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Le groupe Etat islamique: même sans califat, des ambitions intactes #

3/19/2021, 8:44 AM
Paris, FRA

C'était en mars 2019: les forces kurdes annonçaient la fin du "califat" autoproclamé du groupe Etat islamique. Deux ans plus tard, l'organisation jihadiste la plus brutale de l'histoire moderne reste aussi active que dangereuse, sans doute pour longtemps.

Même s'il ne contrôle plus, comme à son apogée, un territoire aussi vaste que le Royaume-Uni à cheval entre Irak et Syrie, l'EI conserve une terrible capacité de nuisance.

"Pour l'instant, il se terre, mais avec pour projet de maintenir son insurrection en Irak et Syrie ainsi qu'une présence cyber planétaire tout en conservant une structure cellulaire qui lui permet de commettre des attentats terroristes", déclarait en février le chef du Commandement central américain, le général Kenneth McKenzie.

Peu après, la France réclamait une réunion de la coalition internationale, sous commandement américain, arguant d'une "forte résurgence de Daech", l'acronyme arabe du groupe.

L'inquiétude n'est pas infondée. Entre la chute de Baghouz (Est syrien) le 23 mars 2019 et fin février 2021, l'EI a revendiqué 5.665 opérations militaires dans 30 pays soit huit par jour, selon un analyste spécialiste de l'EI qui requiert l'anonymat et publie ses recherches sur le compte Twitter Mister_Q.

L'étau continue d'étrangler l'Irak et la Syrie, comme en témoigne l'attentat-suicide qui a fait plus de 30 morts à Bagdad en janvier. Mais au delà du Levant, où l'EI a bâti sa macabre notoriété avec des vidéos de crucifixion, des détenus égorgés en combinaison orange et des prisonniers brûlés vifs dans des cages, le groupe est présent depuis le Mozambique jusqu'en Egypte et du Mali au Sri Lanka en passant par le Caucase et l'Asie du Sud-Est.

Après la mort dans un assaut américain de son chef Abou Bakr al-Baghdadi fin 2019, Amir Mohammed al-Mawla lui a succédé dans la plus grande discrétion. Ses objectifs sont inconnus mais la puissance de son réseau incontestable.

"L'EI maintient un tempo constant", constate Charles Lister, directeur du programme anti-terrorisme au Middle East Institute. "La décision, prise il y a des années, de se cacher et de décentraliser commandement et contrôle reste en vigueur".

Quelle que soit la zone géographique, les franchises de l'EI appliquent une stratégie constante, constate "Mr. Q" : "d'abord exploiter l'instabilité de l'Etat en pilonnant les forces armées dans une sorte de guerre d'usure, ensuite forcer les ennemis du groupe à fuir le territoire et se positionner en garant de la sécurité de la population", résume-t-il pour l'AFP.

La troisième phase, le califat, ne vient qu'après. Mais l'EI a-t-il réellement besoin d'administrer une région et de battre monnaie ? "Dans l'esprit de ses membres, le califat existe encore aujourd'hui", répond Charles Lister. "L'idée selon laquelle il a été aboli relève d'une conception occidentale, étrangère au groupe lui même".

Tore Hamming, chercheur au Département des études de la guerre du King's College de Londres, constate que les fissures au sein de l'EI, espérées fin 2019, n'ont pas prospéré. "Je ne pense pas que le groupe soit d'accord avec l'idée que le califat a pris fin", explique-t-il à l'AFP. "Après tout, leur chef est toujours appelé calife", fait-il valoir, décrivant la "fascinante" capacité d'adaptation de la centrale jihadiste.

D'autant que l'EI opère progressivement une sorte de mue géographique, déplaçant son épicentre notamment vers l'Afrique de l'Ouest. La région du lac Tchad est aujourd'hui l'une des plus actives du groupe à l'échelle mondiale. "Il sera intéressant de regarder si ce déplacement se traduit jusque dans l'organisation formelle du pouvoir" central, relève Tore Hamming.

Mais pour l'heure, la direction est encore au Levant, où la coalition internationale a souffert de la pandémie de Covid-19 et de la volonté de l'administration Trump de réduire les troupes américaines au Moyen-Orient.

Il est trop tôt pour connaître les projets du président Joe Biden, mais Washington veut voir ses "partenaires locaux monter en puissance pour poursuivre le combat contre l'EI dans leurs zones respectives et sans assistance extérieure", explique le général McKenzie.

Le drapeau noir, ajoute-t-il, a d'autant moins fini de flotter que son idéologie perdure. Rien que dans le camp de prisonniers d'Al-Hol, dans la zone syrienne tenue par les rebelles kurdes, vivent selon l'officier américain 62.000 personnes dont les deux-tiers ont moins de 18 ans, la moitié moins de 12 ans. Une jeunesse élevée dans la misère, la violence quotidienne, le fanatisme religieux et la haine de l'Occident.

"Le risque à long terme, c'est l'endoctrinement systémique de cette population", craint-il, décrivant un risque "générationnel" sous forme de bombe à retardement. "Ne pas régler cela signifie que l'EI ne sera jamais réellement battu", estime-t-il. "Ce n'est pas en l'ignorant qu'il va disparaître".

dla/fz/at

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MAR 18

Un homme condamné à 8 ans de prison pour le viol d'une prostituée trans sans papier #

3/18/2021, 10:44 PM
Paris, FRA

Un homme a été condamné jeudi soir par la cour d'assises de Paris à huit ans de prison pour le viol d'une prostituée transgenre en situation irrégulière au Bois de Boulogne en 2018.

Cet homme de 28 ans a été reconnu coupable de "viol commis sous la menace d'une arme", pour lequel il encourait 20 ans de réclusion, "vol" et "récidive de recours à la prostitution". Dès l'ouverture du procès mardi, il a reconnu avoir violé Cristina T., une Péruvienne de 39 ans, sous la menace d'un couteau.

La cour a également prononcé une peine de suivi socio-judiciaire de cinq ans, avec notamment l'obligation d'exercer une activité professionnelle ou de suivre une formation à sa sortie de prison.

"Je suis très heureux que Cristina ait eu cette écoute sensible pendant ces trois jours de procès. Elle a été écoutée par la justice française", a réagi l'avocat de la partie civile Julien Fournier.

Le parquet avait requis une peine de neuf ans de prison. Cristina T. "a vécu un viol avec violence, le couteau sur la figure, avec la peur de mourir", a résumé l'avocat général Olivier Auferil lors de ses réquisitions. Si elle n'avait pas avant ces faits "une vie enviable", elle a depuis "une vie brisée".

Les faits se sont déroulés une nuit de novembre 2018. "Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", a-t-elle raconté mercredi à la cour, en larmes. L'accusé a ensuite brandi son couteau et lui a imposé une fellation et un rapport anal non protégés. Il lui a également volé 150 euros.

Chose rare pour une personne prostituée en situation irrégulière, Cristina a déposé plainte. L'enquête a pu avancer rapidement car elle avait mémorisé la plaque d'immatriculation de l'accusé.

