France: lourde amende pour la chaîne CNews pour "incitation à la haine" anti-migrants #
Le régulateur français de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'informations du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence", pour des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour, habitué des saillies racistes.
Le groupe Canal+, maison-mère de CNews, a "déploré" une décision contrevenant "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".
Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" consacré à la question des migrants mineurs isolés, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste", alors même que le polémiste venait d'être condamné pour les mêmes motifs.
"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard", justifie le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans un communiqué. "La maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification".
La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.
CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste, alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à la chaine d'info LCI pour sa retransmission intégrale du discours en direct.
Cette sanction pécuniaire est une première pour une chaîne d'informations en France.
ac-cgu/may/vk/dlm/mba
Eric Zemmour: retour sur plus de 10 ans de poursuites #
Polémiste assumé, Eric Zemmour s'est installé dans le paysage médiatique, désormais en tant que pilier de la chaîne d'info CNews, tout en accumulant les plaintes sur le terrain judiciaire.
En novembre 2008, Patrick Lozès, fondateur du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), porte plainte contre l'éditorialiste pour diffamation. En mai 2012, le parquet le déboute. La décision est confirmée en 2013 en appel.
En avril 2009, cette fois Eric Zemmour attaque pour menaces de crimes et injure publique le rappeur Youssoupha qui le traitait de "con" et appelait à le faire "taire" dans une de ses chansons.
En première instance en 2011, la justice donne raison à Eric Zemmour. Le rappeur et sa maison de disques EMI Musique France écopent d'amendes avec sursis et doivent verser au polémiste des dommages et intérêts.
Au final, le rappeur sera déclaré "non coupable" en 2012 par la cour d'appel de Paris.
En mars 2010, l'éditorialiste, qui officie alors au Figaro et RTL, affirme sur Canal+ dans une émission de Thierry Ardisson que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait". Le même jour, il renchérit sur France Ô estimant que les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs.
Poursuivi par plusieurs associations antiracistes, il est condamné à 2.000 euros d'amende avec sursis pour provocation à la haine raciale.
En 2014, Eric Zemmour cumule deux affaires pour incitation ou provocation à la haine.
La première découle d'une chronique diffusée sur RTL en mai dans laquelle il évoque "les bandes" d'étrangers "qui dévalisent, violentent ou dépouillent". S'ensuit une plainte pour "incitation à la haine raciale" et "diffamation raciale". En septembre 2015, il est relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.
Décembre 2014, Eric Zemmour replonge dans la controverse après une interview au Corriere della Sera dans laquelle il déclare que les musulmans "ont leur code civil, c'est le Coran", qu'ils "vivent entre eux, dans les banlieues" et que "les Français ont été obligés de les quitter".
Face au tollé, la chaîne d'information ITélé (devenue CNews en 2017) met fin à son contrat quelques jours plus tard. En février, Zemmour contre-attaque et poursuit la chaîne pour rupture "brutale et abusive" de son contrat. Sur le terrain judiciaire, il finit par être relaxé.
En 2016, sur le plateau de "C à vous" (France 5), l'auteur du "Destin français" estime qu'il faut donner aux musulmans "le choix entre l'islam et la France" et que la France vit "depuis 30 ans une invasion", avec dans certaines banlieues une "lutte pour islamiser un territoire".
Ces propos entraîneront une condamnation définitive pour provocation à la haine religieuse, en septembre 2019, à 3.000 euros d'amende. Reprochant à la France de violer sa liberté d'expression, le polémiste a saisi en décembre 2019 la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
En 2018, Eric Zemmour qualifie le prénom de la chroniqueuse Hapsatou Sy d'"insulte à la France" qui lui répond par une plainte pour "injure raciste".
En septembre 2019, il prononce une violente diatribe sur l'islam et l'immigration lors d'un rassemblement politique à Paris. Il est condamné un an plus tard à 10.000 euros d'amende pour injure et provocation à la haine.
Fin septembre 2020, Eric Zemmour dérape sur CNews sur les migrants mineurs isolés qu'il traite de "voleurs", "assassins" et "violeurs". De multiples plaintes sont déposées par des départements notamment. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste.
Début février, le chroniqueur a été relaxé par le tribunal de Paris où il était jugé pour "contestation de crime contre l'humanité" après avoir soutenu que le maréchal Pétain avait "sauvé" les Juifs français.
Peu après, le journaliste Taha Bouhafs poursuit l'éditorialiste pour "injure publique" après s'être fait qualifié de "militant islamiste" sur CNews en novembre dernier.
cgu-ac/may/bow
Une amende de 200.000 euros pour CNews après des propos d'Eric Zemmour #
Carton rouge inédit pour une chaîne d'info: le CSA a sanctionné jeudi CNews d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos de son polémiste vedette Eric Zemmour, sur les migrants mineurs isolés.
Le Groupe Canal+, maison-mère de CNews, a dans la foulée "déploré" une décision contrevenant selon lui "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".
Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info", consacré à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste"... peu après une condamnation du polémiste pour les mêmes motifs.
"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard" encourageant "des comportements discriminatoires", justifie le CSA dans un communiqué.
"Aucune réaction suffisamment marquée n'a été apportée (...) en plateau", relève en outre l'instance dans sa décision datée du 17 mars.
Le Conseil estime que "la maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification", comme l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis du 22 octobre 2020, précise le communiqué.
La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.
La chaîne a ainsi "manqué à ses obligations", tranche le régulateur, qui avait confié les saisines relatives à cette séquence à un rapporteur indépendant, CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires fin 2019.
Le CSA avait à l'époque délivré un avertissement à la chaîne après des propos de son pilier Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie, toujours dans "Face à l'info", émission animée par la journaliste Christine Kelly, ancienne conseillère du CSA.
Le comité d'éthique du groupe Canal+ avait de son côté recommandé à CNews de pré-enregistrer l'émission pour la diffuser avec un différé même léger, afin d'empêcher les dérapages en direct. Une mesure retenue par la chaîne, mais qui s'est révélée inefficace en septembre dernier.
CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à LCI pour sa retransmission intégrale en direct.
Depuis, les plaintes se sont multipliées à l'encontre de la chaîne d'info et du polémiste qui a dopé ses audiences, "Face à l'info" réunissant en moyenne 700.000 téléspectateurs.
