Affaire Bygmalion: Nicolas Sarkozy à nouveau devant les juges #
Quinze jours après avoir été condamné dans l'affaire dite "des écoutes", Nicolas Sarkozy est jugé à nouveau à partir de mercredi à Paris, cette fois pour les dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012, dans le dossier Bygmalion.
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy a été le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme: trois ans dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d'influence.
Dans l'affaire Bygmalion, l'ancien président encourt un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende pour "financement illégal de campagne électorale".
Il est soupçonné d'avoir laissé filer ses comptes de campagnes au-delà de leur plafond légal malgré les avertissements des experts-comptables.
Même s'il "ne se dérobera pas", M. Sarkozy a fait savoir qu'il n'assisterait qu'aux audiences le concernant.
Mais le procès, prévu jusqu'au 15 avril, a de fortes probabilités d'être renvoyé en raison de l'hospitalisation de l'avocat de Jérôme Lavrilleux, ex-directeur adjoint de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy.
C'est Jérôme Lavrilleux qui avait révélé en 2014 le système de double comptabilité et de fausses factures mis en place pour dissimuler les dépassements de plafonds du compte du candidat.
Le tribunal examinera, dès l'ouverture de l'audience mercredi à 13H30, la demande de renvoi de M. Lavrilleux, à laquelle s'associent tous les avocats de la défense. Le parquet ne devrait pas s'y opposer.
Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française, le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé se rejetant mutuellement la responsabilité de la fraude.
Au total, 14 personnes doivent être jugées. Il s'agit d'anciens cadres de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, devenue Les Républicains, partie civile au procès), des responsables de la campagne de 2012 et des dirigeants de Bygmalion, la société d'événementiel chargée d'organiser les meetings du candidat Sarkozy via sa filiale Event & Cie.
Ils comparaissent pour faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie et financement illégal de campagne électorale, et complicité ou recel de ces délits.
Selon l'accusation, l'ancien président "a incontestablement bénéficié" du système de fausses factures, qui lui a permis de disposer pour la campagne de moyens "bien supérieurs à ce que la loi autorisait".
L'enquête n'a toutefois pas établi que le chef de l'Etat avait décidé de la mise en place du système, ni qu'il y avait participé ou même en avait été informé.
Il est reproché au candidat Sarkozy de ne pas avoir tenu compte de deux alertes alarmantes des experts-comptables pendant sa campagne, en mars et avril 2012.
Jean-François Copé, ancien patron de l'UMP et actuel maire de Meaux, a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire. Il sera entendu comme témoin pendant le procès et "répondra à l'ensemble des questions", a-t-il fait savoir par la voix de son avocat, Hervé Temime. "Je poursuivrai immédiatement en diffamation quiconque au sein du parti me mettra en cause", a averti M. Copé dans L'Opinion.
Les proches de Jean-François Copé n'ont toujours pas digéré un long article du Point, publié en février 2014, qui accusait l'ex-secrétaire général de l'UMP d'"avoir organisé un détournement de fond à son profit" au détriment du parti, grâce à la "puissante machine de guerre" qu'était Bygmalion. M. Copé a obtenu la condamnation du magazine pour cet article et ses partisans voient toujours la main des sarkozystes dans les "révélations" du journal.
Toujours proche de M. Copé, Jérôme Lavrilleux est aujourd'hui retiré de la politique - il gère des gîtes en Dordogne.
Également sur le banc des prévenus, Guillaume Lambert, ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, a assuré dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2 avoir directement prévenu l'ex-candidat sur les dépassements des frais. "Je lui ai indiqué la nécessité de faire des économies dans la campagne, de réduire un certain nombre de postes de dépense", a-t-il dit.
Au total, selon l'accusation, les dépenses de la campagne du candidat Sarkozy se sont élevées à "au moins 42,8 millions d'euros", bien au-delà du plafond légal autorisé. En 2012, ce plafond était de 16,8 millions d'euros pour le premier tour et de 22,5 millions d'euros pour le second.
En juillet 2013, le Conseil constitutionnel, présidé alors par Jean-Louis Debré, avait rejeté les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, en estimant qu'ils avaient dépassé le plafond autorisé de plus de 300.000 euros.
aje-mdh/lbx/dlm
Bygmalion: de la politique à l'hôtellerie, Lavrilleux tente de reconstruire sa vie #
De la politique à la gestion de gîtes, Jérôme Lavrilleux, 51 ans, ancien directeur-adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy reconverti dans l'hôtellerie, est l'un des 13 prévenus au procès de l'affaire Bygmalion, au côté de l'ex-président.
Il tente de reconstruire sa vie en faisant ce qu'il a toujours fait, dit-il: "le ménage pour les autres".
Mercredi doit s'ouvrir à Paris le procès de la tentaculaire affaire qui concerne le dépassement des comptes de campagne en 2012 de l'ancien président.
Le jeune quinquagénaire quitte donc pour quelques temps les deux gîtes cinq étoiles d'Abjat-sur-Bandiat (Dordogne), qu'il loue désormais aux amoureux du Périgord vert.
Le report du procès a toutefois été demandé car l'avocat de M. Lavrilleux a été hospitalisé pour cause de Covid. "Sans avocat, je vais à l'abattoir", lâche-t-il auprès de l'AFP
"J'assume de payer pour ce que j'ai fait, pas pour ce que je n'ai pas fait", affirme-t-il. "Je n'ai pas pris un euro, il n'y a eu aucun détournement d'argent. Ca ne fait pas de moi un ange, pas un monstre non plus. J'ai fait des choses qui n'étaient pas bien, pas des choses que j'estime immorales".
"Ma seule erreur fut de ne pas avoir dit +non+ quand on est venu me voir, en mars 2012, pour me dire: +les comptes sont dépassés, il faut que le parti (l'UMP devenue LR) paye+. J'aurais dû refuser".
Il assure n'avoir aucune "nostalgie" du passé. "Quand je fais le ménage dans mes gites, je ne me dis pas +avant, tu étais en jet privé avec Nicolas Sarkozy et Didier Barbelivien en train de chanter+"...
La vie de Jérôme Lavrilleux, du moins sa vie publique, ressemble à un roman: politique, argent, amitiés, coups bas s'y mêlent inextricablement. Son issue est encore incertaine, la justice tranchera. "Ca fait quatre ans que j'attends le procès et je sais que j'en ai encore pour trois ou quatre ans, en tenant compte d'un éventuel appel, renvoi en cassation", dit-il avec fatalisme.
L'opinion a découvert cet homme élancé au physique juvénile, accentué par de fines lunettes rectangulaires, un soir de mai 2014, en regardant BFMTV. C'est là qu'il lâche la petite bombe sur la falsification des comptes de campagne, prémices de "l'affaire Bygmalion". Les yeux embués par les larmes, Lavrilleux apparaît cassé.
"C'était mon arrêt de mort politique", dira-t-il plus tard.
Son amitié - qui perdure aujourd'hui - pour Jean-François Copé, ex-président de l'UMP, l'avait décidé à s'exprimer. Pour ne pas, dira-t-il, que celui-ci paie pour ce qu'il n'a "pas fait" et "jamais su". M. Copé est appelé au procès comme simple témoin.
Au plus fort de la bataille qui avait opposé son mentor à François Fillon pour la présidence de l'UMP, fin 2012, Lavrilleux tient une semaine entière, avec "six heures de sommeil" en tout, face aux fillonistes. Un médecin était même venu de nuit, en cachette, au siège de l'UMP, examiner l'homme terrassé par la fatigue. Au soir de la révélation du "Pénélopegate", qui devait coûter cher à Fillon en 2017, Lavrilleux enverra un SMS à Copé: "comme quoi, Dieu existe"...
Ce fils de garagiste, divorcé et sans enfants, est entré en politique par admiration pour Jacques Chirac.
Titulaire d'un simple BTS de commerce, il aime souligner qu'il n'a fait "ni l'ENA ni les grandes écoles", un peu comme le faisait Nicolas Sarkozy, qui l'a distingué de l'Ordre national du Mérite.
Avant de rejoindre Copé puis Sarkozy, M. Lavrilleux a été neuf ans directeur de cabinet à la mairie de Saint-Quentin et conseiller général. Elu au parlement européen en 2014, il siègera cinq ans comme membre du PPE (Parti populaire européen), bien qu'ayant démissionné dès 2014 de l'UMP.
L'an dernier, il a créé une petite entreprise en "conseils de communication citoyenne", la PACAP, dont il est l'unique actionnaire. Parmi ses rares "clients, figure la mairie de Rilleux-la-Pape - dont le maire, Alexandre Vincendet, est un proche de... Jean-François Copé.
npk/ib/lbx/dlm
Le financement des partis politiques et des campagnes électorales #
Au coeur du procès de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion, le financement des campagnes électorales fait l'objet de règles très strictes en France, dont un plafond de dépenses qu'il est reproché à l'ancien président d'avoir largement dépassé lors de sa tentative ratée de réélection en 2012.
Le financement des activités politiques a longtemps relevé du non-dit, de la débrouille et des arrangements avec la loi, jusqu'à ce qu'une série de scandales retentissants - dont l'affaire Urba à la fin des années 1980 - contraignent les gouvernements à y mettre un peu d'ordre.
Première d'une longue série, la loi du 11 mars 1988 pose le principe du financement public des partis représentés au Parlement, ainsi que des scrutins présidentiel et législatifs (Assemblée nationale et Sénat). Elle met aussi en place un plafonnement des dépenses de campagne et impose à tous les candidats des déclarations de patrimoine.
Celle du 15 janvier 1990 étend le financement public à toutes les élections et tous les partis et les autorise à bénéficier de fonds privés - particuliers ou entreprises - mais limités. Elle instaure aussi une Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Depuis ces deux textes fondateurs, les modalités des dons et leur contrôle ont été amendés à plusieurs reprises. Toujours sous la pression des affaires, des lois de 2013 et 2016 ont également imposé la publicité des déclarations de patrimoine des ministres, élus et candidats.
Cet arsenal de plus en plus complet n'est toutefois pas parvenu à éviter les scandales, comme l'affaire Bygmalion ou les soupçons de financement de l'ex-Front national devenu Rassemblement national par des banques russes, ni supprimé les difficultés de financement de nombreux partis.
En arrivant en 2017 au ministère de la Justice, François Bayrou a proposé de nouvelles règles et la création d'une "banque de la démocratie". Son projet n'a pas survécu à son départ précipité de la Chancellerie quelques semaines plus tard... à cause de soupçons d'emplois fictifs visant son parti le MoDem.
Le plafond des dépenses autorisées est de 22,509 millions d'euros pour chacun des deux candidats en lice au second tour et de 16,851 millions pour chacun des autres prétendants.
Les dons et aides matérielles des personnes morales, notamment des entreprises, sont strictement interdits. Ceux des particuliers sont autorisés mais dans une stricte limite: un citoyen peut donner 4.600 euros maximum, quel que soit le nombre de candidats qu'il soutient.
En plus de ces dons, le candidat peut recourir à des fonds personnels, des aides de partis ou à des emprunts bancaires.