"Les travailleurs et travailleuses du sexe constituent des proies faciles, des cibles privilégiées pour les agresseurs sexuels. Pour certains clients, les prostituées sont une espèce de marchandise dont on peut disposer à sa guise", a déclaré l'avocat général. Les prostituées sans papier "évitent les contacts avec la police. Les prédateurs sexuels le savent".

Le magistrat a cependant souligné que l'accusé, détenu depuis novembre 2018, avait entamé "une prise en charge psychologique", et affiché "une prise de conscience" de la gravité de ses actes.

"il n'a pas eu une vie facile", a-t-il relevé, évoquant son "traumatisme" après avoir fui, enfant, la guerre civile au Congo.

"Peut-on imaginer que quand à 5 ans on a eu peur pour sa vie, ça n'a aucune conséquence sur la suite?", a questionné l'avocat de la défense, Antoine Aussedat, lors des plaidoiries. Il a mis en avant "l'évolution" de l'accusé en détention, "sa maturation porteuse d'espoir".

Il est suivi par un psychologue une fois par semaine en détention. "J'avais enfoui de la violence en moi", a-t-il expliqué à la cour.

ctx/bow

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MAR 18

France: lourde amende pour la chaîne CNews pour "incitation à la haine" anti-migrants #

3/18/2021, 6:52 PM
Paris, FRA

Le régulateur français de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'informations du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence", pour des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour, habitué des saillies racistes.

Le groupe Canal+, maison-mère de CNews, a "déploré" une décision contrevenant "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".

Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" consacré à la question des migrants mineurs isolés, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste", alors même que le polémiste venait d'être condamné pour les mêmes motifs.

"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard", justifie le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans un communiqué. "La maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification".

La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.

CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste, alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à la chaine d'info LCI pour sa retransmission intégrale du discours en direct.

Cette sanction pécuniaire est une première pour une chaîne d'informations en France.

ac-cgu/may/vk/dlm/mba

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MAR 18

Eric Zemmour: retour sur plus de 10 ans de poursuites #

3/18/2021, 6:49 PM
Paris, FRA

Polémiste assumé, Eric Zemmour s'est installé dans le paysage médiatique, désormais en tant que pilier de la chaîne d'info CNews, tout en accumulant les plaintes sur le terrain judiciaire.

En novembre 2008, Patrick Lozès, fondateur du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), porte plainte contre l'éditorialiste pour diffamation. En mai 2012, le parquet le déboute. La décision est confirmée en 2013 en appel.

En avril 2009, cette fois Eric Zemmour attaque pour menaces de crimes et injure publique le rappeur Youssoupha qui le traitait de "con" et appelait à le faire "taire" dans une de ses chansons.

En première instance en 2011, la justice donne raison à Eric Zemmour. Le rappeur et sa maison de disques EMI Musique France écopent d'amendes avec sursis et doivent verser au polémiste des dommages et intérêts.

Au final, le rappeur sera déclaré "non coupable" en 2012 par la cour d'appel de Paris.

En mars 2010, l'éditorialiste, qui officie alors au Figaro et RTL, affirme sur Canal+ dans une émission de Thierry Ardisson que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait". Le même jour, il renchérit sur France Ô estimant que les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs.

Poursuivi par plusieurs associations antiracistes, il est condamné à 2.000 euros d'amende avec sursis pour provocation à la haine raciale.

En 2014, Eric Zemmour cumule deux affaires pour incitation ou provocation à la haine.

La première découle d'une chronique diffusée sur RTL en mai dans laquelle il évoque "les bandes" d'étrangers "qui dévalisent, violentent ou dépouillent". S'ensuit une plainte pour "incitation à la haine raciale" et "diffamation raciale". En septembre 2015, il est relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.

Décembre 2014, Eric Zemmour replonge dans la controverse après une interview au Corriere della Sera dans laquelle il déclare que les musulmans "ont leur code civil, c'est le Coran", qu'ils "vivent entre eux, dans les banlieues" et que "les Français ont été obligés de les quitter".

Face au tollé, la chaîne d'information ITélé (devenue CNews en 2017) met fin à son contrat quelques jours plus tard. En février, Zemmour contre-attaque et poursuit la chaîne pour rupture "brutale et abusive" de son contrat. Sur le terrain judiciaire, il finit par être relaxé.

En 2016, sur le plateau de "C à vous" (France 5), l'auteur du "Destin français" estime qu'il faut donner aux musulmans "le choix entre l'islam et la France" et que la France vit "depuis 30 ans une invasion", avec dans certaines banlieues une "lutte pour islamiser un territoire".

Ces propos entraîneront une condamnation définitive pour provocation à la haine religieuse, en septembre 2019, à 3.000 euros d'amende. Reprochant à la France de violer sa liberté d'expression, le polémiste a saisi en décembre 2019 la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

En 2018, Eric Zemmour qualifie le prénom de la chroniqueuse Hapsatou Sy d'"insulte à la France" qui lui répond par une plainte pour "injure raciste".

En septembre 2019, il prononce une violente diatribe sur l'islam et l'immigration lors d'un rassemblement politique à Paris. Il est condamné un an plus tard à 10.000 euros d'amende pour injure et provocation à la haine.

Fin septembre 2020, Eric Zemmour dérape sur CNews sur les migrants mineurs isolés qu'il traite de "voleurs", "assassins" et "violeurs". De multiples plaintes sont déposées par des départements notamment. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste.

Début février, le chroniqueur a été relaxé par le tribunal de Paris où il était jugé pour "contestation de crime contre l'humanité" après avoir soutenu que le maréchal Pétain avait "sauvé" les Juifs français.

Peu après, le journaliste Taha Bouhafs poursuit l'éditorialiste pour "injure publique" après s'être fait qualifié de "militant islamiste" sur CNews en novembre dernier.

cgu-ac/may/bow

RTL GROUP

RCS MEDIAGROUP

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MAR 18

Viol d'une prostituée trans sans papier: 9 ans de prison requis contre l'accusé #

3/18/2021, 6:38 PM
Paris, FRA

Une peine de neuf ans de prison a été requise jeudi contre un homme jugé devant la cour d'assises de Paris pour le viol d'une prostituée transgenre en situation irrégulière au Bois de Boulogne en 2018.

Cristina T., une Péruvienne de 39 ans, "a vécu un viol avec violence, le couteau sur la figure, avec la peur de mourir", a résumé l'avocat général Olivier Auferil. Si elle n'avait pas avant ces faits "une vie enviable", elle a depuis "une vie brisée".

L'accusé, un homme de 28 ans, est jugé pour "viol commis sous la menace d'une arme", peine pour laquelle il encourt 20 ans de réclusion, "vol", "récidive de recours à la prostitution". Dès l'ouverture du procès mardi, il a reconnu avoir violé Cristina, sous la menace d'un couteau.

