contre les restrictions anti-coronavirus. Son Forum pour la Démocratie a désormais 8 sièges, contre 2 auparavant.
La présidente de la chambre basse Khadija Arib devaient réunir jeudi après-midi les têtes de liste pour discuter de la manière dont vont se dérouler les négociations pour former une nouvelle coalition, selon l'agence de presse néerlandaise ANP.
Rutte a déclaré mercredi soir qu'il était "évident" que ces négociations se feront quoi qu'il arrive avec le D66, au vu des résultats, et souhaite continuer à travailler avec le CDA (chrétiens-démocrates) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, qui est en recul avec 15 sièges.
Les deux formations faisaient déjà partie de la précédente coalition contrainte de démissionner en janvier après que des milliers de parents avaient été accusés à tort de fraude aux allocations familiales. Le gouvernement est toutefois resté en place pour gérer les affaires courantes.
M. Rutte, qui a d'ores et déjà exclu de travailler avec Geert Wilders, s'est félicité mercredi soir d'un "vote de confiance massif", après trois jours d'élections législatives dominées par la crise sanitaire.
Il a admis que "tout ne s'est pas bien passé au cours des dix dernières années", mais a déclaré que la question clé de ces élections était de déterminer comment "reconstruire" le pays après la pandémie.
Le nouveau gouvernement va devoir trouver un moyen de sortir de la crise "pour que les entreprises, les théâtres, les cinémas et les musées puissent rouvrir", a-t-il poursuivi. "J'ai l'énergie pour encore dix ans", a-t-il ajouté.
Surnommé le Premier ministre "Téflon" pour sa capacité à sortir indemne des crises politiques, M. Rutte deviendrait le Premier ministre à la plus grande longévité dans l'histoire des Pays-Bas, s'il parvenait à se maintenir au pouvoir jusqu'à a fin 2022.
Mais former une nouvelle coalition pourrait s'avérer compliqué car le VVD, D66 et CDA seraient à court de deux sièges pour atteindre la majorité de 76 sièges à la chambre basse, ce qui signifie qu'ils devront trouver au moins un autre partenaire dans un paysage politique toujours plus fragmenté.
Après le décompte de près de 90% des voix, il semble que la chambre basse sera désormais composée d'un nombre record de 17 partis, égalant celui de 1918.
Selon des médias locaux, la coalition pourrait se tourner vers la gauche, car le plus petit parti de la coalition actuelle, la formation de centre-droit Christen Unie, pourrait ne plus convenir au D66, qui souhaite une "société plus progressiste et plus verte".
Mais les partis traditionnels de gauche ont passé une bien mauvaise soirée électorale. Le parti travailliste continue de perdre de sa superbe et reste bloqué à 9 sièges, et les écologistes de GroenLinks, victorieux lors des précédentes élections législatives en 2017, accuse une lourde chute et tombe à 7 sièges.
L'ambiance était bien plus à la fête chez D66. Mme. Kaag, autrement plus réservée, est apparue dansant debout sur une table sur une photo postée sur Twitter.
"Quelle merveilleuse soirée", a-t-elle tweeté, ajoutant qu'il était temps de "se mettre au boulot" car, dit-elle, "l'avenir n'attend pas."
dk-cvo/fio
En Israël, la pandémie ébranle les certitudes politiques d'ultra-orthodoxes #
Pour la première fois de sa vie, Aharon ne votera pas pour un parti ultra-orthodoxe aux élections législatives israéliennes. Pourquoi? Les leaders de sa communauté "ont vraiment fait n'importe quoi" face à la pandémie de coronavirus.
Ce père de trois enfants, qui préfère taire son nom de famille, avait déjà envisagé de donner son vote à une autre formation mais une fois dans l'isoloir, il a toujours préféré rester loyal à sa communauté.
Mais mardi prochain, il ne choisira pas le "Judaïsme unifié de la Torah" (JUT), le parti ultra-orthodoxe ashkénaze.