Ces scandales à répétition n'empêchent pas une frange de l'extrême droite identitaire d'imaginer Eric Zemmour en potentiel candidat à l'élection présidentielle.
Le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a quant à lui déploré jeudi la sanction "très choquante" du CSA : "une amende administrative en matière de liberté d'expression, ça n'a jamais existé en France", a-t-il tweeté.
Cette sanction pécunière du CSA est une première pour une chaîne d'info mais pas pour le groupe Canal+: le régulateur a déjà condamné plusieurs fois C8 pour des séquences polémiques dans des émissions de Cyril Hanouna, sanctionnant notamment en 2017 un canular jugé homophobe d'une amende de 3 millions d'euros.
Une privation de publicité d'une semaine pour l'émission "Touche pas à mon poste" avait elle été annulée par le Conseil d'Etat, obligeant le CSA à indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros.
ac-cgu/may/vk
Une amende de 200.000 euros pour CNews après des propos d'Eric Zemmour #
Carton rouge inédit pour une chaîne d'info: le CSA a sanctionné jeudi CNews d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos de son polémiste vedette Eric Zemmour, sur les migrants mineurs isolés.
Le Groupe Canal+, maison-mère de CNews, a dans la foulée "déploré" une décision contrevenant selon lui "au principe de liberté d'expression" et annoncé vouloir "mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais".
Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info", consacré à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
Cette diatribe avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris le 1er octobre pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste" ... alors qu'il venait de se voir infliger six jours auparavant d'une amende de 10.000 euros pour des motifs similaires.
"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard" encourageant "des comportements discriminatoires", justifie le CSA dans un communiqué.
"Aucune réaction suffisamment marquée n'a été apportée (...) en plateau", relève en outre l'instance dans sa décision datée du 17 mars.
Le Conseil estime que "la maîtrise de l'antenne n'(a) pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification", comme l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis du 22 octobre 2020, précise le communiqué.
La loi fixe des limites à la liberté de communication et "exige, en particulier, que les programmes mis à la disposition du public ne contiennent ni incitation à la haine ou à la violence fondée notamment sur les origines, la religion ou la nationalité", rappelle le CSA.
La chaîne a ainsi "manqué à ses obligations", tranche le régulateur, qui avait confié les saisines relatives à cette séquence à un rapporteur indépendant, CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires fin 2019.
Le CSA avait à l'époque délivré un avertissement à la chaîne après des propos de son pilier Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie, toujours dans "Face à l'info", émission animée par la journaliste Christine Kelly, ancienne conseillère du CSA.
Le comité d'éthique du groupe Canal+ avait de son côté recommandé à CNews de pré-enregistrer l'émission pour la diffuser avec un différé même léger, afin d'empêcher les dérapages en direct. Une mesure retenue par la chaîne, mais qui s'est révélée inefficace en septembre dernier.
CNews avait recruté en octobre 2019 l'écrivain et journaliste alors en pleine polémique après un violent discours anti-immigration et anti-islam prononcé lors d'un rassemblement politique. Celui-ci avait entraîné sa condamnation en septembre 2020 et une mise en garde ferme du CSA à LCI, qui l'avait intégralement retransmis en direct.
Depuis, les plaintes se sont multipliées à l'encontre du polémiste et de la chaîne d'info, qui a vu ses audiences bondir, particulièrement sur la case horaire occupée par "Face à l'info" (700.000 téléspectateurs en moyenne).
Ces scandales à répétition n'empêchent pas une frange de l'extrême droite identitaire d'imaginer Eric Zemmour en potentiel candidat à l'élection présidentielle.
Cette sanction financière du CSA est une première pour une chaîne d'info mais pas pour le groupe Canal+: le régulateur a déjà condamné plusieurs fois C8 pour des séquences polémiques dans des émissions de Cyril Hanouna, sanctionnant notamment en 2017 un canular jugé homophobe d'une amende de 3 millions d'euros.
Une autre sanction, une privation de publicité d'une semaine pour l'émission "Touche pas à mon poste", avait été annulée par le Conseil d'Etat, obligeant le CSA à indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros.
ac-cgu/may/vk
Nucléaire: l'Iran doit cesser de détériorer la situation (Macron) #
L'Iran doit cesser d'accroître la pression en multipliant les violations de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron.
"L'Iran doit cesser de détériorer une situation nucléaire des plus graves par l'accumulation des violations des accords de Vienne", a-t-il déclaré à la presse en compagnie de Reuven Rivlin, le président d'Israël.
L'Iran "doit faire les gestes attendus et se comporter de manière responsable", a-t-il ajouté, plaidant pour une résurrection de l'accord de 2015 contrôlant les activités nucléaires iraniennes, mais en y ajoutant le contrôle de "l'activité balistique de l'Iran dans la région", ce à quoi Téhéran est catégoriquement opposé.
L'accord signé par l'Iran à Vienne en 2015 avec les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni) ainsi que l'UE, et auquel était opposé Israël, vise à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique, avec de strictes limites à son programme nucléaire censé demeurer exclusivement civil et pacifique. La communauté internationale avait en échange levé ses sanctions économiques contre l'Iran
Sous l'administration de Donald Trump, les Etats-Unis ont quitté l'accord en 2018 et lancé une campagne de "pression maximale" en rétablissant puis en intensifiant les sanctions américaines contre Téhéran, accusé de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil.
Depuis, Téhéran, qui nie avoir de telles intentions, a affirmé avoir repris ses activités d'enrichissement de l'uranium à hauteur de 20% et le nouveau président Joe Biden a ouvert la voie à des pourparlers pour un nouvel accord sur le nucléaire iranien, mais Téhéran et Washington exigent chacun l'un de l'autre de faire les premiers pas et la situation est bloquée.
leb-fz/cf/lpt
Nucléaire: l'Iran doit cesser de détériorer la situation (Macron) #
L'Iran doit cesser sa stratégie d'accroître la pression en multipliant les violations de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron.
"L'Iran doit cesser de détériorer une situation nucléaire des plus graves par l'accumulation des violations des accords de Vienne", a-t-il déclaré à la presse en compagnie de Reuven Rivlin, le président d'Israël.
leb-fz/dla/lpt
Le CSA inflige à CNews 200.000 euros d'amende pour les propos de Zemmour sur les migrants mineurs #
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'info du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour sur les migrants mineurs isolés.