Cette femme transgenre se prostituait au Bois de Boulogne. Les faits se sont déroulées une nuit de novembre 2018. "Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", a-t-elle raconté mercredi à la cour, en larmes. L'accusé a ensuite brandi son couteau et lui a imposé une fellation et un rapport anal non protégés.

Chose rare pour une personne prostituée en situation irrégulière, Cristina a déposé plainte. L'enquête a pu avancer rapidement car elle avait mémorisé la plaque d'immatriculation de l'accusé.

"Les travailleurs et travailleuses du sexe constituent des proies faciles, des cibles privilégiées pour les agresseurs sexuels. Pour certains clients, les prostituées sont une espèce de marchandise dont on peut disposer à sa guise", a déclaré l'avocat général. Les prostituées sans papier "évitent les contacts avec la police. Les prédateurs sexuels le savent".

Le magistrat a cependant souligné que l'accusé, détenu depuis novembre 2018, avait entamé "une prise en charge psychologique", et affiché "une prise de conscience" de la gravité de ses actes.

"il n'a pas eu une vie facile", a-t-il relevé, évoquant son "traumatisme" après avoir fui, enfant, la guerre civile au Congo.

"Peut-on imaginer que quand à 5 ans on a eu peur pour sa vie, ça n'a aucune conséquence sur la suite?", a questionné son avocat, Antoine Aussedat. Il a mis en avant "l'évolution" de l'accusé en détention, "sa maturation porteuse d'espoir".

L'accusé est suivi par un psychologue une fois par semaine en détention. "J'avais enfoui de la violence en moi", a-t-il expliqué à la cour.

Le verdict doit être rendu jeudi soir.

ctx/els/swi

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MAR 18

Une amende de 200.000 euros pour CNews après des propos d'Eric Zemmour #

3/18/2021, 5:48 PM
Paris, FRA

Carton rouge inédit pour une chaîne d'info: le CSA a sanctionné jeudi CNews d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos de son polémiste vedette Eric Zemmour, sur les migrants mineurs isolés.

Le Groupe Canal+, maison-mère de CNews, a dans la foulée "déploré" une décision contrevenant selon lui "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".

Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info", consacré à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste"... peu après une condamnation du polémiste pour les mêmes motifs.

"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard" encourageant "des comportements discriminatoires", justifie le CSA dans un communiqué.

"Aucune réaction suffisamment marquée n'a été apportée (...) en plateau", relève en outre l'instance dans sa décision datée du 17 mars.

Le Conseil estime que "la maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification", comme l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis du 22 octobre 2020, précise le communiqué.

La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.

La chaîne a ainsi "manqué à ses obligations", tranche le régulateur, qui avait confié les saisines relatives à cette séquence à un rapporteur indépendant, CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires fin 2019.

Le CSA avait à l'époque délivré un avertissement à la chaîne après des propos de son pilier Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie, toujours dans "Face à l'info", émission animée par la journaliste Christine Kelly, ancienne conseillère du CSA.

Le comité d'éthique du groupe Canal+ avait de son côté recommandé à CNews de pré-enregistrer l'émission pour la diffuser avec un différé même léger, afin d'empêcher les dérapages en direct. Une mesure retenue par la chaîne, mais qui s'est révélée inefficace en septembre dernier.

CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à LCI pour sa retransmission intégrale en direct.

Depuis, les plaintes se sont multipliées à l'encontre de la chaîne d'info et du polémiste qui a dopé ses audiences, "Face à l'info" réunissant en moyenne 700.000 téléspectateurs.

Ces scandales à répétition n'empêchent pas une frange de l'extrême droite identitaire d'imaginer Eric Zemmour en potentiel candidat à l'élection présidentielle.

Le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a quant à lui déploré jeudi la sanction "très choquante" du CSA : "une amende administrative en matière de liberté d'expression, ça n'a jamais existé en France", a-t-il tweeté.

Cette sanction pécunière du CSA est une première pour une chaîne d'info mais pas pour le groupe Canal+: le régulateur a déjà condamné plusieurs fois C8 pour des séquences polémiques dans des émissions de Cyril Hanouna, sanctionnant notamment en 2017 un canular jugé homophobe d'une amende de 3 millions d'euros.

Une privation de publicité d'une semaine pour l'émission "Touche pas à mon poste" avait elle été annulée par le Conseil d'Etat, obligeant le CSA à indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros.

ac-cgu/may/vk

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MAR 18

Une amende de 200.000 euros pour CNews après des propos d'Eric Zemmour #

3/18/2021, 3:47 PM
Paris, FRA

Carton rouge inédit pour une chaîne d'info: le CSA a sanctionné jeudi CNews d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos de son polémiste vedette Eric Zemmour, sur les migrants mineurs isolés.

Le Groupe Canal+, maison-mère de CNews, a dans la foulée "déploré" une décision contrevenant selon lui "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".

Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info", consacré à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris le 1er octobre pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste" ... alors qu'il venait de se voir infliger six jours auparavant d'une amende de 10.000 euros pour des motifs similaires.

"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard" encourageant "des comportements discriminatoires", justifie le CSA dans un communiqué.

"Aucune réaction suffisamment marquée n'a été apportée (...) en plateau", relève en outre l'instance dans sa décision datée du 17 mars.

Le Conseil estime que "la maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification", comme l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis du 22 octobre 2020, précise le communiqué.

La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.

La chaîne a ainsi "manqué à ses obligations", tranche le régulateur, qui avait confié les saisines relatives à cette séquence à un rapporteur indépendant, CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires fin 2019.

Le CSA avait à l'époque délivré un avertissement à la chaîne après des propos de son pilier Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie, toujours dans "Face à l'info", émission animée par la journaliste Christine Kelly, ancienne conseillère du CSA.

Le comité d'éthique du groupe Canal+ avait de son côté recommandé à CNews de pré-enregistrer l'émission pour la diffuser avec un différé même léger, afin d'empêcher les dérapages en direct. Une mesure retenue par la chaîne, mais qui s'est révélée inefficace en septembre dernier.

CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à LCI, qui l'avait intégralement retransmis en direct.

Depuis, les plaintes se sont multipliées à l'encontre du polémiste et de la chaîne d'info, qui a vu ses audiences bondir, particulièrement sur la case horaire occupée par "Face à l'info" (700.000 téléspectateurs en moyenne).

Ces scandales à répétition n'empêchent pas une frange de l'extrême droite identitaire d'imaginer Eric Zemmour en potentiel candidat à l'élection présidentielle.

Cette sanction financière du CSA est une première pour une chaîne d'info mais pas pour le groupe Canal+: le régulateur a déjà condamné plusieurs fois C8 pour des séquences polémiques dans des émissions de Cyril Hanouna, sanctionnant notamment en 2017 un canular jugé homophobe d'une amende de 3 millions d'euros.

Une autre sanction, une privation de publicité d'une semaine pour l'émission "Touche pas à mon poste", avait été annulée par le Conseil d'Etat, obligeant le CSA à indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros.

ac-cgu/may/vk

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MAR 18

Le CSA inflige à CNews 200.000 euros d'amende pour les propos de Zemmour sur les migrants mineurs #

3/18/2021, 1:47 PM
Paris, FRA

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'info du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour sur les migrants mineurs isolés.