Les dépenses sont remboursées par l'Etat à hauteur de 47,5% du plafond pour les candidats ayant obtenu plus de 5% des voix, et de 4,75% pour les autres.
Chacun d'entre eux reçoit une avance forfaitaire à partir du moment où il a réuni les 500 parrainages requis. Tout juste adopté au Parlement, un toilettage de la loi fait passer cette avance à 200.000 euros pour 2022, contre 153.000 auparavant. Les comptes de la campagne présidentielle à venir seront aussi publiés en "open data" (libre accès en ligne), comme c'est la règle pour les autres élections.
L'Etat prend en outre en charge les frais de la campagne officielle à la télévision et à la radio, les frais d'impression et de distribution des professions de foi, les frais d'impression et d'apposition des affiches sur les panneaux officiels.
Chaque candidat doit nommer un mandataire financier, personne physique ou association, qui est "l'intermédiaire obligatoire entre le candidat" et ceux qui le financent.
Le compte de campagne recense toutes les recettes et les dépenses, présentées ensuite à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CCNCFP), composée de neuf hauts magistrats nommés pour cinq ans renouvelables par décret du Premier ministre.
Cette commission approuve ou rejette les comptes, avec des conséquences financières lourdes: un rejet prive le candidat du remboursement public. S'il est prononcé pour dépassement du plafond, il entraîne une amende équivalente à ce dépassement.
doc-pa/alv/lbx/it
Nicolas Sarkozy, ancien président rattrapé par les affaires judiciaires #
L'ancien président Nicolas Sarkozy, qui doit comparaître à partir de mercredi pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, deux semaines après avoir été condamné à de la prison ferme dans l'affaire dite des "écoutes", vit sa retraite politique sous pression judiciaire.
Nicolas Sarkozy a été condamné le 1er mars 2021 par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence.
Il a été reconnu coupable d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret dans une procédure judiciaire. En échange: la promesse d'un soutien pour un poste à Monaco.
Thierry Herzog et Gilbert Azibert ont été condamnés à la même peine, avec en sus cinq ans d'interdiction professionnelle pour le premier. Les trois prévenus ont fait appel.
Nicolas Sarkozy doit être jugé à partir de mercredi à Paris, pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans le cadre de l'affaire Bygmalion.
Il n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures au coeur de la fraude mais pour avoir dépassé le seuil légal de dépenses électorales de plus de 20 millions d'euros.
Au-delà de l'ex-chef de l'Etat, le juge d'instruction Serge Tournaire a ordonné en 2017 le renvoi en correctionnelle de treize autres personnes.
Leurs différents recours ont été rejetés par la cour d'appel en 2018, puis par le Conseil constitutionnel et la Cour de cassation en 2019.
Des juges enquêtent depuis 2013 sur des accusations de financement libyens de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, formulées par l'intermédiaire Ziad Takieddine et d'anciens dignitaires libyens.
Le 11 novembre 2020, dans une spectaculaire volte-face, M. Takieddine est revenu sur ses accusations. Le parquet national financier (PNF) a rétorqué que les charges contre l'ancien président "ne se limitent pas aux déclarations" de ce dernier.
L'ancien locataire de l'Elysée a été mis en examen le 21 mars 2018 pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, puis le 12 octobre 2020 pour association de malfaiteurs.
Parmi les autres mis en examen figurent l'ex-secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, l'ancien trésorier de la campagne Eric Woerth et l'ancien ministre Brice Hortefeux.
Le PNF a confirmé le 15 janvier 2021 avoir ouvert une enquête pour trafic d'influence et blanchiment de crime ou délit visant des activités de conseil de M. Sarkozy en Russie.
Selon Mediapart, cette enquête a été ouverte à l'été 2020. Elle vise à déterminer si l'ancien chef de l'Etat "se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles" pour le compte d'oligarques russes.
L'ex-président a bénéficié d'un non-lieu dans plusieurs dossiers: ses voyages en jet privé facturés à la société Lov Group de son ami Stéphane Courbit ; ses pénalités réglées par l'UMP pour le dépassement des dépenses de campagne en 2012 ou encore l'affaire des dons octroyés à l'UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017).
Dans l'affaire des sondages surfacturés commandés par l'Elysée, Claude Guéant et d'ex-proches de Nicolas Sarkozy doivent être jugés en correctionnelle, l'ancien président étant couvert par son immunité présidentielle.
doc-paj/ber/alv/it
Les principales dates de l'affaire Bygmalion #
L'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy doit être jugé à partir de mercredi pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012: voici les principales dates de l'affaire Bygmalion.
Le 27 février 2014, Le Point affirme qu'Event and Cie, filiale de la société de communication Bygmalion fondée par deux proches du président de l'UMP, Jean-François Copé, aurait surfacturé au parti des prestations pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, empochant "au moins 8 millions d'euros" hors appel d'offres.
Le 5 mars, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire.
Le 26 mai, par la voix de son avocat, Me Patrick Maisonneuve, Bygmalion admet avoir "indûment" facturé à l'UMP des prestations qui auraient dû être imputées aux comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. L'avocat évoque un système créé "à la demande de l'UMP" pour "éviter des dépassements" probables des comptes de campagne du président-candidat.
Parlant de "fausses factures" puis de "vraies fausses factures", il estime à "plus de dix millions d'euros" les sommes litigieuses.
L'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux, reconnaît sur BFMTV que des prestations fournies par Bygmalion ont été indûment facturées à l'UMP.
Le 27 juin, l'enquête est confiée aux juges d'instruction Serge Tournaire et Renaud van Ruymbeke.
Le 21 septembre, Nicolas Sarkozy, qui fait son retour en politique après sa défaite de 2012, affirme qu'il a "appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle".
Le 1er octobre, trois anciens dirigeants de Bygmalion, dont ses fondateurs Guy Alvès et Bastien Millot, sont mis en examen. Devant le juge, Guy Alvès a confirmé sa participation à une vaste fraude permettant de maquiller les comptes de campagne.
Le 15 juin 2015, Jérôme Lavrilleux est mis en examen, notamment pour complicité de financement illégal de campagne électorale.
Le 4 septembre 2015, Nicolas Sarkozy, désormais président des Républicains (ex-UMP), est entendu par la police. Selon une source proche du dossier, il qualifie de "farce" l'idée d'un dérapage financier de sa campagne présidentielle. Il "ne (met) pas en doute l'existence d'un système de fausses factures" entre l'UMP et Bygmalion, mais affirme que ni lui ni ses collaborateurs "n'(ont) pu en être informés".
Le 14 octobre, Jérôme Lavrilleux déclare que les comptes de campagne de M. Sarkozy ont "débordé de tous les côtés" et reproche à l'ancien président de ne pas "assumer" ses responsabilités dans le système de fausses factures.
Le 16 février 2016, Nicolas Sarkozy est mis en examen.
Le 3 février 2017, le juge Serge Tournaire renvoie M. Sarkozy en correctionnelle pour financement illégal de campagne électorale.
L'ex-chef de l'Etat ne sera pas jugé pour le système de fausses factures au coeur de la fraude, mais pour avoir dépassé le seuil légal de dépenses électorales de plus de 20 millions d'euros.
Treize autres mis en examen (cadres de l'ex-UMP, responsables de l'équipe de campagne, anciens dirigeants de Bygmalion) sont également renvoyés devant le tribunal.
Le 25 octobre 2018, la cour d'appel de Paris confirme le renvoi de M. Sarkozy en correctionnelle. Des recours sont rejetés par le Conseil constitutionnel, puis par la Cour de cassation en 2019.
Le procès doit s'ouvrir mercredi et durer jusqu'au 15 avril devant le tribunal correctionnel de Paris. L'un des prévenus, Jérôme Lavrilleux, a toutefois demandé un renvoi car son principal avocat, atteint du Covid-19, ne pourra pas être présent.
doc-paj/ber/alv/lbx/dlm
Bygmalion, ex-UMP, experts-comptables... les 13 prévenus renvoyés au côté de Sarkozy #
Treize personnes comparaissent à partir de mercredi dans l'affaire Bygmalion au côté de Nicolas Sarkozy. Anciens responsables de Bygmalion, de la campagne présidentielle et de l'ex-UMP, experts-comptables... ils sont notamment renvoyés pour escroquerie ou complicité, et complicité de financement illégal de campagne.
Ils encourent jusqu'à cinq ans de prison.
Directeur adjoint de la campagne pour la présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, Jérôme Lavrilleux est celui qui a révélé, les larmes aux yeux dans une étonnante confession télévisée, la pratique de "ventilation" des dépenses excessives via un système de fausses factures attribuant à l'UMP des frais de la campagne.
Proche de Jean-François Copé (secrétaire général du parti à l'époque) dont il était aussi le directeur de cabinet, il a d'abord été accusé d'avoir constitué une "caisse noire" au profit de l'avenir politique de son patron.
Dans la campagne, il avait pour mission d'organiser les meetings. S'il est le seul à l'UMP à avoir reconnu la fraude, il soutient qu'il n'a pas fait partie des décideurs, et qu'il n'en a été informé qu'après le second tour de la présidentielle, en mai 2012.
Sont également renvoyés : Eric Cesari, directeur général de l'UMP et fidèle de Nicolas Sarkozy (qui était considéré comme "l'oeil de l'Elysée" au parti), Fabienne Liadzé, directrice des ressources, et Pierre Chassat, directeur de la communication de la formation.
Tous très impliqués dans la campagne, ils n'ont rien vu, affirment-ils. Ils étaient pourtant selon l'accusation parfaitement informés des problèmes de dépenses liées à l'organisation des meetings. Ils ont aussi tous signé des engagements de dépense pour des dizaines de conventions thématiques du parti, qui se sont avérées fictives - ce qu'ils pouvaient difficilement ignorer, estiment aussi les enquêteurs.
Directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy après avoir été son chef de cabinet à l'Elysée, Guillaume Lambert était chargé des questions logistiques. Cet ancien préfet assure avoir tout ignoré du système de fausse facturation, qui aurait été mis en place à son insu. Pour lui, "rien" dans le dossier ne montrerait d'ailleurs un lien avec la campagne - il privilégie la thèse de l'enrichissement personnel de dirigeants de Bygmalion.
Averti par les experts-comptables des risques de dépassement des plafonds autorisés, il affirme avoir pris les mesures adéquates : "Tous ont été témoins de mon attachement permanent à faire baisser les coûts". Il dit aussi avoir transmis les alertes au président et insisté sur la nécessité de réduire la voilure.
Il soutient avoir demandé à Bygmalion - imposé selon lui par M. Lavrilleux - de baisser ses tarifs "exorbitants" après les premiers meetings, même si selon l'accusation, "aucune trace d'une quelconque négociation" n'a été retrouvée.
M. Lavrilleux déclare que c'est bien M. Lambert qui a pris la décision de la fraude, pendant une réunion avec Eric Cesari et Fabienne Liadzé.
Guy Alvès, directeur général de l'agence de communication Bygmalion, son adjoint Sébastien Borivent et Franck Attal, directeur adjoint de la filiale événementielle de Bygmalion, Event & Cie, qui a organisé les meetings, ont reconnu leur participation à la fraude, demandée selon eux par l'équipe de campagne.