Cette sanction financière est une première à l'encontre d'une chaîne d'information, a précisé le CSA à l'AFP.
Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" consacré à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
Une sortie qui avait suscité un tollé et l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "provocation à la haine raciale" et "injures publiques à caractère raciste", peu après une condamnation du polémiste pour les mêmes motifs.
"Quand bien même ces propos ont été tenus dans le cadre d'un débat en lui-même légitime (...), ils ont été de nature à inciter à la haine envers les mineurs étrangers isolés, et ont véhiculé de nombreux stéréotypes particulièrement infamants à leur égard, de nature à encourager des comportements discriminatoires", justifie le CSA dans un communiqué.
"Par ailleurs, le Conseil a estimé que la maîtrise de l'antenne n'avait pas été assurée, d'autant plus que l'émission a été diffusée en différé et sans modification, ainsi que l'a souligné le comité d'éthique du groupe Canal+ dans son avis rendu le 22 octobre 2020", ajoute l'autorité audiovisuelle.
La chaîne a ainsi "manqué à ses obligations", estime le CSA, qui avait confié les saisines relatives à cette séquence à un rapporteur indépendant, CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires fin 2019.
Le CSA avait à l'époque délivré un avertissement à la chaîne après des propos de sa vedette Eric Zemmour sur l'islam et la colonisation de l'Algérie.
La sanction de jeudi n'est pas une première pour le groupe Canal+: le régulateur a déjà condamné plusieurs fois C8 pour des séquences polémiques dans des émissions de Cyril Hanouna, avec notamment une amende de 3 millions d'euros en 2017 pour un canular jugé homophobe.
Une autre sanction, une privation de publicité d'une semaine pour l'émission "Touche pas à mon poste", avait été annulée par le Conseil d'Etat, obligeant le CSA à indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros.
ac/cgu/may/nm
CNews: 200.000 euros d'amende pour les propos de Zemmour sur les migrants mineurs (CSA) #
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a sanctionné jeudi CNews, la chaîne d'info du groupe Canal+, d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine" et "à la violence" après des propos tenus en septembre par son polémiste vedette Eric Zemmour sur les migrants mineurs isolés.
Le 29 septembre, lors d'un débat de l'émission "Face à l'info" dédié à la question des mineurs isolés après l'attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
ac/cgu/may/swi
La liste des "héros issus de la diversité" prend forme #
L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron début décembre: la liste des "héros issus de la diversité" appelés à être honorés dans les rues de France prend forme sans s'éviter certaines critiques sur la part des femmes ou l'absence de certaines grandes personnalités.
Trois mois après la promesse du chef de l'Etat, le groupe d'experts chargé de l'inventaire a rendu son rapport - "Portraits de France" - avec une liste de 318 noms dans laquelle les maires sont invités à piocher pour baptiser de nouvelles rues ou bâtiments publics dans les prochains mois ou années.
Parmi eux figurent des célébrités issues de l'immigration comme les chanteurs Charles Aznavour et Serge Gainsbourg, le footballeur Raymond Kopa, les écrivains Blaise Cendrars et Joseph Kessel ou encore le dessinateur Albert Uderzo, mais aussi des personnes moins connues du grand public qui pourraient, à cette occasion, retrouver de la visibilité.
C'est le cas de Paulette Nardal, première étudiante noire à intégrer la Sorbonne dans les années 1930 et qui contribua à forger le concept de "négritude", de Do-Huu Vi, aviateur d'origine vietnamienne engagé pour la France pendant la Première guerre mondiale, ou encore Chérif Cadi, premier Algérien de confession musulmane à intégrer l'Ecole polytechnique en 1887.
Quatre soldats morts pour la France en Afghanistan figurent également sur cette liste qui va être complétée dans un second temps par les noms de personnalités vivantes, précise à l'AFP l'historien Pascal Blanchard, à la tête du collège d'experts.
"Il y a une palettisation suffisamment large pour que beaucoup de mémoires, de souhaits, de postures puissent vivre en même temps", estime-t-il.
Il ne s'agit en aucun cas de "débaptiser" des rues, a insisté de son côté la ministre chargée de la Ville, Nadia Hai, sur RTL jeudi. "Il est question de donner une place à ces profils, ces portraits qui ont fait la République, qui se sont engagés à travers leurs arts, leurs combats, de pouvoir leur faire leur place dans cette République et que chacun de nos concitoyens puissent se reconnaître".
Aussitôt publiée, la liste, qui se présente sous la forme de fiches biographiques, n'a pas manqué de faire réagir. La part des femmes - seulement 67 (Gisèle Halimi, Edith Piaf, Andrée Chedid, Nathalie Sarraute...) sur 318 - a notamment été pointée du doigt.
Un déséquilibre qui s'explique, selon Pascal Blanchard, par la proportion "très faible" de femmes dans toutes les catégories socioprofessionnelles du début du XIXe siècle "jusqu'à 1945 environ".
"Notre priorité pour ce premier +input+, c'était la diversité des parcours des immigrations, d'avoir plus de 100 pays de migrations plus que de tendre vers la parité" mais ce point "va pouvoir être amélioré" avec la deuxième liste, qui pourrait voir le jour "d'ici six à huit mois", souligne l'historien.
La démarche en elle-même a fait grincer des dents, dont celles du patron des sénateurs Les Républicains (LR) Bruno Retailleau, qui a estimé qu'Emmanuel Macron jouait "le jeu des décoloniaux qui ne seront jamais rassasiés des repentances de la France".
"Il y a certains noms qui vont énerver certaines personnes, de droite comme de gauche", note Pascal Blanchard. "Chacun va trouver qu'il y trop de ceux-ci, pas assez de ceux-là et c'est normal: il aurait fallu 20.000 noms pour plaire à tout le monde !"
Dans cette "aventure mémorielle", le monde de la culture a également un rôle à jouer, ont estimé plusieurs artistes et intellectuels dans une tribune au Monde publiée jeudi et dans laquelle ils s'engagent "à déployer tous les efforts nécessaires pour que les 318 entrent vraiment dans notre récit national".