Cette sanction financière est une première à l'encontre d'une chaîne d'information, a précisé le CSA à l'AFP.

Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" consacré à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

Une sortie qui avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste", peu après une condamnation du polémiste pour les mêmes motifs.

"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard, de nature à encourager des comportements discriminatoires", justifie le CSA dans un communiqué.

"Par ailleurs, le Conseil a estimé que la maîtrise de l'antenne n'avait pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification, ainsi que l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis rendu le 22 octobre 2020", ajoute l'autorité audiovisuelle.

La chaîne a ainsi "manqué à ses obligations", estime le CSA, qui avait confié les saisines relatives à cette séquence à un rapporteur indépendant, CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires fin 2019.

Le CSA avait à l'époque délivré un avertissement à la chaîne après des propos de sa vedette Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie.

La sanction de jeudi n'est pas une première pour le groupe Canal+: le régulateur a déjà condamné plusieurs fois C8 pour des séquences polémiques dans des émissions de Cyril Hanouna, avec notamment une amende de 3 millions d'euros en 2017 pour un canular jugé homophobe.

Une autre sanction, une privation de publicité d'une semaine pour l'émission "Touche pas à mon poste", avait été annulée par le Conseil d'Etat, obligeant le CSA à indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros.

ac/cgu/may/nm

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MAR 18

CNews: 200.000 euros d'amende pour les propos de Zemmour sur les migrants mineurs (CSA) #

3/18/2021, 1:20 PM
Paris, FRA

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'info du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour sur les migrants mineurs isolés.

Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" dédié à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

ac/cgu/may/swi

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MAR 18

La liste des "héros issus de la diversité" prend forme #

3/18/2021, 1:14 PM
Paris, FRA

L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron début décembre: la liste des "héros issus de la diversité" appelés à être honorés dans les rues de France prend forme sans s'éviter certaines critiques sur la part des femmes ou l'absence de certaines grandes personnalités.

Trois mois après la promesse du chef de l'Etat, le groupe d'experts chargé de l'inventaire a rendu son rapport - "Portraits de France" - avec une liste de 318 noms dans laquelle les maires sont invités à piocher pour baptiser de nouvelles rues ou bâtiments publics dans les prochains mois ou années.

Parmi eux figurent des célébrités issues de l'immigration comme les chanteurs Charles Aznavour et Serge Gainsbourg, le footballeur Raymond Kopa, les écrivains Blaise Cendrars et Joseph Kessel ou encore le dessinateur Albert Uderzo, mais aussi des personnes moins connues du grand public qui pourraient, à cette occasion, retrouver de la visibilité.

C'est le cas de Paulette Nardal, première étudiante noire à intégrer la Sorbonne dans les années 1930 et qui contribua à forger le concept de "négritude", de Do-Huu Vi, aviateur d'origine vietnamienne engagé pour la France pendant la Première guerre mondiale, ou encore Chérif Cadi, premier Algérien de confession musulmane à intégrer l'Ecole polytechnique en 1887.

Quatre soldats morts pour la France en Afghanistan figurent également sur cette liste qui va être complétée dans un second temps par les noms de personnalités vivantes, précise à l'AFP l'historien Pascal Blanchard, à la tête du collège d'experts.

"il y a une palettisation suffisamment large pour que beaucoup de mémoires, de souhaits, de postures puissent vivre en même temps", estime-t-il.

Il ne s'agit en aucun cas de "débaptiser" des rues, a insisté de son côté la ministre chargée de la Ville, Nadia Hai, sur RTL jeudi. "Il est question de donner une place à ces profils, ces portraits qui ont fait la République, qui se sont engagés à travers leurs arts, leurs combats, de pouvoir leur faire leur place dans cette République et que chacun de nos concitoyens puissent se reconnaître".

Aussitôt publiée, la liste, qui se présente sous la forme de fiches biographiques, n'a pas manqué de faire réagir. La part des femmes - seulement 67 (Gisèle Halimi, Edith Piaf, Andrée Chedid, Nathalie Sarraute...) sur 318 - a notamment été pointée du doigt.

Un déséquilibre qui s'explique, selon Pascal Blanchard, par la proportion "très faible" de femmes dans toutes les catégories socioprofessionnelles du début du XIXe siècle "jusqu'à 1945 environ".

"Notre priorité pour ce premier +input+, c'était la diversité des parcours des immigrations, d'avoir plus de 100 pays de migrations plus que de tendre vers la parité" mais ce point "va pouvoir être amélioré" avec la deuxième liste, qui pourrait voir le jour "d'ici six à huit mois", souligne l'historien.

La démarche en elle-même a fait grincer des dents, dont celles du patron des sénateurs Les Républicains (LR) Bruno Retailleau, qui a estimé qu'Emmanuel Macron jouait "le jeu des décoloniaux qui ne seront jamais rassasiés des repentances de la France".

"Il y a certains noms qui vont énerver certaines personnes, de droite comme de gauche", note Pascal Blanchard. "Chacun va trouver qu'il y trop de ceux-ci, pas assez de ceux-là et c'est normal: il aurait fallu 20.000 noms pour plaire à tout le monde !"

Dans cette "aventure mémorielle", le monde de la culture a également un rôle à jouer, ont estimé plusieurs artistes et intellectuels dans une tribune au Monde publiée jeudi et dans laquelle ils s'engagent "à déployer tous les efforts nécessaires pour que les 318 entrent vraiment dans notre récit national".

"A la démarche scientifique - étudier ces vies et leurs apports avec la rigueur de l'histoire moderne - doit s'adjoindre l'oeuvre culturelle, celle de l'émotion et du ressenti", soulignent les signataires, dont les comédiens Charles Berling et Philippe Torreton ou encore l'islamologue et écrivain Rachid Benzine.

mep/pa/dch

RTL GROUP

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MAR 18

Grève de la faim, évasion: des Françaises détenues en Syrie "prêtes à tout" pour rentrer #

3/18/2021, 8:27 AM
Paris, FRA

Des Françaises détenues en Syrie pour avoir vécu sous le groupe Etat islamique (EI), dont une en grève de la faim, se disent "prêtes à tout" pour "rentrer en France" et montrer qu'elles n'ont commis "aucun crime", dans des entretiens diffusés jeudi.

"Je suis prête à aller jusqu'au bout", déclare Estelle, 31 ans, interrogée sur place début mars par un journaliste de Radio France.

Elle fait partie de la dizaine de détenues françaises du camp de Roj (nord-est) en grève de la faim depuis plus de trois semaines pour réclamer d'être rapatriées en France avec leurs enfants.

"On a fait une erreur" en rejoignant l'EI, mais "on n'a aucune possibilité de se défendre", regrette cette femme originaire de la banlieue parisienne.