"Placés devant le fait accompli", ils n'ont pu que "se soumettre aux exigences de l'UMP", sous peine de débâcle financière, plaident-ils.
Pour l'accusation cependant, la fraude ayant bien commencé en cours de campagne, ils auraient pu refuser - mais se seraient ainsi privés de très juteux contrats.
Au total, près de 80 % de la facturation d'Event & Cie - soit environ 16 millions d'euros sur un montant total de plus de 20 millions - a disparu des comptes de campagne.
Fondateur et patron de Bygmalion, Bastien Millot (un très proche de M. Copé dont il a été l'élève à Sciences Po, et de M. Lavrilleux) a maintenu qu'il n'avait pas été mis au courant de la fraude.
Sébastien Borivent et Guy Alvès (autre ancien "Copé boy") ont au contraire toujours soutenu qu'il en avait été pleinement informé, voire qu'il avait participé à la prise de décision d'accepter. "On voit mal pourquoi" en effet ils auraient choisi "d'assumer seuls une décision aussi lourde", estiment les enquêteurs.
Les membres de l'association de financement, son président Philippe Briand (député à l'époque) et son trésorier Philippe Blanchetier (avocat habituel de l'UMP), et les experts-comptables de la campagne Pierre Godet et Marc Leblanc, "ont parfaitement perçu le risque financier qu'entraînaient le coût prohibitif des meetings" estiment les enquêteurs.
Les experts comptables (d'un cabinet externe), chargés d'établir et de présenter le compte de campagne, ont envoyé deux notes, dont une directement adressée à Nicolas Sarkozy, pour alerter des risques de dépassement.
Une troisième note, en juin, présentait un compte de campagne dans les clous, avec une marge de près d'un million d'euros. Selon l'accusation, le seuil légal des dépenses était en réalité dépassé de plus de 20 millions d'euros.
mdh-aje/lbx/it
Affaire Bygmalion: Nicolas Sarkozy à nouveau devant les juges #
Quinze jours après avoir été condamné dans l'affaire dite "des écoutes", Nicolas Sarkozy est jugé à nouveau à partir de mercredi à Paris, cette fois pour les dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012, dans le dossier Bygmalion.
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy a été le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme: trois ans dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d'influence.
Dans l'affaire Bygmalion, l'ancien président encourt un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende pour "financement illégal de campagne électorale".
Il est soupçonné d'avoir laissé filer ses comptes de campagnes au-delà de leur plafond légal malgré les avertissements des experts-comptables.
Même s'il "ne se dérobera pas", M. Sarkozy a fait savoir qu'il n'assisterait qu'aux audiences le concernant.
Mais le procès, prévu jusqu'au 15 avril, a de fortes probabilités d'être renvoyé en raison de l'hospitalisation de l'avocat de Jérôme Lavrilleux, ex-directeur adjoint de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy.
C'est Jérôme Lavrilleux qui avait révélé en 2014 le système de double comptabilité et de fausses factures mis en place pour dissimuler les dépassements de plafonds du compte du candidat.
Le tribunal examinera, dès l'ouverture de l'audience mercredi à 13H30, la demande de renvoi de M. Lavrilleux, à laquelle s'associent tous les avocats de la défense. Le parquet ne devrait pas s'y opposer.
Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française, le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé se rejetant mutuellement la responsabilité de la fraude.
Au total, 14 personnes doivent être jugées. Il s'agit d'anciens cadres de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, devenue Les Républicains, partie civile au procès), des responsables de la campagne de 2012 et des dirigeants de Bygmalion, la société d'événementiel chargée d'organiser les meetings du candidat Sarkozy via sa filiale Event & Cie.
Ils comparaissent pour faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie et financement illégal de campagne électorale, et complicité ou recel de ces délits.
Selon l'accusation, l'ancien président "a incontestablement bénéficié" du système de fausses factures, qui lui a permis de disposer pour la campagne de moyens "bien supérieurs à ce que la loi autorisait".
L'enquête n'a toutefois pas établi que le chef de l'Etat avait décidé de la mise en place du système, ni qu'il y avait participé ou même en avait été informé.
Il est reproché au candidat Sarkozy de ne pas avoir tenu compte de deux alertes alarmantes des experts-comptables pendant sa campagne, en mars et avril 2012.
Jean-François Copé, ancien patron de l'UMP et actuel maire de Meaux, a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire. Il sera entendu comme témoin pendant le procès et "répondra à l'ensemble des questions", a-t-il fait savoir par la voix de son avocat, Hervé Temime. "Je poursuivrai immédiatement en diffamation quiconque au sein du parti me mettra en cause", a averti M. Copé dans L'Opinion.
Les proches de Jean-François Copé n'ont toujours pas digéré un long article du Point, publié en février 2014, qui accusait l'ex-secrétaire général de l'UMP d'"avoir organisé un détournement de fond à son profit" au détriment du parti, grâce à la "puissante machine de guerre" qu'était Bygmalion. M. Copé a obtenu la condamnation du magazine pour cet article et ses partisans voient toujours la main des sarkozystes dans les "révélations" du journal.
Toujours proche de M. Copé, Jérôme Lavrilleux est aujourd'hui retiré de la politique - il gère des gîtes en Dordogne.
Également sur le banc des prévenus, Guillaume Lambert, ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, a assuré dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2 avoir directement prévenu l'ex-candidat sur les dépassements des frais. "Je lui ai indiqué la nécessité de faire des économies dans la campagne, de réduire un certain nombre de postes de dépense", a-t-il dit.
Au total, selon l'accusation, les dépenses de la campagne du candidat Sarkozy se sont élevées à "au moins 42,8 millions d'euros", bien au-delà du plafond légal autorisé. En 2012, ce plafond était de 16,8 millions d'euros pour le premier tour et de 22,5 millions d'euros pour le second.
En juillet 2013, le Conseil constitutionnel, présidé alors par Jean-Louis Debré, avait rejeté les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, en estimant qu'ils avaient dépassé le plafond autorisé de plus de 300.000 euros.
aje-mdh/lbx/dlm
Régionales: des listes communes de la majorité dans toutes les régions (Guerini) #
La majorité présidentielle LREM-MoDem-Agir se présentera unie dans toutes les régions avec des listes communes en portant l'ambition de "booster la relance", a assuré dimanche le patron de LREM Stanislas Guerini.
"Je peux vous l'annoncer aujourd'hui, nous avons décidé de nous mettre d'accord avec nos partenaires de la majorité présidentielle pour, dans toutes les régions, conduire des listes de façon unitaire", a expliqué sur France 3 le délégué général d'En Marche, en citant ses alliés du MoDem et d'Agir, mais sans donner de noms de têtes de liste.
"Il y a beaucoup de clarté dans cette élection, nous avons beaucoup de choses à porter dans l'élection régionale, elle sera essentielle pour la relance du pays, moi je souhaite que les régions soient des boosters de relance", a-t-il argumenté.
"Que certaines individualités fassent des choix différents, contraires à la volonté de leur formation politique, c'est une autre histoire, c'est beaucoup plus négligeable", a-t-il estimé.
En Ile-de-France, sept conseillers sortants du MoDem sur 13 ont choisi de soutenir la candidate (Libre!, ex-LR) Valérie Pécresse au premier tour des élections régionales de juin, contrairement aux consignes du parti qui soutient LREM, ont-il indiqué dans un communiqué diffusé mardi.
el/ib/nm
Jospin sur un marché parisien pour soutenir la candidate PS à la législative partielle #
L'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin a effectué dimanche une rare apparition publique sur un marché de l'est parisien pour soutenir Lamia El Aaraje, candidate PS à la législative partielle dans le XXe arrondissement les 4 et 11 avril.
Mme El Aaraje, conseillère de Paris âgée de 34 ans, "est la mieux placée, à mon sens, pour rassembler la gauche dans cette circonscription", a déclaré l'ancien chef du gouvernement (1997-2002), interpellé par une habitante sur la désunion de la gauche dans le contexte politique actuel.
"J'ai incarné la gauche plurielle, c'est-à-dire le rassemblement des forces écologiques et de gauche, et je sais que la seule chance de gagner, dans toutes les élections, c'est de se rassembler", a répondu M. Jospin, interrogé par l'AFP sur les quatre candidatures à gauche pour cette législative partielle.
Organisé en raison de la nomination de la députée PS George Pau-Langevin comme adjointe à la Défenseure des droits Claire Hédon, le scrutin fait face à un risque de très forte abstention, en pleine crise sanitaire et deux mois avant les élections régionales.
Dans une circonscription ancrée à gauche, la seule conservée par le PS à Paris lors des législatives de 2017, Antoinette Guhl (EELV et Génération.s), Danielle Simonnet (LFI) et Thomas Roger (PCF) seront autant d'adversaires à gauche pour Mme El Aaraje. A droite, François-Marie Didier (LR) aura lui le champ libre, ni LREM ni le RN ne proposant de candidat à un an du renouvellement de l'Assemblée nationale.
Les apparitions publiques de Lionel Jospin, âgé de 83 ans et en retrait de la vie politique depuis sa défaite à la présidentielle de 2002, sont rares, même pour soutenir des candidats socialistes. Sa venue à Marseille en 2012 pour soutenir Marie-Arlette Carlotti avait été à ce titre remarquée.
"Il y a 25 ans, j'étais sur le marché de la Réunion pour soutenir George Pau-Langevin. Quand Lamia El Aaraje a été candidate, je trouvais naturel de la soutenir parce que les valeurs qu'elle incarne renvoient à ce que j'ai essayé de faire quand je gouvernais: efficacité économique, justice sociale et maintenant, préoccupation écologique", a expliqué l'ancien Premier ministre.
"Elle fera sans doute partie, je l'espère en tout cas, des nouvelles personnalités qui feront à nouveau avancer les questions sociales, écologiques et démocratiques dont le pays a bien besoin aujourd'hui compte tenu de la politique du pouvoir actuel et des propositions encore plus dures formulées par la droite", a estimé M. Jospin.
pyv/el/nm
Proportionnelle: Bayrou veut un référendum au moment des régionales #
Le chef du MoDem François Bayrou, allié d'Emmanuel Macron, a de nouveau défendu dimanche la mise en place de la proportionnelle aux législatives par référendum, estimant qu'il pourrait être organisé en même temps que les régionales prévues en juin.
"Il y a une question qui empoisonne le débat public depuis longtemps - les +gilets jaunes+ en ont beaucoup parlé dans leur cahier de doléances - et ils ont dit très souvent qu'ils n'étaient pas représentés", a-t-il argumenté dans l'émission de France Inter/franceinfo/Le monde.
"Si on fait ce constat, alors on se tourne vers notre histoire et nos institutions et on dit aux Français: Il va falloir que vous tranchiez", a-t-il poursuivi en prônant de nouveau un référendum. Pour lui "ce serait pas mal de le faire en même temps que les régionales" et donc "dès juin si elles ont lieu en juin".