"Je pensais qu'ils réagiraient immédiatement, haut et fort, clairement. Au lieu de ça, ils ont été 'gris', ce qui en hébreu veut dire qu'ils n'ont rien fait", regrette celui qui va finalement voter pour Bezalel Smotrich, un ténor de la droite radicale.
La crise sanitaire a suscité des tensions avec les ultra-orthodoxes, montrés du doigt par une partie de la population pour être en grande partie responsables de la circulation du virus dans le pays.
Les images par exemple d'une foule de "haredim" ("craignant Dieu" en hébreu) fin janvier dans un quartier de Jérusalem lors de funérailles d'un rabbin, au moment où Israël vivait son troisième confinement strict, ont fait le tour des réseaux sociaux et des messageries.
Au-delà des tensions avec la population laïque, la communauté elle-même s'est retrouvée divisée, expliquent des spécialistes du monde ultra-orthodoxe.
Certains "haredim" ont eu la réaction "classique" consistant à dénoncer une "chasse aux sorcières" du reste du pays et des médias contre eux, explique le rabbin Yehoshua Pfeffer, rédacteur pour le site ultra-orthodoxe Tzarich Iyun.
D'autres ont réagi de façon "plus réfléchie", se demandant comment une communauté qui s'estime moralement plus élevée, car respectant une interprétation stricte du judaïsme, est devenue l'enfant terrible de la crise sanitaire, selon M. Pfeffer.
"Si nous étions tellement droits, moralement irréprochables (...) on aurait certainement pu gérer tout cela aussi bien que les autres, si ce n'est mieux", dit-il à l'AFP.
Par le passé, Aharon avait déjà envisagé de quitter le monde ultra-orthodoxe, qui vit majoritairement en vase clos.
"Toute ma famille et tous mes amis sont haredim alors je me dis qu'il était préférable de rester", raconte-t-il à l'AFP.
Quand la pandémie a débuté, il s'attendait à ce que son parti, dont le chef, le rabbin Yaakov Litzman, était d'ailleurs ministre de la Santé, souligne l'importance du respect des règles sanitaires, même si cela aurait un impact sur la vie communautaire comme les rassemblements dans les synagogues, les funérailles et les mariages.
Quand les rabbins influents ont insisté pour que les écoles restent ouvertes et que les députés du JUT n'ont pas bougé, cela a prouvé la primauté des autorités religieuses sur le politique et sur le bien de la communauté, estime Aharon.
L'électorat ultra-orthodoxe "est de plus en plus sceptique" envers ses leaders, estime Benjamin Brown, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de la question. Si cette tendance est encore minoritaire, elle "peut devenir de plus en plus importante".
De son propre aveu, Pnina Pfeuffer est une anomalie dans la société ultra-orthodoxe. Divorcée et mère de deux enfants, cette femme de 42 ans a fondé le groupe "Nouveaux haredim", destiné à promouvoir les valeurs progressistes dans sa communauté.
Selon elle, la pandémie a révélé les problèmes de leadership politique au sein même de la minorité ultra-orthodoxe: "les haredim ne considèrent pas les chefs politiques comme des chefs (...) le leadership est toujours celui des rabbins".
Or au fil des années, la communauté est passée "de toute petite minorité à très grande minorité", représentant désormais 12% de la population en Israël mais environ 40% des naissances.
Un fort taux de chômage et de pauvreté, un refus d'introduire mathématiques et science dans l'éducation et l'intransigeance de certains de leurs leaders face à la pandémie sont des réalités de la vie des "haredim" qui ont un impact sur le reste d'Israël, estime Mme Pfeuffer.
Pour elle, la gestion de la pandémie par des rabbins orthodoxes a permis "une prise de conscience" chez des ultra-orthodoxes qui doivent désormais "décider ce qu'ils vont faire à l'avenir".
bs/cgo/vl
Pays-Bas: le Premier ministre libéral Rutte remporte les législatives #
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est félicité d'un "vote de confiance massif" mercredi, après trois jours d'élections législatives dominées par la pandémie de Covid-19 et dont son parti est sorti vainqueur, d'après les sondages à la sortie des urnes.