Détenue depuis plus de trois ans avec ses trois enfants de 5, 8 et 10 ans, elle assure, comme beaucoup de ces Françaises détenues, n'avoir participé à aucune activité criminelle sous l'EI.

"Si je dois être jugée, qu'on me juge. Mais comment voulez-vous qu'on prouve notre bonne foi si on ne nous écoute pas?"

Depuis deux semaines, elle "ne boit que de l'eau, et un café le matin", et a "perdu 4 kg". "C'est difficile", mais "on est déterminé à mettre nos vies en danger pour pouvoir rentrer et ramener nos enfants", dit-elle.

"La vie est très dure ici. On est en prison", mais "sans aucune visite" et avec à peine de quoi se nourrir, explique de son côté Saida, 33 ans, originaire de l'Hérault et venue en Syrie en 2015 pour rejoindre son futur mari, un Français rencontré sur internet.

"Je sais que les gens nous détestent, mais il y en a qui regrettent sincèrement" et "sont sorties" du carcan jihadiste, ajoute-t-elle, tout en admettant, comme Estelle, qu'une partie des Françaises détenues restent marquées par l'idéologie islamiste.

Elle ne comprend pas pourquoi la France refuse de les rapatrier et de les juger. "Je n'ai rien fait du tout, ils (les Français) le savent très bien", dit celle qui se dit "tout sauf radicale " et "ne porte pas le voile". "Ça me désole qu'on ait peur de nous. On nous met toutes dans le même panier".

Elle dit s'être déjà enfuie une fois du camp avant d'être rattrapée. "Si on vient pas me chercher, je vais me réenfuir".

Quelque 80 Françaises et 200 enfants sont détenus dans des camps du nord-est syrien. Leur éventuel retour en France inquiète dans l'opinion, mais leurs proches et avocats soulignent que seule la France pourra les juger équitablement et qu'on ne peut les laisser vivre enfermés dans ces conditions précaires et une région qui reste très instable.

Paris a jusqu'ici rapatrié des enfants au cas par cas (35, majoritairement des orphelins) mais estime que les adultes devraient être jugés sur place.

emd/aco/sp/fio

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MAR 18

Les préjugés sur l'immigration, un enjeu électoral qui "sature l'espace public" #

3/18/2021, 8:00 AM
Paris, FRA

Les migrants sont parfois décrits comme des "envahisseurs", qui "profitent" d'un modèle français trop généreux. Face à ce qu'elle considère comme des idées reçues qui "saturent l'espace public", la spécialiste des migrations Sophie-Anne Bisiaux oppose le rempart des "faits", à un an de la présidentielle.

"Les préjugés sur l'immigration reviennent sur le devant de la scène à chaque échéance électorale, alimentant les peurs et l'intolérance. On l'a vu récemment avec le projet de loi sur le séparatisme qui tente de renforcer l'équation qui associe les immigrés à un islam +radicalisé+", dit à l'AFP l'auteure d'"En finir avec les idées fausses sur les migrations" (Editions de l'Atelier), qui paraît jeudi.

Membre du réseau Migreurop, Sophie-Anne Bisiaux en a recensé soixante, qu'elle décortique point par point en s'appuyant sur des données chiffrées, sourcées ou des travaux de chercheurs, pour "déjouer les tentatives d'instrumentalisation".

Tout y passe, des étrangers qui "vivent au crochet de la société" aux immigrés essentiellement "délinquants" ou "fraudeurs"...

L'idée la plus véhiculée, selon l'auteure, est celle d'une France trop accueillante. "Cette idée est généralement associée à la théorie dite de +l'appel d'air+", selon laquelle se montrer hospitalier favorise un afflux massif d'immigrés.

"En plus d'être totalement erronée, la théorie est particulièrement dangereuse", juge Mme Bisiaux, car elle permet aux gouvernements de "justifier les conditions déplorables dans lesquelles sont accueillis les exilés, les violences policières à leur égard, leur relégation dans des camps insalubres".

La France n'accueille pas non plus "toute la misère du monde". D'abord parce que se sont souvent les plus riches qui migrent, mais surtout parce que l'essentiel des déplacements se font vers d'autres pays pauvres: 85% des 80 millions de réfugiés recensés par le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) sont accueillis dans des pays en développement.

Au-delà de ces poncifs éculés, se développent des théories nouvelles, "plus insidieuses et difficiles à déconstruire", qui ne sont plus seulement l'apanage de l'extrême droite, relève Sophie-Anne Bisiaux.

"De plus en plus, les discours qui prônent par exemple la fermeture des frontières se parent d'arguments humanistes. On entend ainsi que fermer les frontières permettrait aux pays de départ de mieux se développer. Que ces idées soient promues par des politiciens xénophobes ou des humanistes de bonne foi, elles n'en restent pas moins fausses et potentiellement lourdes de conséquences", avertit cette spécialiste des politiques d'externalisation des frontières.

"Comme de nombreuses études le prouvent, la migration est un puissant facteur de développement pour les pays du Sud, notamment grâce aux transferts d'argent des migrants. De même, fermer les frontières ne fait que pousser les migrants vers des routes plus longues et dangereuses, les obligeant à se remettre entre les mains de réseaux de passeurs plus ou moins scrupuleux."

Son livre, soutenu par les Etats généraux des migrations qui rassemblent des centaines d'associations et collectifs, s'adresse tout autant aux "indécis" qu'aux "décideurs politiques à la recherche d'alternatives crédibles et audacieuses".

Car, a-t-elle remarqué, "les discours négatifs sur l'immigration parcourent une large partie de l'échiquier politique", y compris "à gauche".

"L'accueil des exilés et l'ouverture des frontières n'est pas un mal nécessaire, un sacrifice ou un acte de charité condescendant, mais au contraire une occasion à saisir pour tenter de construire un monde plus égalitaire, plus juste, plus solidaire", estime l'auteure.

Si la lutte contre les préjugés en matière d'immigration est un "travail de Sisyphe", a reconnu en préface François Héran, qui dirige la chaire Migrations du Collège de France, elle a reçu ces derniers mois l'appui d'un allié inattendu: la pandémie.

Alors que l'idée selon laquelle les étrangers "prennent les emplois des Français" a la vie dure, la crise sanitaire a été l'occasion "d'une certaine prise de conscience", se félicite Sophie-Anne Bisiaux: "Que celles et ceux que l'on nomme les +sans-papiers+ occupent pour la plupart des emplois essentiels au fonctionnement de la société".

sha/pa/dlm

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MAR 18

Grève de la faim, évasion: des Françaises détenues en Syrie "prêtes à tout" pour rentrer #

3/18/2021, 7:51 AM
Paris, FRA

Des Françaises détenues en Syrie pour avoir vécu sous le groupe Etat islamique (EI), dont une en grève de la faim, se disent "prêtes à tout" pour "rentrer en France" et montrer qu'elles n'ont commis "aucun crime", dans des entretiens diffusés jeudi.

"Je suis prête à aller jusqu'au bout", déclare Estelle, 31 ans, interrogée sur place début mars par un journaliste de Radio France.