Les élections régionales prévues en mars ont été reportées en juin en raison de la crise du Covid-19.
Il répète qu'il n'a "jamais cru qu'on pouvait y arriver par la voie parlementaire".
Car, selon lui, "ce à quoi nous sommes confrontés, c'est le conservatisme éternel des forces politiques qui veulent garder le pouvoir pour elles, des forces politiques majoritaires qui croient qu'elles vont le rester".
"J'ai proposé un référendum le jour du 2e tour des élections législatives pour que ça soit réglé, on m'a dit +c'est trop tôt", et maintenant +c'est trop tard+"
François Bayrou a ironisé sur le président LR du Sénat Gérard Larcher, opposé à cette réforme. "Ca fait rire parce que Gérard Larcher, il est élu comme sénateur à la proportionnelle. Depuis toujours, les trois quarts des sénateurs sont élus à la proportionnelle", a-t-il taclé.
Il a toutefois dit être "l'un des très rares hommes politiques qui croient que les promesses engagent", faisant référence à l'engagement de campagne d'Emmanuel Macron en 2017 d'introduire une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif.
Mais LREM et l'exécutif se montrent très prudents. Favorable à une "dose de proportionnelle", le délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini, a reconnu dimanche sur France 3 une "différence de calendrier politique" avec le MoDem. Il préfère "l'inscrire dans le programme présidentiel" de 2022, "en baissant aussi le nombre de parlementaires".
Selon le patron des députés LREM Christophe Castaner, le mode d'élection des députés n'est sans doute pas "la priorité absolue" des Français en pleine crise sanitaire.
Le 10 février, Emmanuel Macron avait estimé que ce débat "important" sur la proportionnelle devait se "poursuivre".
ib/el/nm
Régionales en Hauts-de-France: Xavier Bertrand se dit le seul "à pouvoir éviter la victoire des extrêmes" #
Le président sortant du Conseil régional de Hauts-de-France Xavier Bertrand a présenté dimanche sur France 3 la liste qu'il conduira aux régionales de juin comme la seule à pouvoir éviter la victoire des extrêmes et du RN, quelques jours après l'annonce d'une union des forces de gauche.
"Avec mon équipe, nous sommes les seuls à pouvoir éviter la victoire des extrêmes et la victoire du Front national", a assuré M. Bertrand, dans l'émission Dimanche en politique sur France 3 Hauts-de-France, soulignant que sa priorité depuis le début de son engagement politique était de "tout faire pour empêcher le FN de l'emporter, de gagner dans ma région et de gagner dans notre pays".
Alors que le Rassemblement national (RN) constitue la seule opposition à sa majorité au Conseil régional depuis les dernières régionales, où le PS s'était retiré pour éviter la victoire de la liste de Marine Le Pen, M. Bertrand a dit avoir constaté que le parti pratiquait "le mensonge comme ligne de conduite et surtout l'absence de propositions".
Interrogé sur la liste unissant EELV, insoumis, communistes et socialistes, qui sera menée par l'écologiste Karima Delli, après un accord trouvé jeudi, "c'est une liste de gauche mais ce sont les amis de M. Mélenchon qui tirent les ficelles", a-t-il pointé.
Sa propre liste, qui sera aussi opposée à celles menées par Sébastien Chenu pour le RN et par le secrétaire d'Etat chargé des retraites Laurent Pietraszewski pour la majorité présidentielle, sera "une liste de très large rassemblement", qui ne sera pas composée par "les états-majors parisiens", a insisté celui qui n'est plus membre de LR.
"Je suis un homme de droite - de droite sociale, pas sectaire - et je l'assume. Mais il y aura (sur la liste) des gens qui ne voteront pas forcément pour moi à l'élection présidentielle mais des gens qui ont du coeur et ont envie de se battre pour la région", a-t-il poursuivi, faisant toujours moins mystère de ses ambitions présidentielles.
M. Bertrand a également défendu son bilan en matière d'emploi et d'industrie, indiquant que sa région est depuis quatre ans celle "qui attire le plus d'investissements industriels internationaux, aussi parce qu'on met les moyens sur la table et que les gens savent que nous, l'industrie, on prend".
Très offensif contre les éoliennes, il a annoncé que la région allait financer des associations anti-éolien "pour qu'elles engagent des actions en justice pour retarder et empêcher (des) projets".
bj/rl/sp
Elections en Israël: après avoir défié Netanyahu, le général Gantz menacé #
Il y a un an, Benny Gantz caracolait en tête des sondages. Aujourd'hui, le général israélien n'est même pas certain de faire entrer des députés au Parlement le 23 mars, un revers cuisant pour celui qui voulait en finir avec l'ère Netanyahu.
Arrivé trois fois au coude-à-coude avec le Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors des élections législatives d'avril et de septembre 2019, puis de mars 2020, Benny Gantz avait touché du doigt le poste de Premier ministre.
Mais celui qui s'était donné pour mission de chasser du pouvoir le plus pérenne des chefs de gouvernement israéliens, et également le premier à être inculpé pour corruption en cours de mandat, a échoué à chaque fois à former un gouvernement.
Résultat: au printemps 2020, après des semaines d'impasse politique et alors qu'il était urgent de lutter contre la pandémie de coronavirus, l'ancien chef d'état-major opère un virement de bord inattendu et s'allie avec M. Netanyahu pour former un gouvernement d'union basée sur une rotation.
D'abord ministre de la Défense, il devait devenir chef du gouvernement dix-huit mois plus tard. Son parti centriste "Bleu-Blanc" sort brisé de cette décision que beaucoup ont considérée comme une trahison.
"Je ne regrette pas d'avoir accepté d'entrer dans la coalition car je l'ai fait par responsabilité envers l'Etat d'Israël à un moment de crise, même si j'en déplore le résultat", affirme M. Gantz à l'AFP.
Aujourd'hui, si les Israéliens sont appelés à voter pour la quatrième fois en deux ans, c'est de la responsabilité "unique" de M. Netanyahu "qui a refusé de faire voter le budget", accuse le ministre.
La question du budget, qui n'a jamais été adopté et a conduit à la dissolution de la Knesset (Parlement) en décembre, était le talon d'Achille de la coalition et aussi, selon la presse israélienne, le révélateur des tensions entre MM. Netanyahu et Gantz.
En pactisant avec le Likoud, M. Gantz, 61 ans, a vu son parti se scinder, la moitié des députés refusant de rejoindre un gouvernement dirigé par un homme inculpé.
Si la formation de Benny Gantz apparaît affaiblie, créditée de seulement quatre à cinq sièges dans les sondages, elle pourrait jouer un rôle pour désigner le prochain chef de gouvernement.
Il faut en effet réunir 61 soutiens de députés pour pouvoir prétendre à la formation d'un cabinet. En cas de résultats serrés, les quelques sièges de "Bleu-Blanc" pourraient faire la différence mais le grand rêve du général Gantz de devenir chef de gouvernement n'est plus d'actualité.
"Renier sa parole est une chose mais si, finalement, le deal pour lequel il s'est engagé (le gouvernement d'union, NDLR) n'est pas respecté, cette trahison ne lui est pas pardonnée", déclare à l'AFP Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Open University de Tel-Aviv.
M. Gantz "est face à une défaite totale à la veille de ces nouvelles élections", ajoute-t-il.
Cette dégringolade signale aussi que si les généraux avaient auparavant la cote en politique en Israël, cela n'est plus un acquis.
Auréolés de la gloire militaire dans un pays où l'armée joue un rôle central, les généraux ont parfois accédé aux plus hauts postes et trois d'entre eux --Yitzhak Rabin, Ehud Barak et Ariel Sharon-- sont devenus Premiers ministres.
Lorsque le parti "Bleu-blanc" fait son apparition en avril 2019, Benny Gantz --chef d'état-major pendant la guerre à Gaza en 2014-- s'entoure de deux autres anciens chefs militaires: Moché Yaalon et Gabi Ashkenazi.
"Gantz et Ashkenazi avaient un crédit important auprès du public mais ça n'a pas suffi dans une période où le front est sanitaire plus que sécuritaire", relève M. Charbit.
Alors que Benjamin Netanyahu fait campagne en vantant ses efforts ayant permis d'atteindre un taux inégalé de vaccination dans "la guerre" contre le coronavirus, Benny Gantz n'a pas de victoire militaire à présenter au public.
A défaut, "je n'ai pas renoncé à rester droit et j'ai protégé l'indépendance du système judiciaire face aux attaques de ceux qui veulent mettre à mal la démocratie", dit-il à l'AFP.
Avec comme slogan de campagne "Benny, on vote droit", le parti "Bleu-Blanc" se présente comme un rempart pour "protéger la démocratie".
"Au lendemain du vote, je soutiendrai toute personne capable de former une coalition de 61 voix qui sera en faveur de l'indépendance du pouvoir judiciaire et du respect de la démocratie et qui ne s'appellera pas Netanyahu", assure le général Gantz.
Qui martèle: "Je ne suis pas prêt à être retors en politique, je suis un homme droit et je le resterai".
mib/cgo/gl/bfi
Régionales: Najat Vallaud-Belkacem officialise sa candidature en Auvergne-Rhône-Alpes #
L'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem a officialisé samedi sa candidature à la présidence d'Auvergne-Rhône-Alpes, région dirigée par Laurent Wauquiez (LR).
L'ex-ministre de l'Education nationale de François Hollande, dont la décision ne faisait guère de doute, annonce sa candidature aux régionales de juin dans une interview aux trois grands quotidiens de la région, Le Progrès, Le Dauphiné Libéré et La Montagne.
Mme Vallaud-Belkacem dit dans cette interview vouloir incarner "une alternative" à la politique et à la gouvernance de Laurent Wauquiez, qui s'était emparé de la région en 2016 et qu'elle taxe de "clientélisme" et de "court-termisme".
Outre le PS, sa liste rassemble le PRG, Cap écologie et la Gauche républicaine et sociale.
Selon cet entretien, les discussions avec les autres forces de gauche, en particulier les écologistes, n'ont pas abouti, tandis que Mme Vallaud-Belkacem ambitionnait de faire des élections régionales "le laboratoire de l'union de la gauche", en proie à une division "suicidaire".
L'ancienne élue de Lyon et candidate malheureuse à la députation à Villeurbanne laisse encore la porte ouverte à un rassemblement "avant le premier tour". Sinon, "il y aura toujours le soir du premier tour", ajoute-t-elle.
"La balle est plus que jamais dans le camp des écologistes", a déclaré à l'AFP le chef de file du groupe socialiste à la région, Jean-François Debat, jugeant la dernière rencontre avec les Verts vendredi "extrêmement décevante".
"Alors que nous souhaitions un rassemblement équilibré, ils exigent un ralliement sec", a-t-il fustigé, en ajoutant que les discussions n'étaient "jamais bloquées".
Mardi, dans un entretien accordé à l'AFP et au Progrès, le président EELV de la métropole de Lyon Bruno Bernard avait estimé que Najat Vallaud-Belkacem serait "une vraie plus-value pour une campagne commune" et souhaité que l'ancienne ministre soit "tête de liste sur la métropole de Lyon".