"A la démarche scientifique - étudier ces vies et leurs apports avec la rigueur de l'histoire moderne - doit s'adjoindre l'oeuvre culturelle, celle de l'émotion et du ressenti", soulignent les signataires, dont les comédiens Charles Berling et Philippe Torreton ou encore l'islamologue et écrivain Rachid Benzine.
mep/pa/dch
Le G7 ne reconnaîtra pas "l'occupation" de la Crimée par la Russie (communiqué) #
Le G7 ne reconnaîtra pas "les tentatives de la Russie visant à légitimer (l')occupation" de la Crimée, a-t-il déclaré jeudi dans un communiqué, dans un climat de tension accrue avec Moscou.
"Nous dénonçons sans équivoque l'occupation temporaire de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Russie", assurent les sept pays les plus riches du monde quasiment sept ans jours pour jour après le début du conflit. "Nous ne reconnaissons pas, et ne reconnaîtrons pas les tentatives de la Russie visant à légitimer cette occupation".
Cette déclaration rejoint les propos du président américain Joe Biden lequel avait affirmé fin février qu'il n'accepterait "jamais" l'annexion par la Russie de la péninsule de Crimée en Ukraine.
Signe de la volonté de la nouvelle administration américaine de s'opposer plus fermement à la Russie: M. Biden a qualifié mercredi le président russe Vladimir Poutine de "tueur", provoquant la colère de Moscou.
Le conflit entre les combattants soutenus par la Russie et les troupes ukrainiennes a fait plus de 13.000 morts depuis 2014, quand la Russie a annexé la Crimée et que des forces pro-russes dans l'Est de l'Ukraine se sont rebellées contre Kiev.
"Sept ans après l'annexion illégitime et illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Russie, nous réaffirmons notre soutien inébranlable et notre attachement à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues", insistent les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ainsi que le haut-représentant de l'Union européenne.
"En faisant usage de la force contre l'intégrité territoriale de l'Ukraine, la Russie a ouvertement violé le droit international et contrevenu à ces principes", ajoutent-ils.
Les signataires s'opposent "fermement à la poursuite de la déstabilisation de l'Ukraine par la Russie, et notamment aux actions que celle-ci mène dans certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk, au mépris des engagements qu'elle a pris dans le cadre des accords de Minsk".
"L'avènement de la paix passe par la mise en oeuvre totale des accords de Minsk. La Russie est partie au conflit en Ukraine orientale, et non médiatrice dans ce conflit", poursuivent-ils.
dla/fz/lch
Le G7 ne reconnaîtra pas "l'occupation" de la Crimée par la Russie (communiqué) #
Le G7 ne reconnaîtra pas "les tentatives de la Russie visant à légitimer (l')occupation" de la Crimée, a-t-il déclaré jeudi dans un communiqué dans un climat de tension accrue avec Moscou.
"Nous dénonçons sans équivoque l'occupation temporaire de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Russie", assurent les sept pays les plus riches du monde. "Nous ne reconnaissons pas, et ne reconnaîtrons pas les tentatives de la Russie visant à légitimer cette occupation".
dla/fz/pz
Grève de la faim, évasion: des Françaises détenues en Syrie "prêtes à tout" pour rentrer #
Des Françaises détenues en Syrie pour avoir vécu sous le groupe Etat islamique (EI), dont une en grève de la faim, se disent "prêtes à tout" pour "rentrer en France" et montrer qu'elles n'ont commis "aucun crime", dans des entretiens diffusés jeudi.
"Je suis prête à aller jusqu'au bout", déclare Estelle, 31 ans, interrogée sur place début mars par un journaliste de Radio France.
Elle fait partie de la dizaine de détenues françaises du camp de Roj (nord-est) en grève de la faim depuis plus de trois semaines pour réclamer d'être rapatriées en France avec leurs enfants.
"On a fait une erreur" en rejoignant l'EI, mais "on n'a aucune possibilité de se défendre", regrette cette femme originaire de la banlieue parisienne.
Détenue depuis plus de trois ans avec ses trois enfants de 5, 8 et 10 ans, elle assure, comme beaucoup de ces Françaises détenues, n'avoir participé à aucune activité criminelle sous l'EI.
"Si je dois être jugée, qu'on me juge. Mais comment voulez-vous qu'on prouve notre bonne foi si on ne nous écoute pas?"
Depuis deux semaines, elle "ne boit que de l'eau, et un café le matin", et a "perdu 4 kg". "C'est difficile", mais "on est déterminé à mettre nos vies en danger pour pouvoir rentrer et ramener nos enfants", dit-elle.
"La vie est très dure ici. On est en prison", mais "sans aucune visite" et avec à peine de quoi se nourrir, explique de son côté Saida, 33 ans, originaire de l'Hérault et venue en Syrie en 2015 pour rejoindre son futur mari, un Français rencontré sur internet.
"Je sais que les gens nous détestent, mais il y en a qui regrettent sincèrement" et "sont sorties" du carcan jihadiste, ajoute-t-elle, tout en admettant, comme Estelle, qu'une partie des Françaises détenues restent marquées par l'idéologie islamiste.
Elle ne comprend pas pourquoi la France refuse de les rapatrier et de les juger. "Je n'ai rien fait du tout, ils (les Français) le savent très bien", dit celle qui se dit "tout sauf radicale " et "ne porte pas le voile". "Ça me désole qu'on ait peur de nous. On nous met toutes dans le même panier".
Elle dit s'être déjà enfuie une fois du camp avant d'être rattrapée. "Si on vient pas me chercher, je vais me réenfuir".
Quelque 80 Françaises et 200 enfants sont détenus dans des camps du nord-est syrien. Leur éventuel retour en France inquiète dans l'opinion, mais leurs proches et avocats soulignent que seule la France pourra les juger équitablement et qu'on ne peut les laisser vivre enfermés dans ces conditions précaires et une région qui reste très instable.
Paris a jusqu'ici rapatrié des enfants au cas par cas (35, majoritairement des orphelins) mais estime que les adultes devraient être jugés sur place.
emd/aco/sp/fio
"Il est plus que temps" d'avoir un musée sur l'histoire de la colonisation, estime l'historien Pascal Blanchard #
La création d'un musée de l'histoire de la colonisation, préconisée dans un récent rapport parlementaire, "est une bonne première étape" qu'il faut désormais concrétiser pour briser définitivement "le dernier grand tabou du XXe siècle", estime l'historien Pascal Blanchard dans un entretien à l'AFP.