Elle fait partie de la dizaine de détenues françaises du camp de Roj (nord-est) en grève de la faim depuis plus de trois semaines pour réclamer d'être rapatriées en France avec leurs enfants.

"On a fait une erreur" en rejoignant l'EI, mais "on n'a aucune possibilité de se défendre", regrette cette femme originaire des Yvelines.

Détenue depuis plus de trois ans avec ses trois enfants de 5, 8 et 10 ans, elle assure, comme beaucoup de ces Françaises détenues, n'avoir participé à aucune activité criminelle sous l'EI.

"Si je dois être jugée, qu'on me juge. Mais comment voulez-vous qu'on prouve notre bonne foi si on ne nous écoute pas?"

Depuis deux semaines, elle "ne boit que de l'eau, et un café le matin", et a "perdu 4 kg". "C'est difficile", mais "on est déterminé à mettre nos vies en danger pour pouvoir rentrer et ramener nos enfants", dit-elle.

"La vie est très dure ici. On est en prison", mais "sans aucune visite" et avec à peine de quoi se nourrir, explique de son côté Saida, 33 ans, originaire de l'Hérault et venue en Syrie en 2015 pour rejoindre son futur mari, un Français rencontré sur internet.

"Je sais que les gens nous détestent, mais il y en a qui regrettent sincèrement" et "sont sorties" du carcan jihadiste, ajoute-t-elle, tout en admettant, comme Estelle, qu'une partie des Françaises détenues restent marquées par l'idéologie islamiste.

Elle ne comprend pas pourquoi la France refuse de les rapatrier et de les juger. "Je n'ai rien fait du tout, ils (les Français) le savent très bien", dit celle qui se dit "tout sauf radicale " et "ne porte pas le voile". "Ça me désole qu'on ait peur de nous. On nous met toutes dans le même panier".

Elle dit s'être déjà enfuie une fois du camp avant d'être rattrapée. "Si on vient pas me chercher, je vais me réenfuir".

Quelque 80 Françaises et 200 enfants sont détenus dans des camps du nord-est syrien. Leur éventuel retour en France inquiète dans l'opinion, mais leurs proches et avocats soulignent que seule la France pourra les juger équitablement et qu'on ne peut les laisser vivre enfermés dans ces conditions précaires et une région qui reste très instable.

Paris a jusqu'ici rapatrié des enfants au cas par cas (35, majoritairement des orphelins) mais estime que les adultes devraient être jugés sur place.

emd/aco/sp

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MAR 17

En larmes, avec courage, une prostituée sans papier raconte son viol aux assises #

3/17/2021, 6:37 PM
Paris, FRA

Son "courage" a été salué par tous, y compris par l'avocat de l'accusé. Cristina, une prostituée transgenre sans papier, a raconté mercredi devant la cour d'assises de Paris les longues minutes de son viol, la peur du VIH, celle d'être tuée et depuis, sa vie en miettes.

Au deuxième jour du procès, cette Péruvienne de 39 ans s'approche de la barre. Elle s'appuie sur le pupitre, comme si elle craignait de s'effondrer. Dans le box, l'accusé, un homme de 28 ans, garde les yeux baissés tout au long du récit.

"Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", raconte-t-elle en Espagnol, traduite par une interprète. Il a ensuite sorti un couteau.

C'était en novembre 2018 dans le Bois de Boulogne à Paris. Dès l'ouverture du procès, mardi, l'accusé a reconnu les faits.

"Je l'ai supplié de ne pas me faire de mal. Tout le temps, il m'a menacée avec son couteau. (...) Je pleurais beaucoup. J'étais terrorisée", témoigne en larmes Cristina, en pantalon de jogging noir et sweat rose à capuche.

"Je lui ai dit, si t'as pas d'argent, c'est pas grave, mais fais-le avec un préservatif. (...) Il criait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait avec moi". Il a imposé à cette femme transgenre une fellation et un rapport anal sans protection. Cristina l'accuse aussi de lui avoir volé 150 euros, ce qu'il nie.

Après le viol, Cristina "a gravé dans (sa) tête" la plaque d'immatriculation, élément clé qui a permis à l'enquête de progresser rapidement.

Elle s'est rendue à l'hôpital: "j'avais très peur d'avoir été contaminée par le VIH. (...) J'étais très mal, je n'avais qu'une idée, me suicider". Elle a été hospitalisée une semaine en psychiatrie.

Chose très rare pour une prostituée sans papier victime de viol, Cristina a déposé plainte. "J'ai voulu le dénoncer car je ne voulais pas qu'il fasse du mal à quelqu'un d'autre, peut-être à un enfant".

"Ce que vous avez fait est très courageux. C'est important que vous soyez là", réagit après ce récit l'avocat général, Olivier Auferil. "Je salue votre courage. Je déteste les questions que je vais vous poser", lance pour sa part l'avocat de la défense, avant d'interroger la partie civile sur le couteau, sur le vol d'argent.

Puis la parole est donnée à l'accusé. "Je m'en veux énormément", dit-il à la cour. "Je ne suis pas indifférent face à ce que vit Cristina". il a reconnu le viol et l'usage d'un couteau, mais il est confus dans ses explications. Quand Cristina a refusé un rapport non protégé, il est allé à l'avant de sa voiture, raconte-t-il. "Plutôt que de prendre mon porte-monnaie, j'ai pris le couteau" dans le vide-poche, assure-t-il.

Le lendemain, "quand les policiers arrivent chez moi, je me dis qu'il s'est peut-être passé quelque chose qui m'a échappé. (...) Je suis incertain sur certaines choses", explique l'accusé, arrivé en France à l'âge de dix ans environ, après avoir fui la guerre civile au Congo, son pays natal.

Sa mère a raconté plus tôt à la cour le traumatisme familial et en particulier de l'accusé, qui a été "témoin de massacres".

Deux ans et demi après les faits, Cristina continue de subir les conséquences de ce viol au quotidien. "Je n'ai plus retravaillé, j'ai trop peur. Je n'ai plus de logement. Parfois, je n'ai pas assez d'argent pour manger". Elle est hébergée à droite à gauche. "Mais quand la police m'appelle pour me poser des questions, les amis qui m'hébergent me demandent de partir". En situation irrégulière, ils ne veulent pas de problème.

Cristina a besoin d'antidépresseurs et de somnifères. Elle n'a toujours pas de papiers.

Pourquoi ne pas retourner au Pérou?, l'interroge la présidente. "Ça sera encore pire. La situation était vraiment dure. C'est pour ça que je suis venue ici, en pensant que j'allais travailler dans un restaurant ou quelque chose comme ça. (...) Tout ce que je souhaitais, c'était une vie stable, tranquille".

Le verdict est attendu jeudi.

ctx/tib/lbx/it

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MAR 17

En larmes, avec courage, une prostituée sans papier raconte son viol aux assises #

3/17/2021, 3:31 PM
Paris, FRA

Son "courage" a été salué par tous, y compris par l'avocat de l'accusé. Cristina, une prostituée transgenre sans papier, a raconté mercredi devant la cour d'assises de Paris les longues minutes de son viol, la peur du VIH, celle d'être tuée et depuis sa vie en miettes.