Il avait toutefois affirmé qu'au niveau régional, le rassemblement ne pouvait se faire que derrière Fabienne Grebert, la candidate investie par les Verts.
Les élections régionales se disputent via des listes départementales, la métropole de Lyon ayant le statut de département.
mb/fga/dlm/sp
Saint-Martin (LREM) veut une police régionale en Ile-de-France #
Le candidat LREM aux élections régionales en Île-de-France Laurent Saint-Martin affirme vouloir créer une "police régionale" en faisant appel à des sociétés privées pour les lycées.
"Il faudra la mettre en cohérence avec les compétences régionales, donc la concentrer exclusivement sur les transports en commun et sur les lycées", précise le député du Val-de-Marne dans un entretien au JDD.
Selon lui, "cette nouvelle police d'Île-de-France Mobilités, placée sous l'autorité du président de Région, complétera et coordonnera le patchwork aujourd'hui composé de la Suge (Surveillance générale de la SNCF) et la Sûreté de la RATP. Elle sera aussi complémentaire, dans les transports, de la police nationale et des polices municipales".
"Je recruterai ou contractualiserai 500 agents dès la première année pour un coût annuel estimé à 80 millions d'euros", a ajouté le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, reconnaissant un coût qui n'est "pas négligeable".
Pour les lycées, il entend "instaurer un modèle hybride" en ayant "recours à des sociétés de sécurité privées, dans un souci d'agilité et d'efficacité".
Dans les transport, il juge "indispensable" que cette police soit dotée d'armes létales.
Il estime qu'elle ne doit "pas se faire au détriment de la prévention" qui, selon lui, "a été délaissée ces dernières années".
Dans le domaine de l'environnement, il entend axer "prioritairement le plan de relance régional sur la décarbonation" des industries et sur le verdissement du parc automobile francilien.
Afin d'aider à l'acquisition d'un véhicule électrique, il envisage un reste à charge de 50% pour les professionnels et "pour les particuliers éligibles aux aides publiques, il ne sera plus que d'un tiers".
"En 2020, environ 20.000 véhicules électriques ont été vendus en Île-de-France, 17 % des chiffres nationaux. On était à 10.000 en 2019. Si la Région distribue une aide à la conversion de 5.000 euros en moyenne par véhicule, on avoisinera les 100 millions d'euros", a-t-il chiffré.
Il juge "irresponsable" la proposition de la candidate socialiste Audrey Pulvar de gratuité des transports mais s'engage à "ne pas augmenter les tarifs du Pass Navigo, car il faut redonner du pouvoir d'achat aux Franciliens".
Laurent Saint-Martin a été investi en vue des régionales de juin, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ayant jeté l'éponge. Outre Audrey Pulvar, il aura face à lui l'actuelle présidente de la région de droite Valérie Pécresse, Julien Bayou (EELV), Clémentine Autain (LFI) et Jordan Bardella (RN).
ib/dlm
Régionales: Najat Vallaud-Belkacem officialise sa candidature en Auvergne-Rhône-Alpes #
L'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem a officialisé samedi sa candidature à la présidence d'Auvergne-Rhône-Alpes, région dirigée par Laurent Wauquiez (LR).
L'ancienne ministre de l'Education nationale de François Hollande, dont la décision ne faisait guère de doute, annonce sa candidature aux régionales de juin dans une interview aux trois grands quotidiens de la région, Le Progrès, Le Dauphiné Libéré et La Montagne.
Mme Vallaud-Belkacem dit dans cette interview vouloir incarner "une alternative" à la politique et à la gouvernance de Laurent Wauquiez, qui s'était emparé de la région en 2016, qu'elle taxe de "clientélisme" et de "court-termisme".
Outre le PS, sa liste rassemble le PRG, Cap écologie et la Gauche républicaine et sociale.
Selon cet entretien, les discussions avec les autres forces de gauche, en particulier les écologistes, n'ont pas abouti, tandis que Mme Vallaud-Belkacem ambitionnait de faire des élections régionales "le laboratoire de l'union de la gauche", en proie à une division "suicidaire".
L'ancienne élue de Villeurbanne - deuxième ville de la métropole lyonnaise - laisse encore la porte ouverte à un rassemblement "avant le premier tour". Sinon, "il y aura toujours le soir du premier tour", ajoute-t-elle.
"La balle est plus que jamais dans le camp des écologistes", a déclaré à l'AFP le chef de file du groupe socialiste à la région, Jean-François Debat, jugeant la dernière rencontre avec les Verts vendredi "extrêmement décevante".
"Alors que nous souhaitions un rassemblement équilibré, ils exigent un ralliement sec", a-t-il fustigé, en ajoutant que les discussions n'étaient "jamais bloquées".
Mardi, dans un entretien accordé à l'AFP et au Progrès, le président EELV de la métropole de Lyon Bruno Bernard avait estimé que Najat Vallaud-Belkacem "serait une vraie plus-value pour une campagne commune" et avait souhaité que l'ancienne ministre soit "tête de liste sur la métropole de Lyon".
Il avait toutefois affirmé qu'au niveau régional, le rassemblement ne pouvait se faire que derrière Fabienne Grebert, la candidate investie par les Verts.
Les élections régionales se disputent via des listes départementales, la métropole de Lyon ayant le statut de département.
mb/fga/dlm
2022: Roussel candidat à l'investiture par les militants PCF #
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a proposé samedi sa candidature à l'investiture pour la présidentielle de 2022, lors d'un conseil national qui a réuni par visio-conférence près de 200 conseillers.
Cette candidature est, "à mon sens, le chemin pour remobiliser un électorat déçu, abstentionniste, pour faire reculer les droites, l'extrême droite et leur idées nauséabondes", avait affirmé M. Roussel, dans une lettre adressée jeudi aux militants.
"Tout est fait pour installer dans les esprits le duel du second tour de cette élection (NDLR Emmanuel Macron contre Marine Le Pen), sans connaître l'ensemble des candidats du 1e tour, leurs programmes, sans jamais évoquer les législatives. Refusons ce piège", a insisté le numéro un communiste, élu à cette fonction en 2018 sur la promesse que le PCF aurait un candidat en 2022.
La candidature de M. Roussel sera formellement proposée aux "près de 50.000 militants à jour de cotisation", lors d'une "conférence nationale" d'un millier de délégués, les 10 et 11 avril prochain. Puis, les militants voteront le 9 mai pour dire si oui ou non ils veulent d'une candidature communiste en la personne de M. Roussel.
Deux autres communistes se sont également portés candidats à la candidature: Emmanuel Dang Tran (militant à Paris XVe) et Grégoire Munck (Val-de-Marne).
Lors des deux précédentes présidentielles, en 2012 et 2017, le PCF avait soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, à nouveau candidat en 2022.
La rivalité entre les deux hommes s'était concrétisée ces derniers jours dans les difficiles négociations pour les régionales dans les Hauts-de-France, M. Roussel, également député du Nord, réclamant la tête de liste pour la région.
Finalement, un accord y a été trouvé entre les quatre grandes formations de gauche (EELV, PCF, LFI et PS), tous ayant décidé de se ranger derrière la députée européenne écologiste Karima Delli.
Région emblématique pour la gauche car elle s'y était retirée en 2015 au profit de la droite pour "faire barrage" au RN, les Hauts-de-France est la seule à ce jour où partis de gauche et écologistes sont unis sur la même liste.
npk/ib/nm
Régionales: la droite veut conforter son ancrage avant la présidentielle #
Conforter l'ancrage territorial avant de passer à la présidentielle: les régionales s'annoncent comme un scrutin test pour la droite, qui verra plusieurs de ses ténors aux éventuelles ambitions nationales remettre leur poste en jeu.
La droite dirige sept régions, et a bon espoir de maintenir ses positions en juin: "je suis confiant", assure à l'AFP le président de LR Christian Jacob, selon qui "quand les Français veulent confier les clés d'une collectivité, ils se tournent majoritairement vers les Républicains".
LR en veut pour preuve le résultat des municipales de l'an dernier, remportées pour plus de 50% par la droite.
A l'heure de la crise du Covid, où les présidents de région ont largement communiqué sur leurs actions de terrain, "on assiste à une sorte de municipalisation des élections", souligne Frédéric Dabi de l'Ifop.
"Les motivations sont autour du triptyque bilan-projet-incarnation qui favorise les sortants, et comme la droite a beaucoup de sortants, elle devrait s'en tirer", ajoute-t-il.
Les sondages confirment cette tendance, même si les présidents sortants prennent soin de retarder leur annonce de candidature.
En Ile-de-France, Valérie Pécresse est donnée en tête au premier tour devant Jordan Bardella (RN) et Audrey Pulvar (PS), et gagnante au deuxième, quoique avec une avance plus réduite.
Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand domine également la course devant le RN, arrivé en tête du premier tour en 2015, et qui envoie son porte-parole Sébastien Chenu. Mais la gauche, qui s'était désistée en 2015 pour faire barrage à Marine Le Pen, avancera unie.
Jean Rottner dans le Grand Est, Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes sont également favoris. En Normandie, l'allié centriste Hervé Morin jouit d'un taux d'opinions favorables élevé, même si les sondages donnent le RN de Nicolas Bay à un niveau conséquent.
Mais à l'heure où la question du "barrage républicain" agite les partis, le sujet des accords pourrait ressurgir -- même si la consigne nationale de LR est: pas d'alliance.
En PACA ainsi, le RN est donné en tête au premier tour. Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, plaide ouvertement pour soutenir la réélection d'Emmanuel Macron en 2022. "Je veux être très clair: je ne souhaite aucun accord d'appareil ou de parti avant le premier tour", affirme le président LR sortant Renaud Muselier.
Ailleurs, la donne s'annonce parfois délicate: dans les Pays-de-la-Loire la présidente LR Christelle Morançais pourrait être menacée par les Verts.
La Nouvelle-Aquitaine, où la liste LR sera emmenée par l'ex-maire de Bordeaux Nicolas Florian, "paraît très compliquée sur le papier mais les divisions de la gauche et des Verts font que des choses peuvent se passer", assure M. Jacob, selon qui la Bourgogne-Franche-Comté "fait partie des régions qui restent jouables" avec Gilles Platret.
Dans les régions "de conquête" (Centre, Bretagne) la partie sera rude pour LR, qui a désigné son numéro 3 Aurélien Pradié en Occitanie.
L'élection sera également scrutée en raison des potentielles ambitions nationales de plusieurs présidents sortants à l'approche de la présidentielle: Xavier Bertrand le plus fréquemment cité, Valérie Pécresse qui reste en retrait mais rappelle que "rien n'est joué pour 2022", voire Laurent Wauquiez qui garde ses distances avec la scène nationale.
La direction de LR s'agace de voir établir un lien entre régionales et présidentielle.
Mais une victoire nette impulserait une dynamique qui compterait dans la désignation du candidat. D'autant que la direction de LR souhaite éviter une primaire, à laquelle ne seraient pas hostiles certains prétendants comme le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau...
Les électeurs hésiteront-ils, à l'inverse, à voter pour un candidat risquant de partir un an plus tard pour la présidentielle?