QUESTION : Cette proposition de musée, que vous appeliez de vos voeux, est-ce une bonne chose ?
REPONSE : C'est une très bonne première étape. Il est plus que temps d'avoir un musée de l'histoire de la colonisation, ça devient indéfendable d'être le dernier pays européen qui ne regarde pas son histoire coloniale en face. Mais si c'est pour faire seulement un musée itinérant ou bien un petit musée au fin fond d'une impasse pour dire +on l'a fait+, les députés peuvent passer à autre chose.
Ce qu'il faut, c'est un équivalent du Quai Branly, d'Orsay: si on veut vraiment tourner une page, il faut vraiment créer une page, ça ne peut pas être du bricolage parce que sinon vous laisserez les gens dans la frustration, voire dans une forme de ressentiment et ça produira exactement l'inverse de ce que l'on attend.
Il n'y a aucune raison que ce ne soit pas un véritable musée, on est en train de parler de 20 à 22 millions de Français ou d'étrangers sur le sol de France qui sont concernés par cette question.
Q : En quoi cette proposition des députés, que vous qualifiez d'inédite, peut aider à apaiser les débats sur ce sujet toujours très sensible soixante ans après la décolonisation ?
R : Quand l'histoire rentre au musée, quelque part elle arrête d'être dans la société civile, où les gens s'emparent sur le web de polémiques, et devient un sujet de savoir.
C'est maintenant qu'il faut le faire et si ça n'est pas fait ça va devenir un vrai schisme des mémoires, parce que les enfants, des deux côtés, vont chercher leur histoire sur le web et font du bricolage mémoriel et c'est une bombe à retardement.
C'est compliqué d'expliquer pourquoi la République a colonisé et c'est parce que c'est complexe que ça nécessite d'être posé, d'avoir un lieu de savoir et de connaissance, d'essayer d'expliquer pour éviter les anachronismes mais surtout de sortir des fantasmes, des nostalgies et des radicalismes.
L'idée du musée me paraît symboliquement forte, culturellement importante, en termes éducatifs on en a besoin et ça obligera à appréhender toutes les questions.
C'est un musée pour tous qui répond à une demande: les parents et grand-parents qui ont immigré en France n'ont pas beaucoup raconté cette histoire, elle était douloureuse, compliquée, mais la troisième génération veut comprendre, elle gratte le passé.
C'est de la responsabilité de la République que de prendre en charge cette question et d'être capable d'apporter une réponse pertinente. Ce n'est pas un musée pour se culpabiliser, ni pour se flageller, ni pour glorifier. Ce musée doit être celui de l'apaisement, de la reconnaissance, de la connaissance.
Q : Pourquoi cette question continue-t-elle de fracturer la société française?
C'est le dernier grand tabou de l'histoire du XXe siècle. C'est très compliqué d'arriver à raconter cette histoire parce que dans ce même pays aujourd'hui vous avez des citoyens qui viennent des deux côtés du miroir colonial.
Le +comment faire+ va être difficile mais notre génération n'a pas le choix sauf à accepter l'idée que ce doit être une guerre des mémoires permanente.
On voit d'un côté des islamistes radicaux qui arrivent à mobiliser des gamins en leur disant que la France les a humiliés comme leurs pères et leurs grand-pères et de l'autre côté les nostalgiques, le Front national notamment, avec un sujet encore très présent dans le sud de la France.
L'histoire douloureuse des pieds-noirs n'est également pas digérée. Mais on a digéré plein d'histoires qui étaient très douloureuses. Qui aurait imaginé en 1945 que la France et l'Allemagne arriveraient à pacifier leur mémoire ? Personne."
mep/pa/cbn
Les préjugés sur l'immigration, un enjeu électoral qui "sature l'espace public" #
Les migrants sont parfois décrits comme des "envahisseurs", qui "profitent" d'un modèle français trop généreux. Face à ce qu'elle considère comme des idées reçues qui "saturent l'espace public", la spécialiste des migrations Sophie-Anne Bisiaux oppose le rempart des "faits", à un an de la présidentielle.
"Les préjugés sur l'immigration reviennent sur le devant de la scène à chaque échéance électorale, alimentant les peurs et l'intolérance. On l'a vu récemment avec le projet de loi sur le séparatisme qui tente de renforcer l'équation qui associe les immigrés à un islam +radicalisé+", dit à l'AFP l'auteure d'"En finir avec les idées fausses sur les migrations" (Editions de l'Atelier), qui paraît jeudi.
Membre du réseau Migreurop, Sophie-Anne Bisiaux en a recensé soixante, qu'elle décortique point par point en s'appuyant sur des données chiffrées, sourcées ou des travaux de chercheurs, pour "déjouer les tentatives d'instrumentalisation".
Tout y passe, des étrangers qui "vivent au crochet de la société" aux immigrés essentiellement "délinquants" ou "fraudeurs"...
L'idée la plus véhiculée, selon l'auteure, est celle d'une France trop accueillante. "Cette idée est généralement associée à la théorie dite de +l'appel d'air+", selon laquelle se montrer hospitalier favorise un afflux massif d'immigrés.
"En plus d'être totalement erronée, la théorie est particulièrement dangereuse", juge Mme Bisiaux, car elle permet aux gouvernements de "justifier les conditions déplorables dans lesquelles sont accueillis les exilés, les violences policières à leur égard, leur relégation dans des camps insalubres".
La France n'accueille pas non plus "toute la misère du monde". D'abord parce que se sont souvent les plus riches qui migrent, mais surtout parce que l'essentiel des déplacements se font vers d'autres pays pauvres: 85% des 80 millions de réfugiés recensés par le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) sont accueillis dans des pays en développement.
Au-delà de ces poncifs éculés, se développent des théories nouvelles, "plus insidieuses et difficiles à déconstruire", qui ne sont plus seulement l'apanage de l'extrême droite, relève Sophie-Anne Bisiaux.