"Je note que le résultat de cette élection est que les électeurs des Pays-Bas ont donné à mon parti un vote de confiance massif", a déclaré M. Rutte à des journalistes dans le parlement à La Haye.
Le parti libéral du Premier ministre sortant est arrivé en tête des élections, ce qui devrait lui permettre de diriger sa quatrième coalition gouvernementale, selon les sondages.
Au pouvoir depuis 2010, M. Rutte a assuré avoir "de l'énergie pour encore 10 ans".
Les dernières estimations peu avant 00H00 GMT créditaient les libéraux de 35 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement, contre 33 dans l'assemblée sortante, et attribuaient 26 sièges à D66 (centre gauche) et 18 au Parti pour la liberté (PVV) du député anti-islam Geert Wilders, avec lequel les principales formations ont d'ores et déjà exclu de former une coalition.
Deuxième plus grand parti du pays avant ces élections, le PVV perd trois sièges, un résultat décevant pour son leader, qui a déclaré devant les journalistes avoir "espéré plus".
Avec 26 sièges, soit 7 supplémentaires, les progressistes pro-européens du D66 ont remporté la plus grande victoire de l'histoire du parti, emmenés par la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération pour le développement, Sigrid Kaag.
"Je vois la confiance que nous avons reçue comme une confirmation que nous sommes le seul parti progressiste à avoir exercé une influence ces dernières années", a déclaré Mme Kaag, qui est apparue dansant debout sur une table sur une photo postée sur Twitter.
M. Rutte a déclaré qu'il était probable que les négociations pour former un nouveau gouvernement de coalition se feront avec le D66 et le CDA (chrétiens-démocrates) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, qui a 14 sièges.
Le PvdA (sociaux-démocrates) a récolté 9 sièges, et les écologistes de Groenlinks et la gauche radicale du SP 8 sièges chacun.
Le parti du populiste Thierry Baudet, le Forum pour la démocratie, ferait une bonne affaire en remportant également 8 sièges, contre 2 actuellement.
Ces législatives avaient été aménagées à cause du Covid-19, notamment en se déroulant sur trois jours, et elles étaient considérées comme un test de la gestion de l'épidémie par le gouvernement actuel.
Les urnes se trouvaient dans des endroits inhabituels tels que le musée Van Gogh à Amsterdam, des hôtels, des gares, des églises et des centres de tests aux quatre coins des Pays-Bas, où l'on pouvait parfois voter à vélo ou en voiture.
M. Rutte s'était lui-même dit "prudemment" optimiste avant d'aller voter dans une école de La Haye.
"Je suis fier de ce que nous avons accompli au cours des 10 dernières années aux Pays-Bas", l'une des économies les plus performantes d'Europe, avait déclaré M. Rutte devant les journalistes avant de voter.
"La principale question lors de ces élections est de savoir qui peut le mieux mener ce pays à travers la crise du coronavirus", avait-t-il ajouté.
Un nombre record de 37 partis se disputaient 150 sièges à la chambre basse du Parlement, dans un paysage politique fragmenté qui oblige à des coalitions complexes.
M. Rutte a exclu toute coalition avec Geert Wilders "à cause de ce qu'il a dit sur l'islam et le Coran". Un des partis de la coalition actuelle, l'Appel chrétien-démocrate (CDA) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, serait à nouveau un "partenaire naturel" pour le Premier ministre.
Le député anti-islam a insisté pour que son parti soit invité à la table des négociations lors de la formation d'une coalition gouvernementale à l'issue du scrutin.
Surnommé le Premier ministre "Téflon" pour sa capacité à sortir indemne des crises politiques, Mark Rutte a pourtant été contraint de démissionner en janvier après que des milliers de parents ont été accusés à tort de fraude aux allocations familiales.
Son gouvernement est toutefois resté en place pour s'occuper des affaires courantes.
amo-bur-cvo/ybl