"Cela peut jouer à la marge", estime M. Dabi, qui rappelle que "les élections intermédiaires ont parfois joué le rôle de tremplin".
"Mais l'enjeu principal reste la mobilisation. L'abstention a été majoritaire lors des élections récentes", et avec la crise sanitaire "ces régionales se présentent dans un contexte de désintérêt jamais vu", ajoute-t-il.
cg/jk/caz
Départementales de juin: avantage aux sortants #
Dans l'ombre des régionales, les élections départementales auront également lieu les 13 et 20 juin, avec une probable prime aux sortants qui devrait favoriser la droite dans des territoires revenus en grâce pendant la crise sanitaire.
"Plus personne ne s'amuse aujourd'hui à contester la validité du département comme collectivité d'équilibre entre les communes et les régions", affirme à l'AFP le centriste Dominique Bussereau, président de l'Assemblée des départements de France (AdF), et de la Charente-Maritime.
"Le président François Hollande, en faisant des régions XXL, parfois aussi grandes que certains Etats européens moyens, a redonné de la pertinence aux départements", ironise cet élu, qui ne briguera pas de nouveau mandat à la tête d'un département qu'il préside depuis 2008.
La crise sanitaire est passée par là. "Nous avons été en première ligne pour aider les communes et pallier certaines insuffisances de l'Etat", notamment pour fournir des masques au printemps, rappelle-t-il.
Dans ces conditions, "la prime aux sortants" devrait caractériser les élections du 13 et 20 juin et donc favoriser la droite qui dispose de 70 départements contre 33 pour la gauche, après avoir ravi la majorité lors du précédent scrutin en 2015.
Mais la prudence reste de mise, compte tenu du contexte sanitaire qui a provoqué un report des élections de trois mois, comme pour les régionales.
"Nous ne sentons pas de vent national qui souffle sur cette élection comme en 2015 lorsqu'il avait porté la droite contre le gouvernement socialiste à mi-mandat", tempère une source proche de LR.
"Reste aussi à savoir comment se comportera l'électorat âgé, qui a tendance à soutenir la droite, et qui pourrait rester chez lui de peur d'attraper le coronavirus", ajoute cette source à l'AFP.
Une douzaine de départements pourraient basculer, la victoire s'y étant joué de justesse il y a six ans. Pour la droite, l'enjeu consiste notamment à conserver l'Allier et le Vaucluse, alors que la gauche s'efforcera de garder les Alpes-de-Haute-Provence ou encore le Val-de-Marne, le dernier bastion communiste.
Pas de quoi remettre en cause la majorité, mais la droite redoute l'effet du "redécoupage des cantons sous le quinquennat de François Hollande qui était très défavorable à la droite".
Chez les écologistes, en revanche, une source estime que le découpage "favorise le rural" aux dépens des villes, avec une forte "implantation des sortants", deux gros obstacles pour les Verts face à LR et le PS, à l'ancrage territorial beaucoup plus fort.
Même situation pour La République en marche: s'il jure ne pas vouloir "enjamber" l'élection, le parti présidentiel se veut "humble" face au scrutin départemental et n'affiche pas d'ambitions chiffrées.
Chez les marcheurs, on ne se fait guère d'illusions quant à cette élection locale au scrutin binominal majoritaire, un an après de piteuses élections municipales qui ont mis en exergue le déficit d'implantation du parti présidentiel dans les "territoires".
LREM compte deux présidents d'exécutifs départementaux, dans le Puy-de-Dôme et en Seine-Maritime. Et, si le ministre Sébastien Lecornu doit être candidat à sa succession dans le canton de Vernon (Eure), il appartient à une majorité départementale DVD et non La République en marche.
La majorité présidentielle fait également face à une réalité fort différente de la situation à l'échelon national, avec notamment le MoDem qui participe dans les territoires à des majorités avec LR.
"Il est très difficile pour nous de décliner localement la +Maison commune+", admet une source proche la majorité présidentielle.
Il n'empêche que les départementales connaissent un regain d'attractivité pour les candidats, comme le constate M. Bussereau.
"J'observe que des nouveaux députés élus en 2017, qu'ils soient LREM, LR ou autres, se présentent aux départementales pour avoir un ancrage", explique-t-il.
Le président de l'AdF rappelle toutefois que l'appartenance politique joue un rôle secondaire lors des élections. "Personne ne vous demande votre carte politique lors des cantonales. C'est une affaire très locale", souligne-t-il.
arz/jk/dlm
Les régionales, galop d'essai pour le RN avant 2022 #
Les élections régionales sont un galop d'essai pour le Rassemblement national avant la présidentielle de 2022 sur sa capacité à accéder au pouvoir, à séduire la droite --qui refuse toute alliance-- et à fissurer les fronts républicains.
N'ayant remporté aucune région en 2015, échouant de peu en Bourgogne Franche-Comté ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Marine Le Pen ne veut pas faire de pronostic de victoire au soir du 20 juin. "Ca dépend si on est en duel, en triangulaire ou en tête. Dans une triangulaire, on peut gagner avec 34%", assure-t-on au RN.
Mais "obtenir une région à quelques mois de la présidentielle serait un gage de crédibilité supplémentaire pour la conquête du pouvoir", admet auprès de l'AFP le directeur de campagne de ce scrutin et candidat en Ile-de-France, Jordan Bardella.
Outre ses espoirs dans les Hauts-de-France et Paca, le RN lorgne l'Occitanie, la Bourgogne-Franche-Comté, la Normandie et le Centre-Val de Loire.
Difficile cependant de faire des paris après des municipales décevantes en 2020, où le RN n'a pas gagné plus de villes qu'en 2014 (une dizaine) et a reculé en implantation avec la perte de près de la moitié de ses conseillers municipaux.
Le parti présente en outre moins de têtes d'affiche qu'en 2015 quand la présidente du parti était elle-même candidate dans les Hauts-de-France, son bras droit d'alors Florian Philippot dans le Grand Est et sa nièce Marion Maréchal en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Avec 2022 en ligne de mire, le RN fera campagne sur des thèmes nationaux comme la sécurité, même si ce n'est pas une compétence de la région, ou la "désertification", qu'il veut combattre par un "rééquilibrage des territoires" en faveur des campagnes, au nom du "localisme" et des "circuits courts".
Les régionales sont également un test sur la capacité du RN à attirer de nouveaux électeurs, notamment de la droite classique, à défaut de conclure des alliances avec Les Républicains, qui les ont bannies.
Le parti a ainsi investi des recrues de LR en Occitanie (Jean-Paul Garraud) et bientôt en Paca (Thierry Mariani). Il a aussi choisi pour l'Auvergne-Rhône-Alpes l'ancien LFI Andréa Kotarac, par ailleurs très ami avec des proches de Marion Maréchal.
Ces mêmes personnalités "d'ouverture", déjà désignées sur la liste du RN aux élections européennes en 2019, auront "vocation à travailler avec nous, dans le cadre d'un gouvernement et d'une majorité" en 2022, soutient Jordan Bardella.
Pour convaincre un maximum d'électeurs, y compris aux régionales, la candidate à l'Elysée s'efforce en outre de normaliser son discours. Après l'abandon de la sortie de l'UE et de l'euro, elle n'envisage plus de suspendre les accords de libre circulation de Schengen, promet que la dette sanitaire sera "remboursée", et soutient son ancien adversaire Nicolas Sarkozy face à la justice.
"La raison, l'équilibre, le bon sens" seront les "trois grandes valeurs" de sa campagne présidentielle, selon Jordan Bardella.
Une tempérance qui pourrait, au second tour des régionales, ébranler les "fronts républicains" d'opposition à l'extrême droite, qui s'étaient déjà lézardés par endroits aux municipales, comme à Perpignan.
"Ces anathèmes sont en train de se fracasser sur le mur du réel", estime Jordan Bardella. Or, le "discours souverainiste, national, populaire de patriotisme économique peut parler (...) à des électeurs de gauche", espère-t-il, quand une autre partie de la gauche "sombre dans l'islamo-gauchisme".
Le barrage républicain "a encore un peu d'efficacité mais moins qu'avant", se félicite un autre cadre, qui salue un fait nouveau pour le RN, lors des municipales, qui a été de pouvoir gagner "en duel".
La grande crainte du parti reste l'abstention, dans le contexte de la crise sanitaire, qui avait déjà pesé sur les municipales.
Face à un "gouvernement qui dépossède les Français de leur démocratie", "mon premier message électoral est simple: votez", soutient l'eurodéputé et candidat en Pays-de-Loire Hervé Juvin.
are/jk/dlm
Régionales: pour la majorité présidentielle, la quête des alliances #
Alliances, fusions et "front républicain": peu optimiste quant à ses chances d'arriver en tête au soir du premier tour des élections régionales, La République en marche et ses alliés tentent d'élaborer des stratégies pour "être présent dans le maximum d'exécutifs" régionaux.
Si les espoirs de victoire sont permis en Centre-Val-de-Loire, où le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem) jouit d'un solide ancrage local, le principe de réalité - nourri par les sondages - oblige les marcheurs à "l'humilité".
"De manière générale, la majorité a peur de son ombre sur ces élections régionales, alors qu'il y a quelque chose à faire", veut pourtant croire un conseiller de l'exécutif, d'autant que "le gagnant peut facilement être en majorité relative et avoir besoin d'appoint. Et nous, on peut faire l'appoint".
Il s'agit donc d'"être dans les majorités régionales au deuxième tour", à la suite d'une alliance entre les deux tours, "ou au troisième tour", lorsque chaque assemblée régionale élue devra élire son président.
Premier exemple: en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où les marcheurs ont longuement tergiversé. La majorité présidentielle s'est finalement résolue à présenter une liste, conduite par la secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées Sophie Cluzel, et donc à ne pas soutenir le sortant Renaud Muselier (LR) dès le premier tour.
Mais, a expliqué la candidate LREM à l'AFP, il n'y aura "aucune hésitation à ouvrir largement aux bonnes volontés", entre les deux tours, notamment "pour faire front au RN" - comprendre une alliance avec la majorité sortante.
Face au parti de Marine Le Pen, la même logique pourrait s'appliquer dans le Grand Est avec le sortant LR Jean Rottner. En Île-de-France, où le député LREM Laurent Saint-Martin conduira une liste au premier tour, un accord le moment venu avec la sortante ex-LR Valérie Pécresse est également envisagé par nombre de caciques de la macronie.
Des alliances toujours à droite? Pas forcément: en Bourgogne-Franche-Comté, la majorité présidentielle emmenée par le maire de Nevers Denis Thuriot (LREM et ex-PS) pourrait toper entre les deux tours avec la sortante Marie-Guite Dufay, étiquetée PS, mais qui avait voté Emmanuel Macron dès le premier tour en 2017.
S'allier plutôt que périr: les marcheurs entendent autant que possible se maintenir au second tour grâce à des fusions - possibles pour les listes qui ont recueilli au moins 10% des suffrages exprimés au premier tour le 13 juin.