Au deuxième jour du procès, cette Péruvienne de 39 ans s'approche de la barre. Elle s'appuie sur le pupitre, comme si elle avait peur de s'effondrer. Dans le box, l'accusé, un homme de 28 ans, garde les yeux baissés tout au long du récit.

"Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", raconte-t-elle en Espagnol, traduite par une interprète. Il a ensuite sorti un couteau.

C'était en novembre 2018 dans le Bois de Boulogne, une dizaine d'années après l'arrivée en France de Cristina. Dès l'ouverture du procès, mardi, l'accusé a reconnu les faits.

"Je l'ai supplié de ne pas me faire de mal. Tout le temps, il m'a menacée avec son couteau. (...) Je pleurais beaucoup. J'étais terrorisée", témoigne en larmes Cristina, en pantalon de jogging noir et sweat rose à capuche, les cheveux mi-longs retenus en queue de cheval.

"Je lui ai dit, si t'as pas d'argent, c'est pas grave, mais fais-le avec un préservatif. (...) Il criait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait avec moi". Il a imposé à cette femme transgenre une fellation et un rapport anal sans protection. Cristina l'accuse aussi de lui avoir volé 150 euros, ce qu'il nie.

Après le viol, dans la voiture de l'accusé, "il m'a proposé de me ramener à ma place. Je lui ai dit non: j'avais peur qu'il me tue". Par contre, Cristina "a gravé dans (sa) tête" la plaque d'immatriculation, élément clé qui a permis à l'enquête de progresser rapidement.

Elle s'est rendue à l'hôpital: "j'avais très peur d'avoir été contaminée par le VIH. (...) J'étais très mal, je n'avais qu'une idée, me suicider". Elle a été hospitalisée une semaine en psychiatrie.

Chose très rare pour une prostituée sans papier victime de viol, Cristina a déposé plainte. "J'ai voulu le dénoncer car je ne voulais pas qu'il fasse du mal à quelqu'un d'autre, peut-être à un enfant".

"Ce que vous avez fait est très courageux. C'est important que vous soyez là", réagit après ce récit l'avocat général, Olivier Auferil. "Je salue votre courage. Je déteste les questions que je vais vous poser", lance pour sa part l'avocat de la défense, avant d'interroger la partie civile sur le couteau, sur le vol d'argent.

Avant Cristina, une autre prostituée transgenre péruvienne a raconté mercredi matin à la cour les agressions et le viol qu'elle a subis. "Au Bois de Boulogne, j'ai regardé la mort", a-t-elle dit, sans pour autant aller voir la police. "Je n'ai pas été assez courageuse pour venir ici".

Cristina continue cependant de subir les conséquences de ce viol au quotidien. "Je n'ai plus retravaillé, j'ai trop peur. Je n'ai plus de logement. Parfois, je n'ai pas assez d'argent pour manger". Elle est hébergée à droite à gauche. "Mais quand la police m'appelle pour me poser des questions, les amis qui m'hébergent me demandent de partir". En situation irrégulière, ils ne veulent pas de problème.

Cristina a besoin d'antidépresseurs et de somnifères. Elle n'a toujours pas de papier. Pourquoi ne pas retourner au Pérou?, l'interroge la présidente. "Ça sera encore pire. La situation était vraiment dure. C'est pour ça que je suis venue ici, en pensant que j'allais travailler dans un restaurant ou quelque chose comme ça. (...) Tout ce que je souhaitais, c'était une vie stable, tranquille".

Le verdict est attendu jeudi. L'accusé devrait être interrogé mercredi après-midi.

ctx/tib/bow

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MAR 17

En larmes, avec courage, une prostituée sans papier raconte son viol aux assises #

3/17/2021, 3:30 PM
Paris, FRA

Son "courage" a été salué par tous, y compris de l'avocat de l'accusé. Cristina, une prostituée transgenre sans papier, a raconté mercredi devant la cour d'assises de Paris les longues minutes de son viol, la peur du VIH, celle d'être tuée et depuis sa vie en miettes.

Au deuxième jour du procès, cette Péruvienne de 39 ans s'approche de la barre. Elle s'appuie sur le pupitre, comme si elle avait peur de s'effondrer. Dans le box, l'accusé, un homme de 28 ans, garde les yeux baissés tout au long du récit.

"Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", raconte-t-elle en Espagnol, traduite par une interprète. Il a ensuite sorti un couteau.

C'était en novembre 2018 dans le Bois de Boulogne, une dizaine d'années après l'arrivée en France de Cristina. Dès l'ouverture du procès, mardi, l'accusé a reconnu les faits.

"Je l'ai supplié de ne pas me faire de mal. Tout le temps, il m'a menacée avec son couteau. (...) Je pleurais beaucoup. J'étais terrorisée", témoigne en larmes Cristina, en pantalon de jogging noir et sweat rose à capuche, les cheveux mi-longs retenus en queue de cheval.

"Je lui ai dit, si t'as pas d'argent, c'est pas grave, mais fais-le avec un préservatif. (...) Il criait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait avec moi". Il a imposé à cette femme transgenre une fellation et un rapport anal sans protection. Cristina l'accuse aussi de lui avoir volé 150 euros, ce qu'il nie.

Après le viol, dans la voiture de l'accusé, "il m'a proposé de me ramener à ma place. Je lui ai dit non: j'avais peur qu'il me tue". Par contre, Cristina "a gravé dans (sa) tête" la plaque d'immatriculation, élément clé qui a permis à l'enquête de progresser rapidement.

Elle s'est rendue à l'hôpital: "j'avais très peur d'avoir été contaminée par le VIH. (...) J'étais très mal, je n'avais qu'une idée, me suicider". Elle a été hospitalisée une semaine en psychiatrie.

Chose très rare pour une prostituée sans papier victime de viol, Cristina a déposé plainte. "J'ai voulu le dénoncer car je ne voulais pas qu'il fasse du mal à quelqu'un d'autre, peut-être à un enfant".

"Ce que vous avez fait est très courageux. C'est important que vous soyez là", réagit après ce récit l'avocat général, Olivier Auferil. "Je salue votre courage. Je déteste les questions que je vais vous poser", lance pour sa part l'avocat de la défense, avant d'interroger la partie civile sur le couteau, sur le vol d'argent.

Avant Cristina, une autre prostituée transgenre péruvienne a raconté mercredi matin à la cour les agressions et le viol qu'elle a subis. "Au Bois de Boulogne, j'ai regardé la mort", a-t-elle dit, sans pour autant aller voir la police. "Je n'ai pas été assez courageuse pour venir ici".

Cristina continue cependant de subir les conséquences de ce viol au quotidien. "Je n'ai plus retravaillé, j'ai trop peur. Je n'ai plus de logement. Parfois, je n'ai pas assez d'argent pour manger". Elle est hébergée à droite à gauche. "Mais quand la police m'appelle pour me poser des questions, les amis qui m'hébergent me demandent de partir". En situation irrégulière, ils ne veulent pas de problème.