"De plus en plus, les discours qui prônent par exemple la fermeture des frontières se parent d'arguments humanistes. On entend ainsi que fermer les frontières permettrait aux pays de départ de mieux se développer. Que ces idées soient promues par des politiciens xénophobes ou des humanistes de bonne foi, elles n'en restent pas moins fausses et potentiellement lourdes de conséquences", avertit cette spécialiste des politiques d'externalisation des frontières.
"Comme de nombreuses études le prouvent, la migration est un puissant facteur de développement pour les pays du Sud, notamment grâce aux transferts d'argent des migrants. De même, fermer les frontières ne fait que pousser les migrants vers des routes plus longues et dangereuses, les obligeant à se remettre entre les mains de réseaux de passeurs plus ou moins scrupuleux."
Son livre, soutenu par les Etats généraux des migrations qui rassemblent des centaines d'associations et collectifs, s'adresse tout autant aux "indécis" qu'aux "décideurs politiques à la recherche d'alternatives crédibles et audacieuses".
Car, a-t-elle remarqué, "les discours négatifs sur l'immigration parcourent une large partie de l'échiquier politique", y compris "à gauche".
"L'accueil des exilés et l'ouverture des frontières n'est pas un mal nécessaire, un sacrifice ou un acte de charité condescendant, mais au contraire une occasion à saisir pour tenter de construire un monde plus égalitaire, plus juste, plus solidaire", estime l'auteure.
Si la lutte contre les préjugés en matière d'immigration est un "travail de Sisyphe", a reconnu en préface François Héran, qui dirige la chaire Migrations du Collège de France, elle a reçu ces derniers mois l'appui d'un allié inattendu: la pandémie.
Alors que l'idée selon laquelle les étrangers "prennent les emplois des Français" a la vie dure, la crise sanitaire a été l'occasion "d'une certaine prise de conscience", se félicite Sophie-Anne Bisiaux: "Que celles et ceux que l'on nomme les +sans-papiers+ occupent pour la plupart des emplois essentiels au fonctionnement de la société".
sha/pa/dlm
Grève de la faim, évasion: des Françaises détenues en Syrie "prêtes à tout" pour rentrer #
Des Françaises détenues en Syrie pour avoir vécu sous le groupe Etat islamique (EI), dont une en grève de la faim, se disent "prêtes à tout" pour "rentrer en France" et montrer qu'elles n'ont commis "aucun crime", dans des entretiens diffusés jeudi.
"Je suis prête à aller jusqu'au bout", déclare Estelle, 31 ans, interrogée sur place début mars par un journaliste de Radio France.
Elle fait partie de la dizaine de détenues françaises du camp de Roj (nord-est) en grève de la faim depuis plus de trois semaines pour réclamer d'être rapatriées en France avec leurs enfants.
"On a fait une erreur" en rejoignant l'EI, mais "on n'a aucune possibilité de se défendre", regrette cette femme originaire des Yvelines.
Détenue depuis plus de trois ans avec ses trois enfants de 5, 8 et 10 ans, elle assure, comme beaucoup de ces Françaises détenues, n'avoir participé à aucune activité criminelle sous l'EI.
"Si je dois être jugée, qu'on me juge. Mais comment voulez-vous qu'on prouve notre bonne foi si on ne nous écoute pas?"
Depuis deux semaines, elle "ne boit que de l'eau, et un café le matin", et a "perdu 4 kg". "C'est difficile", mais "on est déterminé à mettre nos vies en danger pour pouvoir rentrer et ramener nos enfants", dit-elle.
"La vie est très dure ici. On est en prison", mais "sans aucune visite" et avec à peine de quoi se nourrir, explique de son côté Saida, 33 ans, originaire de l'Hérault et venue en Syrie en 2015 pour rejoindre son futur mari, un Français rencontré sur internet.
"Je sais que les gens nous détestent, mais il y en a qui regrettent sincèrement" et "sont sorties" du carcan jihadiste, ajoute-t-elle, tout en admettant, comme Estelle, qu'une partie des Françaises détenues restent marquées par l'idéologie islamiste.
Elle ne comprend pas pourquoi la France refuse de les rapatrier et de les juger. "Je n'ai rien fait du tout, ils (les Français) le savent très bien", dit celle qui se dit "tout sauf radicale " et "ne porte pas le voile". "Ça me désole qu'on ait peur de nous. On nous met toutes dans le même panier".
Elle dit s'être déjà enfuie une fois du camp avant d'être rattrapée. "Si on vient pas me chercher, je vais me réenfuir".
Quelque 80 Françaises et 200 enfants sont détenus dans des camps du nord-est syrien. Leur éventuel retour en France inquiète dans l'opinion, mais leurs proches et avocats soulignent que seule la France pourra les juger équitablement et qu'on ne peut les laisser vivre enfermés dans ces conditions précaires et une région qui reste très instable.
Paris a jusqu'ici rapatrié des enfants au cas par cas (35, majoritairement des orphelins) mais estime que les adultes devraient être jugés sur place.
emd/aco/sp
Inégalités, services publics, police: les mises en garde de la Défenseure des droits #
Précarité des personnes les plus vulnérables, hausse des réclamations visant les forces de l'ordre, recul des services publics: le rapport annuel de la Défenseure des droits dépeint une France frappée par une "aggravation des inégalités" liées aux conséquences de l'épidémie de Covid-19.
"La crise sanitaire n'a pas épargné le fonctionnement des services publics (...) Cet affaiblissement a contribué à accentuer le creusement des inégalités sociales, frappant d'abord les plus vulnérables, soulignant leur rôle essentiel dans la préservation de l'égalité", résume dans son rapport publié jeudi cette autorité indépendante chargée notamment de défendre les citoyens face à l'administration.
L'institution, dirigée depuis juillet par Claire Hédon, ex-présidente de l'ONG ATD-Quart Monde qui a succédé à Jacques Toubon, a reçu près de 97.000 réclamations en 2020, soit 6% de moins que l'année précédente.
Elles concernent majoritairement les relations avec les services publics; plus de 60.000 réclamations, en baisse de 1,6% sur un an.
"La population est épuisée par cette crise, notre devoir c'est de rétablir les personnes dans leurs droits, de les aider à faire face à une bureaucratie qui est parfois kafkaïenne", explique Mme Hédon à l'AFP, pointant du doigt une "déshumanisation" des services publics et les inégalités d'accès à internet.