Encore faut-il s'entendre. Dans les Hauts-de-France, l'équation provoque quelques remous: le sortant, Xavier Bertrand (ex-LR), est candidat à sa propre succession, mais veut surtout faire d'une réélection une rampe de lancement pour 2022.
Dans cette région où le Rassemblement national a déjà failli l'emporter il y a cinq ans, l'attitude à adopter divise La République en marche et ses alliés, dont la liste sera conduite par le secrétaire d'Etat chargé des Retraites, Laurent Pietraszewski.
Car, à la doxa originelle d'un barrage à l'extrême droite "quoi qu'il en coûte", des voix discordantes se font de plus en plus entendre.
"Certains militants ne sont pas d'accord pour qu'on se retire et qu'il n'y ait pas un seul de nos représentants pendant cinq ans au Conseil régional", relève une responsable du parti.
Un conseiller se fait davantage précis: "Vous ne pouvez pas faire un +front républicain+ pour Bertrand, alors qu'il tape sur nous au niveau national", explique ce macroniste historique, en prévenant que "si jamais Xavier Bertrand était dans une situation à nous demander un retrait sec, alors ce serait "non".
Cette théorisation de la fin du front républicain n'en serait pas moins une révolution stratégique, alors qu'Emmanuel Macron et LREM ont toujours fait de la lutte par tous les moyens contre le RN - et donc son accession au pouvoir, fut-il local - l'un de leurs marqueurs le plus fort.
Certains cadres croient toutefois que la question ne se posera pas: "Parce que rien ne garantit que notre tête de liste dépassera les 10% au premier tour", soufflent-ils à mi-voix.
pab/jmt/jk/dlm
En Normandie, rencontres paysannes et militantes pour Piolle (EELV) #
D'une pierre deux coups: le maire EELV de Grenoble Eric Piolle a effectué vendredi dans l'Eure l'un de ses déplacements hebdomadaires pour creuser le sillon de l'écologie à l'approche des régionales, et rencontrer les militants avant la primaire des Verts et la présidentielle.
S'engager à fond dans les élections régionales, où les écologistes veulent refaire le coup réussi des municipales de 2020, est un préalable pour qui, comme lui, souhaite être dans la course de la désignation interne de septembre pour la présidentielle.
Dans le train qui le mène en terres normandes pour deux jours, Eric Piolle affiche sa satisfaction après l'accord trouvé par les quatre principales forces de gauche en Hauts-de-France derrière une tête de liste EELV, Karima Delli. "C'est majeur: là où il y un grand risque que le RN gagne, il y a cette dignité de notre espace politique".
"Espace politique" et "arc humaniste" sont les maître-mots de la stratégie de cet écologiste qui veut lui aussi rassembler la gauche derrière lui, du PS à LFI.
Dans l'Eure, Eric Piolle a choisi de visiter deux fermes offrant un contre-modèle à l'agriculture intensive honnie par les écologistes: de taille modeste, bio, à la production diversifiée et vendue localement.
Il souhaite aussi contre-attaquer sur la possibilité de manger moins de viande, de meilleure qualité, quelques semaines après une polémique sur l'absence de viande dans les cantines de Lyon, ville conquise l'an dernier par un Vert.
L'édile grenoblois en est convaincu, l'écologie politique n'a qu'à se pencher pour cueillir une opinion publique prête à changer ses habitudes. De sa voix douce, sans envolée oratoire, il prône un discours moins porté sur "l'urgence" planétaire que ce que les écolos font parfois.
"En se référant à la peur on met certes en mouvement, mais un petit nombre de personnes seulement, pas la société entière", explique-t-il à l'AFP. Selon lui, les Verts doivent miser sur le "désir d'appartenance collective et la volonté d'épanouissement: manger moins de viande n'est pas une restriction de liberté mais le moyen d'être en meilleure santé, de favoriser l'économie locale et de faire quelque chose pour la planète".
Les visites à la ferme sont ponctuées d'échanges autour d'un cidre, d'un saucisson ou d'une tarte tatin. "Une vache, une bouteille: c'est un déplacement très chiraquien!", s'esclaffe Marine Tondelier, qui coordonne la campagne d'Eric Piolle.
L'occasion de rencontrer les militants, comme Thierry, venu de Gisors. L'eurodéputé Yannick Jadot, l'ex numéro 2 des Verts Sandrine Rousseau et Eric Piolle: les trois candidats probables à la primaire de septembre "sont tous très bons", selon ce militant chevronné.
"La différence se fera sur la personnalité et la radicalité du candidat", ajoute-t-il en confiant son penchant pour Eric Piolle, tandis que "Jadot est plus consensuel".
Si Yannick Jadot a demandé dans les médias à élargir la primaire à, pourquoi pas, les socialistes, Eric Piolle semble se satisfaire d'une désignation interne classique loin, pour l'instant, des feux de la rampe.
"Pour être heureux vivons cachés", plaisante Marine Tondelier, par ailleurs organisatrice des Journées d'été du parti. Elle avoue son "incompréhension" face à la demande de Yannick Jadot: "Les règles de la primaire ne se débattent pas dans la presse". "Chacun joue avec ses cartes, nous on est dans une politique de terrain pour voir les militants là où ils vivent", affirme Marine Tondelier.
Pour un ancien élu Vert, bon connaisseur des rouages du parti, "Piolle mène une stratégie éprouvée par le passé: quand le corps électoral d'une primaire est restreint, ce ne sont pas les sympathisants ou les journalistes qui font le vote mais les militants".
"Il fait une campagne sans faire de vagues, convaincu d'être au barycentre du parti", poursuit cette source, qui prévient cependant: "Il ne suscite pas non plus un enthousiasme énorme. Jadot quand il parle on retient quelque chose, Piolle c'est davantage une récitation".
bap/cs/mpm
Bygmalion: appelé à la barre comme témoin, Copé dénonce une "défense pitoyable" #
L'ancien patron de l'UMP, Jean-François Copé, a été appelé à la barre comme témoin au procès Bygmalion, prévu à partir de mercredi, et "répondra à l'ensemble des questions", a affirmé vendredi son avocat en dénonçant dans cette demande une "défense pitoyable".
"Monsieur Copé a été convoqué comme témoin devant le tribunal correctionnel, à la demande de monsieur Franck Attal", ancien responsable de la société Bygmalion, indique son avocat Me Hervé Temime dans un communiqué.
Le maire de Meaux "répondra à l'ensemble des questions qui lui seront posées, comme il l'a toujours fait durant cette procédure", ajoute l'avocat, qui rappelle qu'"après de très minutieuses investigations, aucun élément matériel ni aucun témoignage ne l'a mis en cause dans cette affaire".
M. Copé a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire de "financement illégal de campagne électorale" pour laquelle Nicolas Sarkozy comparaît à partir de mercredi devant le tribunal de Paris.
L'ancien ministre "n'a jamais été poursuivi et le magistrat instructeur a parfaitement détaillé, dans son ordonnance de renvoi, les raisons pour lesquelles il devait être mis hors de cause", ajoute son avocat.
Mais Franck Attal, qui était chargé de l'organisation d'une grande partie des meetings de Nicolas Sarkozy en tant que directeur général adjoint de la société Event & Cie (filiale événementielle de Bygmalion), a fait citer à comparaître le maire de Meaux.
"Je fais appeler Copé à la barre car j'ai besoin de comprendre comment un président de parti peut ne pas être au courant d'un montage de ce niveau-là", a déclaré France Attal à France Télévisions.
"Je ne m'attends pas à ce qu'il change de version. Je veux juste mettre en exergue publiquement l'absurdité de ses réponses", a-t-il ajouté.
L'avocat de M. Copé a dénoncé ces déclarations comme "d'autant plus inacceptables qu'il ne l'a lui-même informé de rien".
"Il est insupportable de mettre en cause un homme qui a été exonéré de manière très claire de toute responsabilité par une instruction judiciaire particulièrement complète. C'est une défense pitoyable à laquelle Monsieur Copé répondra dans le cadre de son audition", ajoute le communiqué.
Nicolas Sarkozy, soupçonné d'avoir laissé filer ses comptes de campagne de 2012 au-delà de leur plafond légal malgré les avertissements des experts-comptables, encourt un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende. Au total 14 personnes doivent être jugées à partir de mercredi mais le procès risque d'être renvoyé en raison de l'hospitalisation d'un des avocats.
cg/jk/tes
Marine Le Pen cherche à normaliser son discours pour "rassurer" les Français #
Marine Le Pen, candidate à l'Elysée, veut "rassurer" les Français sur sa capacité à exercer le pouvoir, en s'efforçant de normaliser toujours plus son discours, dont elle assume aussi les imprécisions.
"Décidément, que de témoignages de recentrage", s'est exclamé jeudi soir la présidente du Rassemblement national sur BFMTV, où elle a été interrogée pendant plus de deux heures.
Sur un ton mesuré, loin des outrances de 2017, la dirigeante d'extrême droite a défendu un projet, selon elle, "raisonnable" destiné à "rassurer" les Français qui ont "entendu beaucoup de (...) choses fausses" et "caricaturales" à son égard.
"La raison, l'équilibre, le bon sens" seront les "valeurs" qu'elle défendra dans sa campagne, relève son numéro deux Jordan Bardella. Campagne que Marine Le Pen aborde avec "combativité" face à Emmanuel Macron et une droite affaiblie, mais aussi "modestie".
Si les Français la trouvent --à 65% selon Elabe-- "arrogante", "cela doit être corrigé", assure la cheffe du RN.
"Je n'ai pas peur des étrangers", a affirmé aussi Mme Le Pen, qui revendique une "dédiabolisation" de son parti des accusations d'antisémitisme et de racisme depuis son arrivée à sa tête en 2011, et défend une politique hostile à l'immigration.
Mais en invoquant l'Outremer, où le RN est arrivé en tête aux européennes de 2019, pour justifier qu'elle n'était pas xénophobe, la dirigeante d'extrême droite s'est attiré les foudres de toute la macronie.
"Faut-il comprendre que Madame Le Pen considère les Ultramarins comme des étrangers ? Les Outremer, c'est bien la France. La couleur de peau de nos compatriotes n'y change rien", a tweeté le ministre des Outremer Sébastien Lecornu.
Accusée de manquer de personnel politique, la cheffe du RN a cité quelques ministres potentiels, comme l'ancien député LR Jean-Paul Garraud pour la Justice, ou l'ancien conseiller de Raymond Barre devenu le chantre au RN d'une écologie identitaire, Hervé Juvin, pour l'Ecologie. Les mêmes que Mme Le Pen avait investis sur la liste du RN arrivée en tête aux élections européennes et qu'elle a désignés comme têtes de liste aux régionales.
En quête de voix pour franchir la barre des 50%, alors que les sondages la portent aux rives de la majorité au second tour, Mme Le Pen a défendu l'idée de former, si elle était élue, un "gouvernement d'union nationale", n'excluant pas d'y intégrer sa nièce Marion Maréchal, qui plaide pour une "union des droites".
Mais en s'inscrivant déjà dans une victoire potentielle, la candidate risque de démobiliser son électorat traditionnel. Son père et ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Pen l'a prévenue qu'elle ne devait "pas du tout céder à cette attraction centriste avant le deuxième tour", parce qu'au premier tour, "il faut rassembler tous les Français qui sont légitimement excédés".