Cristina a besoin d'antidépresseurs et de somnifères. Elle n'a toujours pas de papier. Pourquoi ne pas retourner au Pérou?, l'interroge la présidente. "Ça sera encore pire. La situation était vraiment dure. C'est pour ça que je suis venue ici, en pensant que j'allais travailler dans un restaurant ou quelque chose comme ça. (...) Tout ce que je souhaitais, c'était une vie stable, tranquille".

Le verdict est attendu jeudi. L'accusé devrait être interrogé mercredi après-midi.

ctx/tib/bow

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MAR 17

Calais: un migrant a le pied sectionné en tentant de monter dans un train #

3/17/2021, 2:19 PM
Calais, FRA

Un migrant a eu un pied sectionné mercredi en tentant de monter dans un train de fret en marche vers le port de Calais, a-t-on appris auprès du parquet et des secours, confirmant une information de la Voix du Nord.

Ce jeune homme a eu le pied droit sectionné et a été blessé au pied gauche, selon le service départemental d'incendie et de secours du Pas-de-Calais.

"Il ressort des premières investigations qu'un groupe de personnes migrantes a tenté de monter dans un train de fret en marche" a rapporté pour sa part le procureur de la République à Boulogne-sur-Mer, Pascal Marconville.

"L'une d'elle a chuté et a eu un membre sectionné. Son pronostic vital n'est pas engagé. Elle a été prise en charge par l'hôpital de Calais", a complété M. Marconville.

Une enquête pour blessures involontaires a été ouverte au commissariat de police de Calais.

L'accident s'est produit dans le centre-ville, alors que le train de fret se dirigeait vers le port de Calais, d'où partent les ferries pour l'Angleterre, selon les pompiers.

Malgré le démantèlement en 2016 de la jungle de Calais, des centaines de migrants séjournent en permanence dans la ville ou ses environs dans l'espoir de gagner l'Angleterre, par la voie maritime ou par le tunnel sous la Manche, souvent au péril de leur vie.

cor-bj/cab/ide

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MAR 17

Les descendants de pieds-noirs en quête d'une mémoire qui disparaît #

3/17/2021, 8:10 AM

C'est un monde dont les derniers témoins s'éteignent les uns après les autres: près de 60 ans après la guerre d'Algérie, des descendants de pieds-noirs veulent tourner la page de la "nostalgérie" pour lui substituer une mémoire apaisée, faite "d'histoires et de légendes".

Longtemps, elle a refusé d'en parler, ne serait-ce même que d'y penser. Fille de rapatriés d'Algérie, née en Provence, Céline Lanzo, 44 ans, aura mis plusieurs décennies avant d'assumer son identité pied-noire.

"+Française c'est tout+, c'est ce que je disais lorsqu'on me demandait, à l'école ou ailleurs, mes origines", explique la cadre commerciale lyonnaise à l'AFP.

Ses deux parents, Manuel et Françoise, ont respectivement 21 et 22 ans lorsqu'ils quittent, comme des centaines de milliers de pieds-noirs, l'Algérie dans le courant de l'année 1962. "Traumatisés" par la guerre d'indépendance (1954-1962), ils s'installent près de Marseille où ils tentent de refaire leur vie.

Ce traumatisme ne disparaîtra jamais. "A la maison, on ne parlait que de ça: la guerre et ses horreurs, la trahison de de Gaulle, l'arrachement injuste de +notre+ terre... C'était un monde empreint de hargne, de colère. Je n'avais qu'une obsession: en sortir", se souvient-elle.

Ce n'est qu'en 2018, après le décès de sa mère, qu'elle commence à se renseigner sur son histoire familiale, avec la promesse de le faire sans "sans amertume et sans nostalgie".

Se sentir à la fois "concernée" mais aussi "complètement étrangère" à la douloureuse histoire familiale, c'est "le dilemme" de Laura Pujol, 29 ans, de grands-parents pieds-noirs. L'Algérie, ses propres parents, nés en France, ne l'ont pas connue et pourtant son enfance a été bercée par des récits "nostalgiques" sur ce pays.

"Je me suis toujours sentie mal à l'aise avec ça", confie-t-elle. "Pour moi, ça fait partie de mon histoire mais ça ne me définit pas. Je ne suis pas contre la transmission mais je veux pouvoir filtrer et exercer mon esprit critique sur ce qu'on me raconte".

Pour la chercheuse spécialiste de l'histoire des pieds-noirs Emmanuelle Comtat, cette rupture mémorielle entre les générations est en partie liée au traumatisme du rapatriement que les pieds-noirs n'ont jamais surmonté.

"Beaucoup de descendants ont voulu faire table rase du passé parce qu'ils n'ont pas envie de vivre dans la souffrance familiale. Ils ont conscience qu'il y a une blessure dans la famille mais n'ont pas envie de perpétuer la nostalgie", décrypte-t-elle.

"Ça coince avec la troisième génération", estime Christian Fenech, 59 ans, président et fondateur de l'association "Racines pieds-noirs", qui a fêté ses 20 ans en 2019 et dont la moyenne d'âge des membres tourne autour de 55-58 ans.

Né à Cassis, près de Marseille, en 1962, il explique avoir fondé cette association dans un but mémoriel. "il y a la génération du souvenir et du vécu. Moi je suis la génération de la mémoire", explique-t-il.

Mais c'est celle de ses enfants pour laquelle il est inquiet: "Ils savent qu'une part d'eux n'est pas comme les autres mais ils ne s'y intéressent pas plus que ça."

Selon lui, la mémoire des pieds-noirs n'a pas disparu mais s'est "diffusée" - modestement - dans la société française. Et cela passe par des mots comme "scoumoune" (la guigne, ndlr) ou "tchatche", désormais employés dans le langage courant. Ou l'anisette qui se déguste encore dans le sud de la France.

"Ce qui reste, ce sont principalement des valeurs liées à la famille, les réunions familiale, parfois même une façon de parler, l'accent pour certains", complète la chercheuse.

Une faille mémorielle que Christian Fenech explique par la volonté farouche des rapatriés à d'abord chercher à s'intégrer économiquement, faisant des questions de mémoire quelque chose de secondaire.

Aujourd'hui, Emile Serna, 90 ans, pied-noir originaire d'Oran (nord-ouest de l'Algérie), a compris l'urgence de la transmission. Cet ancien instituteur devenu inspecteur d'académie explique avoir parlé de l'Algérie à ses trois enfants sans toutefois jamais mentionner la guerre d'indépendance.

Mais désormais, c'est sur ses petits et arrières petits-enfants qu'il se concentre: "Je veux leur laisser en mémoire un héritage d'histoires et de légendes. Je leur apprends des blagues amusantes, des chansons et des fables... en attendant, vu mon âge, de retrouver l'Algérie éternelle".

adm/rh/or

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