La Défenseure des droits alerte par ailleurs sur les risques majeurs que représentent les mesures rognant les droits et libertés à long terme, comme la fermeture des guichets pour les demandeurs d'asile, la situation des mineurs non accompagnés ou l'accès aux visites pour les résidents en Ehpad.
S'il est "légitime" que l'Etat puisse se doter de moyens "nécessaires" pour faire face à l'urgence sanitaire, ce régime doit demeurer "temporaire, être strictement encadré et respecter les principes de notre Etat de droit: légalité, nécessité et proportionnalité", note Claire Hédon.
"Il ne faut pas qu'on s'habitue à des atteintes à nos libertés, je pense que c'est important de le rappeler", souligne-t-elle.
Comme les années précédentes, 2020 a été marquée par les questions de relations entre police et population: la Défenseure des droits a enregistré un bond de 10,5% des dossiers liés à la "déontologie de la sécurité", avec plus de 2.100 réclamations, dont la majorité concerne l'action des forces de l'ordre.
Selon Mme Hédon, cette hausse s'explique en partie par la hausse des dossiers mettant en cause les polices municipales, "particulièrement mobilisées" pendant cette crise.
"Le maintien de l'ordre est légitime mais il doit être absolument irréprochable. Il faut renforcer la confiance entre la population et la police et cela passe par l'exemplarité et par des sanctions quand il y a des dérapages et un usage de la force disproportionné", souligne Claire Hédon.
Dans son rapport, la Défenseure des droits rappelle que les saisines en matière de déontologie de la sécurité ont augmenté de près de 210% depuis 2014.
Si certaines de ses recommandations ont été retenues dans le nouveau Schéma national du maintien de l'ordre (SNMO), ce n'est pas le cas de l'interdiction du LBD (lanceur de balles de défense) lors des manifestations ou le fait de confier la mission de maintien de l'ordre uniquement à des unités spécialisées.
aco/pga/ao
Calais: un migrant a le pied sectionné en tentant de monter dans un train #
Un migrant a eu un pied sectionné mercredi en tentant de monter dans un train de fret en marche vers le port de Calais, a-t-on appris auprès du parquet et des secours, confirmant une information de la Voix du Nord.
Ce jeune homme a eu le pied droit sectionné et a été blessé au pied gauche, selon le service départemental d'incendie et de secours du Pas-de-Calais.
"Il ressort des premières investigations qu'un groupe de personnes migrantes a tenté de monter dans un train de fret en marche" a rapporté pour sa part le procureur de la République à Boulogne-sur-Mer, Pascal Marconville.
"L'une d'elle a chuté et a eu un membre sectionné. Son pronostic vital n'est pas engagé. Elle a été prise en charge par l'hôpital de Calais", a complété M. Marconville.
Une enquête pour blessures involontaires a été ouverte au commissariat de police de Calais.
L'accident s'est produit dans le centre-ville, alors que le train de fret se dirigeait vers le port de Calais, d'où partent les ferries pour l'Angleterre, selon les pompiers.
Malgré le démantèlement en 2016 de la jungle de Calais, des centaines de migrants séjournent en permanence dans la ville ou ses environs dans l'espoir de gagner l'Angleterre, par la voie maritime ou par le tunnel sous la Manche, souvent au péril de leur vie.
cor-bj/cab/ide
Les descendants de pieds-noirs en quête d'une mémoire qui disparaît #
C'est un monde dont les derniers témoins s'éteignent les uns après les autres: près de 60 ans après la guerre d'Algérie, des descendants de pieds-noirs veulent tourner la page de la "nostalgérie" pour lui substituer une mémoire apaisée, faite "d'histoires et de légendes".
Longtemps, elle a refusé d'en parler, ne serait-ce même que d'y penser. Fille de rapatriés d'Algérie, née en Provence, Céline Lanzo, 44 ans, aura mis plusieurs décennies avant d'assumer son identité pied-noire.
"+Française c'est tout+, c'est ce que je disais lorsqu'on me demandait, à l'école ou ailleurs, mes origines", explique la cadre commerciale lyonnaise à l'AFP.
Ses deux parents, Manuel et Françoise, ont respectivement 21 et 22 ans lorsqu'ils quittent, comme des centaines de milliers de pieds-noirs, l'Algérie dans le courant de l'année 1962. "Traumatisés" par la guerre d'indépendance (1954-1962), ils s'installent près de Marseille où ils tentent de refaire leur vie.
Ce traumatisme ne disparaîtra jamais. "A la maison, on ne parlait que de ça: la guerre et ses horreurs, la trahison de de Gaulle, l'arrachement injuste de +notre+ terre... C'était un monde empreint de hargne, de colère. Je n'avais qu'une obsession: en sortir", se souvient-elle.
Ce n'est qu'en 2018, après le décès de sa mère, qu'elle commence à se renseigner sur son histoire familiale, avec la promesse de le faire sans "sans amertume et sans nostalgie".
Se sentir à la fois "concernée" mais aussi "complètement étrangère" à la douloureuse histoire familiale, c'est "le dilemme" de Laura Pujol, 29 ans, de grands-parents pieds-noirs. L'Algérie, ses propres parents, nés en France, ne l'ont pas connue et pourtant son enfance a été bercée par des récits "nostalgiques" sur ce pays.
"Je me suis toujours sentie mal à l'aise avec ça", confie-t-elle. "Pour moi, ça fait partie de mon histoire mais ça ne me définit pas. Je ne suis pas contre la transmission mais je veux pouvoir filtrer et exercer mon esprit critique sur ce qu'on me raconte".
Pour la chercheuse spécialiste de l'histoire des pieds-noirs Emmanuelle Comtat, cette rupture mémorielle entre les générations est en partie liée au traumatisme du rapatriement que les pieds-noirs n'ont jamais surmonté.
"Beaucoup de descendants ont voulu faire table rase du passé parce qu'ils n'ont pas envie de vivre dans la souffrance familiale. Ils ont conscience qu'il y a une blessure dans la famille mais n'ont pas envie de perpétuer la nostalgie", décrypte-t-elle.
"Ça coince avec la troisième génération", estime Christian Fenech, 59 ans, président et fondateur de l'association "Racines pieds-noirs", qui a fêté ses 20 ans en 2019 et dont la moyenne d'âge des membres tourne autour de 55-58 ans.