En quête de crédibilité notamment sur l'économie, Mme Le Pen a redit jeudi qu'elle était désireuse de rembourser la dette Covid mais sans "austérité budgétaire" et a défendu une politique d'investissements financée par "un grand emprunt national".
La France insoumise a dénoncé son manque de "propositions sérieuses" en matière économique. "Dès qu'elle sort de son bac à sable +immigration-voile-délinquance+, il n'y a plus personne", a fustigé le député Adrien Quatennens.
Accusée d'incompétence face à M. Macron en 2017, Mme Le Pen a minimisé ses erreurs. "Que la langue d'un responsable politique fourche, les Français, ils s'en moquent".
Pour la candidate, "l'économie ce n'est pas tant des chiffres que du bon sens" et, à cet égard, un "gouvernement d'experts, c'est catastrophique".
Malgré ses imprécisions, Jean-Daniel Levy, directeur délégué d'Harris Interactive, relève que "les électeurs ont tendance à considérer de plus en plus qu'elle est crédible sur des sujets où elle ne l'était pas par le passé".
Aux élections européennes, elle a progressé auprès des populations âgées de 50 ans et plus qui ne votaient pas d'habitude pour elle à cause du Frexit (sortie de la France de l'UE), auquel elle a renoncé après la présidentielle de 2017, rappelle-t-il.
Et géographiquement, le vote RN s'est étendu vers l'Ouest "auprès de populations jusqu'à présent rétives à voter pour lui".
are/jk/tes
Régionales: Matthieu Orphelin conduira les écologistes en Pays de la Loire #
Le député Matthieu Orphelin (ex-LREM) conduira les listes du collectif "Pour une région Pays de la Loire écologique, citoyenne, solidaire" pour tenter de ravir la région à la droite lors des élections de juin, a annoncé le collectif vendredi.
Le collectif, soutenu par EELV, Génération Ecologie, Génération.s, Allons Enfants et Ensemble sur nos Territoires, propose "un milliard d'euros d'investissements supplémentaires dans la transition écologique", "50% de bio et 100% de viandes locales dans les cantines des lycées" ou encore un "chèque bien-manger" de 50 euros par mois pour les jeunes les plus précaires, peut-on lire dans leur dossier de présentation.
Il s'engage également sur une charte "pour l'égalité femmes-hommes" qui prévoit de "ne plus participer et intervenir à tout événement (plateau télévisé, radio, table ronde, jury...) dont les panels d'invités ne sont pas mixtes" ou encore "d'attribuer les présidences de commissions sectorielles et délégations sans stéréotype de genre".
Matthieu Orphelin, 48 ans, a été élu député du Maine-et-Loire en 2017, avant de quitter le groupe LREM en février 2019, en invoquant notamment des avancées insuffisantes sur les "enjeux climatiques, écologiques et sociaux".
Le collectif a indiqué être engagé dans un "dialogue avec les forces écologistes et de gauche pour réussir notre convergence", tandis que le PS a désigné le député de la Mayenne, Guillaume Garot, pour être tête de liste.
Le RN a investi en janvier l'eurodéputé Hervé Juvin. De son côté, LREM a désigné en décembre l'ancien président de l'Assemblée et ancien ministre de l'Ecologie François de Rugy comme "chef de file".
La région est actuellement présidée par la LR Christelle Morançais.
faa/db/sp
LFI pilonne la prestation de Marine Le Pen sur BFMTV #
La France insoumise a dénoncé dans une salve de tweets "les mensonges" de Marine Le Pen et son manque de "propositions sérieuses" en matière économique après son entretien jeudi soir sur BFMTV.
"En face de la droite ultra libérale macroniste, Mme Le Pen a pris avec succès l'habit de la droite conservatrice traditionnelle. Le Système peut compter sur elle", a dénoncé le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon jeudi soir.
"Dès qu'elle sort de son bac à sable +immigration-voile-délinquance+, il n'y a plus personne. 2h30 d'émission, pas un mot sur les 10 millions de pauvres en France. Seule idée neuve: rembourser la dette. Waouh!", a ironisé le numéro deux du mouvement et député du Nord Adrien Quatennens.
Pour le député de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, elle n'a fait qu'"enfiler des perles plutôt que de répondre et de dire comment elle compte gouverner". "Eh oui, pas facile quand on n'a aucune proposition sérieuse et concrète et qu'on se contente de surfer sur le désespoir et la haine en trompant le peuple", a-t-il critiqué.
Sur le terrain économique, M. Mélenchon s'est inscrit en faux contre l'affirmation de la présidente du RN selon laquelle "plus personne ne parle" des critères de Maastricht qui imposent que le déficit public n'excède pas 3% du produit intérieur brut (PIB).
Et l'eurodéputée Manon Aubry a appelé BFMTV à proposer "au RN un débat économique sérieux".
"Économie: Immigration. Écologie: Immigration. Chômage: Immigration. Crise sociale: Immigration. Crise sanitaire: Immigration. Bref du Le Pen, depuis 40 ans", a résumé la députée du Val-de-Marne Mathilde Panot.
Marine Le Pen a redit jeudi soir qu'elle rembourserait la dette Covid mais qu'elle ne voulait pas de politique "d'austérité budgétaire", jugeant que "c'est par la relance des investissements qu'on recréera de la croissance et de l'emploi".
Les députés de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain et Alexis Corbière l'ont de leur côté accusée de caricaturer le département, leur homologue Eric Coquerel dénonçant une "ignorance" et des "mensonges à la hauteur de son mépris de classe".
A droite, l'ex-ministre Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement, a estimé vendredi sur BFMTV que "l'installation médiatique et sondagière du duel Macron-Le Pen (pour la présidentielle de 2022, NDLR) ça un seul objectif: priver les Français de cette élection".
Le député ex-LREM Aurélien Taché a de son côté critiqué le "niveau de complaisance" de BFMTV: "Ils ne font pas que lui dégager la voie... ils la propulsent".
Le ministre MoDem des Relations avec le Parlement Marc Fesneau s'est lui borné sur RFI vendredi à appeler à travailler à "résoudre la crise" pour les Français, ce qui "permettra de lutter contre toutes les formes de populismes".
ggy/cg/or
Dans la famille écologiste, l'iconoclaste faiseur de rois Jean-Marc Governatori #
Ex-entrepreneur dans les meubles discount, candidat divers droite à de multiples élections et défenseur de nombreuses causes au fil des ans, le Niçois Jean-Marc Governatori détonne dans la galaxie écologiste, mais il pèse en vue des régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur et de la présidentielle.
"Pas milliardaire mais gros contribuable" et propriétaire immobilier dans les Alpes-Maritimes, dit-il sans donner de chiffres, il entre au conseil municipal de Nice en 2020 dans la foulée des européennes de 2019, pour lesquelles il a soutenu le candidat Europe Ecologie-Les Verts Yannick Jadot.
Elu avec EELV et près de 19,49% des voix, derrière le RN mais en excluant la gauche du conseil, il avance personnellement les 285.000 euros de la campagne, selon les comptes officiels.
Depuis, même s'il reste localement peu audible face à l'omniprésent maire LR Christian Estrosi, il est devenu un membre actif de l'équipe de préparation des primaires écologistes. En mars, son mouvement a fusionné avec celui de l'ancienne ministre Corinne Lepage, dans une nouvelle formation baptisée "Cap Ecologie".
Un nouveau statut en forme de consécration pour ce père de six enfants, 62 ans, divorcé deux fois, qui a été petit candidat à toutes les législatives de 1993 (sous l'étiquette "France Eclairée") à 2012 (Alliance Ecologiste Indépendante). En 2002, il se retire avant le 1er tour en faveur du candidat de droite et appelle à faire battre l'adversaire socialiste.
Ce parcours, jalonné de multiples livres publiés à compte d'auteur, de causes diverses (lutte contre la drogue ou l'insécurité, défense des petits commerçants ou des handicapés, protection des animaux), de nombreux sigles et mouvements (dont l'un baptisé "La France d'en bas"), et même d'une candidature déclarée à la présidentielle 2007 pour laquelle il ne parvient pas à réunir les 500 parrainages, lui aliène une partie des militants écologistes et de gauche à Marseille et Nice.
Aux européennes 2019, parallèlement au soutien à Yannick Jadot, il finance aussi le mouvement anti-système né de la crise des "Gilets jaunes" emmené par le chanteur Francis Lalanne, "L'Alliance Jaune - La révolte par le vote".
Si M. Governatori affirme aujourd'hui à l'AFP qu'il a voté Benoît Hamon en 2017 et rappelle sa brève adhésion à l'UDF en 2001, de vieux militants écologistes niçois le classent "de façon rédhibitoire à droite toute".
Certains lui en veulent en particulier d'avoir en 2012 approché Brigitte Bardot, icône de la protection animale et proche du Front national. "Il a le droit d'avoir évolué mais (...) je pense que les copains ont été séduits par les moyens mis à leur disposition", critique l'ancienne élue municipale niçoise EELV Marie-Luce Nicaise, 82 ans.
"Il a un CV atypique mais nul ne peut douter de son engagement écologiste, il est persévérant et l'important, c'est où l'on va ensemble", rétorque pour l'AFP le secrétaire national EELV Julien Bayou, qui voit en M. Governatori "un allié important pour construire un rassemblement des écologistes".
"Il a des moyens financiers indéniables", reprend Mme Lepage, mais "c'est la manière d'appréhender l'écologie, le nucléaire, la République, la laïcité, qui est à la base de notre rapprochement". "C'est un centriste" et un "iconoclaste car il vient du milieu économique et industriel et on n'a pas l'habitude de voir ce genre de profil qui défende l'environnement", poursuit-elle.
M. Governatori a 22 ans quand, raconte-t-il, jeune diplômé d'école de commerce mais déjà végétarien, son père menuisier lui prête 500.000 francs (environ 76.000 euros) pour créer en franchise un magasin Fly de meubles en kit: l'enseigne suédoise Ikea vient de débarquer en France, mais pas à Nice, où M. Governatori a le champ libre.
Fly, Basika, Planet Wood: "A partir de 1981, j'ai ouvert un magasin par an et j'ai vendu mes affaires en l'an 2000", retrace M. Governatori, qui en 1991 a aussi été le représentant de la candidature inaboutie d'une marque de jus de fruit belge à la reprise du club de foot OGC Nice, dont son oncle deviendra ensuite actionnaire.
"Les municipales 2020 ont créé une fracture et des vraies tensions avec des militants historiques d'EELV qui lui reprochent son passé d'homme de droite et capitaliste, et doutent que sa conversion à l'écologie soit sincère", reprend Laurent Lanquar-Castiel, co-secrétaire départemental d'EELV.
Le principal intéressé, lui, balaie ces critiques: "C'est le problème d'EELV en Paca. Ils ont toujours été divisés, entre une partie écologiste et une autre avec l'extrême gauche, PCF et LFI".
clr/mdm/cbn/shu