Né à Cassis, près de Marseille, en 1962, il explique avoir fondé cette association dans un but mémoriel. "Il y a la génération du souvenir et du vécu. Moi je suis la génération de la mémoire", explique-t-il.
Mais c'est celle de ses enfants pour laquelle il est inquiet: "Ils savent qu'une part d'eux n'est pas comme les autres mais ils ne s'y intéressent pas plus que ça."
Selon lui, la mémoire des pieds-noirs n'a pas disparu mais s'est "diffusée" - modestement - dans la société française. Et cela passe par des mots comme "scoumoune" (la guigne, ndlr) ou "tchatche", désormais employés dans le langage courant. Ou l'anisette qui se déguste encore dans le sud de la France.
"Ce qui reste, ce sont principalement des valeurs liées à la famille, les réunions familiale, parfois même une façon de parler, l'accent pour certains", complète la chercheuse.
Une faille mémorielle que Christian Fenech explique par la volonté farouche des rapatriés à d'abord chercher à s'intégrer économiquement, faisant des questions de mémoire quelque chose de secondaire.
Aujourd'hui, Emile Serna, 90 ans, pied-noir originaire d'Oran (nord-ouest de l'Algérie), a compris l'urgence de la transmission. Cet ancien instituteur devenu inspecteur d'académie explique avoir parlé de l'Algérie à ses trois enfants sans toutefois jamais mentionner la guerre d'indépendance.
Mais désormais, c'est sur ses petits et arrières petits-enfants qu'il se concentre: "Je veux leur laisser en mémoire un héritage d'histoires et de légendes. Je leur apprends des blagues amusantes, des chansons et des fables... en attendant, vu mon âge, de retrouver l'Algérie éternelle".
adm/rh/or
En Syrie, il faudra "plusieurs générations" pour déminer et reconstruire, selon Handicap International #
Après 10 ans de conflit en Syrie, "l'urgence ne s'est jamais arrêtée" et la reconstruction du pays s'étalera certainement sur "plusieurs générations", affirme Lucile Papon de Handicap International, ONG présente depuis 10 ans aux frontières de la Syrie.
L'association basée à Lyon (centre-est de la France) a pris en charge plus de 1,8 million de réfugiés au Liban et en Jordanie, en Irak, en Egypte, ainsi qu'en Turquie avant de devoir quitter ce pays en 2016, détaille sa directrice régionale pour le Moyen-Orient de 2016 à fin 2020.
QUESTION : Quel premier bilan tirez-vous de cette décennie de guerre en Syrie?
REPONSE : "Il y a eu des moments où on a été sidéré par le niveau de violence atteint et le dépassement de toutes les lignes rouges. La communauté internationale n'a pas réussi à stopper le massacre. Et 90% des blessés dans les bombardements dans les zones urbaines et péri-urbaines sont des civils. A ce niveau-là, on ne peut plus parler de dommages collatéraux.
L'urgence ne s'est jamais arrêtée. Même à des périodes où on se disait que ça allait un peu se stabiliser, il y avait à nouveau une vague de déplacés. Aujourd'hui, il y a peut-être des bombardements moins massifs, mais ça ne s'est pas arrêté.
On doit à la nouvelle génération de poser un cadre minimal pour que ça ne se répète plus. L'enjeu pour nous et la communauté internationale est que cette nouvelle génération ne soit pas sacrifiée comme celle de leurs parents. C'est aussi un enjeu de stabilité dans la région.
Q: Quelles sont les perspectives pour les millions de Syriens partis vers des pays limitrophes comme le Liban ou la Jordanie?
R: "Les gens ne peuvent pas rentrer parce qu'ils ont peur, mais aussi parce qu'il n'y a aucune possibilité de se projeter du fait de la destruction massive du pays. Dans le pays, on a moins de 50% d'hôpitaux et centres de santé qui sont considérés en fonctionnement. A Raqqa (ex-bastion de l'EI) 80% des infrastructures sont détruites.
Ce qui est spécifique à la Syrie, c'est le niveau de destruction avec à la fois une multiplicité d'engins explosifs utilisés, qui rend techniquement très complexe le déminage, et les lieux urbains et péri-urbains de ces destructions qui posent encore des limites.
Il y a eu 225.000 utilisations d'armes explosives entre 2012 et 2019, à Alep, Idleb et en banlieue de Damas notamment. On estime par expérience que dans ces bombardements, il y a entre 10% et 30% d'échec d'explosion, ce qui entraîne un niveau jamais atteint de résidus d'explosifs couplés aux mines, engins artisanaux, etc. On compte déjà qu'il faudra plusieurs générations pour déminer, nettoyer et reconstruire. C'est un champs de ruines.
Aussi il faut aider les populations réfugiées à rester dans leurs pays d'accueil pour les prochaines décennies.
On travaille avec ces pays pour renforcer leurs services afin de pouvoir absorber ces populations, et avec les Nations unies à les pousser à ouvrir le champs de l'emploi. C'est la solution qui correspond le plus à la réalité par rapport au retour ou à la relocalisation vers d'autres pays".
Q: Quels sont les nouveaux défis liés à la crise du Covid-19 pour les réfugiés et les humanitaires?
R: "L'épidémie a clairement été une catastrophe pour les réfugiés qui travaillaient dans l'informel pour s'assurer un minimum de revenus. Les moments de confinement au début de la crise ont également été très compliqués, avec des personnes qui ne pouvaient plus se faire soigner ou accéder aux bons alimentaires, et des ONG limitées dans leurs mouvements. Ces populations ont moins d'accès aux soins que les autres, même si les autorités de ces pays ont conscience qu'il n'est pas dans leur intérêt de laisser proliférer des clusters.
Aujourd'hui, le problème réside surtout dans la crise économique induite qui se répercute sur ces populations, surtout au Liban où la situation se double d'une crise politique.
On doit donc maintenir une présence forte en attendant que la situation permette d'imaginer la reconstruction et le retour de réfugiés. Certains se disent que la crise syrienne est terminée parce qu'on n'entend plus parler de bombardements, mais la réalité c'est que ces personnes sont toujours là. Et les besoins restent immenses".
ag/fga/tes/fio